Il était une fois un roi et une reine qui habitaient un pays aux paysages merveilleux et empli de magie noire et blanche, un pays de fées et de démons. Comme dans tout pays, la vie n'y était pas toujours rose et les guerres se succédaient. Leur principal ennemi était le roi du pays contigu au leur qui ne rêvait que de posséder leur royaume. Pour leur malheur, le roi et la reine n'avaient pas de fils. Ils avaient néanmoins trois filles qui faisaient leur fierté. L'aînée se nommait Danièle. Elle avait de longs cheveux d'un noir corbeau et ne portait que de simples robes, peu luxueuses. Elle n'aimait pas trop les ouvrages d'une princesse et préférait galoper à travers les plaines verdoyantes que d'apprendre couture et tricot. Ses parents désespéraient de cela, même s'ils l'aimaient tendrement. Elle protégeait avec soin ses deux jeunes sœurs. La cadette répondait au doux nom de Sophie. Douce et calme, douée d'une intelligence et d'une sagesse peu commune, elle était l'âme de la famille. Sa nature contrastait singulièrement avec celle de son aînée. Pourtant, elles avaient développé entre elles une relation particulière qu'on leur enviait. Ses parents savaient qu'ils pouvaient se reposer sur elle quant à l'éducation de la benjamine. Ses cheveux châtain clair entouraient une figure toujours naturelle et emprunte d'une douceur maternelle. Elle était la confidente de ses sœurs. La benjamine prénommée Marie était blonde et avait de grands yeux bleus toujours rieurs. Spontanée, gaie et insouciante, elle se faisait quelque fois réprimander par Sophie mais relativement peu, car Sophie aimait l'insouciance de sa sœur et veillait tendrement sur cette femme encore enfant.
L'univers doré de ces trois jeunes femmes fut sérieusement ébranlé. Pour la première fois par une belle matinée de printemps où le royaume était en liesse. En effet, le roi rentrait après plusieurs semaines de combat et les princesses, comme tout le royaume, étaient ravies de son retour. Elles étaient toutes trois là, fières et droites, prêtes à accueillir dignement leur père et souverain. Mais ce fut le premier général qui s'avança vers eux. Tête baissée, il prononça les terribles mots avec lesquels débutait le cauchemar.
- Le roi est mort.
Le choc fut terrible pour les trois princesses. Danièle alla chercher son cheval nommé Fureur et partit vers les grandes plaines au triple galop. Marie, abattue, partit en pleurant vers sa chambre. Seule Sophie, fidèle à son habitude, demeura face au général qui savait parfaitement comment chacune des trois sœurs allaient réagir. Il se contenta donc de baiser la main de la jeune princesse.
- Veuillez accepter mes sincères condoléances, princesse Sophie !
- Je vous remercie, général. Permettez que je me retire, ma sœur Marie a besoin de moi.
- Je vous en prie.
Sophie se rendit dans la chambre de ta sœur qui pleurait, la tête enfouie dans ses mains, posée sur le lit. Sophie s'assit près d'elle et lui caressa les cheveux.
- Courage, Marie, tout va très bien se passer.
Marie releva les yeux vers Sophie.
- Notre père est mort. Et maintenant que va-t-il advenir de nous ?
Elle se jeta dans les bras de sa sœur.
- Je ne veux pas me marier !
- Calme-toi, on ne nous mariera pas de force. En tout cas pas toi? Je ne les laisserai pas te toucher, ni s'approcher de toi.
- Sophie !
Marie se serra contre sa sœur et confidente.
De son côté, Danièle galopa un long moment avant d'arriver dans une forêt mystérieuse qui était son repaire caché. Elle y venait toujours lorsque son âme tourmentée avait besoin de se calmer. Elle descendit de cheval, face au lac qui était son endroit préféré et murmura :
- Oh toi mon amie, dame Nature, dis-moi comment je dois réagir à présent que voilà mon père mort. Je suis l'aînée, quel est mon devoir ?
Une voix claire lui répondit.
- Si tu sais l'écouter, le vent te soufflera la réponse.
Elle se retourna et vit s'avancer vers elle une jeune femme qu'on aurait dit vêtue de nuages. Elle avançait vers la jeune princesse si allégrement qu'on aurait pu croire qu'elle volait. Elle s'approcha.
- Qui êtes-vous ? Interrogea Danièle.
- Je suis la fée protectrice de cette forêt et de ton royaume.
- Cette question n'a pas besoin de réponse, se renfrogna la princesse. Mon destin est de me marier et d'avoir des enfants, je le sais.
- Peut-être… ou peut-être pas. Toi seule a le pouvoir de choisir ton destin. Désormais, ton père n'est plus et ta destinées doit s'accomplir.
- Mais comment savoir quelle peut être ma destinée ?
- Quel est en cet instant, ton vœu le plus cher ? N'oublie pas qui je suis.
- Même vous ne pourrez m'aider !
- Quel est ce vœu ?
Danièle tourna la tête vers le lac.
- J'aimerais être un homme pour pouvoir succéder à mon père et protéger mes sœurs de la menace ennemie.
A son tour, la fée fit face au lac.
- J'aimerais être un homme pour pouvoir succéder à mon père et protéger mes sœurs de la menace ennemie.
A son tour, la fée fit face au lac.
- Ton choix est donc fait. Tu as choisi ta destinée.
Elle leva les bras vers le ciel, doucement, comme si elle portait une lourde charge. Soudain, une lumière brille, blanche, venue d'on en sait où et elle prit l'apparence d'une épée. L'épée brillante descendit doucement jusqu'à arriver à la hauteur de Danièle.
- Prends cette épée ! S'exclama la fée.
Danièle saisit l'épée qui se matérialisa dans ses mains. Elle la regarda avec stupeur.
- Désormais, tu connais ton destin et tu sais quoi faire. N'oublie jamais, l'arme n'est rien sans l'âme.
- Mais je ne sais pas l'utiliser !
- Tout viendra en son temps. Aie confiance !
La princesse avait encore mille questions, mais lorsqu'elle se retourna, la fée avait disparu. Seul restait Fureur, son cheval, harnaché et muni d'un fourreau. Danièle, déterminée, y enfourna l'épée avant de grimper sur le cheval et de regagner le château. Une fois arrivée, elle confia le cheval aux écuyers et monta dans la chambre de son père. Elle sortit de ses armoires chemises et pantalons et se vêtit en homme avant d'attacher à sa taille un fourreau pour son épée. De cette épée magique, elle se coupa les cheveux pour ne laisser qu'une coupe à la garçonne. Puis elle sortit de la pièce et rejoignit la chambre de ses sœurs. En approchant de celle de Marie, elle entendit leurs voix.
- Je ne veux pas me marier, je suis trop jeune, je n'ai que seize ans !
- Je le sais ! Je te parle de moi !
Danièle entra dans la pièce.
- Personne ne se mariera !
- Danièle ?
Les sœurs regardèrent Danièle avec surprise.
- Et bien quoi ?
- On… dirait un homme.
- J'espère bien, oui ! J'ai l'intention de succéder à Père. |