Auteur : Rosetta Hits : 856
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"REQUIESCAT IN PACE"


Chapitre I : "Le présage de sombres lendemains"

Le temps leur avait échappé, avait glissé entre leurs doigts. Rosetta avait le sentiment d'être peu à peu précipitée vers un abîme dont elle ne ressortirait pas.

C'était dans l'une des propriétés que les Fersen possédaient à la campagne qu'Hans apprit la mort du prince héritier de Suède et les horribles accusations que l'on portait contre lui, sa soeur Sofia, et même sa charmante épouse Rosetta. Le 28 Mai précédent, le prince Karl-August s'était effondré alors qu'il passait en revue un régiment de hussards en Scanie. Les médecins avaient immédiatement conclu à une attaque d'apoplexie mais, le prince étant très populaire auprès du peuple, ce fut la rumeur d'un assassinat qui fut propagée.

Rosetta... Leur mariage était si récent... Un bouton de rose à peine éclos... Rosetta, une empoisonneuse ? Allons donc ! De toutes c'était bien là l'accusation la plus ridicule, la plus grotesque, la plus ignoble. Rosetta, de trente-deux ans plus jeune que son mari, était l'innocence même, incapable de faire le moindre mal à une mouche. Las des aventures bruyantes, des maîtresses dépensières et futiles, la douceur et la docilité de la jeune fille l'avait immédiatement séduit, au point de rompre cette promesse faite à Marie-Antoinette, celle de ne jamais prendre épouse. Ils avaient connu trois années de bonheur, au cours desquelles un enfant était né. Hans semblait avoir chassé les démons du passé au contact de Rosetta qui lui vouait une adoration sans limites, répondait docilement à ses moindre désirs, et ne dilapidait pas de folles sommes d'argent pour plaire aux autres hommes. Rosetta aimait vivre paisiblement à la campagne, seule auprès de son mari et de son fils, et les promenades en traineau, sans pour autant dédaigner les soirées à l'opéra et les soupers d'huîtres que la famille Fersen donnait régulièrement à Stockholm dans leur hôtel particulier de Blasieholmen.

Les Fersen étaient beaux, et dans sa cinquante-cinquième année Hans surprenait ses contemporains qui devaient bien reconnaître en lui le plus bel homme de Suède, et peut-être même d'Europe. Cela valait également pour la Comtesse Sofia Piper, la petite soeur chérie qui avait su conquérir tant d'hommes à travers ses voyages et qui affichait toujours une beauté triomphante. Sofia adorait la très jeune épouse de son frère, elle l'avait tout de suite prise sous son aile et l'appelait "Bouton de Rose". Elle s'était transformée en confidente parce que, disait-elle, nul ne connaissait mieux Hans que sa soeur adorée. L'innoncence et la candeur de la jeune fille l'avait enchantée. Leur frère Fabian était lui aussi sous le charme, regrettant d'avoir de son côté une femme dont il ne se souciait guère.

Mais après toutes ces années, au moment où Hans retrouvait un bonheur qu'il avait cru à jamais perdu, de sombres soupçons sans fondement menaçaient leur vie à tous. Paradoxalement, bien que conscient de toute l'horreur de leur situation, Hans faisait fi du danger. Sa conscience était en paix, ils n'avaient commis aucun crime, pourquoi devraient-ils se cacher ? Le lendemain avaient lieu les funérailles, et en tant que Grand Maréchal du Royaume Hans se devait de prendre place dans le cortège. Son prédécesseur, Oxenstierna, avait bien proposé de le remplacer, mais il avait fermement refusé. Hans avait toujours rempli ses devoirs officiels avec un soin tout particulier, de la même manière qu'il accomplissait avec un zèle tout aussi particulier le devoir conjugal ; il ne faillirait pas cette fois. Hans sentait son épouse inquiète. Elle lui avait demandé en vain de renoncer à cette cérémonie.
- Je ne veux pas vous perdre, Hans !
Mais Hans l'avait prise dans ses bras, cajôlée, rassurée et finalement convaincue que tout irait bien.

Ainsi, au soir du 19 Juin, le Comte et la Comtesse von Fersen faisaient leur entrée à Stockholm, dans une atmosphère pourtant déjà lourdes de menaces. Toute la journée, de suspectes distributions d'eau de vie avaient été remarquées dans les cabarets. Le peuple s'agitait, une colère sourde montait. Nul ne savait encore si une insurrection se préparait, mais de nombreux signes laissaient présager une action semblable. Le silence régnait à l'intérieur du carosse. Rosetta se tenait blottie contre son mari. Elle avait beau lui faire confiance, ses craintes n'étaient pas apaisées, loin de là.
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