Auteur : Rosy Hits : 965
Lady Oscar > Vignette > Amour puissant, douleur infinie >
Elle, qui d’habitude est toujours droite, là voilà prostrée, agenouillée. Elle est là, sans force, sans vie. L’atmosphère chaude, triste, oppressante de ce 13 juillet 1789 lui devient insupportable. Il faut qu’elle s’évade. Qu’elle s’évade, oui, mais d’un pays, d’une place… Il faut qu’elle s’évade de son propre corps. Sa peine violente la noie, la tue de l’intérieur. Autour d’elle, de ce colonel, que tout le monde, hier encore, voyait comme de glace, tout le monde est silencieux. Tous gardent leur peine pour eux… Leur peine, non. Leurs regrets de ne plus jamais l’avoir à leurs côtés. La peine de l’avoir perdu, elle seule peut la ressentir. Ce sentiment assassin, meurtrier, violent, est sien. Comme elle l’a toujours fait, elle veut contenir sa peine, son manque, sa peur et surtout, son agonie, mais c’est trop fort. Elle ne peut garder cette violence au fond de l’être dur, mais en fait si fragile, qu’elle est. Cela la détruirait. Un hurlement déchirant, incontrôlable, puissant, contenant tous les sentiments qui font irruption en elle, s’échappe d’elle. On pourrait croire que, si elle crie ainsi, c’est qu’elle accepte d’être seule, encore plus seule qu’elle ne l’a jamais été. Mais non. Elle ne veut pas le croire. Elle ne veut pas penser que, plus jamais il ne la fixera de son regard émeraude, plus jamais il ne lira en elle, plus jamais il sera là, tout simplement. Pour elle, sa présence remplissait ce que toutes les connaissances de toute une vie ne combleraient pas. Un nouveau cri franchit ses lèvres. Plus puissant, plus fort, plus… Implorant que le premier. Elle s’accroche à lui et fusille du regard toutes les personnes qui tentent de l’emporter dans la chapelle où il reposera quelques temps. Elle caresse inlassablement les cheveux ébènes de celui qui fut tout pour elle. Son ami, son meilleur ami, son frère, son protecteur, sa barrière contre les monstruosités du monde, son Amour, son amant. Il était sa Vie. Elle commence à l’embrasser, comme on réveille les princesses, dans les contes de fées que Grand-mère lui lisait en cachette. Toute sa vie, tout les moments passés avec lui refont surface. Il a six ans, elle, cinq. Elle se noie et il n’hésite pas à plonger pour la sauver. Il doit avoir seize ans, à présent. Il agenouillé, comme elle maintenant, devant le Roi. Sans se soucier des conséquences, elle offre sa vie en échange de celle de son ami. D’autres souvenirs, plus insignifiant mais toujours présents, suivent. Arrive le moment, le moment où elle aurait pu se laisser aller à sa vraie nature. Elle le gifle. Il lui emprisonne les poignets et écrase ses lèvres sur les siens. Au fond d’elle, malgré les baisers beaucoup plus doux échangés la veille, elle garde toujours le goût passionné, désespéré, fougueux, de ce baiser-là. Puis, le moment où lui offre sa vie pour ne pas quitter sa belle. Sinon, encore lui, perdant un œil à cause de sa folie. Elle s’est haïe, cette fois-là. Elle n’aurait jamais dû le mêler à tout cela. Jamais. Mais elle avait eu besoin de lui. Elle a toujours eu besoin de lui et, elle le sait, elle aura toujours besoin de lui. La vie sans lui, c’est pire que la mort. Et le plus merveilleux des souvenirs, celui qui restera à jamais gravé dans son cœur et dans sa chair, sa première et seule nuit d’amour. La nuit où elle était devenue celle qu’elle était faite pour être : Madame André Grandier. Sa Femme à lui. A personne d’autre. Elle n’avait jamais pensé à ce que serait sa première nuit d’amour. André l’a guidé. Au moment où il la fait sienne, elle avait eu envie de crier « Oui, enfin. Enfin, je suis tienne ! ». Autour d’eux, les lucioles volaient et brillaient. Elles éclairaient leurs deux corps enlacés, formant un seul être. Pour un temps trop court. Beaucoup trop court.

Ce soir-là, deux âmes-sœurs se sont trouvées.
Elles se sont unies, liées
Pour ne former qu’un seul être
Avec deux cœurs.

Et maintenant, le pire de tous les souvenirs. La balle l’a frôlée, elle, pour aller se loger dans le cœur de son amour. Que n’aurait-elle pas donner pour être précisemment en face d’André ? Elle aurait voulu que la balle la tue, elle. Pas lui. Il méritait de vivre. Elle, de toute façon, serait morte quelques mois plus tard, dabs le meilleur des cas. Ou plutôt, dans le pire.

Elle ne sent pas son lieutenant la porter et l’écarter, tout doucement, du corps de plus en plus froid. Elle débite des paroles sans queue ni tête. L’assistance est émue face à une peine si intense. Aucun n’ose bouger, parler, de peur de briser la force de cet instant, de cet adieu.

Un amour fort les unis,
Rien ne délie
L’assemble de leurs deux âmes à jamais
Soudées.

Le fait qu’elle ne puisse pas être séparée d’André pousse Alain à la déposer sur les marches de la chapelle. Il la couvre d’un regard triste car il sait qu’elle veut tout abandonner, ses idées et elle-même. Elle veut s’abandonner dans le gouffre de la mort.

Elle reste là, longtemps. Elle n’a pas la force de bouger, pourtant, dans un ultime effort, elle se glisse à l’intérieur de la chapelle. Elle le voit. Il est là, allongé devant elle. Ses beaux yeux verts sont fermés. Oscar ferme les yeux face à ce spectacle simple mais tellement insupportable. Sa douleur la pousse à courir près de lui. Elle lui prend la main. Elle est gelée. Comme cette chapelle. Comment pouvait-on le laisser ici ? Il a toujours été frileux… Des larmes de douleur, de peine, coulaient sur ses joues sans qu’elle ne cherche à les cacher. Elle ne savait pas vraiment ce qui l’avait fait entrer… De toute la force de son amour, elle lui frictionne la main, dans l’espoir insensé de lui faire parvenir la chaleur dont il est maintenant privé. Il est si pâle. Si blanc. Comme si, tout à coup, elle se rendait compte que c’était fini, qu’il était parti, qu’il était inaccessible… Même pour elle, Oscar lâcha sa main. Elle se pencha vers lui, lui donna un ultime baiser, puis lui murmura :
_Demain, c’est ma dernière bataille. De là où tu es, je t’en conjure, attends-moi !
Elle serra sa main une dernière fois. Geste qu’ils faisaient souvent lorsqu’ils étaient amis.
Droite et fière, tel qu’elle l’a toujours été, Oscar sortit de la chapelle. Elle savait qu’elle lui avait « Au revoir » et pas « Adieu ».
« Demain, je me battrai pour toi, pour le monde dans lequel nous aurions pu vieillir. »
A peine descendue des marches, une violente quinte de toux la prit. Elle lui arracha le cœur et les poumons. Cette douleur, même si elle n’était rien comparée à celle ressentie tout à l’heure, la forçait à être de nouveau voûtée.

Elle marcha sans but toute la nuit. Elle errait, seule, durant une nuit bien froide pour un mois de juillet. Bien froide. Oscar leva les yeux vers le ciel, fronça les sourcils puis sourit. Plus que quelques heures et elle serait là-haut. Elle le savait. Ce n’était plus qu’une question de temps.

Leur amour fut intense.
Ils s’aimèrent juste une fois dans le secret et le silence
Des lucioles et des étoiles.

Note : J’espère que ça vous a plu ! Laissez-moi des reviews, SVP ! BISOUS. Rosy.
Review Amour puissant, douleur infinie


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