Le stopalcool - 1ère partie
Dans 'Tintin et les Picaros', le professeur Tournesol avait inventé un produit donnant un goût infect à l'alcool, que nous baptiserons 'stopalcool'. Seulement, il s'apercevra après quelque temps que ce produit a un effet secondaire ineffaçable sans antidote : il rend dépressif !
Notre aventure commence donc à Moulinsart, par un beau matin d'été, lors du petit déjeûner.
TINTIN : Bonjour, capitaine, vous allez mieux ce matin ?
HADDOCK : Non, je ne vais pas mieux. Pourquoi irais-je mieux, hein ? Je vous le demande ! Au contraire, vous n'avez qu'à entendre les informations : le monde entier va de travers ! Et j'en ai marre moi, de vivre dans un monde pareil !
TINTIN : Voyons, Capitaine !
HADDOCK : Vous, taisez-vous, freluquet ! De mon temps, les jeunes gens n'interrompaient par leurs aînés. Où donc avez-vous appris la politesse ? Le respect des anciens, ça n'existe plus pour vous sans doute et...
TINTIN : Mais si Capitaine, mais...
HADDOCK : Et vous Nestor, qu'est-ce qui vous a pris d'enlever la plateau du petit déjeûner ? Le café est imbuvable !
NESTOR : Bien, monsieur... Oui, monsieur...
Tintin s'en va et tombe sur Tournesol.
TOURNESOL : Il a l'air très enjoué ce matin. Ah, le cher homme, toujours de bonne humeur depuis que je lui ai fait passer le goût de l'alcool !
TOURNESOL : De plus, j'essaie de lui trouver un stopalcool encore plus fort ! Actuellement, c'est tous les dix jours à peu près que je lui fais avaler une de mes pilules (sous une forme ou une autre).
TINTIN : Il ne faut plus
TOURNESOL : Plus ? ... Mais ça suffit largement comme ça. Il y a une marge de sécurité suffisante.
TINTIN : Au contraire professeur, il ne faut plus lui donner ces pilules, il faut cesser.
TOURNESOL : Le fesser ? Mais voyons Tintin, je ne vous reconnais plus ! Fi donc, fesser le capitaine !
TINTIN : Non professeur, je vous dis qu'il faut ARRETER VOS EXPERIENCES SUR LE CAPITAINE !
TOURNESOL : Mais pourquoi donc cher ami ?
TINTIN : Parce que votre stopalcool le rend dépressif !
TOURNESOL : Un antitussif, mon stopalcool ? Mais non, voyons, c'est impossible !
Tintin abandonne et, d'un air dépité, s'en va rejoindre le capitaine.
Tournesol, de son côté, part vers son laboratoire en se disant : Pauvre Tintin, il m'inquiète...
Tintin et le capitaine écoutent la radio.
LE JOURNALISTE : Et voici les informations... Le pétrolier qui s'est échoué et qui s'est brisé continue à déverser sa cargaison de pétrole brut. Des milliers de poissons...
HADDOCK : Je le dis et je le répète, tout va mal !
LE JOURNALISTE : Les grèves en France. Une journée d'action...
HADDOCK : Ils appellent la grève une action ! L'action de se croiser les bras ! De mon temps, les gens ne se mettaient pas en grève !
LE JOURNALISTE : Coup d'Etat au San Theodoros ! Le général Tapioca, qui avait pris le maquis, a réussi à reprendre le pouvoir à son éternel rival, le général Alcazar. Celui-ci est parvenu à s'enfuir à l'étranger. Il a été condamné à la peine de mort et est activement recherché par les services secrets du général Tapioca.
TINTIN : Pauvre général Alcazar ! Il n'aura pas profité longtemps de sa révolution...
HADDOCK : Vous voyez... Qu'est-ce que je vous avais dit ? Un bienfait ne reste jamais impuni ! C'est votre faute !
TINTIN : C'est affreux ! C'est vrai que c'est ma faute !
NESTOR : Notre vie a ses hauts et ses bas ! Monsieur veut-il encore un peu de lait ou de café ?
Tintin paraît très bouleversé...
TINTIN : Qu'est-ce que j'ai fait... Qu'est-ce que j'ai fait... C'est vrai, je suis responsable... Eux n'hésiteront pas s'ils le retrouvent...
La nuit suivant, Tintin fait un cauchemar. Le fantôme d'Alcazar vient se lamenter auprès auprès de lui : "Oui, je suis mort. C'est la faute à Tintin".
Le lendemain matin, nouveau bulletin d'informations :
LE JOURNALISTE : Quelques précisions au sujet du coup d'état du San Theodoros. Il semblerait que le général Alcazar ait été abandonné par son armée qui a été ébranlée par une mystérieuse maladie qui rend dépressif...
TINTIN : Tiens, tiens...
LE JOURNALISTE : Et une dépêche vient de tomber à l'instant : le général Alcazar aurait été aperçu à Wadesdah au Khemed...
HADDOCK : Tonnerre de Brest !
TINTIN : Il faut que je le retrouve avant les hommes de Tapioca !
HADDOCK : Mille sabords ! C'est de la folie pure et simple ! Si vous tombez sur eux, vous serez arrêté, et...
TINTIN : C'est grâce à moi que Tapioca n'a pas été fusillé et il le sait fort bien....
TINTIN : Je pars pour Wadesdah ! Au revoir, capitaine !
HADDOCK : Allez-y si ça vous chante ! Les voyages, c'est fini pour moi !
Tintin quitte le château d'un pas résolu. Le capitaine reste là, atterré. Tintin embarque dans le premier avion qui part pour Wadesdah. Mais après quelques heures de vol, l'appareil est détourné par des terroristes.
Tintin se lève et s'approche du chef des pirates de l'air.
TINTIN : Ecoutez, la vie d'un homme est en jeu...
LE PIRATE : Retournez à votre place et ne bougez plus !
TINTIN : Je vous en supplie, écoutez !
LE PIRATE (aux passagers) : Nous exigeons la libération de tous nos amis emprisonnés.
TINTIN : Laissez-moi au moins envoyer un message radio à l'émir du Khemed.
LE PIRATE : Retournez à votre place. La prochaine fois, je tire. |