Une seconde d’éternité
Oscar ouvrit les yeux.La journée promettait d’être magnifique.Un soleil radieux passait à travers les rideaux de la chambre de la jeune femme.Pourtant on n’était encore qu’en hiver…
Elle se leva cependant sans aucun entrain.Elle avait le cœur lourd,comme tous les ans à cette période…Machinalement,elle se prépara, se lava, et s’habilla.Les mêmes gestes depuis tellement d’années déjà…Elle soupira.Après avoir pris son épée,elle descendit rapidemment les escaliers et se rendit directement aux écuries.En scellant son cheval,elle se rendit compte qu’elle avait une étrange impression…comme un pressentiment.Elle partit pour la caserne sans avoir dit un seul mot à personne.
On était le Mardi 14 février 1787.
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André nettoyait les chevaux de l’écurie des Jarjayes.Il savait quel jour on était.Son air était grave et son regard remplit d’une tristesse infinie.Combien de temps encore allait-il pouvoir cacher ses sentiments à Oscar ?Combien de temps.. ? Son cœur souffrait d’une douce blessure,celle de l’amour,mais une blessure qui grandissait avec le temps,et qui ne se refermerait sans doûte jamais…
Il poussa un long soupir.Pourquoi était-elle partie sans lui ce matin ?si vite ?On aurait dit qu’elle prenait la fuite…Mais que fuyait-elle ?Il se hâta de préparer son cheval.Elle lui manquait déjà,surtout aujourd’hui.Il ne cessait de se demander quels pouvaient être les sentiments d’Oscar à son égard…
Il monta sur son cheval et partit au galop vers Versailles.
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Oscar galopait vers Versailles,son refuge,perdue dans ses pensées.Elle pensait à cette fête,la saint Valentin… ‘la fête des amoureux’ disait-on…Cette journée l’effrayait.Elle à qui l’amour était interdit…Pour elle ce jour était comme un jour de deuil…Toutes ses souffrances et ses sacrifices refaisaient surface ce jour-là…
Elle arriva enfin à la caserne.Le cœur encore lourd,elle se redonna consistence,se redressa et prit un air assuré.
‘Prête à jouer au bon petit soldat…’se dit-elle.
Oscar était en train d’inspecter le bon fonctionnement des armes à l’armurerie.
-bonjour colonel,salua Girodelle qui venait d’entrer.Vous êtes matinal aujourd’hui !
-bonjour..répondit-elle,comme absente.
Elle se concentra sur sa tâche,inspectant une par une les baïonnettes.Girodelle préféra ne pas poser de questions indiscrètes quant à son humeur.Deux soldats firent leur entrée,echangeant des banalités.
Soldat 1 : oui et figure-toi que ma femme va même préparer un repas spécial pour ce soir.. !
Soldat 2 : ben t’en as de la chance… !
-tu devrais en profiter pour te déclarer à cette Rose !C’est le jour après tout !C’est la St Valentin !
-oui tu as raison,je crois que…
Un grand bruit l’interrompit.Girodelle se retourna vers Oscar.Elle avait d’un geste de la main balayé la rangée de mousquets.Elle tremblait…Elle n’en pouvait plus d’entendre ce genre de conversations depuis ce matin.
-Est-ce que tout va bien mon colonel ? demanda Girodelle,inquiet.
-…Oui…tout va parfaitement bien,murmura-t-elle,fièvreuse.
Elle sortit précipitemment de l’armurerie,les larmes aux yeux,sous le regard ébahi de Girodelle et des 2 soldats.
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André galopait vers Versailles,le cœur battant.Il avait pris une décision.Il fallait qu’il agisse.Dès qu’il serait arrivé à la caserne,il irait trouver Oscar et lui souhaiterait une bonne St Valentin.Il était décidé à se déclarer à elle…
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Girodelle alla retrouver Oscar dans la cour.Il venait d’apprendre une nouvelle surprenante…
-Mon colonel !
-que se passe-t-il Girodelle ?
-Nous venons d’apprendre qu’un complot contre la Reine se préparait..
-Quoi !
-Nous avons retrouvé la trace de cet anarchiste qui avait déjà attenté à la vie du roi il y a 2 ans.Et il prépare un nouveau coup pour la semaine prochaine…
-Savez-vous où il se cache ?
-oui,on nous a indiqué sa tanière…Je crois que..
-Parfais,l’interrompit-elle,Girodelle vous prenez le commandement en mon absence.Je pars avec 2 ou 3 hommes capturer cet individu.
-comment !Mais il serait plus sage de..
-Il faut avant tout être discret ! le coupa-t-elle à nouveau.Il est d’une grande intelligence et nous devons le prendre par surprise,sinon il disparaitra dans la nature une nouvelle fois.
Elle semblait déterminée.Girodelle n’osa la contredire.Il est vrai que ce bandit passait pour être un maître en explosions et était le roi des pièges en tout genre.Il était redoutable et c’est vrai qu’il fallait éviter de l’affronter à découvert.Girodelle donna les informations necessaires quant à la cachette du bandit à Oscar et la laissa.
Elle désigna rapidemment 3 soldats pour l’accompagner.Elle aurait souhaité attendre l’arrivée d’André,mais elle n’avait pas ce luxe.Le cœur serré,elle partit donc sans lui à travers la campagne environnante.
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10 minutes à peine après le départ d’Oscar,André fit son entrée dans la caserne.Essoufflé,il descendit de cheval,l’attacha aux écuries,et courut à la recherche d’Oscar.Il interpella un soldat :
-Eh !Toi !Dis-moi,sais-tu où se trouve le colonel Oscar ?
-Il vient de partir avec 3 hommes.Une mission urgente parait-il.
-Oh…fit-il,déçu…Merci.
Son cœur se serra.Lui qui s’était préparé pendant tout le trajet à ‘affronter’ Oscar,elle n’était pas là… son regard balaya la cour,et se posa sur Girodelle.André courut jusqu’à lui.
-Monsieur !
-Ah André !Bonjour.Tu viens de rater Oscar,si c’est ta question…anticipa-t-il, en souriant.
-Oui…c’est ce qu’on m’a dit,mais…où est-elle allée,je dois lui parler…
-désolé je ne peux pas te le dire,répondit-il en se retournant pour rejoindre son bureau.
André l’attrapa par l’épaule et le forca à se retourner.
-non !Je dois la voir !!absolument ! cria-t-il.
Girodelle le regarda,étonné.Il avait l’air bouleversé et ne comprenait pas pourquoi.
-Je…je suis désolé mais cette mission est confidentielle.Son succés en dépend !
-Pourquoi…que se passe-t-il ?demanda André,soudain inquiet.
-Désolé…je..
-et bien que se passe-t-il ici mes amis ?
André et Girodelle se retournèrent vers cette voix familière.
Fersen !André serra les dents.Il ne pouvait s’empêcher d’être jaloux de ce comte prétentieux…
Girodelle lui expliqua rapidemment la situation.Fersen intervint :
-Mon ami,s’adressa-t-il à Girodelle,je crois que vous pouvez faire confiance à André,non … ?
André le regarda,étonné.Il eut honte de s’être montré si antipatique envers le comte.
-Très bien,concéda Girodelle.
Il lui expliqua,ainsi qu’à Fersen,la mission d’Oscar,et où elle était partie.
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Pendant ce temps,Oscar et ses hommes étaient arrivés à l’endroit où on avair repéré l’individu.Après 2h de cheval,ils avaient atteint un vieux château qui tombait en ruine.Le plus discrètement possible,ils s’approchèrent du château.Oscar fit un signe de la main pour imposer le silence.Ils entrèrent prudemment à l’intérieur de la batisse…
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André courut aux écuries et commenca à sceller son cheval,quand Axel de Fersen pénétra à son tour dans les écuries.
-que faites-vous ?demanda André,surpris.
-et bien…je t’accompagne !Moi aussi j’ai quelque chose à dire à Oscar…répondit-il,d’un air mystèrieux.
Le sang d’André ne fit qu’un tour.Sa jalousie refit surface en une seconde !
-Non.Vous,vous restez ici…
-Je te demande bien pardon.. ?! s’exclama Fersen.
-Vous avez très bien compris ! lui cria André en lui faisant face.J’y vais seul !
-Désolé mon ami…mais je viens,répondit le comte,fermement.
André perdit patience.Il s’approcha du comte et le plaqua contre le mur.
-Et moi je vous dis que vous restez ici ! lui souffla-t-il,dans une rage contenue.
Surpris par la brusque colère d’André,Fersen ne rajouta rien.André le lacha,monta à cheval et partit sans un mot,le visage fermé et le cœur serré.
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Oscar avait finit d’inspecter les pièces principales.Rien.Aucune trace.Elle s’adressa aux soldats,en murmurant :
-Vous,montez à l’étage inspecter les combles.Moi,je descends au sous-sol.
-A vos ordres colonel.
Elle les regarda partir,et se retourna vers le sombre escalier qui menait aux caves.Elle inspira profondemment et commenca sa descente.Son pressentiment ne l’avait pas quitté depuis qu’ils étaient arrivés ici,et ne faisait qu’augmenter au fil des secondes.
-André où es-tu donc… ? murmura-t-elle,nerveuse…
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Il arrivait au grand galop près du château.Son instinct lui disait qu’il fallait faire vite…qu’il fallait retrouver Oscar au plus tôt.
-Attends-moi Oscar…pria-t-il intérieurement.
Il s’arrêta à une distance raisonnable et parcourut les quelques mètres qui le séparaient du château à pied.Alors qu’il jetait un coup d’œil à l’intérieur,il entre-aperçut une silhouette fine s’enfoncer dans le noir.
-Oscar ! s’exlama-t-il malgré lui.
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Oscar s’arrêta une demi-seconde.Elle avait cru entendre une voix l’appeler.Elle avait dû rêver.Elle hâta le pas.Ce bandit devait tres certainement se cacher au fin fond des souterrains.Il fallait faire vite si elle ne voulait pas le laisser s’échapper.
Elle se mit à courir doucement.Elle était dans le noir le plus total et se guidait en posant les mains le long des murs.Soudain,elle ralentit.Elle avait de nouveau cette drôle d’impression…comme si tout se refermait autour d’elle…Cette cave l’effrayait malgré elle.Elle n’aimait pas être seule comme ça…sans lui…sans André.Pendant une seconde,elle voulut faire demi-tour,mais se ressaisit très vite.Elle devait aller jusqu’au bout…
Soudain,elle sentit une planche craquer sous ses pieds.Elle n’eut même pas le temps de reculer qu’elle se sentit tomber.
Une longue chute.
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Une chute douloureuse aussi !Oscar se releva en se tenant le bas du dos et observa l’endoit où elle était.Curieusement,la petite salle était eclairée par une torche.La pièce carrée était vide,et sans aucune sortie.Ni porte,ni fenêtre,rien.Elle leva la tête et aperçut la trappe par où elle était tombée.Le trou était au moins à 4 mètres de haut au-dessus de sa tête.Impossible de ressortir par là…
-bon sang…c’est pas vrai….
Elle devait bien admettre qu’elle était coincée.
Son regard se posa sur un objet qui était au sol dans un recoin.Elle s’approcha… Doucement… Elle plissa les yeux et reconnut l’objet dans un mouvement d’effroi :
-une…une bombe…
La bombe artisanale,mais néanmoins sophistiquée,était amorcée et allait eclater d’une minute à l’autre…
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André n’avait pas hésité et s’était élancé à la poursuite de la forme qu’il avait vu.C’était Oscar,il en était sur ! il parcourut le même chemin que la jeune femme quelques minutes plus tôt.Il n’entendait rien.Pas même le bruit des pas d’Oscar.Il savait qu’elle était douée mais quand même dans ces couloirs qui résonnaient,il devrait entendre quelques bruits…Inconsciemment,il ralentit.Il sentait qu’il se rapprochait d’elle.Pourtant il n’y avait personne.
Son pied heurta quelque chose.Il se baissa et tâta le sol de ses mains.
Une trappe !
Oscar était surêment là…Il aurait pu le parier.Il se redressa alors et…
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Oscar regardait fixement l’engin mortel.Elle n’avait aucune chance d’arriver à le désamorcer sans le faire exploser.Ce bandit était très doué dans son genre…Elle observa le système à retardement et en déduisit qu’il ne lui restait certainement que quelques minutes, 3 ou 4 pas plus… Elle allait y rester…
-Heureusement que tu n’es pas là mon André…,murmura-t-elle,la voix tremblante.
Elle sursauta soudain lorsqu’elle entendit un grand bruit derrière elle.Un bruit accompagné d’un cri.
Elle regarda avec effroi la personne qui venait à son tour de tomber par la trappe…
-André !!!! cria-t-elle.
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Il se releva difficilement et la regarda.Enfin il l’avait retrouvée !Mais elle faisait une de ses têtes…
-Oscar !J’ai bien cru que je n’allais jamais te retrouver !
Elle restait là,les yeux agrandis,sans pouvoir prononcer un mot.
-Est-ce que ca va Oscar.. ?Tu es blessée ?
-Mais…mais pourquoi m’as-tu suivi André ?!! explosa-t-elle de colère.Pourquoi ?!!Comment as-tu pu arriver jusqu’ici ?!!
-Je..je ne pensais pas que cela allait te contrarier à ce point… répondit-il,étonné.
-Mais enfin..est-ce que tu réalises ce que tu as fais ?!!!
Elle avait le visage crispé,les poings serrés,ses yeux le fusillaient du regard.Jamais elle n’avait été aussi en colère.
-Jamais tu n’aurais du me suivre André !!!
-Mais vas-tu finir par me dire ce qu’il se passe Oscar ?!! réagit-il enfin.
Elle se calma subitemment.Elle n’arrivait plus à contrôler les émotions qui submergaient son cœur.Son regard s’embua de larmes.
-André…pleura-t-elle.
-Oh Oscar..mais que se passe-t-il… ?demanda-t-il en la prenant dans ses bras.
Du regard,elle lui montra la machine diabolique.Il comprit en une seconde.Ils allaient mourir…Il regarda le plafond.
-il n’y a aucune issue possible André… murmura-t-elle en pleurant contre son épaule.
Il la serra davantage dans ses bras.Il comprenait.Il comprenait sa colère..et son désespoir.
-tu n’aurais pas du me suivre André,répéta-t-elle.Tu…tu vas mourir à cause de moi…
Le regard d’André devint grave.La fin était proche.Mais curieusement il n’était pas si triste.
-au moins je suis avec toi…répondit-il.C’est la seule chose qui compte à mes yeux Oscar…
-Oh André…Mais pourquoi…pourquoi m’as-tu suivi ?!
André plongea son regard dans le sien.
-j’avais quelque chose de très important à te dire Oscar…
-….mais…Mais quoi.. ?!
-…Heureuse Saint Valentin…
-….
Elle ne savait plus quoi lui répondre.Elle était pétrifiée…André continua,le cœur battant :
-Je..je t’aime Oscar…
-André…
Elle fondit en larmes.C’était plus qu’elle ne pouvait en supporter.Elle se confondit en larmes et en excuses.Elle avait tellement de remords d’avoir entrainé André avec elle…
-Je..je suis tellement désolée André,pleurait-elle,tout est de ma faute.
-Ce n’est rien…
-Mais enfin..tu..tu vas mourir à cause de moi !
-Oscar…Oscar écoute-moi…Je préfère mourir avec toi maintenant que de vivre une seule journée sans toi…Je t’aime.
Il se baissa vers elle et l’embrassa passionnément.
-André…je ..je t’aime aussi…finit-elle par avouer.
Ils se serrèrent dans les bras l’un de l’autre.Etrangement,Oscar sentit la peur s’envoler.Elle se calma.Elle murmura :
-C’est la plus belle Saint Valentin que j’ai jamais passé André….
André s’ecarta légèrement d’elle et la regarda intensement.
Ils entendirent un déclic,le temps d’une seconde.Une très longue seconde,qui leur semblait durer une éternité.
Ils se sourirent,une dernière fois…
Et puis…..
FIN. |