Partie 6 B
Oscar tournait et se retournait dans son lit, incapable de dormir, cherchant une solution pour se sortir de ce cauchemar. Pas une nuit ne se passait sans qu'elle se remémore la magie de cette nuit passée avec André. Son cœur se serrait chaque fois un peu plus à la pensée que jamais, jamais cela ne se reproduirait. Et voilà maintenant qu'une preuve de cet instant de folie apparaissait, risquant de détruire le peu de sérénité qu'il lui restait, une preuve absolue de son manque d'honneur!
Oscar se retourna une fois de plus, enfouissant son visage dans l'oreiller.
-"Pourtant", murmura-t-elle, "quel bonheur de se dire que j'ai en moi une petite partie de toi, André...., je donnerai tout pour que nous puissions l'élever ensemble" Oscar étouffa un sanglot.
Au petit matin d’une nuit sans sommeil Oscar avait la solution, tout du moins le croyait-elle. Le problème résidait dans la réalisation de ce projet. L’idée paraissait simple : faire de Fersen le père de cet enfant. Une nuit suffisait ! Une nuit aurait suffit à faire de lui le père. Aux yeux de la cour et de leur famille respective, l’honneur serait sauf. Un héritier Fersen, tout le monde se réjouirait. Personne n’y verrait rien, car personne ne connaissait leur situation, à part peut être……. la reine…..
Néanmoins si elle pensait être capable d’attirer Axel dans sa couche (il suffirait de l’enivrer un peu, à près tout au bal où elle avait paru sous son véritable sexe, Fersen avait été subjugué, de plus les hommes avaient réputation d’avoir des besoins physiques plus intenses que les femmes, il ne pourrait résister.), l’idée du moindre contact physique avec lui, la répugnait au plus haut point. Cette image d’eux, enlacés, provoquaient presque ces satanées nausées…Quel paradoxe ! Et dire qu’il y a quelques mois, elle ne rêvait que de ça : que Fersen l’embrasse, que Fersen la caresse, que Fersen la câline tel une enfant…..et aujourd’hui ces pensées engendraient un sentiment de dégoût, de répulsion…
Que faire alors ? Si elle n’était pas capable de se donner une fois……rien qu’une fois ……
“ Pas si évident que ça, ma chère oscar ! Une fois de plus, te voilà devant les conséquences de tes actes… ”
Oscar décida de regagner la demeure du comte. Une fois sur place elle aviserait. A 3 mois, même si elle avait gagné quelques rondeurs, seul un œil féminin habitué aux femmes qui porte enfant, tel celui de Grand Mère, pouvait deviner son état. Fersen n’y verrait rien, mais il lui faudrait agir vite, très vite car 3 mois c’était déjà beaucoup….
************************************************
“ Oscar, ma mie, quel plaisir de vous revoir. Comment va Mr votre père ?
-Très bien Axel, je vous remercie.
-Et Grand Mère ?
-Toujours aussi active malgré son âge. Tous les habitants du château Jarjaye se portent au mieux.
Ravi de l’apprendre. La prochaine fois, je vous accompagnerai. Ah Oscar, si vous saviez dans quels tourments je me trouve…. ”
Et voilà, elle était à peine arrivée et il lui parlait de Marie-Antoinette. Croyait il être le seul sur cette terre à souffrir ?! Croyait-il qu’elle était vide au point de ne pas avoir de sentiments ? !
Devant l’expression fermée et fatiguée que lui offrait le visage d’Oscar, Fersen ajouta :
“ Oh pardonnez moi Oscar, une fois de plus je vous ennuie avec mes histoires, sans me préoccuper de vous, ma si bonne amie…
-Je me retire dans mes appartements quelques minutes Axel, je souhaite me changer.
Faites, faites et ensuite nous partagerons un souper et vous me conterez votre séjour chez vos parents.
-Mais vous n’allez donc pas au palais ce soir ?
-Un bal y est donné, mais je souhaite passer un moment avec vous ma mie. Si vous le souhaitez nous pourrions nous y rendre ensemble ”
Oscar fut surprise de cette dernière phrase. Son absence aurait-elle été une révélation pour Fersen ? Il se souciait de sa femme ? Pourtant bien vite il ajouta une phrase que ne trompait pas sur les motivations du comte. Rien n’avait changé !
“ Il y a bien longtemps que le comte et la comtesse de Fersen n’ont assisté à un bal de la cour. Il est donc temps pour eux de tuer ces rumeurs qui se propagent et d’offrir l’image d’un couple heureux. Je sais que vous n’êtes pas une grande férue de mode, mais pour l’occasion, je vous ai offert une superbe toilette, j’espère que vous l’apprécierez…A tout à l’heure, mon amie. ”
Oscar fulminait, même si elle savait maintenant qui était son véritable amour, Fersen la décevait. Ah il voulait donner le change à la cour, elle allait lui en donner l’occasion. C’est Marie-Antoinette qui souffrirait cette fois, quand elle découvrirait que son suédois, avait partagé la couche de sa femme et qu’un héritier était en chemin. Que la souffrance ne soit pas son apanage ! Oscar fut prise de remords, pourquoi tant de méchanceté, une fois de plus sa colère l’emportait, à près tout, la situation de la reine, était plus critique que la sienne. Maintenant il lui restait à saisir cette occasion qui se présentait pour mettre son projet à exécution…..
************************************************
Leur arrivée à Versailles n’était pas passée inaperçue. Axel dans son uniforme de parade était de loin l’homme le plus séduisant de l’assistance, quant à Oscar, sa beauté rehaussée de par sa toilette, elle éclipsait jusqu’à la reine. Ils avaient dansé et pendant quelques heures, elle avait oublié…oublié qui elle était, qui elle avait été, qui elle aimait, l’enfant qu’elle portait…elle tourbillonnait dans les bras d’Axel, elle se laissait porter. En parfaite calculatrice (elle aurait presque pu battre la Du Barry et la Polignac au jeu des courtisans), elle avait fait boire Axel plus que de raison. Et les effets de l’alcool commençait à se faire ressentir sur le beau suédois. Bientôt il demanda à Oscar pour rentrer.
“ Oscar je suis désolée, je ne me sens pas bien. Pourquoi m’avez vous fait tant boire ! Oh Oscar la tête me tourne. J’ai l’impression de flotter et de rêver Oscar… ”
Oscar et Axel montèrent dans le carrosse qui devaient les ramener chez eux. Fersen eut les plus grandes difficultés à attendre sa chambre. Oscar l’y suivit. Proche de l’inconscience, Il ne la repoussa pas lorsqu’elle l’embrassa, il répondit même à ce baiser (Oscar pensa qu’il croyait sans doute être avec la reine, sa reine..) puis sombra dans un abîme.
************************************************
Lorsqu’il se réveilla, sa première pensée fut pour ce martèlement dans sa tête qui le faisait souffrir. Pourtant il l’oublia bien vite quand il découvrit à ses côtés une femme ! Pas n’importe quelle femme, la sienne. Qu’avait-il fait ! Etait il possible qu’il ait partagé une nuit d’amour avec son amie et qu’il n’en ait aucun souvenir. Plus il y pensait, plus il réalisait que la soirée d’hier était dans un brouillard absolu. Quelques scènes passaient devant ses yeux…le dîner avec Oscar…Oscar et lui dansant….Marie Antoinette qui les fixait d’un air désespéré…et ouis soudain……un baiser…..alors c’était possible ! C’était sans doute vrai ! Fersen avait mal au cœur. Comment avait il pu faire ça à son amie !!! Il esperait qu’il ne l’avait pas forcée…mais en la regardant il s’aperçut qu’elle avait un sourire tranquille sur les lèvres. Rapidement au vu de l’heure, il le leva, s’habilla et parti pour le palais.
************************************************
Ils n’avaient jamais fait une allusion à cette nuit là et pourtant le résultat était là. Fersen était partagé entre la joie et la peine. Joie de voir un enfant paraître, son enfant, un garçon certainement…et peine de savoir que cet enfant n’était pas celui de l’amour mais celui d’une nuit d’oubli….il n’était pas fier de sa conduite et c’est que qui il l’avait amené à un silence total sur cette fameuse nuit.
Oscar était magnifique, la grossesse lui apportait formes et couleurs. Elle semblait heureuse même si Axel lisait une certaine tristesse dans ses yeux. Et il pensait en être responsable. Il était si loin de la réalité.
La naissance était prévue à l’automne, mais il lui semblait que le petit être à l’intérieur d’Oscar se développait rapidement, son ventre s’était arrondi si vite….Après l’aveu qu’elle lui avait de cette grossesse inattendue, Fersen essayait de passer plus de temps avec elle, mais quelque chose avait changé entre eux. Où était leur amitié ? Il prenait conscience du mal qu’il avait à Oscar. Si pour lui l’épouser avait la meilleure chose à faire, il savait qu’elle avait des sentiments pour lui et il avait tenté de garder ses distances avec elle jusqu’à ce “ “faux pas ”. |