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Acte I : une matinée tranquille


9 heures. Ou 9 heures et demi. Peut-être même plus tard. Elle aurait voulu dormir un peu plus ce samedi matin pour récupérer de sa semaine, prendre quelques forces d’avance… mais ce fut tout le contraire. Elle avait mal dormi… Toute la nuit le même rêve vint la hanter. Un rêve doux, agréable…

Penché, légèrement au dessus d’elle, il éparpillait soigneusement et sans hâte sur sa peau des baisers au goût de miel… Encore cette nuit ils s’étaient donnés l’un à l’autre. Encore cette nuit, ils s’étaient comblés l’un l’autre… Et tout ceci lui apparaissait comme une évidence. Lui et Elle… Elle et Lui… Puis de nouveau sa peau contre la sienne… L’odeur évanescente des écorces d’olivier craquantes sous le soleil qu’elle semblait deviner lorsqu’elle plongeait son visage dans ses cheveux… « Oscar… »

Son prénom tendrement murmuré par son amant suffisait à la réveiller en sursaut. Légèrement en sueur et pourtant frissonnante, elle tâchait de chasser son souvenir pour retrouver le sommeil. Seulement quand ses sens s’engourdissaient une nouvelle fois… Il réapparaissait. Toujours le même. Le même rêve. En boucle, dans son esprit : André et elle. Et lorsque il prononçait son nom… aussi doucement, aussi tendrement que cela fut… Inévitablement elle sursautait et se réveillait.

Alors bien sur elle se rendait compte que les rayons du soleil infiltraient avec force ses appartements, mais elle était fermement décidée à rester dans son lit jusqu'à ce qu’un sommeil digne de ce nom- c'est-à-dire – réparateur ne s’empare d’elle et fasse son œuvre.

« Oscar… »

Ah non ! Marre à la fin ! Pas déjà lui ! Et puis normalement elle sent son corps se réchauffer contre le sien et sa bouche se couler dans son cou avant qu’il ne l’appelle…

- « Oscar…
- Nan… attends… tu dois m’embrasser d’abord
- heu… Oscar... ?
- oui, et je dois sentir ta peau contre QUOI ?!!! MON DIEU !! »

André venait de placer sa main sur le front de son amie pour évaluer sa température, achevant ainsi de l’éveiller… et plutôt promptement ! En effet ce simple contact était bien trop réel pour qu’elle puisse le nier. Contrairement aux tranquilles murmures qui le précédaient. Oscar s’était subitement redressée, en panique. Le souffle coupé, elle regardait avec de grands yeux surpris le jeune homme assis sur le bord de son lit.

« - Est-ce que tu vas bien ? » S’inquièta-t-il en penchant la tête pour mieux la jauger.

Depuis le début de cette semaine son amie lui semblait singulière et l’entendre murmurer « tu dois m’embrasser d’abord » n’était en rien rassurant.

« - hum, je… oui ça va !
- tu es sûre ? Tu es… comme ailleurs ces temps-ci… je ne sais pas, tu es bizarre. »

Les trônes de la pudeur d’Oscar accueillirent sa gêne, sans qu’elle ne parvienne à se dérober de ce regard vert sondeur. Elle toussa pour se redonner une contenance et tenta de parler.

« - Mais bien sûr que je
- Tu faisais un rêve érotique ?! »

Cette fois elle faillit bien s’étouffer !

« - André !! » gronda-t-elle « Mais qu’est ce que tu vas imaginer !
- Je ne sais pas… tu parles « d’embrasser », de « sentir ta peau »... Je suis un homme moi ! Que veux-tu que cela m’inspire ? »

Il était rieur, et un peu moqueur aussi. Elle lui donna une légère tape du revers de la main sur l’épaule tout en le traitant gentiment « d’imbécile ». Mais ce geste coupa court à son humeur frivole. En un instant elle devint grave. André s’en aperçut, et ne comprit pas.

« - Oscar, sincèrement, dis moi ce qui se passe… »

Que pouvait-elle répondre ? « Il y a qu’on a fait l’amour ensemble ! Mais si mais si, souviens toi donc… dans le noir de la chambre 21 ! » Sûrement pas ! Plus grave encore : « Et il y a que je meurs d’envie de recommencer ! »

« - Ca suffit ! » cria-t-elle tout haut, bien plus violemment qu’elle ne l’aurait voulu pour faire taire sa conscience
- heu, je suis désolé, je ne comptais pas t’importuner, je souhaitais seulement
- je sais André, je sais… Excuses moi. » reprit-elle un peu triste. « Tu venais me chercher pour le petit déjeuner ? »

Elle se força à sourire mais il ne fut pas dupe.

« - Oui. Et je voulais savoir si tu voulais prendre un bain ce matin, auquel cas je te le prépare maintenant, car ensuite j’accompagne Grand-mère faire des achats a Paris.
- ah… oui. Je veux bien un bain.
- D’accord, je te l’apporte.
- Merci »

Lorsque la porte se referma derrière André, Oscar poussa un profond soupir de relâchement. Il lui sembla qu’il devenait de plus en plus difficile d’être avec lui et de faire comme d’habitude. Son mensonge pesait lourd, mais ce n’était rien comparé à la maîtrise qu’elle devait exercer sur ses sens. Tout en elle réclamait André.


Le reste de la matinée passa tranquillement. Oscar fut pour ainsi dire seule au château. Elle en profita pour lire dans son bain parfumé à la lavande. Puis quand elle jugea l’eau décidément trop froide elle en sortit, se sécha, s’habilla et alla se promener dans le jardin fleuri de la propriété. A l’ombre d’un grand arbre elle s’étendit et continua paisiblement sa lecture en attendant le retour de Grand-mère et d’André.



De leurs côtés les Grandier se disputaient :

« - Où te cachais-tu vaurien ?
- mais nulle part Grand-mère enfin calme toi !
- c’est ça ! Prend moi pour plus vieille et folle que je ne suis ! Tu as disparu plus de 20 minutes pendant que je discutais avec le boucher !.. Où étais-tu ?
- Je suis allé faire un tour sur le marché, voilà tout.
- Pfff, tout seul ?
- bah oui tout seul, avec qui veux-tu que je sois ?
- C’est avec moi que tu devrais être chenapan !
- Et bien je suis là à présent » lui répliqua le chenapan armé de son plus grand sourire.
- Mouais… » maugréa l’ancienne pas convaincue pour deux sous. « Et moi qui voulais passer un peu de temps avec mon petit fils… » continua-t-elle à marmonner

Un bisou sonore sur sa joue ridée lui répondit.

- «A moi aussi, ça me fait plaisir de t’avoir pour moi tout seul »

Bien malgré elle, Grand-mère sourit. Elle l’aimait son garçon… elle aurait tout fait pour éviter qu’il ne souffre.

- « Allons continuons nos courses, tu nous as fait perdre du temps ! Oscar sera morte de faim avant que nous ne soyons de retour !
- hahaha ! Tu n’exagères pas un peu ?...
- André Grandier !
- oui oui ! Pardon ! »

La menace du poireau brandit au dessus de sa tête lui fit oublier toute intention d’insubordination. Ils se remirent en chemin et André sourit en sentant sa poche gonflée d’un petit paquet.

Une fois les courses finies, c'est-à-dire lorsque les bras d’André n’étaient plus susceptibles d’accueillir la moindre marchandise, Grand-mère se décida à regagner la demeure des Jarjayes. Les provisions vite rangées par l’octogénaire, les pommes de terre rissolant allégrement dans la poêle, alors André fut chargé de chercher Oscar pour le dîner.

Il la trouva endormie sur l’herbe. Il ne put s’empêcher de l’observer quelques secondes… Elle semblait si détendue, abandonnée à ses songes… Il prit place quelques instants à ses côtés. Pourquoi faisait-il cela ? Il l’ignorait. Il voulait juste être près d’elle… pour savoir…
Il ferma les yeux. L’obscurité le ramena droit à la chambre 21 du Trou Noir. Il se rendit compte de l’absurdité de sa démarche, mais si il y avait un espoir ?.. un espoir aussi infime soit-il pour qu’il parvienne à oublier sa rose blanche en faveur de cette ombre brune… Il devait le tenter.
Une semaine avant ce jour il ne l’aurait jamais envisagé. Il s’était fait une raison, une maigre raison en réalité. Avec le temps il avait accepté d’endurer cet amour impossible, pour une femme d’un autre rang, qui n’avait jamais posé ses yeux sur lui, et qui -le pire de tout- était éprise d’un autre homme. Mais voilà que cet autre homme en question venait -sans le vouloir- de possiblement changer sa vie. En effet, il commençait à reprendre confiance, peut-être un jour serait-il capable d’aimer une autre femme ? et d’être aimé en retour.

Tout à ses pensées il s’était tourné vers Oscar qui dormait toujours du sommeil du juste. Gardant les yeux fermés il tendit une main hésitante vers le visage paisible qu’il devina du bout des doigts. Une sensation de bien être l’envahit…

« - André… »

Zut. Il l’avait réveillé.

« - Grand-mère nous attend pour dîner. Tu viens ? » disant cela il se releva, s’épousseta et tendit la main vers son amie pour l’aider. Oscar la saisit puis tout deux avancèrent silencieusement vers les cuisines.

Finalement… c’était peut-être Oscar qu’il cherchait à travers la brune de la chambre 21... La sensation de ses doigts au creux de sa main un instant auparavant et son cœur loupait un battement… Si dérisoire fut l’espoir d’aimer une autre… il devait vraiment le tenter.



Acte II : à suivre.

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