Allongée sur son lit, les yeux grands ouverts, le colonel tourmentée ne peut s’empêcher de penser à la colère du peuple qui ne cesse de grandir.
- Ce n’est plus qu’une question de temps avant que les choses ne dégénèrent, se dit-elle. Puis elle ferma les yeux.
« - Allons papa raconte-moi une histoire !
- Oscar mon cœur, répondit une voix douce mais ferme, il va falloir que tu utilises le vocabulaire qu’exige ton rang. Tu ne pourras pas dire ‘papa’ en public alors habitue-toi à m’appeler ‘père’.
- Oui papa… euh père ! S’il te plaît raconte-moi l’histoire de Jeanne d’Arc !
- Encore ?!
- S’il te plaît, supplia l’enfant.
- D’accord mon amour mais après cela tu t’endors sans problèmes. Promis ?
- Promis !!! »
- C’est drôle, pensa le colonel, cela fait très longtemps que je n’ai pas songé à ses temps là. Je devais avoir 4 ans, André n’était pas encore arrivé au château et père passait tout son temps libre avec moi. Il se consacrait entièrement à moi, comme si rien d’autre n’existait…
« - Est-ce qu’elle a eu peur Jeanne lorsqu’elle fut mise au bûcher ? Elle devait être très courageuse n’est-ce pas père ?
- Tu sais trésor, le courage ce n’est que la peur qui a fait ses prières. Maintenant fait les tiennes et endors-toi.
- Bien père.
- Bonne nuit Oscar, dit l’homme avant de quitter la chambre.
- Bonne nuit papa. »
Oscar se redressa. Elle sortit de son lit, et là, pour la première fois depuis très longtemps, elle s’agenouilla et se mit à prier.
- Seigneur, donnez-moi la force d’accomplir mon devoir. Cette vie que vous m’avez donnée n’a jamais vraiment été la mienne mais aidez-moi à m’en servir pour la liberté de mon peuple.
Sa prière terminée, Oscar grimpa dans son lit. Un sentiment de paix l’envahit. Elle ferma les yeux et s’endormit en se laissant bercer par les souvenirs de son enfance. |