L'action débute au alentour de l'épisode 26 lorsqu'André se met à faire de discrètes escapades la nuit...
Merci à Rozam ,comme toujours... pour son oeil de lynx et ses précieux conseils!
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Un vent puissant soufflait à l’extérieur, s‘écrasant contre les minces carreaux de verre, les faisant trembler dans leurs cadres de bois. Assise dans son fauteuil, une jeune femme , quitta des yeux le livre qu’elle essayait de lire et se leva en soupirant. Elle resta un instant immobile, semblant guetter quelque chose, puis d'un pas las se dirigea vers l'âtre de pierre pour aller y mettre une bûche suplémentaire. La lueur des flammes donna des reflets d’aurore à sa chevelure claire tandis que les ombres mouvantes accentuaient encore plus les traits fins de son beau visage.
Elle joua quelques instants avec le tisonnier, songeuse. Une nouvelle rafale de vent encore plus forte que les précédentes arracha de nouveaux gémissements à l’opulente demeure des JarJayes, tel de sourd reproche s'adressant au fils d'Éol,le dieu du vent. On entendit bientôt la pluie se joindre à cette symphonie automnale. Le temps se gâtait encore...
La jeune femme s’approcha de la fenêtre sachant qu’elle n’y trouverait que les ténèbres de cette nuit sans lune, voilé par l'eau du ciel. Personne... Elle contempla un instant la fine buée que son souffle avait laissé contre la vitre, souriant doucement sous l'affluence de quelques souvenirs d'enfance née de ce phénomène. Elle leva lentement la main, voulant répéter les gestes de ce passé insouciant, mais celle-ci se suspendit dans l'air, prisonnière du présent. Oscar fronça les sourcils et serra les poings. Elle se retourna voulant ainsi laisser derrière elle les brumes d'un passé révolu. Puis d'un pas déterminé elle se dirigea vers la table ,agrippant la bouteille pour se verser un verre, cherchant l'apaisement dans les bras de cet éternel compagnon des mauvais jours...
- Bon sang... Que fais-tu ...Où es-tu ? murmura t-elle pour elle même.
Sournoisement le souvenir de cette soirée, quelques jours plus tôt, revint en son esprit.
Encore...
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Une petite femme, véritable boule de nerf malgré son âge avancé, traversa la bibliothèque d’un pas déterminé. Amusée, Oscar regarda sa vieille nourrice marmonner rageusement quelques remontrances à un interlocuteur invisible tandis qu’elle s’acharnait, plus qu'il ne fallait, sur la porte-fenêtre afin de vérifier si elle était bien verrouillée. Puis rassurée elle s’écrasa sur un fauteuil pour se relever aussitôt en clamant...
- AH ! J’oubliais la porte de la cuisine ! Ooooh ! Mes pauvres jambes !
- Mais que fais-tu Grand-Mère. Tu as peur qu’on se fasse attaquer par un Loup-Garou !
- Ris ma petite Oscar !! Moque toi !! Mais avec tout ce qui se passe à Paris en ce moment je ne veux pas prendre de risque !
- Tu parles du Masque Noir ?
- Oui...Et des disparitions. Et ce vaurien d’André qui est encore sorti !! Ha ! Celui –là !
Le regard de la jeune femme se troubla...
- André est sorti...
-Oui ! Il sort presque toutes les nuits, comme si je ne me faisais pas assez de soucis avec ces histoires!! Il fréquente un peu trop les estaminets, tu devrais lui parler Oscar !
La jeune femme masqua son trouble en éclatant de rire.
- Mais Grand-Mère, André est bien assez grand pour s’occuper de lui. Il sait ce qu’il fait.
- Hum..
Sur ce la vieille femme s’en alla en marmonnant un je ne sais quoi sur la jeunesse et ses folies. Oscar la regarda partir un sourire s’attardant sur ses lèvres, qui disparut aussitôt que la frêle silhouette quitta la pièce.
André était sorti... Il lui avait donc menti. Il avait prétexté une fatigue due à un levé très tôt ce matin. Son coeur se serra. Oui... Il lui avait menti. André, son ami de toujours lui avait menti... pour aller faire une virée dans les bas quartier de Paris ! Elle sentit la colère se frayer un chemin en elle.
-Imbécile pourquoi ce mensonge? Que veux-tu que cela me fasse...
Mais cela lui faisait mal. Mal de sentir leur douce complicité s’envoler depuis un moment déjà. Quand ? murmura t-elle pour elle même. Elle ne le savait que trop.... Depuis ce fameux jours où il l’avait vu pour la seule et unique fois dans cette robe. Cette robe qu’elle n’aurait jamais du vêtir. Une gêne s’était installée entre eux dès ce moment s’insinuant dans leurs conversations et les rendant fades... Leur enlevant cette fraîcheur qui lui faisait tellement de bien avant.
Et maintenant il lui mentait.
Le faible bruit d’une porte la tira de ses pensées. Il était de retour... Elle s’avança en haut du grand escalier et regarda la haute silhouette de son ami qui commença à gravir les marches qui le mèneraient à sa chambre. Son pas était las mais silencieux.Alors qu'il entra dans la faible lueur d'une lampe,elle apperçu enfin son visage.Il semblait songeur et épuisé. Voyant que s’approchant d’elle et. perdu dans ses pensées, il ne l’avait toujours pas vue, elle ne put s’empêcher de lui lancer sur un ton ironique pour le confronter à son mensonge.
- Tu as passé une bonne nuit ? Je vois que tu as dormi du sommeil du juste.
Le jeune homme sursauta en entendant ces mots et leva ses yeux verts surpris vers la jeune femme. André resta un moment à la regarder, pris en faute. Puis son visage se ferma.
-Oscar...tu ne... euh.... J’ai eu envie ...de galoper un peu
Elle attendit qu’il arrive à son niveau, s’approcha de lui et planta son regard dans le sien, le défiant ainsi de lui mentir à nouveau.
- Hum ...A cette heure ?
- Oh ! Ça va je suis assez grand pour savoir ce que je fais.
Il lui avait répondu d’un ton brusque qu’elle ne lui connaissait pas en soutenant froidement son regard. Puis il la contourna et entra dans sa chambre sans se retourner. Elle le suivit des yeux, surprise et blessé par cette attitude qu'elle ne lui connaissait pas. Et par autre chose...
-André...
Il s’arrêta un instant à l’appel de son nom,hésitant. Puis il ferma sa porte sans lui jeter un seul regard. La jeune femme murmura tristement pour elle même, sans quitter la porte des yeux.
-Bonne nuit André...
Elle avait compris qu’elle n’en saurait pas plus de sa bouche. Mais elle comprit aussi qu’il n’était pas allé dans les estaminets comme le croyait Grand -Mère. Aucune odeur d’alcool n’émanait de son souffle.
Non... Aucune...
Sur les vêtements du jeune homme planait un étrange parfum, doux et suave.
Un parfum de femme... |