J'ai vu des milliers d'aurores avec toi, ces quelques secondes d'immensité profonde où, quand la lame de l'horizon se teinte de sang, les brins d'herbe ressemblent à des ruines.
Je ne sais pas ce que j'attend... peut-être que si le soleil un jour ne se levait plus, ma souffrance prendrait fin...
Être pour toujours à tes côtés sans pouvoi te toucher... avoir pour seule étreinte celle des racines d'un peuplier qui brisent mon cercueil... et même quand le vent se tait, ne plus jamais entendre ta voix.
Les ronces et le temps ont rongé nos tombes et la rosée se glisse chaque jour dans ma mémoire pour brouiller un peu plus ton nom. Mais je ne veux pas oublier... et c'est ce qui me fait tellement mal.
Doucement, la poussière qui s'envole de mes pauvres os roule comme une larme, même si un cadavre qui pleure garde toujours ce grand sourire ironique que plus aucun masque ne cache.
Je n'ai rien, plus rien que des rêves, des rêves qui font de toi une chimère de souvenir et de néant, des rêves noyés dans les gouffres de ténèbres sans fond que sont devenus mes yeux.
La mort n'est que ce songe immense sans réveil, qui creuse ce manque dans mon coeur quand il croit battre à nouveau avec le tien.
Et plus je souffre et plus je t'aime, les étoiles de la nuit qui nous sépare s'effacent et je ne sais même plus... si je n'ai pas inventé ce mensonge qui dure depuis l'aube des temps.
Un mensonge qui s'appelle André |