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Frayeurs



« Oscar !! »


A travers le bruit de l’explosion, le cri d’André se fit entendre. Tétanisé, il mit une seconde avant de réagir et de courir vers le lieu qui était parti en fumée, et où se trouvait Oscar quelques instants plus tôt. Alain ne tarda pas à le suivre, ordonnant au reste de la troupe de rester en arrière. Il ne restait plus grand-chose de cet arsenal dont on leur avait demandé de vérifier la sécurité. Depuis quelques semaines, les troubles étaient de plus en plus nombreux à Paris, et les ministres du roi avaient voulu s’assurer que toutes les places fortes et les réserves d’armes étaient sécurisées. Celle-ci avait explosé, Oscar à l’intérieur…

Alain mit quelques secondes avant de retrouver André à l’intérieur de la bâtisse fumante. Celui-ci était agenouillé au sol, penché au dessus d’un corps sans vie qu’Alain identifia immédiatement. Le sang glacé par cette vision, il s’approcha d’eux et se pencha par-dessus l’épaule d’André.

« Est-elle…. ?

- Non elle respire encore mais elle est très faible… »

Alain remarqua avec étonnement la voix particulièrement tremblante de son ami. Il se baissa et prit délicatement Oscar dans ses bras, André étant visiblement incapable de le faire. Il était comme pétrifié.

« Il faut la ramener à la caserne et appeler un médecin. Allez viens André ! »

Il lui obéit mécaniquement, ne quittant pas Oscar des yeux une seule seconde. Alain transporta son colonel avec d’infinies précautions. Elle était si légère, si frêle dans ses bras ! On aurait dit une poupée de chiffon… Une poupée sans vie… Il la prit avec lui à cheval et ordonna le retour à la caserne. Il envoya par ailleurs un soldat aller quérir un médecin.

Une trentaine de minutes plus tard, le docteur était auprès d’Oscar. Pendant qu’il la soignait, deux soldats attendaient, anxieux, dans le couloir.

Encore sous le choc, Alain repensa à cette explosion qui avait failli emporter son colonel. Son colonel… Il baissa la tête et songea avec angoisse ce qu’il serait advenu d’eux si elle y était restée… Il reporta son regard sur André qui se tenait à ses côtés.

Figé comme une statue, le jeune homme semblait ne pas pouvoir bouger d’un millimètre. Il gardait obstinément son regard fixé sur la porte close qui le séparait d’Oscar. Le visage crispé à l’extrême, la vision troublée, il ne disait rien, ne bougeait pas. Son sergent nota que sa respiration était cependant rapide et saccadée.

« André… Ne t’en fait pas comme ça, elle va s’en tirer… »

Seul le silence lui répondit. Alain vit avec surprise des larmes naître dans le vert orageux de ses yeux. C’est alors qu’il comprit… Comment avait-il fait pour ne pas s’en apercevoir plus tôt, c’était tellement évident ! Il poussa un léger soupir et reporta son attention sur la porte, qui restait désespérément fermée.


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Le docteur était finalement sorti, au bout d’une heure qui leur parut interminable. Il leur annonça qu’elle était sauvée, malgré la gravité de ses blessures. Le soldat au foulard rouge avait accueilli cette heureuse nouvelle par un soupir de soulagement. André quant à lui n’avait pas cillé. Alors qu’Oscar était dans sa chambre à se reposer et reprendre des forces, Alain rejoignit son ami dans les dortoirs demeurés déserts.

« Et bien André ! Que fais-tu là tout seul… ? Tu ne veux pas aller voir comment va le colonel ?
- Non…, répondit-il, absent. »

Alain s’assit au bord de son lit et le regarda en souriant. On pouvait pourtant lire dans son regard une tristesse indéfinissable…

« Tu l’aimes, n’est-ce pas ? »

André tourna brusquement la tête vers lui, et sembla revenir dans le monde réel.

« … Oui…Oui, je l’aime…Je l’aime plus que tout… Est-ce si évident ?
- Oui, et même si évident que je me demande comment j’ai fait pour ne pas le comprendre plus tôt !
- C’est la première fois que j’en parle à quelqu’un…
- …Je te promets qu’avec moi ton secret sera bien gardé André.
-Je sais…Je te fais confiance. Merci Alain…Merci de ton soutien !
- Oh mais je n’ai rien fait ! dit-il avec un rire gêné. »

André se leva et lui sourit.

« Si, tu as fait beaucoup, malgré toi ! Tu es un ami précieux Alain… Tu es plus qu’un ami… »

Alain se leva à son tour, tachant de dissimuler son émotion derrière un sourire qui se voulait enjoué.

« Pour moi aussi tu es un ami précieux André…, dit-il la voix tremblante. Tu sais que tu pourras toujours compter sur moi.
- Oui je le sais… et c’est réciproque !
- Oui… bon, assez de sentiments ! Il est temps que tu retrouves ton cher colonel… !
- Tu as raison, j’y vais de ce pas ! Merci encore Alain… !
- Cesse donc de me remercier ! Allez, file ! »

André acquiesça et finit par sortir, pressé de revoir Oscar et de s’assurer qu’elle allait effectivement bien. Il ne remarqua pas l’air subitement triste qu’affichait à présent le jeune soldat. Le regard perlé de larmes, Alain regarda son meilleur ami partir au chevet de la femme qu’il avait finalement appris à aimer…


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Oscar venait de se réveiller lorsque la porte de l’infirmerie s’ouvrit. Elle accueillit d’un sourire encore faible son ami de toujours.

« André… ! Je suis heureuse de te voir… ! »

Il s’approcha du lit d’Oscar le sourire aux lèvres, et la regarda tendrement.

« Bonjour Oscar. C’est moi qui suis heureux et soulagé de te voir en meilleure forme ! J’ai eu si peur si tu savais… !
- Oui… pardonne-moi de t’avoir inquiété… Mais rassure-toi je vais bien mieux, le docteur a fait des miracles ! dit-elle en essayant de se redresser.
- Ne bouge pas voyons ! Ah Oscar, tu ne changeras jamais ! Le docteur t’a bien dit pourtant de rester allongée sans bouger pendant au moins une semaine, si tu veux te remettre correctement…
- (se rallongeant, en soupirant) Ahhh oui je sais… Mais que veux-tu, la patience n’a jamais été mon fort !
- En effet ! »

Oscar le regarda tendrement et mêla son rire léger à celui d’André.

« Au fait, où est Alain ? Comment va-t-il ?
- Il va très bien, il était très inquiet pour toi tu sais.
- Ah oui… ? … Il faudra que je le remercie, on m’a dit que c’était lui qui m’avait ramené ici à temps…
- Oui… Heureusement qu’il était là, je… je n’aurais pas pu…Je…
- André… »

Oscar regarda André pleurer doucement le cœur serré.

« André, ne te reproche rien, je t’en prie.
- J’avais si peur de te perdre Oscar…J’étais terrifié…
- Je sais…, murmura-t-elle les larmes aux yeux. André, tu ne dois pas t’en vouloir…Tu as été là pour moi tant de fois… toutes ces fois où tu étais à mes côtés pour veiller sur moi… Non, tu ne dois pas t’en vouloir, c’est plutôt moi qui ai une dette envers toi…
- Oscar… »


On frappa. Se détachant avec difficulté du regard d’André, Oscar porta son attention sur la porte et invita la personne à entrer d’une voix qui se voulait assurée.

« Oh, c’est vous Alain ! Justement je voulais vous voir, entrez ! »

Le grenadier lui sourit, adressa un regard complice à André et s’approcha du lit.

« Colonel, je suis ravi de voir que vous allez mieux ! Comment vous sentez-vous ?
- Très bien Alain merci. Et c’est grâce à vous si je suis vivante aujourd’hui. Merci…
- …Mais de rien colonel…, répondit-il ému. Qu’aurions-nous fait sans notre chef préféré, n’est-ce pas André ?! »

Comme toujours Alain essayait de cacher ses sentiments derrière le rire. C’était sa façon à lui de se défendre. Oscar lui répondit de son rire cristallin, mais André voyait clair dans son attitude, et savait que ses airs détachés masquaient une sensibilité sincère et profonde. Il était cependant loin de se douter des sentiments qui animaient le cœur de son ami…
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