Partie 1
Château de la famille de Jarjayes.
Un messager exceptionnel était accueilli par la gouvernante qui le mena jusqu'au fils cadet du Général, Oscar François, dont les états de service auprès de sa Majesté Marie Antoinette de France lui valaient un respect bien exceptionnel. En effet, depuis sa plus tendre enfance et en accord avec sa Majesté le roi, le Général de Jarjayes, patriarche d'une fratrie exclusivement féminine, eut la permission de changer l'ordre des choses sous le couvert du secret. Sa dernière née fut ainsi élevée pour devenir officier et obtint l'honneur de service auprès de l'Autrichienne.
Près de dix années s'étaient écoulées depuis cet évênement. Bien que solitaire, Oscar pouvait compter sur des hommes de confiance tels que le Comte Victor Clément de Girodelle qu'elle avait évincé en combat singulier pour le commandement de la garde royale; et le Comte Hans Axel de Fersen, ami et confident de la première dame de France, dont l'amitié avait été obtenue alors qu'elle avait pris sur elle une erreur commise par un de ses soldats et qui avait failli mettre en péril la vie de la Reine elle-même.
Le message fut immédiatement porté à la jeune femme qui savourait enfin un congé attendu depuis des semaines. Quand la porte s'ouvrit sur Grand-mère, le regard atristé de la vieille femme lui suffit à comprendre que ses quelques jours de détente touchaient prématurément à leur fin. La missive était claire: « Urgent et confidentiel ». D'un geste précis et à la fois rageur, Oscar ouvrit le pli avant de le lire une fois seule.
« Colonel de Jarjayes. Mission de la plus haute importance. » commença la lettre.
De quoi s'agissait-il? Un attentat? Les rumeurs au sujet de Fersen et de Marie-Antoinette? Qu'est-ce qui pouvait requérir son intervention? Elle poursuivit sa lecture.
« Un cirque ambulant venu de l'étranger est arrivé, il y a deux jours à Paris pour une représentation exceptionnelle auprès de leurs Majestés. »
Un cirque?
« Cette troupe possède des animaux exotiques des plus exceptionnels en provenance d'Afrique. »
Qu'est-ce qu'elle avait à faire d'animaux de foire?
« Un de ces animaux sauvages s'est sauvé. Votre mission est de le retrouver dans la plus grande discrétion, et de le ramener vivant. »
Elle devait partir à la chasse? Pour qui la prenait-on? Elle n'avait que faire de ces jeux dignes des passe-temps des nobles riches ennuyeux. Oscar allait froisser la lettre dans sa main, refusant par là même cette stupide mission dénuée d'intérêt quand ses yeux se posèrent sur la signature apposée au bas des quelques lignes.La missive était signée par son supérieur et portait le sceau royal. Comment une affaire aussi insignifiante pouvait nécessiter un tel ordre? Elle n'aurait sans doute jamais la réponse. |