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"Le Secret de Rosetta"

Chapitre I : La Blessure

Cela faisait bien peu de temps en vérité que Rosetta foulait le sol français. Tout au plus quelques semaines. Pour plaire à son père, le Comte Hans-Axel von Fersen l'avait épousée quelques mois plus tôt. Pour plaire à son père, elle le savait. Bien qu'il se montrât tendre et prévenant envers elle, la jeune Comtesse n'était pas dupe : Hans-Axel n'avait que peu apprécié qu'on lui impose ce mariage dont il ne voulait pas. Elle ne pouvait prétendre qu'il ne l'aimât point. Il lui témoignait au contraire beaucoup d'affection. Il s'efforçait, en tout cas, d'être un bon époux. Il n'avait d'ailleurs aucun motif de plainte. Rosetta était douce, jolie, discrète et docile à souhait. Elle l'apaisait, même. Mais en France un amour qu'il sublimait à l'excès attendait toute son attention.
Hans-Axel aimait la Reine comme jamais il ne pourrait aimer Rosetta, même s'il le voulait. Parfois, sa conscience le torturait et les remords l'envahissaient, mais il lui suffisait de se rendre à Trianon et entr'apercevoir sa Rose viennoise pour oublier toutes ses bonnes résolutions qui auraient dû le pousser à dire à la Reine qu'il ne voulait plus trahir sa femme.

Rosetta ignorait tout de cette liaison. Se rendant très peu à la Cour, elle n'avait pas eu l'occasion d'entendre des propos qui l'aurait profondement blessée. Elle aimait Hans, et espérait toujours s'en faire aimer comme les princesses des contes sont aimées pour l'éternité du prince charmant. Ce ne fut pas de courtisans mal intentionnés qu'elle apprit la conduite adultère de son mari, mais de ses deux seuls amis sur cette terre de France, Oscar de Jarjayes et André Grandier.

Rosetta faisait une courte promenade à travers champ. C'était l'un des plaisirs qui lui restaient de son enfance en Suède. Soudain, elle aperçut de loin ses amis au bord d'un ruisseau. Ils abreuvaient les chevaux. Elle voulut s'approcher d'eux, mais elle n'osa pas interrompre leur conversation.
- André... Je suis très inquiète à propos de Fersen...
Oscar parlait de son époux !!
-Oui, Oscar, je comprends, répondit André en faisant des ricochets avec de petits cailloux. Cela ne peut plus durer, il est bien trop imprudent.
- Sans compter qu'il est marié, maintenant, et qu'il semble l'oublier. Nous voyons son épouse si rarement !
- Mais inutile de se demander pourquoi il préfère qu'elle reste confinée dans leur propriété !
Rosetta sentait les larmes lui monter aux yeux. Hans-Axel ne la négligeait pas lorsqu'ils étaient seuls, il se montrait même étonnement empressé pour quelqu'un qui s'était tant plaint de devoir se marier. Mais il ne l'emmenait jamais à la comédie ou aux bals de l'opéra. Seulement à la Cour lorsque le Roi le lui demandait.
- Cette liaison avec la Reine est si dangereuse et me fait tant de peine pour la pauvre Comtesse, dit André.
De sa cachette, Rosetta étouffa un hoquet de surprise. Non... pas cela... Hans-Axel lui réservait un amour qu'il ne dispensait que chichement à sa femme... Elle qui l'aimait tant... Folle de chagrin, elle s'enfuit en courant.

Les sanglots de Rosetta attirèrent l'attention d'Oscar et André.
- André, regarde ! C'est Madame von Fersen !! Elle était là, mais comment ? Seigneur, elle a dû nous entendre !
- Il faut la ratrapper !
Mais Rosetta s'était engouffrée dans son carosse et fut bientôt très loin.

Rosetta pleurait. Elle imaginait Hans dans les bras de la Reine, lui murmant les mots tendres qu'elle attendait, elle-aussi, lorsqu'il la prenait dans ses bras, mais qu'il ne prononçait sans doute pas avec la même passion, la même sincérité. Aveuglée par ses larmes, elle trébucha sur le marchepied du carosse, et le cocher ne fut pas assez rapide pour la rattrapper. Rosetta tomba rudement sur le sol, entraînant dans sa chute un homme qu'elle ne connaissait pas.

Elle gémit de douleur. Sa jambe la faisait souffrir. Elle n'eut cependant pas l'occasion de vérifier si elle pouvait marcher car l'homme qu'elle avait renversé la tenait fermement et ne semblait pas disposé à la lâcher. Rosetta le regarda. Elle le trouva très séduisant, aussi brun que Hans-Axel était blond, et la constatation semblait réciproque. La voix du cocher interrompit cet étrange étreinte sur le pavé. Il voulait enfin s'enquérir de la santé de la Comtesse et lui présenter ses plus plates excuses pour n'avoir pas su la rattraper.
- Ma jambe me fait souffrir. Mais je suis très impolie, monsieur", ajouta-t-elle en s'adressant à celui qui avait amorti sa chute et qui la tenait toujours, serrée dans ses bras, "je vous ai importuné, j'espère que vous n'êtes pas blessé par ma faute."

Il réalisa, en entendant la voix de cette charmante jeune femme, l'incongruité de leur situation. Il fallait réagir avant que l'on ne s'attroupe.
- Je vais bien, dit-il d'une voix profonde. Je vous avoue avoir eu de la chance de ne pas m'être brisé la crâne sur les pavés en vous attrapant, Madame, mais vous semblez bien plus mal en point.
Rosetta se sentit soulever dans ses bras tandis qu'il se relevait.
- Laissez-moi soigner votre jambe. Je m'appelle Luka Kovac et je suis médecin.
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