Auteur : Rosetta Hits : 2196
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Louis XVI tournait en rond dans son cabinet, exaspéré. Oscar de Jarjayes le rendait fou. Fou d'amour, mais fou de colère, également. Comment cette péronnelle avait-elle osé se refuser à son Roi ? C'était inacceptable !! Bien entendu, toute la Cour était au courant et en faisait des gorges chaudes. Son amour-propre était blessé, meurtri, il se sentait une fois de plus humilié. Oscar choisissait le
mariage ? Fort bien, grand bien lui fasse. Il était content de cette décision, tout compte fait. Oscar mariée, rien ne l'empêcherait de faire d'elle sa maîtresse un jour ou l'autre. Il parviendrait à ses fins. Mais si elle avait choisi le couvent... Heureusement, il savait qu'il ne prenait pas de grand risque à lui laisser le choix : ayant toujours mené une vie plus libre que celle des jeunes femmes de son âge, elle n'aurait pu supporter l'enfermement, l'isolement, le silence. Le Roi sourit. Il s'était montré clairvoyant.
Mais la petite peste faisait traîner les choses. Il aurait souhaité que tout soit réglé très vite, que l'on n'en parle plus, et qu'il puisse tranquillement réfléchir au moyen de contraindre Oscar à devenir sa maîtresse. Peut-être pourrait-il s'appuyer sur l'époux ? Le convaincre d'ordonner à sa femme de se plier aux exigences de Sa Majesté ? Oui, sans doute. Restait à savoir qui serait cet époux. Louis XVI avait eu la faiblesse de lui laisser le choix, une fois de plus, alors qu'il aurait très bien pu lui imposer l'homme de son choix. A dire vrai, il ne savait pas sur quel gentilhomme devait se porter son choix. S'il n'avait toujours pas décidé, il n'en était pas moins exaspéré. Cela faisait maintenant plusieurs mois et Oscar ne s'était toujours pas prononcée. Il lui fit alors savoir qu'il lui laissait encore deux mois, mais pas un jour de plus. Sa patience avait des limites, et elle était à bout. Deux mois... Deux mois pour lui céder ou trouver un époux...

Oscar refusait de quitter sa chambre depuis ce jour fatidique, jour où elle apprit que le Roi souhaitait faire d'elle sa maîtresse. Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis. Elle ne sortait plus, malgré l'inquiètude de Grand-Mère, l'air malheureux d'André, et la colère du général qui lui ordonnait de choisir enfin cet époux qu'elle devait prendre.
- Sa Majesté vous fait la grâce de vous laisser le choix, ne saurez-vous lui en être reconnaissante ? Songez à vos soeurs que j'ai moi-même mariées sans leur demander leur avis ! Sont-elles malheureuses ? Non. Mais vous, fille ingrate,à qui l'on donne un choix habituellement refusé aux jeunes filles, vous ne savez vous en montrer digne et rendre grâce à Dieu que la punition de votre entêtement soit si douce !
Oscar ne supportait plus d'entendre ces discours. Elle ne pouvait se résoudre à obtempérer et demeurait cloîtrer sans recevoir les prétendants. Elle attendait la fin du cauchemar. Non pas l'époux que le Roi finirait par lui imposer, mais celui qui la délivrerait de ses tourments... L'homme qu'elle aimait, le seul qu'elle consentirait à épouser... L'homme qu'elle avait appelé à son secours mais qui ne s'était toujours pas manifesté... Deux mois... Deux mois seulement... Deux mois, pas un jour de plus... Ces mots ne quittaient plus son esprit torturé. Le temps lui échappait, et il ne venait toujours pas la sauver...
La jeune femme changea beaucoup au fur et à mesure que le délai passait, inexorablement, tel le sable dans le sablier de la vie. La pression exercée par le Roi et son père la métamorphosait peu à peu en une femme sans cesse aux aguêts, sans cesse méfiante, agressive et violente. Elle avait chaque jour des crises de colère de plus en plus terrible aux cours desquelles elle brisait tout ce qui se trouvait à sa portée. André en arrivait à avoir peur d'elle, elle devenait dangereuse. Chaque jour, depuis qu'on lui avait ordonné de se marier, Oscar attendait un messager, un messager de Suède. Elle avait écrit à Hans-Axel von Fersen, le priant de venir à son secours. Le Comte von Fersen, l'homme qu'elle aimait, le seul qu'elle voulut bien épouser. C'était son beau visage qui lui était apparu lorsqu'elle avait choisi la voie du mariage, lui et personne d'autre. Elle avait attendu que le chevalier en armure vienne délivrer la blonde princesse. Attendu en vain. Hans ne s'était pas manifesté, n'avait pas même donné signe de vie. Elle avait alors écrit d'autres lettres, très régulièrement, se faisant à chaque fois plus pressante, plus suppliante.

- Ma petite Oscar, c'est Grand-mère. Tu as de la visite, ce matin.
Oscar se leva précipitament.
- C'est un courier, Grand-mère ? Un messager ?
- Non, Oscar. C'est Monsieur de Fersen. Il est de retour en France et il est venu te saluer avant même de se rendre à la Cour !
Oscar n'en croyait pas ses oreilles... "Il est venu te saluer avant même de se rendre à la Cour !"... Il venait pour elle ! Il n'avait pas répondu à ses lettres, mais il venait en personne la sauver. Sans doute avait-il dû remplir ses obligations en Suède avant de pouvoir partir... Elle cherchait à présent toutes sortes d'excuses à son silence.

- Monsieur de Fersen !! Monsieur de Fersen, vous êtes venu !!
La jeune femme était folle de joie. Elle le regardait comme s'il était le Sauveur, et il l'était, à ses yeux. Ses traits tirés par ses nuits d'angoisse et d'insomnie s'évanouirent sous la béatitude qui l'habitait. Elle se retint à grand peine de se jeter à son cou.
De son côté, Hans était très flatté de ce chaleureux accueil, quoi qu'il lui parut un peu excessif. Il se dit qu'il aurait dû annoncer sa visite par un billet. Cependant, il était certain que la joie de la jeune femme serait encore plus vive lorsqu'il lui aurait appris son bonheur. Hans rayonnait, en effet. Cette nouvelle qu'il voulait lui annoncer était la raison pour laquelle il s'était précipité chez elle de bon matin, au lendemain de son arrivée en France.

Ils s'assirent au salon.
- Ma chère Oscar, pardonnez-moi d'être si matinal, mais je tenais à ce que vous soyez la première à partager ma joie. Une ravissante jeune femme a su conquérir mon coeur et mon âme.
Oscar ne se sentait plus de joie. Il allait l'épouser, cela ne faisait aucun doute. Elle se sentait triomphante. Sa joie fut de courte durée et s'éteignit aussi brutalement qu'elle était née.
- Oscar, je me suis marié, et je serai père dans quelques mois ! C'est d'ailleurs pour cette raison que Rosetta n'a pas pu m'accompagner, je l'ai laissée au lit, mais j'aimerais tant que vous fassiez sa connaissance ! Peut-être pourriez-vous nous rendre visite dans la journée ?
Elle crut que des mains cruelles lui tordaient et lui arrachaient les entrailles, elle crut qu'on lui arrachait le coeur et qu'elle était forcée de l'avaler. Elle tomba des nues, jamais elle n'avait pu penser que cela arriverait... Fersen avait une épouse... Une épouse qui attendait un enfant... Elle remarqua alors qu'il portait une alliance. Il ne venait pas pour la sauver...

La tasse de chocolat que tenait Oscar heurta le sol et se brisa. Elle s'était levée, mais ses jambes se dérobèrent, au bord du malaise. Fersen se précipita et la ratrappa dans ses bras, très inquiet.
- Votre mariage est-il la raison pour laquelle vous n'avez répondu à aucune de mes lettres ? murmura-t-elle faiblement. Votre silence à mes lettres... Votre cruel silence...
C'était au tour de Hans de ne pas comprendre ce qu'il se passait.
- Oscar, dit-il très doucement, je n'ai reçu aucune lettre de vous...
Il l'allongea sur la banquette et courut appeler des domestiques. Tandis qu'on la transportait dans sa chambre, une violente colère agitait la jeune femme. L'épouse avait dû détruire les lettres. Elle ne la connaissait pas, mais elle la soupçonnait déjà. Cette Comtesse serait cause de son malheur, elle le paireait.

Il était trop tard pour divulguer à Fersen le contenu de ces lettres, trop tard pour lui avouer son amour, trop tard...
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