Auteur : Rosy Hits : 977
Lady Oscar > Vignette > Le flot de nos souvenirs >
Quand j’étais petite, je m’allongeais sur le dos, dans l’herbe, les bras croisés sous la nuque et je regardais le ciel. Cette vision me tranquillisait, me rassurait. A l’époque, je n’avais personne. J’étais seule. Toujours seule. Dans cette vie tracée pour moi, personne ne me tendrait la main, personne ne me consolerait, personne recueillirait mes pleurs dans la paume de sa main. Je croyais être à jamais seule. J’étais si loin de la vérité. Tellement loin. Je croyais, du haut de mes quatre ans, avoir fini ma vie, avoir fait ce que l’on attendait de moi. Encore une fois, je me trompais : je n’étais qu’à l’aube de ma vie, de mon destin.

Lui, mon meilleur ami, mon frère, mon André, est entré dans ma vie dans l’année de mes cinq ans. Il en avait six. Il venait de perdre ses parents. La première fois que je l’ai vu, je l’ai pris en grippe. Pourtant, il n’avait rien fait. Au contraire. Il avait tout fait pour obtenir mon amitié mais je l’avais repoussé pour des raisons absurdes. Je pensais être faîtes pour vivre recluse… Quelle erreur ! Un jour où, comme d’habitude, je l’avais provoqué, j’ai failli me noyer… Mais il était là et il m’a sauvée. A partir de ce jour, nous sommes devenus inséparables. J’avais envers lui une dette que je n’ai jamais pu payer. Pas même aujourd’hui. Surtout aujourd’hui. Bien sûr, il n’a jamais voulu entendre parler de « dette » et encore moins de « remboursement ». Un jour où j’avais fortement insistée, il m’avais juré que, pour lui, mon amitié était le meilleur remboursement qu’il n’aurait jamais avoir. Malgré cela, je n’avais jamais perdu l’espoir de payée ma dette.

Depuis son arrivée dans ma vie, il a toujours été là pour moi. Pour sécher mes larmes, pour me consoler, pour me protéger. Il était à la fois mon frère, mon meilleur ami… il remplissait tous les rôles… Quand j’étais malade, il restait à mon chevet tant que je n’étais pas complètement rétablie. Au début, sa présence dans ces moments-là me gênait car je ne voulais pas me montrer faible. Mais, bien vite, sa présence s’est révélée tranquillisante, indispensable… J’étais tellement bien avec lui, qu’une fois, je me suis arrangée pour paraître malade un peu plus longtemps. Malheureusement, Grand-mère avait tout compris mais elle avait gardé ça pour elle. Elle ne voulait pas que Père me batte.

André et moi, on a continué de grandir côte à côte, bien qu’il est toujours été plus grand que moi. Il me faisait enragée avec cela et je lui courais après dans les jardins. Je ne comprenais pas pourquoi Grand-mère avait la larme à l’œil et paraissait soucieuse lorsqu’elle nous voyait ainsi. Maintenant, je comprends. Mais c’est trop tard. Beaucoup trop tard.

En effet, je n’ai compris que trop tard les sentiments qui nous liaient. La première fois que le bonheur s’est montré à moi, effrayée, je l’ai repoussé. Une fois encore, André venait de me sauver la vie. Mais cette fois, on avait bien failli ne pas s’en sortir. Mon Père, qui pensait que je l’avais trahi et soucieux de préserver l’honneur des Jarjayes, était à la limite de me tuer. Mais André était entré à ce moment-là : il avait arrêté le geste de folie de mon Père. Celui-ci, d’ailleurs, avait compris quels sentiments étaient cachés par ce geste. Des sentiments au-delà de la fraternité. Bien au-delà. Si seulement je n’avais pas eu peur… Si seulement j’avais été ce que j’avais toujours été : courageuse, fière…

La deuxième fois, j’ai attrapé mon bonheur au vol. Ma dernière chance. Une attaque du peuple furieux et j’ai pris conscience de mes sentiments. Pourquoi faut-il manquer de perdre l’être aimé pour s’apercevoir qu’on l’aime ? C’est injuste. Trente-six blessures sur son corps, pour que j’accepte la puissance de mon amour. Je savais son amour. Je savais le mien. Je n’osais pas faire le premier pas. J’avais peur. Peur de l’avoir trop fait souffrir et de l’avoir perdu. Une autre erreur.

Hier au soir, sous la lumière de la lune argentée, dans le silence des lucioles brillantes, nous nous sommes aimés. Nous avons vécu. Nous sommes arrivés au terme du voyage. Je lui ai offert mon cœur et mon âme. Les siens m’appartenaient déjà. Ce soir-là, j’ai mesuré la force de cet amour. Ce fugitif bonheur que nous avions faillit laisser passer. Sous les étoiles de ce ciel d’été, j’ai dit mon premier vrai « Je t’aime ». Cette nuit-là, je suis montée au paradis avec lui. Son âme est dans mon cœur. La mienne est dans le sien.

Le sien qui a cessé de battre au coucher du soleil. L’astre du jour s’est éteint, en même temps que la lumière de sa vie. Mon âme et mon cœur sont partis avec lui, dans le ciel de juillet. Seul mon corps reste sur cette terre de guerre, d’enfer, de fureur et de sang… Ses yeux émeraudes se sont refermés sur moi. Ses larmes de coulaient même plus. Ses courts cheveux bruns volaient doucement au rythme léger de la brise estivale.

Là, je suis sur le pavé froid du parvis de la chapelle. La chapelle où on a transporté mon amour. Mon seul et unique amour. Vide, sans sentiments, sans âme, sans rien, je lève des yeux vitreux devant moi. Je ne vois plus rien. Ma vie est finie. Je ne vois qu’un infini noir, sombre… Et la mort m’attend au bout. Le bonheur au bout du tunnel.

Note : J’espère que ça vous a plu !! Laissez-moi des reviews, SVP !! Bisous. Rosy.
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