Chapitre 1
_Non, Oscar. Je suis désolé mais je ne t’aiderai pas.
La réponse atteignit Oscar comme un poignard. Elle n’avait jamais pensé qu’André pourrait refuser de lui venir en aide ! D’accord, elle lui avait laissé le choix. Elle lui avait bien spécifié qu’il devait agir en son âme et conscience. Cela dit, elle n’aurait jamais pensé qu’il dirait « non ». En plus, elle avait déjà mis son plan au point et André aurait dû tenir le premier rôle .
_Dommage, grogna Oscar.
_Oscar, tenta d’expliquer André, ce n’est pas contre toi que j’ai pris cette décision, c’est par rapport à mes convictions…
_Très bien, le coupa-t-elle.
_Laisse-moi m’expliquer, Oscar. Je t’en prie…
Voyant qu’elle le regardait et qu’elle ne protestait pas, il continua :
_Le Masque Noir est un bandit. Soit. Mais il sauve le peuple de France ! Sans les objets de valeurs qu’il distribue, le peuple ne pourrait plus vivre ! Et je fais partie du peuple… Oscar, je sais que tu m’as toujours considéré d’égal à égal, mais je suis et resterai un roturier…
_Je comprends, fit-elle, radoucie. Mais je dois savoir si c’est u bandit de grand chemin ou un cœur pur !
Devant le miroir de sa chambre, Oscar mettait la dernière touche à son costume. Elle attacha son masque et observa attentivement son reflet. Dans la glace, on pouvait voir une femme, grande et blonde, vêtue entièrement de blanc. Des bottes au masque, elle était comme neige. Elle s’examina sous toutes les coutures et sourit, d’un air approbateur. Soudain, derrière elle, apparût André.
_C’est une bonne idée, affirma-t-il. Voler les pauvres pour donner aux riches et faire ainsi sortir Le Masque Noir de l’ombre…
Une fois de plus, il avait lu en elle comme dans un livre ouvert.
_A vrai dire, je me suis inspirée de ma première idée, avoua-t-elle.
_Ta première idée ? Pourquoi as-tu changé ?
_Parce que je respecte ton désir de rester à l’écart.
_Je ne souhaite pas t’aider à capturer Le Masque Noir, c’est vrai, cela dit, je peux tout de même te conduire dans Paris…
_Merci, André, sourit Oscar, mais j’irai à cheval.
_Je vais le seller, alors. A tout de suite !
Au loin, Oscar entendait les cloches sonner minuit. En équilibre sur un toit de la capitale, elle tentait de faire le vide dans son esprit et de ne pas tomber. Elle s’efforçait de fixer un point invisible droit devant, mais elle se sentait étrangement nerveuse. Elle avait l’impression d’être épiée. Frequemment, il lui arrivait de se retourner brutalement et de manquer de s’écraser sur le pavé parisien. Depuis près d’un mois qu’elle jouait les voleurs , cela ne lui était encore jamais arrivé. Soudain, une ombre surgit devant elle. Le Masque Noir. Il s’était caché derrière une cheminée et l’avait attendue. Prise par surprise, Oscar tomba mais se rattrapa d’une main à la gouttière. Suspendue dans le vide, elle entendit l’homme glisser sur la toiture et la rejoindre. Oscar baissa les yeux et put constater qu’elle était à quinze mètres du sol. Elle ne pouvait ni sauter à terre, ni remonter. Le Masque Noir se pencha vers elle et Oscar vit ses yeux briller d’une lueur inquiétante. Oscar avait l’impression d’être suspendue dans l’univers car il n’y avait aucune lumière. Tout était noir. La Lune était cachée par d’épais nuages noirs. L’air commençait à devenir oppressant. La gouttière allait bientôt lâcher et Oscar se demandait combien de temps encore elle tiendrait.
Tout à coups, Le Masque Noir prit Oscar à la gorge et la souleva, comme si elle était aussi légère qu’une plume. Il la reposa sur le toit, assise. Il se mit à son niveau, debout et dégaina.
_Allez, bats-toi ! Tu peux bien me tuer, tu tues déjà le peuple, lui cracha-t-il avec mépris.
A peu près remise de ses émotions, Oscar se releva et dégaina à son tour.
Durant près de vingt minutes, les lames s’entrechoquèrent, les feintes, les bottes secrètes et les tactiques s’enchaînèrent. Chacun voulant la victoire à tout prix. Dans les yeux du Masque Noir, il y avait une lueur assassine. Oscar, elle, n’essayait pas de tuer mais de le blesser pour pouvoir le capturer. Oscar distinguait à peine les contours de son adversaire qui était vêtu entièrement de noir. S’il lui arrivait de reculer d’un pas, dans la seconde qui suivait, elle s’acharnait à en conquérir dix. Aucune étoile n’était présente dans ce ciel. Il n’y avait rien. Rien, sauf deux combattants déterminés et les ténèbres.
Aucun des deux ne parvenait à avoir l’avantage assez longtemps pour donner le coup de grâce à son adversaire.
Soudain, Oscar trébucha en avant. Tout se passa très vite. Le Masque Noir éleva sa lame au moment où Oscar s’effondrait en avant. Quelques secondes plus tard, Oscar était agenouillée, la main sur son œil et gémissante. Tout tournait autour d’elle. Elle ne sentait plus les tuiles sous ses genoux. Elle eut l’impression de faire une longue chute… Très longue…
Quand Oscar ouvrit les yeux, elle ne distingua rien de très net. Tout était flou. Elle se sentait fatiguée, ankylosée…. Les souvenirs de sa dernière nuit lui revinrent en mémoire. Elle voulut plaquer une main sur son œil mais toucha un bandage… Et pourquoi ne voyait-elle rien nettement ? Elle s’était déjà évanouie maintes fois et après quelques secondes, à chaque fois, sa vue se rétablissait. Sa main passa du bandage à son œil intact. Il n’avait rien. Elle baissa la tête et vit son bras, bandé aussi. Un bruit attira son attention. Quelqu’un entrait.
_Elle est réveillée ! cria-t-il.
André.
D’après les sensations qu’Oscar perçut, André s’est précipité à ses côtés. Elle le sentit lui prendre les mains.
_Oscar, murmura-t-il, ne me refais jamais aussi peur…
_Que s’est-il passé ? interrogea-t-elle abruptement.
_Vous avez un bras cassé et…
_Père ? voulut s’assurer Oscar, qui ne distinguait rien du tout à cause du bandage et de l’obscurité de la pièce.
_Oui, mon enfant. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, Oscar, vous avez perdu un œil et… Et il est évident que, désormais, vous ne pourrez plus assumer votre rôle au sein de la Garde Royale… Vu votre état, nous ne pourrons pas vous marier non plus… Donc, nous avons décidé… De vous… Envoyer au couvent…
_Non ! rugit André. Vous n’y pensez pas ! Vous n’avez pas le droit !
Oscar crut sentir des sanglots dans la voix de son ami.
La porte se referma.
Oscar se relaissa tomber sur les coussins.
_Il n’y a donc aucun espoir ?
Les mots prononcés par son père ne semblaient pas l’avoir affecté, mais ce n’est que façade. Elle est brisée. D’un coup, brutalement, sa vie n’est plus…
« Pourquoi ne suis-je pas morte ? » murmura-t-elle.
Mais André ne pouvait pas abandonner Oscar. C’est pour cette raison qu’en ce moment, il est dans le bureau du Général…
Que va-t-il se passer ?
A suivre…
Note : Voilà, je commence une autre fic. Je ne compte pas délaisser les autres pour autant. J’espère que ce début vous a plu… Donnez-moi vos avis, SVP !!! Bisous. Rosy. |