Nouvelle fic me permettant de mêler les personnages de mon manga préféré à ma période favorite de l’histoire.
Merci à Ridley Scott et à Danila Comastri Montanari dont je me suis inspirée.
Pour une meilleure compréhension, les mots suivis de ° font l’objet d’une explication en fin de chaque chapitre.
Chapitre 1: Le voyage
1780
Rome ! Enfin ! Rome, ville éternelle ! La fin du périple !
Cela faisait maintenant plus de 2 mois qu’Oscar, accompagnée d’André et d’un petit détachement de soldats français, avait quitté Versailles sur ordre du roi Louis XVI en cette année 1780.
Depuis le départ de Fersen, pour calmer son chagrin et ne plus penser, la jeune militaire se dépensait sans compter jusqu’à l’épuisement physique et moral, acceptant toute mission, effectuant tout acte, dangereux ou non. Sous le regard de plus en plus inquiet d’André, qui ne connaissait que trop bien les raisons de ces « excès ». Excès qui se manifestaient jusque dans les rares périodes de repos que la Reine ordonnait de prendre à son plus fidèle serviteur : le colonel de la Garde Royale les passait alors dans les tavernes à écluser tout ce que Paris comptait comme spiritueux. Nettoyer les étoiles à l'alcool de son âme! ( Merci à Natacha St Pier pour cette phrase).
Et plus d’une fois, l’ami de tous les instants avait ramené la jeune femme, amour de sa vie et rêve de ses nuits, ivre morte et tenant à peine en selle !
Ce fut donc avec un grand soulagement qu’André apprit l’arrivée d’un pli officiel émanant du Vatican, du pape Pie VI. La correspondance était rare, la chose se devait donc d’être d’importance ! Et qui disait lettre sous-entendait réponse… Et donc mission !
L’esprit d’André ne doutait pas un seul instant de la réaction d’un certain officier à cette éventualité !
Tous les chemins mènent à Rome disait le proverbe ! Peut-être que celui qu’ils emprunteraient, n’apporterait certes l’oubli mais du moins allègerait-il peut être la souffrance de ce cœur, chaviré par les premiers émois amoureux !
Et comme de bien entendu, Oscar ne manqua pas la nouvelle occasion qui s’offrait à elle de « s’abrutir » : elle serait la digne représentante du roi de France et remettrait la royale réponse au sein même du Vatican !
Les préparatifs du voyage se virent rondement menés et la petite troupe s’était ébranlée par un doux matin du mois de mars. Des arrêts journaliers jusqu’à la ville de Lyon puis une descente du Rhône par bateau jusqu’à la Méditerranée, et de là une traversée en haute mer depuis Marseille jusqu’au port d’Ostie.
De fait, l’humeur du chef de troupe s’était améliorée au fur et à mesure que les lieues défilaient et Lyon avait vu son premier sourire : Lyon, ancienne capitale des Gaules, aux vestiges innombrables !
Un repos d’une journée avait été accordé et les jeunes gens en avaient profité pour effectuer de rapides visites aux dernières découvertes : l’Antiquité romaine avait toujours été une période de l’histoire qui les fascinait, que l’apprentissage du latin leur avait permis de concrétiser.
Et savoir que ce voyage allait leur permettre de connaître Rome, cette ville, qui avait vu naître ou abriter les destins de ces auteurs et philosophes mille fois lus et relus les ravissait d’avance !
Donc le but était proche !
La petite troupe entra dans la ville sainte par la porta Ostiense : les rues s’annonçaient étroites et sinueuses et tous les soldats restaient sur leurs gardes sentant un danger possible. Oscar jetait de fréquents regards, inspectant les lieux qu’elle traversait : tout était sale et en piètre état ! Comment imaginer qu’elle se trouvait dans LA ville par excellence, berceau d’une civilisation millénaire qui avait rayonné sur le monde !
Puis l’espace sembla s’ouvrir comme miraculeusement, sur une avenue devenant large et bien dégagée, respirant l’opulence et la richesse. Tandis qu’en fond apparaissait le dôme de la Basilique Saint Pierre !
La fin du voyage se fit à toute vitesse et l’ambassadeur de France les attendait à l’entrée de la Colonnade du Bernin : Oscar lui remit le pli après un rapide échange de politesse.
Un guide leur fut donné pour les conduire jusqu’au palais où ils seraient logés pendant leur séjour : la jeune militaire et son ordonnance dans de magnifiques appartements, les soldats dans des quartiers militaires avec le reste de la troupe en place.
Apres une rapide installation et un plantureux repas, Oscar et André décidèrent de partir en exploration, à la recherche des merveilles antiques qu’ils avaient maintes fois vus dans les livres et qu’ils voulaient enfin voir de leurs yeux.
Armés d’épées et de pistolets sensés les protéger de l’insécurité régnant parfois en ville et précédés de leur guide, ils partirent donc.
D’abord le Panthéon, ancien temple d’Agrippa, magnifiquement préservé de l’usure du temps grâce à sa transformation en église.
Puis sur les injonctions de plus en plus pressantes d’Oscar de voir le Colisée, ils s’engagèrent dans les rues en direction des différents forums érigés au cours des siècles par les empereurs romains. La conservation en était plus que mauvaise, les pierres ayant été réutilisées pour la construction du Vatican lui-même et de diverses églises.
Puis IL apparut : magnifique, gigantesque, ellipse de pierre aux proportions parfaites construit par l’empereur Vespasien vers 72 de notre ère.
Les jeunes gens restèrent bouche bée face à un tel spectacle, sans pour autant oublier totalement les scènes tragiques et cruelles qui s’y étaient déroulées, abrégeant tant de vies : combats mortels de gladiateurs puis les martyrs chrétiens.
Ils déambulèrent religieusement dans les travées, grimpèrent les escaliers pour monter au plus haut des gradins. Du sommet la vue était fascinante à la fois sur la Rome d’aujourd’hui et sur le centre du cirque.
Leurs regards se cherchèrent et se trouvèrent en même temps, traduisant la même envie, le même désir. Ils redévalèrent rapidement les marches et finirent leur course au centre même de l’amphithéâtre : ils avaient toujours rêvé d’un petit duel amical en ce lieu, le calme propice de ce début d’après midi allait le leur permettre !
Mais d’abord le salut que tout combattant se devait d’effectuer. Se tournant dans un ensemble parfait vers ce qui restait de la loge impériale et brandissant haut vers le ciel leurs épées :
« Ave Caesar ! Morituri te salutant ! »
Oscar n’avait pas si tôt prononcé la dernière syllabe que ses oreilles se mirent à bourdonner, tandis qu’une clameur, rumeur de cris, l’assourdissait. Un vertige la saisit, sa vue se brouilla tandis qu’elle s’affaissait lentement, s’effondrant sur le sable clair !
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Rome, an 47 de notre ère
La blonde Valeria de la gens ° Tiberia émergea de la douce torpeur qui l’enveloppait, son épaule doucement secouée par l’homme allongé à ses cotés.
La marche régulière des porteurs de sa litière personnelle l’avait plongé dans un profond sommeil, le chemin depuis sa villa de l’Aventin jusqu’aux thermes d’Agrippa était long et permettait ce repos.
L’activité physique à laquelle venait de la soumettre Marcellus l’avait épuisée mais l’arrivée aux bains était proche. Et permettrait à tous ses muscles le délassement salvateur ! Et d’échapper au songe qu’elle venait de faire : elle avait rêvé de l’arène, elle se tenait en son centre, vêtue bizarrement, brandissant une épée, en compagnie d’un homme brun……. Puis la scène était devenue floue avant qu’elle ne sente sur son bras la main apaisante de son compagnon.
Elle serait elle-même dans le cirque d’ici quelques jours : était ce prémonitoire ? Devait-elle consulter Augures° ou Haruspices° ? Non, elle ne le pouvait pas, personne ne savait ou presque : elle devrait rester avec ses interrogations et ne compter que sur son aptitude personnelle au combat et sur rien de plus….
Marcellus la regardait, notant son trouble, plongeant son regard gris bleu dans les prunelles bleu profond de la jeune femme. Il ouvrit la bouche pour parler mais la referma aussitôt : il oubliait encore parfois après toutes ces années, que les gestes remplaceraient à jamais les mots !
Il était muet !
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Lexique
Gens = famille
Augures = interprètent la volonté divine dans les phénomènes célestes, les vols d’oiseaux, la manière dont mangent les poulets sacrés
Haruspices = interprètent la volonté divine en examinant les entrailles des victimes et la chute de la foudre |