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POUR LALY

Revivre…

Note de l’auteur : Pour cette introduction, j’ai choisi délibérément de mélanger passages du manga et du DA. Histoire de me faire ma petite fin personnelle en somme…



14 juillet 1789.

A l’aube, une femme se réveille dans une ruelle. Elle met du temps à comprendre où elle se trouve, car, encore dans ses songes, elle ne veut pas en sortir. Oscar a passé toute la nuit à déambuler sans but dans Paris. André est mort la veille, et pour elle, c’est impossible. Lui, toujours fidèle à ses côtés depuis l’enfance, s’est interposé entre une balle et le corps d’Oscar. Et il est mort. Quatre lettres bien dérisoires en regard de la peine incommensurable qu’elles provoquent… Oscar ferme les yeux et serre les paupières à toute force. Elle ne pleurera pas. Un soldat ne pleure pas. Et c’est tout ce qui reste d’elle. La femme a disparu, emportée avec André. Elle rouvre les yeux et offre en miroir leur azur à celui du ciel. Un homme apparaît à l’entrée de la ruelle.

« André ? »

Non. C’est Alain. Un ami, l’un des seuls à pouvoir comprendre. Et il l’exhorte à continuer. Pas de compassion. Il a raison, il sait qu’elle ne le supporterait pas. Pourtant, elle s’autorise un dernier moment de faiblesse, une dernière once de féminité, selon ses critères. Elle pleure tout son saoul sur son épaule. Il ne dit rien, se contente de la serrer très fort contre lui. Il sait. Quand elle se redresse, les larmes ont disparu pour faire place au commandant de Jarjayes. Alain passe une main dans son dos et la pousse gentiment vers la rue. Ils rejoignent le flot ininterrompu des gens du peuple. Tous convergent vers un seul point : La Bastille.



Dans les rues, un homme qui a prit soin de modifier son apparence suit les mouvements de la foule. Il désapprouve tout cela, mais que peut-il faire, seul contre tout un peuple. Si il est là, de toutes façons, c’est pour elle. Il veut lui dire, la ramener avec lui, l’extraire de cette Révolution en train de naître, et qui n’apportera rien de bon pour elle, car elle fait partie des Nobles et que de ce fait, sa naissance la condamne. Ironie du sort, comble du retournement de situation. A cet instant, il repense au jour où elle s’était placée devant André, pour le protéger de la fureur du Roi. Là encore, tout avait été question de naissance…


Il marche dans les rues, et répète tout ce qu’il va lui dire. Elle va sans doute le prendre pour un fou. Peut-être même va-t-elle le rejeter. Ce serait son droit le plus légitime. Il a comprit beaucoup trop tard tout ce qu’elle représentait pour lui. Mais si il reste une chance, il veut la saisir. Il presse le pas, soudain pressé de la retrouver…



Devant la Bastille.

La mort est ravie. Aujourd’hui, la moisson sera bonne. Elle fauche allégrement, sans distinction de classe sociale, de sexe ou d’âge. Devant la Bastille, la foule est furieuse s’agite et hurle. Retranchés à l’abri derrière les épaisses murailles de pierre, les soldats, suivant les ordres, mitraillent et tirent au canon. Mais rien ne fait reculer les gens. L’Histoire est en marche, même si peu le savent, et rien ne pourra l’arrêter.


L’espoir renaît parmi le peuple. La veille, les Gardes Françaises, avec à leur tête le si beau commandant, se sont jointes à lui. Et alors qu’une nouvelle salve tranche dans le vif de la Nation, le bleu sombre de l’uniforme des gardes se déploie. Devant, Oscar donne des ordres, calme, déterminée, sûre d’elle. Qui pourrait croire en la voyant qu’elle est déjà morte ?


Car morte elle l’est. La balle qui a emporté André lui a ouvert le cœur à elle aussi. Et tandis que le sang s’écoulait d’André, aussi paisiblement que sûrement, la vie s’échappait d’Oscar. La partie d’elle qui aspirait au bonheur, à la quiétude, à une vie de femme enfin méritée, n’existe plus. Pour le reste, elle sait que la maladie qui la ronge fera le travail, si par malheur elle réchappe de la Révolution.

« Feu ! »

Les pierres se descellent et roulent. L’âme d’Oscar s’écroule. Elle se fissure, au même rythme que les boulets de canons viennent fracasser la prison qui se dresse devant eux. Jamais il ne reviendra. Jamais elle ne le reverra.

« Feu ! »

La force des déflagrations soulève ses cheveux, et elle sent le vent du boulet lui frôler le corps. Peu importe. Elle continue car tel est son devoir. Elle l’a promit à ses hommes, elle ira jusqu’au bout. C’est ce qu’André voulait lui aussi. Indifférente à tout ce qui l’entoure, elle se laisse envahir par la bataille. Et ses réflexes prennent le dessus. Elle est au-dessus de tout…

« Feu ! »…



L’homme est devant la Bastille lui aussi. De son poste d’observation, il la voit, inconsciente de l’image qu’elle donne. On dirait une divinité. Il est frappé par l’expression de son visage. Lui qui la connaît si bien, il n’arrive pas à déchiffrer son regard. Derrière la flamme du combat qui l’anime, il perçoit autre chose. Et si il n’arrive pas à le nommer, cet autre chose l’effraye.

Jamais elle n’a été aussi belle pourtant. Il voudrait se lancer, courir au devant d’elle, et lui dire tout de suite. Mais il ne le fait pas. Ce n’est pas le moment. Il le fera après, quand tout sera fini. Il regarde autour de lui, et remarque, amusé que d’autres sont en contemplation devant elle. Elle a toujours eu ce don de fascination chez les gens, sans en être réellement consciente. Il se focalise à nouveau sur elle, et sur sa voix si particulière.

« Feu ! »



Dans la prison, les soldats ont peur. L’homme blond qui se tient devant eux, en contrebas des meurtrières, c’est l’Ange de la Mort, ils en sont persuadés. Ils n’osent même pas le regarder, de peur de croiser ses yeux. Si tel était le cas, ils mourraient certainement foudroyés sur place.
Leur commandant n’en a cure. En fin stratège, il sait que pour désorganiser une armée, il faut frapper à la tête. Il donne l’ordre d’abattre la créature céleste qui commande à leurs bourreaux.

Impossible ! Celui qui fait cela ira tout droit en Enfer, c’est certain ! On ne tue pas ainsi l’émissaire de Dieu en personne. Le commandant leur rit au nez. Il se saisit d’un mousquet, ajuste, et tire. Galvanisés, les autres suivent. Après tout, l’Enfer, ils y sont déjà…



Oscar regarde un instant le ciel. Une colombe passe, blanche et pure. Elle sait qu’André la regarde de là où il se trouve. Elle sourit à l’oiseau. Son épée se lève encore. Il faut continuer rien n’est fini, tout commence seulement. Le fracas des balles se fait entendre. Une douleur vive frappe Oscar au bras droit. Son épée s’abaisse et tombe à terre. Un choc, et une autre douleur, au niveau du ventre à présent. Alors qu’elle chute, une troisième balle vient mordre dans la région de son épaule gauche.

« Oscar ! »

Alain se place devant elle, tout comme André l’a fait la veille. Non. Alain ne doit pas mourir lui aussi. Mais ce n’est pas le cas. Vif comme l’éclair malgré une balle dans le bras, il la soulève et l’emporte à l’abri, tandis que ses hommes prennent le relais pour donner les ordres.

« Feu ! »

Mais Oscar n’entend déjà plus. Alain continue de l’emmener loin. A l’abri dans une ruelle. Encore une. Rosalie l’a rejoint, en pleurs. Elle ne veut pas voir mourir Oscar. La jeune femme a déjà vu trop de morts dans sa vie, et perdu trop d’êtres chers. Elle prie tout ce qu’elle peut.

« Pose moi là… »

Alain et Rosalie lui disent de ne pas parler, de ne pas s’épuiser davantage. Oscar n’en a cure. Elle sait que l’heure est venue, qu’André l’attend. Elle est en paix avec elle-même, presque heureuse de sentir la froide morsure de la mort sur sa chair…




L’homme l’a vu tomber. Il ne peut pas y croire. Il a vu le sang tâcher l’uniforme, les mains longues et fines retomber mollement quand le soldat l’a prise dans ses bras pour la soustraire au feu, et l’emporter à l’abri. Mais il ne veut pas perdre espoir. Il suit le soldat, reconnaît Rosalie. Il fronce les sourcils. Il manque quelqu’un…André ! Où est donc l’alter ego de la femme soldat ?

Il s’approche doucement. Il la voit alllongée à terre, Rosalie est en train de nettoyer le sang sur son visage. Oscar est plus pâle que jamais, presque transparente, comme si elle n’était déjà plus là. Non ! Il ne peut s’y résoudre.

Rosalie tient la main d’Oscar dans la sienne, la supplie de tenir bon, de ne pas les quitter déjà. Elle demande à André de laisser Oscar avec eux. L’homme comprend alors le drame qui s’est joué, et le regard d’Oscar. André n’est plus. Il sait qu’Oscar ne fera pas d’effort, il la sent résignée. Mais lui, il ne l’est pas. Il pose sa main sur l’épaule de Rosalie.

« Elle ne mourra pas Rosalie, faites moi confiance. Je ne la laisserai pas faire. »

Rosalie relève les yeux. Malgré le déguisement, elle reconnaît les prunelles bleues grises, le ton doux et chaleureux de la voix, le beau et noble visage. Elle parvient même à sourire à travers ses larmes. Il se penche et prend très délicatement le corps de la blessée dans ses bras. Oscar ne réagit pas. Elle semble avoir perdu connaissance.

« Venez Monsieur de Fersen, emmenons là chez moi. »…
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