Cette fic se passe après qu’André ait dit à Oscar qu’il l'aime mais avant que celle-ci ne quitte le service de la reine :
R: Oscar mon amie, avant que vous ne nous quittiez, j’aurai une dernière mission à vous confier ou plutôt un service. Je voudrais que vous apportiez un paquet en Bavière pour mon deuxième frère qui est en exil là-bas. Ces papiers sont des passeports pour la France pour lui et sa famille. Vous n’êtes pas sans ignorer que nos deux pays ne sont pas en très bons termes, c’est pour cela que je ne peux pas l’envoyer moi-même. Acceptez-vous ?
O: bien sûr, Majesté.
R: Mais pour cela, il va falloir vous déguiser et prendre avec vous le moins de personne possible car si jamais cela devait venir aux oreilles des ministres, je serai dans une très mauvaise posture, déjà qu’ils me prennent tous pour une espionne. Comment allez-vous vous y prendre ?
O: J’ai ma petite idée mais pour votre sécurité et la mienne, il vaut mieux que vous n'en sachiez pas trop, je partirai le plus tôt possible.
R: Bien. M. De Fersen vous apportera le paquet ce soir. Soyez prudente mon amie, les hivers sont rudes là-bas.
Une fois de retour chez elle, Oscar chercha comment passer inaperçu mais une seule idée lui vint en tête et celle-ci ne l’enchantait guère. Il lui fallait aussi trouver quelqu'un pour l’accompagner mais là aussi pas beaucoup de solution. Une heure plus tard, elle convoqua André dans son bureau qui se trouvait non loin de celui de son père.
A: Tu voulais me voir ?
O: Oui, je veux que tu fasses préparer la voiture d’hiver par Henri qui devras aussi prendre ses affaires. Toi, tu fais mes bagages mais tu prendras les robes que Grand-mère m'a faites. Je sais qu’elle les garde dans sa chambre. Prends les plus chaudes possible. Fais aussi tes valises. Nous partons pour la Bavière. Tu mettras une robe pour le voyage dans ma chambre.
A: Dois-je comprendre que tu veux toujours de moi à tes cotés ?
O: Cela ne m’enchante pas surtout après ton comportement de l’autre soir, mais tu es le plus compétent pour m’accompagner. Je n’ai pas le choix.
Elle lui dit ces paroles en le regardant les yeux remplis de colère alors qu’André lui gardait la tête baissée.
A l’heure du déjeuner, tout était prêt, il ne manquait plus que le fameux paquet que Fersen devait apporter. Celui-ci arriva juste pour déjeuner avec Oscar.
F: Oscar mon amie, j’ai les affaires d’hivers que vous m’avez demandé. Vous avez de la chance que ma sœur en laisse toujours une paire ici au cas où. Et pour André, nous faisons la même taille, cela lui ira. Avec ces manteaux, ces bottes fourrées et ces gants, vous devriez moins sentir le froid.
O: Je vous remercie.
F: Oscar j’aimerai vous accompagner, je dois justement me rendre en Bavière en tant qu’ambassadeur de Suède.
O: je dois refuser. Il ne faut pas que vous soyez mêlé à cela. Par contre, vous pourriez nous suivre à quelques distances. En outre, vous pouvez m’aider de la façon suivante ………
« Ce qu'il se fut dit à ce moment-là vous le saurez plus tard »
Ils partirent après le déjeuner. Henri conduisait la voiture. Oscar et André se tenaient l’un en face de l’autre sans se regarder ni même s’adresser la parole. André pensait que ce voyage allait être très long et dur pour lui face à une Oscar encore très en colère après lui. Dans l’émotion du départ personne ne remarqua l’homme qui surveillait le manoir, accompagné de deux spadassins faméliques. Porteurs de longues rapières, de gigantesques éperons et couverts de feutres démesurés, ils se tenaient aux cotés de leurs robustes chevaux. Après plus de deux semaines dans le plus grand calme tant pour le voyage lui-même que par les conversations entre Oscar et André - celle-ci ne lui adressait la parole que pour lui donner des ordres et rien de plus - ils arrivèrent enfin en Bavière. Ils n’avaient toujours pas remarqué qu’ils étaient suivis. Leur premier arrêt en Bavière était à Menningen. L’hôtellerie où ils s’arrêtèrent n’était pas plus grande que la dernière visitée mais la plus propre et la plus chère. Oscar le savait mais comme elle payait avec l’argent de la Reine, elle pouvait se permettre ce luxe. Par souci de traditionalisme, c’est André qui payait tout depuis leur départ.
Le bâtiment était tout petit avec de grandes écuries. Malgré la taille de l’auberge, André put obtenir une grande chambre pour Oscar, et une autre assez vaste pour lui et Henri. Le repas fut pris dans la salle commune où se trouvaient fort peu de voyageurs. Affamés et gelés, ils mangèrent de bon appétit et ne remarquèrent rien. Leurs suiveurs étaient descendus dans le relais de poste tout proche qui pratiquait des prix plus abordables.
Alors que le soleil n’était pas encore levé, le carrosse reprit la route. Malgré la faible luminosité, on pouvait deviner le ciel parfaitement dégagé de ses nuages. Il faisait un froid atroce. Les étoiles et la lune illuminaient suffisamment le chemin qui serpentait devant eux et dont l’extrémité se perdait dans la nuit.
Les champs, sur les cotés, étaient entièrement blancs, recouverts de neige ou de gel.
Avant de partir, ils avaient allumé la chaufferette. Pourtant malgré ce petit poêle, il gelait déjà dans la voiture. Oscar et André s'étaient couverts de leur manteau. Ils avaient enfilé les gants épais et chaussé les bottes fourrées que Fersen leur avait donnés. Oscar avait donné à Henri une pèlerine épaisse qui restait insuffisante. Aussi le garçon avait-il dû s’envelopper dans une couverture et attacher son chapeau pour qu’il lui protège les oreilles.
Henri conduisait prudemment en essayant d’éviter les plaques de glace et les trous. Il ne pouvait pas toujours le faire et, plusieurs fois, Oscar et André durent descendre. Dans ces cas, les deux jeunes hommes devaient tenir les chevaux pendant qu’ils franchissaient un passage trop glissant ou une fondrière à demi gelée.
Cinq heures après leur départ, ils étaient justement une nouvelle fois en train de guider ainsi les bêtes quand les roues se mirent à glisser en biais, vers le fossé. Celui-ci n’était pas profond, mais doucement la voiture se coucha en entraînant un des chevaux. André eut juste le temps de sauter à l’écart pour ne pas être écrasé.
O: André!!! Tu n’as rien ?
A: Non je vais bien. Heureusement que tu étais sortie de la voiture.
Henri libéra le cheval affolé qui, par chance, n’avait rien de cassé. Cependant, après plusieurs tentatives infructueuses pour redresser le véhicule, ils virent qu’ils ne pourraient, seuls, le remettre sur le chemin. Épuisés par les efforts qu’ils avaient fournis, ils s’assirent sur un talus.
O: Nous avons besoin d’aide. Henri le village ne devrait pas être loin. Prend un des chevaux et va chercher de l’aide. Nous, nous restons ici.
H: Bien, soyez prudents.
Henri partit. Oscar et André, qui s’étaient armés par sécurité, patientaient depuis quelques instants en marchant pour se réchauffer quand ils entendirent le roulement d’une voiture. C’était un gros carrosse à six chevaux qui arrivait. Il s’arrêta devant eux dans un grand vacarme. Le véhicule était suivi de quatre laquais armés. Deux hommes descendirent de la berline. Le plus âgé était gros et boudiné. Il avait l’œil éteint, la paupière basse, le regard sournois. L’inconnu les regarda longuement avec un rictus déplaisant, s’arrêtant trop longtemps sur Oscar. Le second lui ressemblait étrangement, en plus jeune et en moins gros. Ses cheveux étaient frisés. André pensa qu’il devait être le fils du premier voyageur.
Oscar ne dit rien. Elle était en femme donc elle se reposa sur André, elle n’avait pas le choix.
A: notre voiture s'est renversée. Pouvez-vous demander à vos laquais de m’aider ? Leur fit-il, constatant qu’aucune proposition ne venait de leur part.
V: je crains que nous n’avons pas le temps, » il ajouta en jetant un regard lubrique à Oscar qu’il montra du doigt » nous allons emmener la jeune dame, elle risque de prendre froid. Nous vous enverrons de l’aide quand nous arriverons.
A: il n’en est pas question, rétorqua André. Nous aider à relever ma voiture, qui est très légère, ne vous prendra pas plus d’une minute.
V: Tse, tse, nous ferons comme je vous l’ai dit, inutile de refuser.
Le fils présumé tenait maintenant le fourreau de son épée à la main. Il allait sortir son arme quand André, le devançant, appliqua le pistolet qu’il avait jusque là gardé sous son manteau sur la tempe du père présumé.
A: Je ne sortirais pas cette épée si j’étais vous, fit-il.
Les laquais se rapprochèrent, menaçants. Ils étaient restés à cheval et l’un d’entre eux ordonna d’une voix sèche.
L: lâchez Monsieur le comte !
Oscar ne bougea pas. Elle gardait ses mains sous son manteau, dont une sur son arme, elle ne voulait pas la sortir trop tôt. La situation ne pouvait rester bloquée ainsi. Il regarda Oscar qui allait sortir son arme quand brusquement des bruits de sabots de chevaux retentirent. Deux cavaliers approchaient à grand trot. Il les regarda venir gardant toujours le comte en joue. Les deux hommes qui chevauchaient dans leur direction, manteau ouvert au vent, portaient chacun des corselets d’acier damasquinés et des cagoules ; on ne pouvait donc distinguer leurs traits. Arrivés aux voitures, le plus petit d’entre eux se découvrit.
C’était Fersen.
F: Que se passe-t-il ? Lâcha-t-il sèchement.
Il avait été convenu qu’en cas de rencontre, il devait faire semblant de ne pas les connaître.
A: une simple discussion amicale, répliqua André en regardant le père et le fils, supposé. » Il baissa lentement son arme. » Monsieur le comte va se faire un plaisir de nous aider.
V: Sûrement pas! Répliqua l’intéressé d’une voix de crécelle tant il était terrorisé. Luc ! Allons nous-en !
Le compagnon de Fersen avait observait la scène. André et Oscar s’attardèrent un instant sur sa silhouette colossale et sur la taille de sa monture. Celle-ci était plus haute de prés d’un pied que les autres chevaux. Sur le flanc de cette énorme bête était fixé un espadon - cette longue épée à deux mains - des lansquenets suisses et allemands que plus personne n’utilisait depuis l’époque des guerres de religions. Le géant souleva alors un pan de son manteau. Il tenait d’une seule main un quadruple canon à feu avec un double mécanisme à rouet. Le rouet était une sorte de roue, tendue par un ressort. Lorsqu’on libérait le ressort la roue tournait à toute allure en faisant jaillir une pluie d’étincelles qui mettait le feu à la poudre dans le bassinet, puis dans la culasse. Il était pourtant dépassé par les platines à silex, plus simples, mais qui faisaient parfois long feu.
Le géant se mit à parler avec un furieux accent bavarois.
B: Messieurs, ceci est une arquebuse à quadruple rouet. Les canons tournent à tour de rôle et tirent chacun de la grenaille. Il y a deux rouets pour augmenter la cadence. Le résultat est effroyable.
Il s’arrêta un instant et reprit, doctoral :
- Tout ce qui se trouve devant mon arquebuse est déchiqueté : plus de carrosse, plus de chevaux, plus de laquais, plus de gentilshommes.
Il eut alors un rictus mauvais et ordonna :
- Aller au travail, et vite !
Terrorisés, livides, les laquais sautèrent à terre pour se mettre à pousser le véhicule accidenté. Le comte blanc de peur et de rage restait figé. Fersen s’approcha de lui avec sa monture et lui fit négligemment signe d’aller aider ses domestiques. L’autre ouvrit la bouche pour protester mais, bousculé d’un coup de botte par Fersen, il rejoignit ses valets. Son fils le suivit sans pouvoir maîtriser ses tremblements.
Rapidement la voiture fut replacée sur le chemin. Le fils se réfugia aussitôt dans son carrosse. Fersen salua alors le comte et le remercia hypocritement. Le gros homme remonta dans son véhicule, les valets sautèrent ensuite en selle. Nos amis les regardèrent s’éloigner, ironiquement mais soulagés. Oscar s’avança alors vers Fersen :
O: Merci Fersen, mais je crois que nous ne nous sommes pas fait des amis.
Tendus par l’affrontement, ils éclatèrent tous d’un rire de soulagement. Bruno - c’était le géant qui accompagnait Fersen - s’esclaffa si bruyamment que les chevaux, effrayés, hennirent plusieurs fois en grattant le sol de leurs sabots. André dut les calmer en les flattant de la main. Pour éviter une autre mésaventure, Fersen proposa de rester avec eux jusqu’au retour d’Henri. Celui-ci revint finalement au bout d’une heure accompagné par un laboureur et sa mule. André expliqua au paysan qu’ils n’avaient plus besoin de lui et lui remit quelques sols pour son obligeance. Ils repartirent, Fersen et Bruno les suivaient de loin. Ils furent à Bad wonishofen le lendemain vers quatre heures de l’après-midi. Le ciel était de plus en plus noir, traversé par de gros nuages de neiges. Nos voyageurs étaient fatigués et gelés. A l’entrée de la petite ville, une femme ridée qui se hâtait de rentrer chez elle leur indiqua l’auberge la plus près. L’auberge était un grand bâtiment à trois étages en retrait du chemin. Henri resta à l’écurie pour s’occuper des montures et des bagages avec les valets du palefrenier. Oscar et André, en essayant d’éviter les flaques de boue plus ou moins gelées, gagnèrent l’entrée de la taverne. Ils pénétrèrent dans une grande salle où déjà beaucoup de monde était installé pour boire. Une jeune femme s’approcha d’eux et leur fit signe de la suivre dans une autre pièce plus propre qui paraissait être réservée aux personne de qualité. La jeune servante les questionna :
- Restez-vous pour la nuit ? Désirez-vous plusieurs chambres ? Nous avons même quelques pièces chauffées.
A: Une chambre très bien chauffée pour madame, et une autre à coté pour moi et mon domestique. Pouvez- vous l’accompagner ? Elle est très fatiguée. Vous lui servirez une boisson chaude dans sa chambre. Il se tourna vers Oscar : - je vous ferai porter vos bagages, mon amie, ensuite je viendrai voir si vous êtes bien installée.
Elle répondit seulement par un signe de tête. André retrouva Henri en pleine discussion avec l’aubergiste qui se trouvait être un français de la région d’Henri, exilé en Bavière.
Au: Si vous avez besoin de quelque chose, appelez-moi. Je suis votre serviteur, dit il en bombant le torse. Sa voix était chaude et grave.
A: Merci, nous mangerons ce soir dans la salle. Tous les trois. Nous repartirons demain matin avant le lever du soleil.
L’aubergiste regarda la porte en fronçant les sourcils avec une expression préoccupée.
Au: Le temps fraîchit. Il va neiger. Je ne vous le conseille pas.
A: Hélas, nous ne pouvons attendre.
L’aubergiste eut une grimace de désapprobation mais n’insista pas. Après tout, c'étaient leurs affaires. Il retourna dans sa cuisine et au même moment, la jeune servante revint.
S: Venez avec moi, je vais vous montrer où vous êtes logés.
Henri prit les bagages. Leur chambre était l’avant-dernière du couloir et n’avait pas de cheminée mais les pièces mitoyennes étaient chauffées, cela suffisait pour ne pas geler. La chambre suivante était celle de Oscar, André s’y présenta avec ses bagages. Les lieux paraissaient propres avec des murs blanchis à la chaux, tout comme le couloir. Un grand feu crépitait joyeusement dans la cheminée. Oscar était assise devant l’âtre, une tasse de chocolat chauffait sur la grille. Les joues rouges de la jeune femme montraient que la chaleur était revenue dans son corps. Elle allait mieux.
O: André tu es trempé. Change-toi et vient te chauffer devant le feu. Sinon tu vas attraper mal.
Ce que fit de suite André. Cela faisait des semaines qu’elle ne lui avait pas parlé aussi gentiment. Une fois bien réchauffés, ils descendirent pour souper. Une fois à table dans la première salle et ayant demandé du vin, ils observèrent les autres voyageurs qui commençaient à arriver. Un groupe de trois escogriffes aux longues moustaches relevées, enroulés dans de grandes houppelandes et coiffés de chapeaux à panache multicolore, attira l’attention d’Oscar. Où les avait-elle déjà vus ? Elle se souvenait vaguement de ces rapières démesurées, de ces pourpoints de buffle cousus pour arrêter les coups de dague, de ces énormes éperons. Elle fut distraite par l’arrivée de Fersen accompagné par le monstrueux Bruno qu’ils n’avaient vu jusqu’à présent qu’à cheval. Il mesurait plus de sept pieds de haut et faisait le vide autour de lui. Un tel colosse aurait aisément prêté à sourire mais l’attitude agressive de Fersen et la taille démesurée de son compagnon refrénaient toute plaisanterie. Comme ils étaient convenus de se méconnaître, Fersen et Bruno passèrent devant Oscar et André en les ignorant. Oscar remarqua pourtant que les trois vauriens arrogants murmuraient à voix basse en les lorgnant. Henri les retrouva à table l’air grave et soucieux.
H à voix basse: J'ai à vous parler. Puis il ajouta, plus fort: Je pense que l’on peut aller manger dans la petite salle, Monsieur.
Un peu surpris, Oscar et André se levèrent. Le repas n’était pas prévu avant une demi-heure. Ils quittèrent la pièce vers celle d’à coté. Là Henri se dirigea vers l’escalier qui menait à leur chambre. Une fois chez eux, Henri ferma la porte après avoir regardé une dernière fois dans le couloir.
H: L’aubergiste est venu me voir alors que je lavais le carrosse. Je ne sais pas si vous avez remarqué les trois escogriffes, en bas. Ils sont arrivés un peu après nous. Ils ont demandé à la fille de chambre à quelle heure nous partions demain. Aussitôt, elle est allée rapporter la question à l’aubergiste.
A l’évidence, ils étaient suivis, ils ne s’en étaient pas rendus compte ! Pour qui travaillaient ils ? Quoi qu’il en soit, ils n’avaient rien de bon à attendre d’eux.
O: Si c’est à nous qu’ils en veulent, nous ne ferons pas le poids contre trois spadassins armées jusqu’aux dents. Henri n’est pas un militaire.
H: Partons très tôt demain matin. Proposa-t-il.
Oscar fit la moue.
O: Ils nous rattraperons toujours, d’autant qu’ils sont à cheval.
A: Prenons un autre itinéraire.
O: Ce n’est pas bête ! Mais ils constateront que nous ne sommes pas sur la route. Non laisse moi réfléchir….. Oui c’est cela, il faut qu’ils nous suivent …..Mais qu’on ne soit pas là s’ils nous trouvent !
Henri regarda Oscar sans comprendre, André lui avait comprit se qu’elle voulait dire. Il lui fit un signe de tête pour approuver.
O: Écoute Henri, tâche de trouver un second carrosse mais pas dans cette auberge. Il doit bien s’en vendre dans ce village. Je l’achèterai à n’importe quel prix. Toi, tu partiras demain avec notre voiture mais tout seul. Entre temps, André et moi aurons quitté les lieux deux heures plus tôt, par un autre chemin, avec la voiture que tu nous auras trouvée. Quand ils te rattraperont... car ils te rattraperons, tu diras que l’on est resté à l’auberge. Ta maîtresse était malade et devait rentrer à Paris. Toi, tu étais seulement charger de porter des vivres provenant de la France à ton ami aubergiste. Dés qu’ils auront fait demi tour, tu rejoindras la première auberge. Et tu attendras quelques jours, ensuite tu rentreras à Paris. Voici l’argent pour la voiture.
H: Mais vous ne pouvez pas partir seuls, c’est bien trop risqué. Protesta-t-il.
André qui regardait une carte: Non, nous n’irons que jusqu’à Pandsberg seuls ; de là, nous trouverons bien un ou deux hommes pour nous escorter vers Munich. Pandsberg est au maximum à cinq lieues d’ici. C’est l’affaire de six heures de route. En partant tôt et avec un bon guide, on y sera vers midi. Allez, va chercher la voiture.
A: Nous devrions prévenir Fersen.
O: Tu as raison. Rassemble nos affaires, moi je vais voir Fersen. Henri m'a dit qu’il était à l’étage au-dessus. La deuxième à droite.
Celui-ci jouait aux cartes avec Bruno devant une cruche de vin. Oscar lui expliqua la situation et exposa la situation. Fersen prit une expression soucieuse et ne répondit pas sur le champ. Il se servit un verre de vin qu’il regarda longuement. Au bout d’un instant, il s’adressa à son compagnon.
F: Qu’en penses-tu, Bruno ?
B: Ça peut marcher. On peut aussi régler le problème sur place. Ça irait plus vite. Je peux les égorger cette nuit dans leur lit. Ou alors on les attend sur la route… et là pas de trace…
O: Non. Trop dangereux et en plus, on risquerait de se faire prendre par la police bavaroise et Fersen ne doit rien avoir avec toute cette histoire.
B: Alors, on vous accompagne. Ils n’oseront pas nous attaquer tous ensemble. S’énerva-t-il.
O: Ils trouveront bien une bande de brigands dans le coin. Ils doivent avoir prévu ce genre de chose.
F qui n’avait encore rien dit : Votre plan est adopté. Nous, nous suivrons Henri pour qu’il ne lui arrive rien. Il pourrait le tuer pour ce venger. Mais pour vous, le plus dur est entre ici et Pandsberg. Tentez de vous y rendre le plus vite possible. Arrivé là-bas, engagez trois ou quatre hommes de main pour aller jusqu’à Sternberg. Et là, allez voir le marquis de Querasque, c’est un compagnon de guerre des Amériques. Je vais lui écrire une lettre et lui demander de vous aider.
André venait de les rejoindre, ils mirent au point les derniers détails du plan. Fersen réussit à parler à André seul.
F: André fait bien attention. Il va sûrement neiger fortement. Tu n’y verras rien. Sois prudent et ménage ta bête car sans elle, vous êtes perdus. Il n’y a rien d’autre que des champs sur cette route. Et prends soin d’Oscar. Elle a beau faire la dure, elle est faible face au froid, en robe. André, met cette chemise et ne la quitte jamais.
A: Je saurai prendre soin d’elle.
O: Bon allons souper. On passe devant.
Après le souper, tout le monde partit dormir. André fut réveillé à trois heures par l’aubergiste qu’ils avaient prévenu. Ils se préparèrent avec Henri. Ce fut d’autant plus rapide qu’ils s’étaient couchés tout habillé. A la suite de quoi, il réveilla Oscar et prévint Fersen. Quelques minutes plus tard, ils quittaient ensemble l’auberge. Fersen et Bruno les accompagnaient avec leurs bagages. Il faisait encore plus froid que la veille et le ciel était sombre. Henri portait une lampe à huile prêtée par l’aubergiste. Au bout de quelques minutes, ils atteignirent une écurie où Henri avait trouvé le second véhicule. Le seul dans tout le village. C’était un petit carrosse à deux places. Les portes n’avaient pas de vitres et les ouvertures étaient béantes. Deux chevaux poussifs y étaient déjà harnachés.
O/A en même temps : Cette expédition tourne mal, dirent-ils en examinant le carrosse.
Le fait de le dire en même temps les firent sourire.
Ils avaient colmaté les portières avec des tissus. Ils firent leurs adieux et André monta à la place du conducteur. Leur guide était un homme de cinquante ans. Il chevauchait une mule. Henri dit à André qu’il était le propriétaire de l’écurie et qu’on pouvait lui faire confiance. Et comme un plan ne se déroule jamais comme prévu, à peine avaient-ils passé les dernière maisons du villages qu’il se mit à neiger. |