Ah Oscar, pourquoi es-tu si distante depuis ce bal, depuis que tu as dansé avec Fersen ? Tu ne te préoccupes que du Masque Noir. Tu te noies dans le travail. J'ai été jusqu'à perdre un oeil. Mais je ne me plaindrai pas, car grâce a lui, j'ai pu être seul avec toi pour la première fois depuis longtemps.
Tu as finis par le capturer et tu es aussitôt repartie pour Versailles. Et depuis tu es très étrange. Tout d'abord, tu ne m'écoutes plus, et puis, tu t'opposes à ton père.
Je sais que seul Fersen est capable d'agir ainsi sur toi. Oh Oscar ! Il a fait de toi une Oscar que je ne connais pas : froide, machinale, presque inhumaine
Où est passée l'Oscar que je connais, parfois joyeuse parfois triste, toujours mon amie ?
Je te cherche, ta chambre est dans le noir. A tout hasard, je rentre. Tu y es. Je m'inquiète, tu me rabroues. D'habitude, tu aurais balayé mes angoisses d'un sourire et d'une remarque moqueuse. Tu m'invites à te rejoindre. Mais là encore, tout est différent.
Et tu pars dans tes souvenirs d'enfance. Depuis quand es-tu nostalgique Oscar ? Je pensais te connaître, je ne vois pas où tu veux en venir. Tu ris de nos souvenirs communs. Puis tu repars. En pensée.
"Tu as vu Fersen"
Oh Oscar ! Pourquoi à la seule évocation de son nom tu souffres tant ? Ma main trouve ton bras
"André, lâche-moi
Non"
Je ne veux pas lâcher, je veux comprendre. Tes yeux semblent surpris, effrayés.
"Tu as peur de moi ? Cris tant que tu veux ! Je me fiche d'être tué ! Je t'aime "
Je sens une résistance de ta part, mais dès que mes lèvres effleurent les tiennes, elle disparaît. Oscar, tu es dans mes bras, je t'embrasse, tu ne te débats pas. Tes cheveux coulent tels de l'or en fusion entre mes doigts. Tu semble presque heureuse, mais si passive.
"Oscar !"
Tu es tellement près de mon corps qu'il brûle. Et ton corps de femme que je sens à travers tes vêtements vibre. Tes muscles nerveux, tes larges épaules, tes seins qui ne sont plus maintenus par la bande habituelle, ton ventre ferme qui se déploie vers tes hanches fines et ton coeur qui bat la chamade, tout me rappelle encore plus mon amour et me dévore.
"Oscar, écoute moi. Depuis plus de dix ans, je n'aime que toi. Même s je ne pourrai jamais me marier avec toi et que tu ne seras jamais mienne. Je préférerai mourir plutôt que te voir dans les bras d'un autre homme. S'il te plait Oscar, dis moi que tu m'aimes. Oscar
-Arrête André"
Ma main reste agrippée à ton bras. Nous tombons. Heureusement que le lit amortit notre chut
Oh Oscar ! Ta peau si délicate, tes jambes glissent entre les miennes
"Je t'aime"
Tu te cambres, approchant encore plus mon corps du tien.
"... Fersen"
Pourquoi n'as tu que son nom à la bouche? Qu'a-t-il de plus que moi ? Je t'aime Oscar. Ma main glisse de ton bras et accroche le col ta chemise. Elle se déchire, dévoilant une épaule e le haut d'un sein d'un blanc si pur. Pur. Toi seule es pure. Je ne suis qu'un monstre.
"Et... Que comptes-tu faire, André ?"
Un monstre capable de te briser.
"Je suis désolé, je ne recommencerai jamais plus; mais je mourrai pour toi. Je vais dire à Grand-mère de t'apporter un chandelier."
Je sors de ta chambre. Mon oeil ! Je ne vois plus rien !
"André ! Que se passe-t-il ?
-Rien, j'ai juste été ébloui."
Oscar, pourquoi t'inquiètes-tu pour moi ? Je ne suis rien. Je ne le mérite pas. Est-ce que tu m'aimes, en fin de compte ? Non, je ne peux l'espérer. Et mes yeux ? Pourquoi est-ce que je n'y voyais rien ? |