Le jour où....
Oscar avait maintenant 16 ans, devenue capitaine des gardes royales et bien que rattachée au service exclusif de la Reine, elle évoluait plus que jamais dans un monde d'homme. Or une barrière lui semblait infranchissable, les jeunes hommes du régiment, bien que issus de la noblesse du Royaume, restaient inaccessibles à la jeune fille. A part avec Girodel qui connaissait sa véritable nature et qui savait tenir sa langue (plus que sa grandeur d'âme, Oscar pensa qu'il devait être profondement véxé d'avoir été battu par une fille et que son amour propre lui faisait taire la vérité), elle n'avait pas ou peu de contacts en dehors de ses heures de service avec le reste du régiment et elle le regrettait. Une fois, une seule elle les avaient accompagnés dans une de leurs virée parisiennes mais elle avait soudainement senti qu'elle n'appartenait pas à ce groupe si soudé. En analysant pourquoi elle avait ressenti cette barrière, elle avait pris conscience que tous ou presque avaient passé un cap qu'elle n'avait pas encore franchi : celui de l'amour physique ! Ses hommes partageaient les récits (fictifs, réels mais enjolivés pensait elle) de leurs conquêtes et elle, n'avait pas pu sauver la face, elle devait l'avouer elle était ignorante de la chose.
Retournant le problème dans sa tête, Oscar évalua ses possibilités. Soit elle s'adressait à une autre femme pour obtenir le récit d'une expérience charnelle (mais à qui demander ? Sa mère ? Cette timide créature ? Une des ses soeurs ? Aucun doute que les filles jarjayes bien que mariées n'iraient pas confier des détails aussi intimes même à leur jeune cadette...qui donc alors !!) soit elle passait à l'acte ! Restait à trouver avec qui....
Oscar étudia cette nouvelle option. Le premier qui s'imposa dans son esprit fut André. Après tout son père avait bien placé le jeune palfrenier auprès d'elle pour qu'elle ait un compagnon dans son apprentissage. Néanmoins, l'idée lui parut très vite comique, André en étalon et puis quoi encore...il était surement aussi vierge qu'elle l'était, plus enclin à aimer la compagnie de ses chevaux que des filles.
Elle voulait quelqu'un d'expérimenté, mais aussi quelqu'un qui n'irait pas crier sur tous les toits qu'il l'avait possédée . Girodel apparut alors comme le bon choix à faire. De plus il n'était pas déplaisant, il était même parmi les plus attirants, avait beaucoup de succès auprès des demoiselles de la cour, un ordre, un seul et il s'exécuterait. Du moins le croyait elle. Enfin elle saurait de quoi il en retourne, à elle aussi les discussions entre hommes, il lui suffirait ensuite de flirter un peu en public lors des bals avec ces demoiselles, puis de broder des prétendues conquêtes.
Oscar souffla la bougie, convaincue qu'elle avait la solution à son problème, se débarasser de cette encombrante virginité lorsqu'on est un homme....
Le matin suivant en prenant son service, son idée lui parut moins formidable. Certes Girodel n'était pas repoussant, mais une peur soudaine l'étreignit. Elle passa la journée dans un brouillard total, imperméables aux moqueries d'André.
"Oscar ma fille tu ne vas pas renoncer et avoir peur comme une jeune vierge effarouchée" se dit elle.
Mais c'était bien ce qu'elle était, elle le réalisait. Toujours aussi décidée à accomplir son idée, elle décida cependant que Girodel était un choix imprudent, et s'il venait à la poursuivre de ses assiduités ensuite ? Peut être pourrait elle le sédure et le conduire à sa couche lors d'un bal déguisé ? La Reine en donnait si souvent. Elle en robe et le visage partiellement recouvert d'un loup, il n'y verrait que du feu...
C'est alors qu'une autre idée la frappa : si c'était elle qui succombait aux charmes du comte et finissait par nourrir un sentiment amoureux à son égard ? Devant cette horrible perspective, Oscar décida que le mieux était de laisser Girodel en dehors de tout ça. Elle voulait faire son éducation sexuelle, et bien elle la ferait mais avec un "vieux" cette fois, n'importe quel noble ferait l'affaire, ainsi aucun risque qu'elle ne tombe sous le charme de celui qu'elle choisirait.
Elle avait décidé de se débarasser d'un fardeau, rien ne la ferait changer d'avis.
FIN |