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Cette fic est dédiée à Dddamuur pour son anniversaire avec du retard toutes mes excuses.

Les dialogues sont extraits de l’episode 37 du DA

Chapitre 1: Plaies du corps

Elle n’avait pas dormi de la nuit ! Comment aurait-elle pu ?
La soirée précédente avait été si riche en enseignement. Et qui ne concernait pas qu’elle. Non pas uniquement qu’elle.
Le couperet du verdict médical était tombé. Net. Précis. Figeant son sang dans ses veines. Sans qu’elle sache pourquoi. Bien qu’elle sache déjà. Un espoir ? Quand la couleur de son quotidien qu’il pleuve, vente ou neige, que le ciel soit du bleu le plus profond ou pleurant la pluie la plus glacée se teintait crescendo d’un rouge de plus en plus grenat ! Y avait-il encore une chance ? Oh oui elle aurait aimé l’entendre de la bouche du médecin. Elle qui n’attendait plus grand chose de la vie, se contentant de suivre le chemin que l’on avait tracé pour elle depuis son premier jour, le premier, le tout premier.
Il avait fallu batailler pour obtenir des réponses, des éclaircissements mais comme toujours que la joute fut verbale ou l’épée à la main elle avait vaincu mais oh combien cette victoire lui avait semblé amère, elle qui avait gagné tant de combats aurait préféré de loin perdre celui-ci.

« Il est inutile de me taire plus longtemps la vérité Docteur, vous pouvez me parler sans crainte je suis prête à l’entendre : suis-je perdue ? »

Elle entendait encore la voix douce de celui qui l’avait mise au monde, ces inflexions tristes qu’il n’arrivait pas à totalement maîtriser. Cette voix ne cesserait jamais de résonner à son oreille.

« Comme vous y allez, vous êtes certes très affaiblie, c’est exact, mais de là à imaginer un tel malheur.»

« Allons Monsieur soyez direct avec moi je vous en prie. Je sais fort bien qu’il n’est pas naturel de cracher du sang comme je le fais. J’estime avoir droit à la vérité : combien de temps me reste- t- il à vivre selon vous ?

« Ces sortes de maladie ne sont pas toujours incurables: je connais des cas où du repos et le plus grand calme ont fait merveille je crois donc inutile de vous désespérer

« De grâce Monsieur il ne sert à rien de me voiler la face: si je dois perdre la vie je préfère être en mesure de faire d’abord face à mes devoirs. Alors parlez je vous en conjure dites-moi combien d’heures, combien de jours il me reste. »

« Ce que vous me demandez là je ne puis m’y résoudre il y a tant d’années que je soigne votre famille. Je me souviens encore du premier jour où je vous ai vu Mademoiselle et de l’émotion que j’ai ressentie devant tant de courage devant l’épreuve. Tout ce que je peux faire c’est vous conseiller de rendre votre épée. Et vous retirer dans quelque endroit loin des agitations du monde où vous trouverez le calme et la paix. Et une fois que vous y serez, profitez des bienfaits d’une vie modérée et laissez l’air pur redonner un peu de vie à vos poumons et demandez au Seigneur sa protection et alors seulement vous pourrez espérer ainsi avoir encore quelques mois de vie devant vous.»


La lame de la souffrance avait commencé son œuvre dans sa poitrine, sans qu’elle puisse l’empêcher. S’enfonçant petit à petit au fur et à mesure du discours de l’homme assis en face d’elle. Voyant déjà ce qui l’attendait : une lente déchéance physique, un épuisement lent et constant de ce corps qui ne pourrait reprendre que peu de force dans un appétit qui irait s’amenuisant puis dans les derniers temps une respiration haletante, cherchant dans des poumons engorgés un faible souffle permettant non pas de se relever mais de glisser toujours plus vers l’agonie…………
Tout cela sa vie de militaire, son sens du courage lui permettraient de faire face, de tenir.

« Je vous remercie de tant de franchise Monsieur, du fond du cœur merci. »

Et parce que les larmes commençaient aussi à embuer l’éclat d’azur de ses yeux, les voilant d’une brume qui menaçait de les noyer définitivement, elle s’était détournée s’apprêtant à sortir. Croyant avoir déjà tout entendu. Mais qu’il est dérisoire de croire que l’on a touché le fond de l’abîme……..

Le coup de grâce n’était venu qu’aux paroles suivantes, enfonçant jusqu’à la garde le poignard qui de souffrance était devenu regret et culpabilité…. Non plus pour elle …Non non, son sort était oublié. Pour ne plus penser qu’à LUI et lui seul.

« Oh oh pardonnez-moi Oscar : pouvez-vous me dire comment va votre ami André ? Il devait venir me voir mais j’ai attendu sa visite en vain :je me fais beaucoup de souci pour sa vue

« Comment ? Mais André ne m’en a rien dit ! »

« Quoi ? Il ne vous a donc pas dit qu’il allait probablement perdre le seul œil qui lui restait ? »


Et sans qu’elle le veuille, il était apparu devant ses yeux : l’image d’un homme aux yeux verts, de l’enfant réfléchi mais parfois espiègle en passant par l’adolescent plus secret puis l’adulte sérieux et accompli qu’il était devenu. Et il avait fallu qu’elle les prononce, ces mots….. Qui pris indépendamment ne voulaient rien dire mais associés signifiaient tant. Signifiaient trop ! Toutes ces conséquences !
Et elle avait dû répéter avec les siens propres car sans cela elle n’aurait pas été sûre de bien comprendre, de bien entendre.

« Vous voulez dire qu’André va devenir bientôt aveugle ? »

Mais on lui parlait toujours et elle s’était donc reprise, vieille habitude ancrée à son éducation.

« Eh oui Oscar! Il n’y a malheureusement aucun espoir: André va perdre définitivement la vue. »

Puis elle était sortie, avec un pauvre sourire : « La messe est dite ! » pensa-t-elle désabusée.

L’air frais de la nuit finit de la sortir de son hébétude, lui faisant trop clairement ressentir la douleur logée dans sa poitrine. Non pas de toux à l’horizon qui aurait entaché la blancheur immaculée du mouchoir ou la dentelle de son poignet de chemise. Cela venait de son cœur. Enserré dans cette griffe d’acier qu’étaient le remord et la peine. Et qui menaçait de le broyer. Définitivement. Impitoyablement.

Retrouvant sa monture, les rênes en main, elle s’était appuyée de longues minutes à l’encolure de son étalon, cherchant vers quelle destination il la mènerait.
Son cœur lui criait de se rendre sans plus attendre auprès d’André, pour qu’il lui dise….Pour qu’ils s’expliquent… Pour….Pour….Que lui dire au juste d’ailleurs ! Les idées se pressaient, se bousculaient, s’enchaînaient de façon chaotique et incohérente.
Son esprit, quant à lui, lui dictait de rentrer chez elle et de réfléchir, éclaircir, ordonner ses pensées.
Et comme toujours ce fut lui qui l’emporta.
Mais pas seulement.
L’appréhension voire la crainte d’être rejetée ce soir alors qu’ils ne s’étaient plus parlés, vraiment parlés depuis si longtemps. Et elle ne supporterait pas une rebuffade, ce soir moins que tous les autres : elle s’effondrerait, elle le savait !
Et la peur aussi ! Peur de laisser échapper le secret de sa maladie, de vouloir s’épancher pour trouver le réconfort qu’il avait toujours su lui apporter.Mais qu’elle ne méritait plus, ayant établit cette frontière bien définie de l’ordre hiérarchique et ce depuis de long mois déjà ! Elle ne serait pas égoïste ! Non pas cela ! Jamais entre eux ! Ou alors elle aurait touché le fond !

Pour clore le tourbillon qui menaçait de l’engloutir, elle se mit en selle, talonna Chevalier lui faisant prendre le chemin de Jarjayes.
Passant devant une taverne animée, son regard s’attarda bien malgré elle : se perdre au fond d’une bouteille, se noyer dans un verre, non plusieurs d’ailleurs pour ne revenir à la surface que le plus tard possible. Mais elle résista une fois de plus aux sirènes de l’oubli, ces viles tentatrices. Succomber à leur appel par chagrin d’amour certes mais pas par culpabilité : elle avait toujours su se montrer courageuse face à tous les dangers physiques mis sur sa route, elle saurait de même faire face aux tourments de son âme.

Reprenant la route, les grilles du château se profilèrent bientôt devant elle.
Review Le premier jour


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