Oscar face à elle-même
Il pleut dehors, il n'a pas cessé de pleuvoir depuis cette scène. J'ai failli perdre la vie par l'épée de mon père. Je revois sans cesse André défiant mon père. Il lui disait combien j'étais précieuse, combien il m'aimait, qu'il m'aime et qu'il m'aimera.
Toujours…
Il pleut toujours, un peu plus je crois. Peut-être que si…Peut-être que si j'osais oui il ne me reste plus qu'une solution me mettre face à moi même. Une seule solution Oscar face à elle-même.
"Alors Ocsar, tu es colère contre ton père, contre André mais peut-être aussi un peu plus contre toi-même ?"
Oui je suis en colère contre mon père pourquoi ne comprend-il pas ? Suis je condamnée à être éternellement son jouet ? Sa créature expérimentale ? Jamais il ne m'a regardée comme une femme à part entière, j'étais toujours quelqu'un, quelque chose, jamais juste moi, Oscar. Il m'a pris une partie de ma jeunesse, une partie de ma vie. Maintenant c'est décidé tout cela va s'arrêter. Je ne peux en supporter davantage. Il faut que je pense à ceux que j'aime avant de penser aux seuls sentiments de mon père. Il faut que je pense à moi, à grand-mère, à mère, mais aussi et surtout à André.
André…
Chaque fois que je prononce son prénom un doux sentiment m'envahit mais je ne peux l'aimer. Notre histoire d'amour est impossible pourtant j'aimerai tant qu'elle le soit. Toi, André, simplement André et moi, Oscar, simplement Oscar. Pourquoi es tu né roturier et moi noble ? C'est trop injuste.
André je t'aime…
André je t'aime plus que ma vie, je t'aime et l'océan de nos différences ni changera rien. Un océan n'est pas infranchissable. Je t'aime et même si je suis d'un rang social supérieur au tien, je tournerai le dos à tout cela juste pour t'entendre me dire "je t'aime". Je veux être une femme, devenir ta femme. Tu as toujours été le seul à me considérer comme telle, pour les autres, je suis un homme, froid, distant, de glace. Le petit chien fidèle de Marie-Antoinette.
Pourtant…
Quelle drôle d'histoire que la mienne ! Celle d'une petite fille qui naquit un 25 décembre en l'An de Grâce 1755. Elle est la sixième née de la lignée des filles de Jarjayes. Elle est la fille d'un général. Le général de Jarjayes qui dès sa naissance fit d'elle son fils factice. Voilà elle ou plutôt il est né Oscar François de Jarjayes. Petite fille condamnée à jouer une éternelle comédie, celle d'être un homme.
Le premier acte…
L'arrivée d'André, il avait six ans, elle en avait cinq. Il venait de perdre ses parents, elle, les siens, ils étaient vivants mais si loin, loin, à Versailles. Lorsqu'ils étaient enfants rien ne pouvait les atteindre, ils étaient toujours plus forts que le vilain ogre, plus forts que la vilaine sorcière, jamais vaincus, toujours vainqueurs. C'était l'époque bénie de l'enfance, de l'insouciance.
Que cette époque est loin maintenant, cette petite fille, ce petit garçon, ont grandis que sont-ils devenus ?
Le second acte…
Quatorze ans que le temps passe vite ! Elle avait quatorze ans des rêves plein la tête ! Mais aucun rêve ne peut se réaliser lorsque son destin est de vivre dans la passion et la gloire, on ne choisi pas son destin, on l'accomplit. Il y eu le roi, le duel, l'affrontement, le roi, André, l'uniforme, le roi, la dauphine, l'enlèvement, le roi, la du Barry, la dauphine, le roi, etc …La période de la Garde Royale ne fut qu'une longue comédie, où elle servit Marie-Antoinette, subit l'ambiance de Versailles et son cocktail d'hypocrisies. Il y eu aussi Fersen.
Le troisième acte…
Rosalie, cette chère Rosalie, tendre, douce, sensible, belle petite Rosalie. Fille d'un monstre de cruauté mais tellement différente. Jamais, il ne faut dévoiler des secrets fais pour être tus à jamais. C'est la que la réalité attrapera Oscar, comment est il possible que Rosalie, ange de bonté, soit la fille secrète de Madame de Polignac, ange de cruauté. C'est à partir de ce moment qu'une partie de sa vie bascula. Il y eu aussi Fersen.
Le quatrième acte…
_"André mais que t'arrive-t-il, enfin tu devient fou."
Il la bascula sur le lit et l'embrassa de force. Il déchira sa chemise de soie. Il comprit la portée de son geste au son de sa voie brisée.
_"André, que vas tu faire de moi. Je t'en prie laisse moi."
L'aveu qu'il lui fit n'en fut pas moins poignant.
_"Rouge ou banche une rose reste une rose. Oscar, pardonne moi mais il y a si longtemps que je t'aime sans jamais le moindre espoir, la moindre lueur dans ma nuit qui puisse me rapprocher de toi, de toi que j'aime et que je n'ai jamais cesser d'aimer. Oscar je t'aime, je t'aime."
André partit.
Le cinquième acte…
Les Gardes Françaises, univers froid, miteux, désespérant, lugubre, immonde, pauvre, dur, horrible. Mais André est là, près de celle qu'il aime, celle qui l'a chassé.
Oscar…
Cette enfant c'est toi, cette petite fille innocente que tu n'as jamais écoutée. Tu vois malgré tous les coups, toutes les blessures que la vie lui a infligés n'ont pas réussis l'arrêter. IL n'est pas trop tard tu peux encore changer de vie si tu le désires vraiment mais le souhaite tu seulement. En épousant André en acceptant de ne faire plus qu'un avec lui tous sera finit. Le roi te bannira définitivement de la cour et ton père te reniera. Seulement avant tu dois encore libérer tes hommes qui sont enfermés à la prison de l'Abbaye.
Une dernière fois…
Pour la dernière fois de ta vie bas toi comme un homme puis redeviens une femme. Une femme ayant le droit d'aimer librement, une femme dont les yeux scintillent comme les étoiles aux firmaments.
Le dénouement…
Il pleut dehors, toujours les cieux pleurent mais de quoi ? Moi je suis heureuse, heureuse d'aimer, heureuse d'aimer le plus merveilleux des hommes. Il pleut dehors mais les cieux pleurent de joie car enfin ils n'auront plus à veiller sur moi maintenant André sera toujours là. Il pleut dehors, les cieux chantent une douce litanie qui me bercera jusqu'à l'aube du premier matin.
Le lendemain le soleil découvrit un jeune couple enlacé, loin, très loin de toutes les bassesses de notre monde.
FIN
Décembre 2001-Janvier2002 |