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25 novembre 1781

[note de l’auteur : grand merci à ma bêta, Virginie, sans qui cette fic n’aurait jamais existé… ]

! Attention ! Cette fic peut heurter les jeunes lecteurs !

! Attention esprits sains… c’est un être obscur (encore lui) qui a pris possession de mon cerveau !



Oscar se réveilla tôt comme tous les jours où elle était de service. Elle jeta ses drap et couverture et s’extirpa de son lit en direction de la petite commode où reposaient ses affaires de toilette. Elle se débarbouilla le visage et le corps et entreprit de mettre son uniforme. Son uniforme ? Mais où était-il ? Elle était certaine de l’avoir laissé sur le portant la veille au soir, comme chaque soir, or elle eut beau faire le tour de sa chambre du regard, elle ne distingua pas la moindre trace de son habit militaire.
Excédée, elle ouvrit prestement son armoire, résolue à mettre une chemise blanche et un pantalon simple. Malheureusement pour la jeune femme, l’esprit malin s’acharnait sur elle ! Tous ses vêtements avaient disparu exception faite d’une étoffe jaune qu’Oscar reconnut comme étant une chemise et un pantalon vert pomme qui paraissaient être à sa taille. Devant le manque évident de vêtement, le colonel ôta son habit de nuit et enfila cette tenue extravagante.
Qui avait décidé de lui jouer ce tour ? André ? Pourquoi pour les mauvais tours, c’était toujours le nom de son ami d’enfance qui lui venait en premier à l’esprit ? Sans doute, voyait elle mal sa mère ou grand-mère lui voler ses vêtements, si ce n’était pour les remplacer par des tenues plus féminines. Le général ? Aucun risque ! D’ailleurs s’il la surprenait dans cette tenue, elle ne donnait pas cher du cœur paternel. C’était la crise cardiaque assurée. André ! Oui ça ne pouvait être que lui !

Oscar entrouvrit la porte de sa chambre et passa discrètement sa tête dans l’embrasure espérant ainsi éviter toute âme vivant à l’étage. Après s’être assurée que la voie était libre, elle marcha jusqu’à l’escalier à pas feutrés, guettant la moindre présence compromettante. Elle descendit alors rapidement en direction de la cuisine où l’odeur de confiture emplissait tout le rez de chaussée du château. Comme Oscar s’y attendait, Grand-mère, une énorme louche à la main, mélangeait la mixture dans une énorme marmite sur un foyer digne des flammes de l’enfer. En entendant la porte s’ouvrir, la vieille femme se tourna pour accueillir sa petite fille mais resta bouche bée devant le spectacle : les joues roses de la jeune fille contrastaient étrangement avec le jaune de sa chemise. Elle aurait voulu rire ou simplement parler mais connaissant la cadette, il valait mieux garder ses remarques pour soi.

OSCAR en essayant de se maîtriser : où est André ?
GRAND MERE : pardon ?
OSCAR commençant à perdre son calme: Grand mère, je veux savoir où est André !
GRAND MERE : il est encore tôt, il doit être encore au lit, ma chérie

Grand mère regarda la jeune femme quitter la pièce pour se diriger vers la chambre de son petit fils. « Qu’as-tu encore manigancé, André ? … je crois que tu y es allé un peu fort cette fois-ci… je ne donne pas cher de ta peau, mon chéri » pensa la nourrice.

Arrivée devant la porte, Oscar tambourina sur le panneau de bois et entra prestement sans attendre la moindre invitation. L’homme était allongé sur son lit, à plat ventre, seuls ses cheveux bruns dépassaient du drap.

OSCAR d’un voix digne de réveiller les morts : débout fainéant !

Voyant que le dormeur ne montrait aucun signe de vitalité, la jeune femme saisit un coin de drap au pied du lit et le tira d’un coup sec en hurlant un « debout » majestueux. Le grand tissu glissa alors au sol. Les yeux bleus atterrirent sur deux dunes de chair, un fin duvet parcourait les courbes masculines qui oscillaient dangereusement.

ANDRE : t’es folle ou quoi de me réveiller aussi tôt ?

Mais le danger était bien là ! André s’était retourné pour s’asseoir dans son lit, les yeux rivés sur ceux de la jeune femme. Oscar devait se montrer courageuse et faire face, faire face comme on le lui avait toujours appris… mais là l’obstacle était de taille ! Elle s’appliqua donc à soutenir son regard vert pendant que le jeune homme attrapait un oreiller pour se cacher.

ANDRE : ah c’est toi Oscar ? je croyais que c’était grand mère…
OSCAR gênée par la tenue de son compagnon: et ça justifie que tu dormes tout nu !
ANDRE : quoi ?
OSCAR essayant de garder un minimum de sang froid: tu pourrais avoir la décence de t’habiller !
ANDRE moqueur : ma chère, je te signale que c’est toi qui fais irruption dans Ma chambre ! La prochaine fois, envoie-moi une invitation et je m’habillerais pour dormir ! Et puis c'est toi qui as tiré le drap. Je ne t'ai pas forcée que je sache?

Oscar fulminait d’être ainsi prise en faute. Pendant ce temps le beau mâle détaillait la tenue de « fête » qu’elle portait.

ANDRE un sourire radieux aux lèvres : jolie tenue ! Serait ce indiscret de te demander ce que tu fais dans ma chambre à cette heure ? Je suppose que ce n’est pas pour me réveiller d’un doux baiser… sinon je n’aurais pas eu droit à ce réveil en fanfare.
OSCAR retrouvant l’objet de sa visite : c’est toi n’est ce pas ! C’est toi, ignoble individu, qui as fait ça !
ANDRE innocemment : de quoi tu parles ?

La jeune femme se rapprocha un peu plus de son compagnon. Elle l’aurait bien tiré du lit par le col de chemise malheureusement pour elle, il ne portait ni chemise… ni rien d’ailleurs.

OSCAR plantée devant lui: je veux une explication ! Je resterais là tant que tu ne me diras pas pourquoi tu as fait ça !
ANDRE : si cette tenue ne te plait pas, tu peux toujours prendre une de mes chemises. Je t’en prête une volontiers.

« Une chemise à André ? Pourquoi pas c’est une bonne idée après tout. Ce serait toujours mieux que cette horreur jaune qu’elle portait depuis plusieurs minutes » pensa-t-elle. Elle ouvrit le placard sous le regard amusé de l’Apollon, et déplia une de ses chemises. Ce n’étaient pas des chemises, mais quasiment des robes ! Oscar en plaça une devant elle et s’aperçut qu’elle lui arriverait à mi-cuisse et que l’échancrure du col lui descendait jusqu’au nombril. Elle ne pouvait décemment pas mettre ça… c’était encore pire ! Elle releva la tête en direction d’André qui la regardait le visage éclairé par un sourire démesuré.

ANDRE amusé : alors ? Tu la prends ?

Il avait tout prévu le bougre ! Elle n’avait aucun choix possible ! Eh bien soit, elle passerait sa journée déguisée et bon gré mal gré elle irait à Versailles dans cette tenue ridicule. Comme s’il avait lu ses pensées, le coupable se leva de son lit, maintenant son oreiller en position adéquate pour dissimuler son bassin et se plaça devant sa compagne.

ANDRE : profite de cette journée de congé, ma chère.
OSCAR: comment ?
ANDRE : ah oui, tu ne sais pas… j’ai prévenu sa majesté hier que tu étais souffrante et qu’il te fallait un peu de repos, elle t’a accordé deux jours pour récupérer.
OSCAR : tu as pensé vraiment à tout n’est ce pas !
ANDRE tout sourire: disons que j’ai eu le temps de me préparer
OSCAR interloquée: tu veux dire qu’il s’agit d’une vengeance ?

Mais André ne répondit pas, il voulait la laisser mijoter encore un petit peu. Il la contourna, prit la chemise qu’elle tenait encore dans ses mains et la regarda dans les yeux.

ANDRE : si tu le permets, je souhaiterai m’habiller

Bref, il lui signifiait la fin de cette conversation… du moins pour le moment. Voyant que la jeune femme ne faisait pas un geste pour quitter la pièce, il ôta son coussin protecteur et le lança sur le lit. Oscar savait trop bien ce que cela signifiait : son ami de toujours, son frère, cet homme se tenait à quelques centimètres d’elle dans le plus simple appareil, ses émeraudes rivées à son regard abyssal.

OSCAR : tu es fier de toi…
ANDRE : je l’avoue… mais tu l’as bien cherché.

L’atmosphère de la chambre commençait à devenir suffocante. Elle devait partir au plus vite… Elle se retourna brusquement et raide comme un « i » essayant de contenir le tumulte de son corps, elle quitta la chambre. D’un pas décidé, Oscar sortit du château pour respirer enfin un bol d’air frais. « Mais qu’avait elle fait à André pour mériter cela ? »

L’énigme allait bientôt être révélée quelques minutes plus tard. Après avoir calmé ses sens, Oscar se résigna à rester à la maison pour la journée et décida de rejoindre Grand-mère pour le petit déjeuner. Au menu, confiture du jour et brioche… un vrai festin, festin que le jeune mâle espiègle se faisait un plaisir de dévorer.

GRAND MERE : ah te voilà Oscar, dépêche-toi avant que ce garnement n’engloutisse tout.

La nourrice sortit accomplir ses tâches laissant son petit fils enfourner une nouvelle tranche beurrée tandis que la cadette étalait un peu de confiture sur une tartine.

OSCAR : très bien, je t’écoute !
ANDRE : comment ?
OSCAR : eh bien comme ma tenue a l’air d’être ma punition, je voudrais bien savoir ce que j’ai fait de mal… quel tors t’ai-je fait ?
ANDRE : pour te dire la vérité, ce n’est pas tant à moi que tu en as fait…
OSCAR : quoi ? Tu agis pour le compte de quelqu’un d’autre ?
ANDRE : arrête de parler comme le soldat… bientôt je vais t’entendre parler de complot
OSCAR : mais je suis un soldat
ANDRE : non ! Aujourd’hui tu n’es pas à la caserne !
OSCAR : très bien, excuse-moi… alors ? Vas-tu m’éclairer sur tout ça ?

André se lécha les doigts recouverts de confiture avant de répondre à sa compagne. Ce geste insignifiant troubla plus que de raison la jeune femme. Elle devenait folle…

ANDRE : tu te souviens des derniers bals auxquels nous avons assisté ?
OSCAR : oui
ANDRE : tu te souviens m’avoir parlé des demoiselles de Marlotte, de Ponteigne et de Cernise ?
OSCAR : euh oui… c’est elles qui te tournaient autour…
ANDRE : exactement ! Te rappelles tu de ce que tu m’as dit à leur sujet ?

Oscar repensa à ces soirées où la plupart des jeunes filles célibataires en âge de se marier, étaient à l’affût d’un bel homme pour espérer compter fleurette. Malheureusement, les jeunes hommes étaient soit rares, soit peu séduisants, soit d’une conversation ennuyeuse. Seuls quelques spécimens faisaient exception… André en faisait partie. Même s’il n’était pas de noble naissance, ces jeunes dames ne pouvaient rester insensibles aux charmes du valet et espéraient secrètement quelques affinités avec lui. Le colonel se souvenait avoir répliqué à ces gloussements :
- regarde André, elles sont encore à te dévorer des yeux
- tu sais Oscar, je crois qu’il en est pareil de toi… elles te dévisagent aussi
- arrête de dire des sornettes !
- laisse les faire, toutes n’ont pas la chance de trouver le véritable amour et certaines d’entre elles finiront mariées avec un vieux général qu’elles n’auront jamais vu. Elles ne sont plus des adolescentes et bientôt elles n’auront plus le choix, elles devront se marier
- quoi ? Tu donnes fois à ces comportements ?
- je ne donne pas fois, je comprends c’est tout… Et puis tu seras comme elles un jour, tu voudras trouver un homme qui t’aime et qui sache de rendre heureuse… c’est le rêve de chacun
- non ! Ces filles sont des courtisanes !
- non, seulement des jeunes femmes en mal d’amour
- je ne te comprends pas
- il n’y a pas grand-chose à comprendre, l’être humain a des besoins et des envies… il essaye seulement de les assouvir. Tu ne déroges pas à la règle… tôt ou tard, toi aussi ….

OSCAR : je me souviens à présent, mais quel rapport André ?
ANDRE : alors là ma chère, si tu n’as pas trouvé, je ne peux rien pour toi…

Sans plus d’explication, André se leva et quitta à son tour la cuisine. Il la laissait ainsi en plan, avec ses questions, ses interrogations et surtout dans cette immonde tenue. Qui pourrait l’aider à éclaircir ce mystère… Grand-mère ? Oui ! Grand-mère était très douée pour deviner les tours des garnements, plus d’une fois ils s’étaient d’ailleurs faits prendre, la dernière en date, pour un pot de confiture si ses souvenirs étaient bons ! Oui Grand-mère savait certainement ce que mijotait son petit fils.
Sans plus de tergiversation, Oscar partit en quête de sa nourrice. Elle la retrouva quelques minutes plus tard dans la chambre du général en train de ranger du linge dans les tiroirs. La vieille nourrice prenait bien soin de plier chaque vêtement. La jeune femme l’aperçut, en entrant dans la chambre de son père, en train de disposer une tenue de nuit sur le lit du général. Une de ces amples chemises qui descendaient aux pieds et un ridicule bonnet de nuit agrémenté d’un pompon. Oscar ne put retenir un sourire en imaginant son père avec ce couvre-chef.

OSCAR : grand-mère ?
GRAND MERE : qu’y a-t-il ma chérie ?
OSCAR : sais-tu ce que manigance André?
GRAND MERE avec un sourire timide: je ne sais pas vraiment mais à en croire la couleur de ta tenue et la date d’aujourd’hui, j’ai une petite idée
OSCAR : vraiment ?
GRAND MERE : oui … mais je ne suis pas sûre que cela te plaise
OSCAR : au point où j’en suis…
GRAND MERE : sais-tu quelle sainte est fêtée le 25 novembre ?
OSCAR : euh non…
GRAND MERE : Catherine
OSCAR : Catherine ?
GRAND MERE: oui ma chérie, Sainte Catherine, patronne des jeunes filles vierges…
OSCAR furieuse: quoi ? Il va me le payer ce saligaud !

Oscar sortit précipitamment de la chambre paternelle pour dire ses quatre vérités à ce traître, ce scélérat. Comme elle s’en doutait, André était dans les écuries en train de prendre soin des chevaux. La jeune femme ne put s’empêcher de l’admirer un instant au travail. Quand sa jambe fit basculer un seau, le palefrenier se retourna pour regarder l’intruse.

ANDRE : ah c’est toi Oscar… tu voulais quelque chose ?

André savait pertinemment qu’il passerait une journée « spéciale ». Deux cas possibles : soit il allait s’amuser au détriment de la jeune héritière, soit elle le tuerait avant la fin de la journée ! Qu’elle allait être la sentence ?

OSCAR : serais tu d’accord pour t’entraîner un peu après tes corvées ?
ANDRE : bien sur, j’ai bientôt fini.

Telle serait alors la sentence : trucidé par une épée vengeresse !



Les heures passèrent tranquillement en réalité. Les deux compagnons d’armes avaient ferraillé une bonne partie de la matinée, ensuite Oscar s’était retirée dans la bibliothèque pour lire pendant qu’André surveillait ses arrières, au cas où un seau d’eau ou tout autre projectile lui soit destiné... mais rien ne vint. Le calme… le calme d’Oscar angoissait presque le jeune homme. Pourquoi ne réagissait elle pas ? De toute façon sa blague prendrait fin au coucher du soleil.
Mais pendant ce temps, dans la bibliothèque, l’objet de ses pensées feuilletait un livre fort instructif sur la Sainte Catherine et les catherinettes. Oscar comprenait enfin le message de son compagnon : il se moquait ouvertement d’elle. Elle lui ferait payer cher, très cher. Si la vengeance était un plat qui se mangeait froid pour André, il se mangeait chaud pour Oscar ! Elle referma l’ouvrage d’un coup sec. Elle allait mettre son plan à exécution !


La journée prenait fin. Oscar, André et Grand-mère avaient dîné dans la cuisine ; telle était l’habitude quand les parents d’Oscar étaient absents. La jeune femme s’était retirée tôt dans sa chambre laissant les deux serviteurs ranger la cuisine. Une fois sa tâche accomplie, la nourrice souhaita une bonne nuit à son petit fils et alla rejoindre les bras de Morphée. Une fois seul, André respira enfin : la journée ne s’était pas si mal passée après tout, le petit tour qu’il avait joué à Oscar n’avait pas dégénéré en folie meurtrière et elle ne paraissait pas lui en vouloir. A son réveil le lendemain, elle retrouverait toutes ses affaires à leur place. Voulant profiter de la soirée pour se détendre, André pensait s’offrir un petit plaisir solitaire… un bon bain. Après tout, il l’avait bien mérité...
La paix, le silence, le calme. André appréciait pardessus tous ces moments de solitude où son esprit et son corps pouvaient se reposer en toute quiétude. Après de longues minutes de détente, le jeune homme jugea temps de sortir de ce délice, l’eau était à présent tout juste tiède et il n’était pas dans son intérêt d’y restait. Il saisit un large pan de tissu dont il se frictionna vigoureusement et tendit le bras vers une chaise où il avait posé quelques minutes auparavant ses vêtements. Malheureusement quand il attrapa l’habit, il remarqua qu’il ne s’agissait pas du sien ! A la place d’une chemise et d’un pantalon, il tenait une tunique de nuit, sans aucun doute masculine à en croire la taille, ainsi qu’un bonnet de nuit agrémenté d’un ridicule pompon ! Il ne mit pas bien longtemps à comprendre : Oscar !
Il pensait à cette heure tardive avoir échappé à toutes représailles de la part de la jeune femme… il aurait dû être plus prudent. A présent il n’avait guère le choix : soit il déambulait dans le château en tenue d’Adam, soit il mettait ce vêtement ridicule. Le fait de se promener nu ne le dérangeait pas outre mesure, mais il n’avait aucune envie de se faire surprendre par un domestique… encore moins par une femme ! Résigné, il enfila la chemise de nuit mais refusa catégoriquement de porter le bonnet grotesque.

Il devait bien avouer qu’il avait bien mérité cette petite blague en réponse à sa farce du matin… finalement ce n’était pas bien méchant. Le seul inconvénient de la tenue de nuit était son étroitesse. En effet, même si le Général était un homme de bonne stature, André remarqua pour la première fois leur différence de morphologie. Bien que large, la tunique ouverte sur le devant reposait sur les larges épaules du jeune homme mais il lui était impossible de nouer les deux pans du col, si bien qu’il se retrouvait avec une chemise qui lui descendait aux genoux et qui s’entrouvrait largement sur sa poitrine. Pour couronner le tout, il n’avait pas pris garde de sécher suffisamment ses cheveux, et maintenant ses longues mèches brunes, allongée par le bain, cascadaient le long de son torse et de son dos, mouillant négligemment le tissu qui à lui collait à présent à la peau. Cette tenue ridicule devenait de plus en plus indécente : les muscles d’André commençaient à se dessiner effrontément sous ce voile. Il devait rapidement retournait dans sa chambre pour ce changer. Il saisit le linge pour s’essuyer les cheveux et se dirigea prestement dans ses quartiers.

Devant sa chambre, le jeune homme ouvrit la porte et voulut y entrer quand il percuta de plein fouet quelque chose… ou plutôt quelqu’un à en juger par la chose difforme qui se trouvait à présent à ses pieds. Un tas de vêtements, chemises, pantalons, était répandu devant lui, ses vêtements, dont tentaient de s’extirper une jambe verte et un bras jaune ! Après quelques instants la jolie tête blonde suivit le même but : sortir de cet amas de tissu. Galamment, André posa sa serviette et se baissa pour relever Oscar. Mais c’était sans compter sur l’orgueil bien connu de la jeune demoiselle qui refusa prestement cette aide ; furieuse d’être ainsi prise en flagrant délit.

ANDRE : Oscar ? Mais que fais tu à cette heure dans ma chambre et avec tous mes vêtements ?

« Quel idiot » pensa-t-il dans la foulée… Il lui avait dérobé ses habits le matin même et elle comptait en faire de même.

Oscar se remit sur ses pieds dans un regard pour ce grand dadet. Pourquoi était il revenu si vite ? Elle devait faire face, là encore, après tout elle ne faisait qu’appliquer sa petite vengeance sur la farce qui lui avait presque gâché la journée. Elle remonta ses yeux sur les mollets du jeune homme, sur sa tenue « sexy », étouffant par là même un rire… oui le jeu en valait la chandelle…
Soudain son regard se figea, elle cessa un instant de respirer… sa plaisanterie ne prenait pas la tournure qu’elle avait prévue… elle avait devant elle un type habillé de façon grotesque certes, mais dont le corps bravait ce ridicule. Sous le tissu mouillé, Oscar discernait sans difficulté la respiration de son ami qui animait sa large poitrine dans un rythme lent et régulier. Ses yeux, à peine remis de ce spectacle, s’évadaient ensuite sur les arabesques brunes qui dansaient immobiles sur deux rocs, deux épaules sculptées dans le granit, léchant chaque muscle, chaque courbe.

Cet homme éveillait en elle multitudes de sensations, de pensées ; son corps de femme répondait à ses appels silencieux. Elle devait fuir, vite… avant de se faire happer par ce désir qui montait en elle. Elle voulut passer devant lui en le bousculant, mais André ne bougea pas d’un pouce. Il voulait comprendre, comprendre le visage étrangement fermé de la jeune femme ; comprendre la métamorphose de son regard qui était passé de rieur à … à quoi d’ailleurs ? Il voyait dans ses yeux une lueur qu’il n’avait jamais décelé auparavant, loin du tumulte coléreux ou de la joie si rare, qu’il lui connaissait… c’était autre chose… c’était…

OSCAR nerveusement: laisse moi passer !
ANDRE : qu’est ce qui te prend ?
OSCAR en essayant de passer: je veux sortir d’ici !
ANDRE : calme toi voyons, ce n’est qu’une petite blague…
OSCAR furieuse: « une petite blague » ? C’est comme ça que tu oses appeler ta traîtrise ?
ANDRE : mais de quoi parles-tu ?
OSCAR dont la colère bouillonnait dans son cœur: comment as-tu osé me traiter ainsi, je te faisais confiance !
ANDRE : mais enfin, arrête de t’énerver ainsi… je ne pensais pas que tu allais prendre aussi mal le fait que je t’emprunte tes vêtements
OSCAR le regard humide: idiot ! Comment réagirais-tu si on te traitait de puceau ? Hein ?
ANDRE : mais je…
OSCAR : c’est sûr avec ta réputation, ça doit faire bien longtemps que tu as fait le tour de tous les lits de Versailles.

Cette fois s’en était trop. En plus de perdre son calme, Oscar commençait à l’injurier. Qu’est ce qui se passait par la tête ? Il ne pensait pas que sa blague tournerait ainsi au vinaigre ; il avait simplement voulu lui faire comprendre que la plupart de jeunes femmes de son âge étaient mariés et élevaient leurs enfants. Mais Oscar l’avait pris beaucoup plus sérieusement : « puceau » ! … Bien sûr, comment avait il pu être si indélicat… il était fort peu probable qu’Oscar se soit un jour laissée porter par des rapports « intimes » avec un homme ; d’ailleurs sa réaction ce soir en était la preuve formelle. Il avait indirectement offensé son amie en la traitant de pucelle. Comment allait-il se sortir de ce quiproquo ? A peine eut il le temps d’esquisser une idée que la sentence tomba comme un couperet ! « Puisque tu sembles avoir tant de succès auprès des femmes, tu n’as qu’à me montrer si ta réputation est justifiée ! » entendit-il d’un ton haut, presque ordonnateur.

Avait il bien compris ? Oscar ? Elle lui faisait face, le bleu de ses yeux oscillant entre la lumière bleutée d’un ciel matinal et le marine d’un océan déchaîné. Elle lui proposait … elle voulait que lui et elle… Comment ? Comment était ce possible ? Oui il l’aimait. Oui il restait par moment en extase devant ce corps occulté par des vêtements abjects d’homme. Oui il avait eu l’espoir, infime, de la serrer dans ses bras pour la réchauffer, pour la rassurer, pour l’embrasser. Et ce soir, elle lui proposait tout cela… elle lui proposait son corps, elle lui proposait l’accès à cet interdit, à ce trésor de féminité qu’aucun autre homme ne pouvait deviner. Mais il savait qu’elle n’était pas dans son état normal : c’était son orgueil qui l’avait fait parler ainsi, c’était son éternel orgueil qui avait créé dans cette bouche envoûtante cette proposition indécente. Il devait refuser, il devait être raisonnable pour eux deux.

Il posa ses mains sur ces frêles épaules dans le but de l’éloigner de lui, mais son regard croisa cet océan, tourmenté par des vagues de désir ; ses yeux la trahissaient, ils exprimaient le désir à l’état pur, caché derrière ce masque froid. Il réalisa alors la situation : elle avait envie de lui. Même si sa proposition avait été lancée dans un air de défi, elle n’en restait pas moins réelle. Ces yeux bleus balayèrent en un éclair la raison d’André. Ses mains la plaquèrent contre le mur, son corps se glissa sur ses courbes, au lieu de s’en éloigner, et sa bouche aborda ces lèvres fines.
Après un bref instant de surprise, Oscar réalisa ce qui se passait : André l’embrassait, elle, Oscar de Jarjayes, cet homme au corps de femme … non… cette femme menant une vie d’homme. Elle sentait la langue chaude de ce frère humidifier sa peau tendre avant d’en obtenir l’accès. Elle ignorait tout de ces pratiques et pourtant tout lui vint naturellement. Sa bouche laissa cette intruse faire sa place auprès de sa partenaire. Ses mains se nouèrent d’elles même à l’arrière de ces épaules viriles, sa jambe s’incrusta dans la chaleur des cuisses de son compagnon, se collant davantage à lui. Au fur et à mesure que les baisers se faisaient plus recherchés, plus approfondis, le désir en sommeil d’André se révélait, frôlant de manière de plus en plus évidente une des cuisses de la jeune femme.

Dans un éclair de lucidité, André se détacha subrepticement de cette femme. Il devait être sûr avant de commettre l’irréparable.

ANDRE : Oscar, je ne suis pas celui que tu crois… je n’ai pas couché avec toutes les femmes du royaume, je…

Il n’eut pas le temps de finir. Deux mains vigoureuses venaient d’écarter les pans de sa tunique de nuit d’un coup sec, déchirant le tissu comme dans une supplique. Le vêtement aurait du chuter à terre, mais un obstacle le maintenait en équilibre sur les hanches de son propriétaire.
Oscar s’empara à son tour de ses lèvres aimantes, fiévreusement, sans retenue, elle les bravait allant presque jusqu’à les maltraiter, emportée par sa fougue. Son corps vorace se ruait sur cet homme, ce démon qui avait réveillé en elle ses sens, ce plaisir jusqu’alors inconnu. Elle se plaquait contre lui, ses seins tendus caressant de leur pointe le torse de son compagnon, ses hanches brutalisant son bassin. Puis d’une main irréelle, elle débarrassa André de son piètre vêtement avant de la refermer sur sa virilité. Interdit devant un tel geste, le jeune homme restant un instant décontenancé jusqu’à ce que cette prison de chair le cajole indélicatement.
André alors écarta la fine main de son anatomie et enveloppa le visage de sa belle dans la coupe de ses mains avant de capturer ses lèvres d’un baiser tendre. « Pas comme ça » murmura-t-il. Oscar était devenue fiévreuse, presque bestiale… elle avait mené cet assaut comme un soldat partait au front. Mais l’amour n’était pas un combat ou une conquête, l’amour était simplement un partage entre deux êtres. Il voulait que cela se passe en douceur, s’il ne la refreinait pas, ils feraient l’amour sauvagement, or il voulait que leur première nuit soit merveilleuse.

Il passa son bras sous ses genoux et la porta jusqu’au lit. Il lui embrassa son front, ses joues puis ses yeux, qu’elle ferma aussitôt. Il partit ensuite à l’aventure sous cette magnifique chemise jaune qui l’avait tant fait sourire tout au long de la journée… il montra un temps d’arrêt quand ses doigts frôlèrent un obstacle. Les bandes dont Oscar se servait pour envelopper sa poitrine. Il parcourut ces tissus de sa main avant d’en découvrir une extrémité qu’il libéra prestement. Aussitôt les seins tendus, rendus enfin à leur liberté, se gonflèrent dans l’attente des caresses futures. André débarrassa alors la jeune femme de ce carcan et emporta par là même son affreuse chemise qui passa prestement au dessus des boucles blondes pour atterrir au sol, parmi ses congénères masculines.

Sentant une douce fraîcheur envahir son buste, Oscar rouvrit ses yeux et se retrouva hypnotisée par deux émeraudes. Elle n’eut conscience des caresses d’André qu’au moment où ses doigts s’attardèrent à la lisière du tissu vert… Sa main s’infiltrait dans cette intimité, cajolant timidement la fine toison avant de s’introduire dans un espace encore plus reculé de sa féminité. Oscar se cambra soudainement au contact frais et étranger dans ce lieu méconnu, même d’elle-même.
Elle regardait à présent André le corps tendu, les mains crispées aux draps, la bouche étouffant un gémissement, les yeux brillant tel des saphirs… Malgré toute sa retenue, la jeune femme ne put retenir un « André » appelé du plus profond de son être, ultime supplique … Elle était prête à présent : son corps était conscient de son désir, son esprit également. Dans un mouvement calme, il délassa la ceinture du pantalon, en écarta les pans avant de déposer un tendre baiser à l’orée blonde de son trésor.
Il lui souleva délicatement le bassin afin de la dégager du tissu, caressant chaque courbe, suivant du doigt et des lèvres chaque veine qui courait de-ci de-là, jusqu’à remonter aux lèvres rosies. Alors il s’installa contre ce corps, plaça une de ses mains sous la cuisse d’Oscar et la plaça sur sa hanche, il s’allongea alors sur elle, l’embrassa doucement dans un premier temps puis de plus en plus passionnément, caressant ses hanches, cajolant ses seins.
Chaque nouvelle torture apportait à Oscar un nouveau lot de gémissements, de tensions… elle sentait le désir l’envahir, déchirer ses muscles, broyer ses os… dans un mouvement presque brusque, elle referma l’étau de sa jambe sur la hanche d’André, le forçant ainsi à coller son bassin à ses chairs… pénétrant ainsi dans ce corps si sensuellement offert. Le dialogue entre des deux partenaires de jeu commença alors timidement, peu à peu les corps firent connaissance, les mouvements se répondaient dans un déchaînement de caresses, de gémissements, de plaisir…

Cet ouragan charnel s’apaisa doucement, faisant refluer sur les corps les vagues de désir. La « leçon » était terminée et André s’attendait à ce qu’Oscar se lève pour regagner sa chambre. Mais cette dernière exhala un dernier soupir de plaisir, se rapprochant de son mâle compagnon pour l’enlacer et s’endormir en quelques minutes dans ses bras. Continuant de faire de lui le plus heureux des hommes, avant qu’il ne sombre également dans le sommeil.

Un matin………Une caresse douce et presque timide sur son corps, l’obligea à ouvrir les yeux pour une plongée en haute mer dans deux iris bleus.

ANDRE : Bonjour Oscar
OSCAR : Bonjour André

Un long silence suivit. André se redressa lentement, faisant baisser dangereusement le niveau du drap tandis qu’Oscar amorçait une lente descente vers le fond du lit.

OSCAR : Tu veux ton oreiller ?
ANDRE : Tu veux ta superbe chemise ?

Les questions fusèrent en même temps, détendant l’atmosphère et les faisant rire.

OSCAR : Je me demande ce que tu inventeras l’année prochaine à la même date car il n’y aura malheureusement plus rien à fêter
ANDRE : Je trouverais autre chose, ne t’inquiète pas. Mais en attendant que dirais-tu de célébrer ton deuxième jour de congé ?
OSCAR : Pourquoi pas ! Je voudrais encore faire certaines …….vérifications sur ta réputation : je pense qu’un approfondissement s’impose.
ANDRE : Je suis à vos ordres colonel

Un long baiser s’ensuivit avant que la chambre ne se fasse à nouveau l’écho de la passion née la veille.


FIN


Tout est né un soir de chat à propos....... d'un chapeau de catherinette qu'une de nous 2 a un jour reçu ( laquelle? Ca vous ne le saurez jamais!!) Et voici le délire final…
Review 25 novembre 1781


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