Auteur : aerine Hits : 5439
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Notes de l'auteur: fic inspirée de mes lectures diverses (bd, romans...) sans grand rapport avec le monde LO du DA ou du manga, mais avec les mêmes personnages.




Oscar, tueuse de Dragons.

Aussi loin que pouvaient remonter ses souvenirs, elle se rappelait l’histoire. Qui la lui avait racontée, comment et pourquoi, de cela elle ne se souvenait pas. Mais les détails de l’histoire et le drame qu’elle contait, lui revenaient en mémoire chaque fois qu’elle se sentait comme aujourd’hui, insignifiante et misérable. Il y avait un progrès toutefois : elle pouvait maintenant y songer sans pour autant pleurer. Malgré tout, ses songeries mélancoliques laissaient comme une brume de douleur dans sa tête.

Elle rêvassait, accoudée à la fenêtre de sa chambre, au quatrième étage du château de pierres jaunes. Son regard dérivait vers les flancs des montagnes, et se perdait dans l’immensité verte et profonde des forêts qui les recouvraient. Comme d’habitude, elle se demandait qui avait bien pu lui raconter l’histoire ?


Son père ? Certainement pas. A l’époque où elle n’était encore qu’une enfant, il ne lui adressait guère la parole. Tout ce qu’elle connaissait de lui à ce moment, c’étaient ses pâles sourires affectueux, et son air vaguement préoccupé. Il l’aimait pourtant, de cela elle était certaine, mais il n’avait pas le temps, tout simplement. Il n’avait jamais eu le temps…Pourtant, le mieux placé pour raconter l’histoire de sa naissance, c’était quand même lui. Mais non, ce ne pouvait être lui, le conteur de ce drame.


Les domestiques du château peut-être ? Elle sourit aussitôt devant l’ineptie d’une telle pensée. Ils étaient beaucoup trop respectueux et craintifs à l’égard d’un membre d’une famille royale, pour se permettre de raconter l’histoire. Ceci même si le membre de la famille royale en question était une princesse qui ne leur avait jamais manqué de respect, et qui n’avait jamais non plus manifesté le moindre signe du Don, ce pouvoir réservé aux gens de noble naissance, et qui étaient plus puissant en fonction de la place occupée dans la hiérarchie royale. En tant que fille du Roi, Oscar aurait du manifester son Don très tôt et de manière spectaculaire, mais jusqu’à présent, rien ne s’était passé, ce qui apportait un peu plus d’eau encore, au moulin de ses détracteurs.


Et pourquoi pas Agathe ? Elle avait toujours détestée Oscar et la détesterait jusqu’à la fin de ses jours. Cela, même en étant mariée à Victor, l’homme le plus important à la Cour après le Roi et André, premier Prince, fils adopté mais reconnu du frère du Roi. André prendrait la suite de Regnié à la mort du souverain, et Agathe avait espéré pouvoir l’épouser, même si André n’avait pas voulu d’elle, au point de déclarer à sa « cousine » Oscar (plus jeune que lui de six ans), que « même si il n’y avait pas eu d’autres jeunes filles de lignage royal à épouser, il aurait préféré s’enfuir et finir brigand dans la montagne plutôt que d’épouser Agathe ». Ce qui avait fait pouffer de rire Oscar à l’idée d’un André en guenilles, poignard entre les dents et en train d’attaquer les riches commerçants transitant par la montagne.


Songer à André lui fit du bien. C’était un jeune homme sérieux et serviable, poli envers tous, mais capable de fermeté si il le fallait. Il faut dire que les charges qui pesaient sur ses épaules ne l’aidaient pas à sombrer dans la frivolité. Héritier désigné d’un Roi deux fois veuf, dans un pays menacé et convoité par de nombreux ennemis, cela faisait beaucoup à gérer pour un si jeune homme. Pourtant, il était toujours détendu et amical en présence d’Oscar. D’ailleurs un autre de ses plus vieux souvenirs était une balade à cheval : André l’avait pris en croupe derrière lui, et il faisait galoper son cheval sur un petit parcours d’obstacle. Elle hurlait de joie et serrait très fort la taille d’André. Après cela, Grand-mère, la nourrice d’Oscar, avait poussé les hauts cris, mais André s’était contenté de rire lui qui prenait pourtant la mouche dès qu’on l’accusait de manquer à ses devoirs. Elle avait idée qu’il se réjouissait de l’avoir près de lui, tout autant qu’elle se réjouissait de l’avoir près d’elle.


Finalement, elle en revenait toujours à Agathe. Mais quelque chose ne collait pas. L’histoire contenait trop de grandeur tragique pour qu’Agathe lui ait raconté par pure malveillance. Ou alors, elle avait transformé en tragédie ce qui n’était qu’un sale ragot, uniquement parce qu’il s’agissait de sa mère ? Car l’histoire de la deuxième femme de Regnié, étrangère venue du Nord, mi-sorcière/mi-humaine…une histoire comme celle là, oui, ça devait être du pain béni pour Agathe…


Oscar se pencha par la fenêtre et observa la cour en dessous d’elle. Ce n’était pas facile de reconnaître les gens quand on ne voyait que le haut de leur tête. Sauf André. Elle pouvait l’identifier à tous les coups, même si elle ne voyait qu’un coude dépassant de l’embrasure d’une porte. L’homme qu’elle voyait actuellement était sans doute Victor. Ses manières suffisantes et les trois domestiques chargés de le suivre en permanence pour attester de l’importance de leur maître confirmaient son hypothèse. Le galop d’un cheval se fit entendre, et elle vit arriver un messager de l’Ouest, reconnaissable à l’écusson brodé sur le tapis de la selle. Victor discuta un moment ave lui avant de s’éloigner à grandes enjambées, l’air préoccupé. Elle savait ce qui se passait, car d’une certaine façon, c’était pour ça qu’elle s’était cloîtrée dans ses appartements…


Quelques jours auparavant, d’autres messagers avaient afflués à la Cour, tous porteurs des même nouvelles : Bragard le Seigneur de l’Ouest, sous une influence maligne, probablement venue du Nord, avait décidé de se rebeller contre l’autorité de Regnié et avait convaincu quelques barons de s’allier avec lui dans un soulèvement contre Telize la cité ancestrale, son souverain, et l’héritier du trône. Regnié avait donc décidé de lever une armée et de partir pour l’Ouest en « négociations diplomatiques » afin de tenter de raisonner Bragard. Personne n’était dupe, et tous savait qu’en réalité, les « négociations diplomatiques » ne seraient qu’une démonstration de la puissance de Telize, pour faire entrer Bragard dans le rang.


Le projet de Regnié n’était pas de déclarer la guerre, loin de là, car il voulait que cela se passe dans le calme, mais les deux camps sauraient à quoi s’en tenir. Son idée était délicate et périlleuse, aussi, il allait devoir choisir avec soin ceux qui allaient l’entourer.


Un jour où elle avait croisé André derrière les écuries, se sachant seule avec lui, elle lui avait fait part de sa stupéfaction.

O : « Mais vous emmenez Victor ?

A :- Je sais qu’il n’est pas un être humain très recommandable, mais le fait est qu’il sera vraiment utile dans ce genre de situation…parce qu’il sait bien mentir, tu comprends, et puis, il sait dire les choses les plus horribles avec la plus grande des courtoisies ! »

Dans l’armée de Regnié, il n’y avait pas de femmes. Quelques épouses particulièrement intrépides pouvaient être autorisées à suivre leurs maris, si elles étaient exercées aux manœuvres de cavalerie, et si on pouvait compter sur elles pour sourire à Bragard lui-même.


Une fille de roi pouvait elle aussi partir avec l’armée. Une fille de roi qui aurait par exemple fait ses preuves, appris à tenir sa langue et à sourire au bon moment, et qui se trouverait être l’enfant unique du Roi. Mais elle savait que Regnié ne la laisserait pas partir. Il ne pouvait prendre le risque d’emmener la fille d’une sorcière dans un affrontement avec les œuvres du Malin. Son peuple ne le permettrait pas, et le roi avait besoin du bon vouloir de son peuple.


Pourtant, par bravade ou par stupidité (elle hésitait encore sur le mot à employer), elle n’avait pu se résoudre à renoncer, et avait choisi de faire sa demande devant toute la Cour réunie. Quitte à être humiliée, elle avait choisi de l’être en public, cela montrerait peut-être à son père combien tout cela lui tenait à coeur. Elle affronta son père, André et tous les Nobles un soir au dîner.

O : « Père ?

R : - Oui ma chérie ?

O : - Vous allez dans l’Ouest bientôt pour… « négocier » avec Bragard ?

R (souriant) : - Nous allons « négocier » en effet. Je constate ave plaisir que tu apprends les rudiments de la diplomatie…

O (blême) : - Quand vous irez dans l’Ouest, je pourrai venir avec vous ? »

Un silence se fit soudain, et l’atmosphère s’alourdit dans la salle. Tous ceux qui n’avaient pas encore prêté l’oreille aux discussions entre le père et la fille se turent et tendirent l’oreille. Seule au milieu de la salle, Oscar tremblait sur ses jambes. Et soudain, un rire aigu et moqueur se fit entendre.

Victor : « Vous voyez où ça vous a mené de la laisser faire à sa guise pendant toutes ces années ? Qu’est ce que vous imaginez lorsque notre cher premier prince lui donne des leçons d’escrime, et qu’elle parcourt le pays sur son vieux cheval boiteux ? Il aurait fallu lui donner des taloches, pas des encouragements ! Elle aurait encore besoin de quelques paire de gifles…peut-être qu’il n’est pas trop tard !!

A (rugissant) : - ASSEZ !! »

Oscar ne bougeait pas. Elle tremblait de plus en plus, et son visage était devenu écarlate. Les paroles de Victor résonnaient douloureusement dans sa tête, mais elle refusait de céder. Elle ne voulait pas se laisser éconduire sans résister.

O : « Père ?

V :- Père ? Il est vrai qu’une fille de roi pourrait nous être de quelque utilité…une fille de roi qui aurait du sang royal dans les veines ! (Ajouta t’il en se moquant) »

Dans un geste fort peu royal, Regnié bondit sur André avant que celui-ci n’ait le temps d’atteindre le visage de Victor avec son poing.

R : « Victor, tu déshonore ton rang de deuxième Prince en parlant de la sorte.

A :- Il va présenter ses excuses, où je lui donne une leçon d’escrime qui ne lui fera pas plaisir !!

R : - Les exigences d’André sont légitimes, Victor ! »

Il y au un nouveau silence, pendant lequel Oscar les détesta tous. André parce qu’il venait de se conduire comme un fermier dont la meilleure bête avait subi un affront. Son père parce qu’il était imperturbablement royal, et Victor…parce qu’il était Victor. Elle aurait voulu s’enfuir, ou être foudroyée sur place.

V : « Je te demande pardon, Princesse Oscar…pour avoir dit la vérité »

Il sortit rageusement, parcourant la salle à grands pas. Une fois devant la porte, il s’arrêta, et haineusement, lança à la cantonade : « Va terrasser un dragon Oscar ! Princesse Oscar, Tueuse de Dragon ! »

Le silence retomba sur eux, et Oscar n’avait même plus la force de lever les yeux vers son père.

R « Oscar… »

La douceur de sa voix lui apprit tout ce qu’elle avait besoin de savoir. Elle s’éloigna vers l’autre bout de la salle, empruntant volontairement la sortie opposée à celle qu’avait pris Victor. Elle se rendait compte que tous les regards étaient braqués sur elle, et que ses jambes tremblaient toujours… et aussi, qu’elle ne marchait pas droit. Son père ne la rappela pas. Ni André. Quand elle arriva enfin à la porte, les paroles de Victor résonnaient encore à ses oreilles.

« Une fille de roi qui aurait du sang royal dans es veines…Princesse Oscar, Tueuse de Dragons… »

Ces mots semblaient une meute de chiens lancés à sa poursuite. Une fois parvenue à la sortie, elle s’élança en courant vers ses appartements…
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