Auteur : aerine Hits : 4929
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En cette fin d’après midi d’été, un ciel lourd de nuages noirs déversait sa colère en une pluie abondante et glacée. Parfois, un éclair venait déchirer le rideau de gouttes, éclairant par intermittence la route de deux cavaliers, lancés au grand galop sur le chemin de terre raviné par les intempéries.

Malgré leurs capes et leurs chapeaux de pluie, les deux jeunes gens étaient trempés. Et on pouvait voir sur leurs visages, les stigmates de l’épuisement. Quand à leurs yeux, ils exprimaient clairement l’envie de rentrer chez eux. Pourtant, comme insensibles aux éléments déchaînés autour d’eux, ils poursuivaient vaillamment leur route, avec l’expérience de ceux qui voyagent.

Oscar et André, puisqu’il s’agissait d’eux, rentraient d’une mission ordonnée par sa majesté la reine. Trois jours qu’ils galopaient sans autre relâche que des pauses pour manger et dormir. Si ils n’avaient pas eu à se plaindre du temps jusque là, ils enduraient depuis le début de l’après midi ce déluge, et se demandaient si cela allait finir un jour.

André décida qu’il an avait assez. Poussant un peu plus son cheval bai, il se porta à la hauteur d’Oscar.

« Tu ne crois pas que nous devrions nous arrêter ? Jarjayes est encore à une demi-journée de cheval, et nous sommes trempés. Nous allons attraper la mort si ça continue !

- Tu as raison. Mais je ne vois pas d’auberge dans le coin !

- Au diable l’auberge ! Nous trouverons bien à nous abriter chez l’habitant !

- D’accord. A la prochaine maison que nous croisons, nous ferons une pause.

- Ce que j’aime quand tu parles comme ça ! »

La jeune femme le regarda en souriant. Elle le détailla et se rendit compte qu’ils devaient tous deux faire peine à voir. Trempés, crottés par la boue projetée par les sabots de leurs montures…elle se demandait même si les gens allaient accepter de les héberger pour la nuit. Encore fallait-il trouver une maison !

Mais Oscar n’eut pas à s’en faire. A peine avaient-ils décidés de faire une halte, qu’au détour d’un virage, ils virent se dresser une demeure. Ralentissant les chevaux, ils s’approchèrent de l’entrée. Quand ils pénétrèrent dans le parc attenant à la bâtisse, les chevaux renâclèrent. S’accrochant aux pommeaux de leurs selles, les deux amis jurèrent avant de remettre les bêtes dans le chemin d’un coup de talon. Mais les bêtes refusèrent d’avancer.

« Par Saint-Georges ! Tu sais ce qui leur arrive ?

- Je n’en ai pas la moindre idée Oscar. Mettons pied à terre, ce n’est pas la peine de risquer une chute et une blessure pour si peu.

- Entendu. »

Une fois à terre, ils précédèrent les animaux qui les suivirent sans plus se poser de questions. Ils arrivèrent au pied d’un escalier de grès rose, qui donnait sur une porte d’entrée en chêne. Vu de l’extérieur, la demeure ne paraissait guère animée. Laissant les chevaux au bas de l’escalier, Oscar et André grimpèrent les marches jusqu’à la porte. S’emparant du heurtoir en bronze, Oscar en donna quelques coups sur le battant. L’écho des coups se fit entendre de l’autre côté de la porte, mais personne ne vint pour y répondre. André frappa à son tour, un peu plus fort, mais n’eut pas plus de succès que sa compagne.

« Je crois que nous allons devoir remonter en selle André…Il n’y a personne ici.

- Oui. Dommage. Je n’en peux plus, et j’aurais aimé m’arrêter ici. Tant pis ! »

Avant de rebrousser chemin, Oscar par acquis de conscience, frappa une dernière fois à la porte. Avait-elle frappé plus fort ? Elle n’aurait su le dire. Toujours est-il que la porte s’ouvrit d’elle-même, sans que quiconque ait tourné la poignée. André sourit.

« La chance est peut-être avec nous finalement ! Tu viens ?

- André que fais tu ? Nous ne pouvons pas entrer chez les gens comme ça !

- Allons Oscar, nous ne faisons rien de mal. Et puis, la porte est ouverte non ? Allez viens ! Nous nous expliquerons quand nous aurons trouvé les propriétaires ! »

Oscar se laissa convaincre d’autant plus facilement qu’elle aussi était épuisée. Elle rêvait d’enfiler des vêtements secs et de boire un verre de vin devant un bon feu de cheminée. Elle emboîta le pas à André et ils entrèrent.

Ils se trouvaient dans un vaste hall, recouvert de marbre. Un magnifique lustre de cristal pendait au plafond, et un escalier donnait sur l’étage. Se séparant, ils explorèrent la maison, à la recherche de ses habitants. Très vite, ils se retrouvèrent à leur point de départ, et durent se rendre à l’évidence : ils étaient seuls. La maison semblait à l’abandon, des draps recouvraient le mobilier, et nulle part, on ne détectait une présence.

« Que fait-on Oscar ?

- Je ne sais pas trop. Je n’ai guère envie de reprendre la route, mais d’un autre côté, cela me gêne un peu de prendre possession d’une maison dont nous ne connaissons pas les propriétaires…

- Il suffira de ne rien déranger et de ne prendre que le strict minimum nécessaire. Je vais desseller les chevaux et les mettre à l’abri. J’ai aperçu une grange en arrivant. Toi, essayes de voir si tu peux nous faire du feu.

- Bien. Oh, André ?

- Oui ?

- N’oublies pas les sacoches de selle, j’aimerais me changer et enfiler des vêtements secs.

- A ton service ! »

Quand André revint, Oscar avait réussi à allumer un feu dans l’âtre de la pièce principale. Elle était déjà occupée à s’y réchauffer les mains. Il lui tendit ses sacoches.

« Je te laisse te changer. Pendant ce temps, je vais faire un petit tour dans la maison. Je vais voir si je peux nous trouver de quoi boire !

- Bonne idée ! »

Il partit. Oscar se déshabilla, et posa sa veste d’uniforme, sa chemise et son pantalon trempés sur le dessus de la cheminée. Elle laissa son corps nu exposé quelques instants à la chaleur des flammes, puis, enfila un pantalon sec. S’emparant d’une chemise, elle s’en revêtit. Elle terminait de la boutonner lorsqu’André réapparut. Gêné il détourna les yeux.

« Pardon Oscar.

- Ce n’est rien. Tu peux te retourner, j’ai fini. As-tu dégoté quelque chose ?

- Une bonne bouteille de vin de pays ! (Il brandit fièrement son butin). Par contre, pour ce qui est de la nourriture, il faudra sa contenter de ce qui nous reste comme provision !

- Ca ira. Change toi, tu es mouillé toi aussi. (Elle se retourna pour éviter de le regarder). »

André se changea, puis ils dînèrent. La journée de chevauchée, associée à la pluie les avait harassé. Aussi, une fois qu’ils eurent fini de manger, ils ne tardèrent pas à se coucher. Afin de déranger le moins possible la maison, ils avaient décidé de faire « chambre commune » dans la grande pièce. Oscar s’allongea sur une méridienne, empruntant quelques draps à d’autres meubles pour avoir chaud, tandis qu’André s’allongea à même le sol, aux pieds d’Oscar, sur des coussins qu’il avait emprunté de ci de là dans la pièce. Ils se souhaitèrent une bonne nuit, et s’endormirent immédiatement.

Mais la nuit ne faisait que commencer…
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