Auteur : myminette Hits : 5414
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Partie 1

« Mais enfin Grand-mère qu’est ce qui te prend ? » se demanda André en voyant la nourrice courir dans tous les sens.
« Ce grand jour est enfin arrivé ! Je savais bien que tout espoir n’était pas perdu, qu’elle finirait bien par en porter une un jour ! » jubilant comme une enfant dans l’attente d’une fête en son honneur.
« Mais de quoi parles-tu ? »
« Chut ! Pas si fort, il ne faut pas qu’on nous entende ! » Elle se planta devant lui, le complot ne devait pas être ébruité.
« Parce que tu crois qu’avec tout le remue ménage que tu fais, on ne va pas t’entendre ? Vas-tu enfin m’expliquer ce que tu fais les bras chargés de ces étoffes ? »
« Mais ce n’est pas n’importe quelles étoffes… c’est la robe d’Oscar ! »
« La quoi ? » il manqua de tomber à la renverse. Il voulut avoir une explication mais trop tard, la vieille femme avait disparu derrière la porte du boudoir telle la prêtresse de ce sanctuaire sacré. « Mais qu’est-ce qui te prend Oscar de vouloir soudainement redevenir femme ? Est-ce à cause de LUI ? »

Il monta l’escalier comme une âme en peine. Fersen. Toujours lui, toujours ce suédois. Il avait beau détester cette attirance qu’elle éprouvait pour ce noble, détester cette indifférence amoureuse du jeune homme, André ne pouvait se résoudre à le considérer comme un ennemi. « Pour lui tu es prête à mettre en jeu ton identité et même ta réputation. Seul l’amour peut conduire à une telle folie… ». L’attente se fit donc ainsi, l’esprit ballotté par toutes ces idées noires, tandis qu’il entendait Oscar se plaindre, Grand-mère ordonner de se tenir tranquille. Finalement sa morosité laissa la place à un sourire, une image qu’il n’avait jamais eue l’idée de générer dans son esprit… imaginer Oscar en robe. Son Oscar, cette femme au corps si plat, aux membres si raides, au sourire si rare. Il manqua de s’étouffer en réalisant que sa Grand-mère devrait livrer le plus lourd combat de sa vie si elle voulait avoir une chance de discipliner les fils d’or, aussi soyeux que de la paille. « Tu ne vas ressembler à rien ma pauvre Oscar. Un épouvantail. Un homme dans une robe de femme. Ah. Ah ! ». Certain du résultat catastrophique de la métamorphose, André répondit à l’appel de la nourrice, narquois. « J’arrive Grand-mère ». « Un épouvantail » se dit-il amusé.

….

Comment Dieu avait-il pu faire si belle femme sur Terre ? Il restait sur le perron du château, les yeux envoûtés par cette déesse aux cheveux d’or qui posait son soulier verni sur le marchepied, sur sa main gantée de blanc qui se posait sur le montant de la calèche avant de prendre place sur le siège. « André, ne m’attends pas, je rentrerai certainement tard » avait-elle dit. Quelles paroles innocentes… quels mots blessants… son cœur s’était rompu en réalisant que LUI seul pourrait tenir dans ses bras cette femme hors du commun… « Adieu ma Reine » avait-il murmuré en rejoignant lentement la cuisine où s’affairait Grand-mère.
« Elle est belle n’est-ce pas ? »
« Oui tu as fait un très beau travail, la robe est magnifique » dit-il pour clore la conversation et quelque peu sa douleur.
« Je ne te parle pas de la robe, mais de notre petite Oscar »
« Elle ne pourra jamais rivaliser avec les dames de la cour »
« Pourquoi dis-tu ça ? »
« Elle est bien trop belle » il sortit alors de la pièce.
…..

Oscar regardait les lumières du château de Versailles se rapprocher telles les flammes de l’enfer dans lesquelles elle ne tarderait pas à pénétrer. Elle avait conscience du risque qu’elle prenait ce soir, elle avait retourné la situation de longues heures dans sa tête avant de se décider, avant de mettre son plan à exécution. Si l’enfilage de sa robe de bal avait relevé de la torture, ce qui allait se passer les prochaines heures bouleverserait sa vie à jamais… Le risque était grand mais elle savait que si elle ne le tentait pas, toute sa vie son coeur serait meurtri de ne pas avoir essayé.

Elle était devant les hauts plafonds, les grands miroirs, la salle de bal s’ouvrait devant elle tandis qu’un valet lui proposait de prendre le vêtement qui recouvrait ses épaules. Elle était venue si souvent en ce lieu, des dizaines et des dizaines de fois, pourtant ce soir tout était différent… la seule surveillance à laquelle elle devait s’attacher était la sienne, veiller à ne pas être reconnue, veiller à ce que cette soirée soit unique, éphémère comme l’astre qui enveloppe de ses ténèbres le soleil à son zénith… la fin de tout pour finalement un recommencement tant attendu. Ce soir …
Quand le serviteur lui demanda son nom pour annoncer son entrée, elle se tue. Le colonel Oscar de Jarjayes était pour quelques heures la femme qui ne cessait de sommeiller dans le berceau de la tromperie. Elle serait femme, sans doute pas la plus élégante, la plus enviée, la plus féminine mais FEMME dans son ensemble, enfin.
Pensant pouvoir se faire discrète, elle évita de se diriger vers le centre de la salle, cherchant du regard les personnes de sa connaissance. Après quelques secondes, elle resta choquée, immobile : elle sentit les nombreux regards tournés vers elle, interrogateurs, envieux pour certains. Elle essaya de s’en soustraire en dissimulant son visage derrière un éventail de soie blanche, mais son regard limpide trouva son reflet dans deux yeux clairs... Fersen.
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