Attention, WARNING !!!!!!!! Fic YURI !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Chapitre I L'étrange idée de Sofia
Le Comte de Fersen poussa un long soupir, tandis qu'il se tenait penché à la fenêtre. Sa soeur cadette, la Comtesse Piper, n'avait pas prononcé un mot depuis son arrivée, surprise de le voir ainsi. Il lui avait demandée de venir au plus vite, mais il ne disait rien et ne la regardait même pas. Enfin, la patience de Sofia connut ses limites. Elle s'approcha de son frère et se pencha à son tour pour savoir ce qu'il contemplait ainsi. En contre-bas, dans les jardins, elle vit sa jeune belle-soeur, Rosetta. C'était elle qu'il ne quittait pas des yeux. C'était son épouse que le Comte surveillait ainsi, poussant de temps à autre un long soupir. Elle était fort jolie. La jeune femme portait une robe blanche parsemée de roses délicates assortie à son chapeau. Elle faisait une courte promenade, après quoi elle rentrerait bien vite dans son boudoir pour protéger sa peau laiteuse du premier soleil de l'été suédois.
- Sofia... Mon épouse est jolie, n'est-ce pas ?
C'était les premiers mots que le Comte prononçait.
- Oui, elle l'est. Mais qu'avez-vous, Hans ? Je sais que quelque chose vous préoccupe. je vous en supplie, dites-le moi !
Le Comte quitta la fenêtre et alla prendre place dans un fauteuil. Sa soeur s'écarta pour le laisser passer.
Il y eut un nouveau silence. Enfin, le Comte prit la parole.
- Sofia... Vous connaissez le premier médecin et premier chirurgien de notre Reine...
- Naturellement. Il a d'ailleurs toute votre confiance.
- Eh bien il a également celle de Rosetta.
- Il a mis au monde vos deux enfants.
Le Comte secoua la tête.
- Vraiment, Sofia, je suis fort étonné de voir que vous ne me comprenez pas. En temps ordinaire, vous précédez la moindre de mes paroles. Il s'agit, de plus, de quelque chose dont vous êtes accoutumée... Vous êtes un modèle d'épouse infidèle !
Sofia pâlit. Son visage exprimait la plus grande surprise.
- Allons, ne soyez pas surprise ! Tout le monde...
- Je ne rougis pas de moi, mon cher frère ! Je ne me cache jamais de mener la vie que je veux. Mon époux le sait et doit s'en accomoder. Mais je rougis que vous puissiez penser Rosetta ainsi.
- Cela n'est pas, bien sûr. Mais cela pourrait être...
- Comment ? Rosetta ambitionnerait de se faire libertine ? Je n'en crois rien ! L'auriez-vous changée ?
- Non, ce n'est encore rien. Je l'ai vu échanger de petits baisers avec ce docteur. De petits baisers encore chastes. Rosetta l'a laissé embrasser son visage, puis son cou, ses lèvres aussi, mais très doucement. De ma cachette, je les ai vus de près. Puis ils se sont séparés.
- Et vous demandez conseil à la libertine éhontée que je suis ? Décidemment, mon cher frère, vous ne craignez pas mon influence sur votre épouse !
- En effet, je vous demande conseil. Vous savez que j'ai l'intention de me rendre en France. Je ne comptais pas emmener Rosetta avec moi, mais je crois bon de l'éloigner de ce docteur. Mais cela ne suffira pas. Comment s'assurer de sa fidélité ?
Sofia sourit.
- Vous êtes donc bien jaloux ?
- Je vous demande pardon ?
- L'idée que votre épouse aime un autre que vous vous insupporte.
- Je considère seulement le risque qu'elle a d'introduire des bâtards dans notre famille.
- Oh, vraiment, est-ce tout ?
Le Comte ne répondit pas. Il ne voulait pas admettre qu'il aimait son épouse. Sofia, elle, l'avait bien deviné.
- Je crois que le meilleur conseil que je puisse vous donner est d'y mettre du vôtre.
Elle se pencha et prit la main de son frère entre les siennes.
- La visitez-vous souvent ? Êtes-vous bien caressant ?
- J'ai avec elle suffisamment de contacts intimes pour lui faire des enfants.
- Alors c'est très simple : Rosetta manque de caresses. C'est pourquoi elle risque de succomber à son penchant pour cet homme... Je parie que vos étreintes sont rapides. Vous la prenez dans l'espoir de l'engrosser, puis vous retournez à vos appartements, n'est-ce pas ?
- C'est exact..., dit-il d'une voix chargée d'embarras. Vous savez que je suis lié par serment d'amour envers la Reine de France. Lorsque je lui ai annoncée mon mariage, elle m'a fait jurer que je ne toucherai mon épouse que pour les besoins d'assurer la descendance de notre nom.
- Alors ne soyez pas étonnée. Rosetta est une petite rose candide et dévouée, mais c'est aussi une femme. Elle vous aime de tout son coeur, ne voyez-vous pas qu'elle est malheureuse de votre désintérêt pour
elle ? Elle vous aime, vous la délaissez. Elle a besoin d'être câjolée, Hans. Elle a besoin d'être aimée, et si elle ne l'est pas elle cherchera au moins des bras protecteurs où se réfugier.
Au fur et à mesure que sa soeur parlait, le Comte sentait une vive agitation monter en lui. Il s'était levé et faisait les cent pas dans le salon où ils se trouvaient. Il ne pouvait nier que Sofia eut raison, mais...
- Mais j'ai donné ma parole à la Reine de France ! Je suis au tourment, Sofia.
La Comtesse Piper secoua la tête. Elle ne le comprenait pas. Certes, il y avait la Reine, mais délaisser une épouse si jolie, si aimante, si dévouée et si docile ! Pourtant, Hans la traitait tout a fait bien. Il était le plus galant des hommes, il la respectait, il reconnaissait avoir une merveilleuse épouse qui était aussi la meilleure des mères, mais à la vérité il la traitait davantage en soeur. Si elle, Sofia, avait été à la place de son frère... Mais... Tout à coup, les yeux de la jeune femme s'embrasèrent.
- Je crois savoir quel est le remède, mon cher frère !
- Dieu, quel regard exalté ! Eh bien, parlez !
- Faites-lui donner le goût des femmes.
La surprise fit perdre au Comte l'usage de la parole pendant quelques instants. Pourtant, il aurait pu y songer. Il avait vu de quelle manière sa soeur regardait parfois Rosetta. Avec désir. Oui, avec désir. Sofia aimait indifférement hommes et femmes, pourvu que la personne qu'elle trouvait sur son chemin lui plaisa suffisamment. Avant de rejoindre son frère, elle avait quitté les bras de l'un de ses amants, le Baron de Taube. Et maintenant elle n'avait plus que Rosetta, sa jeune belle-soeur, à l'esprit. Oui, il aurait dû y songer.
- Vous...
- Allons, mon cher frère, reconnaissez que c'est une bonne idée ! Et même une idée excellente ! Rosetta sera câjolée et caressée tant et plus, elle sera satisfaite sans risquer d'introduire des bâtards dans notre
famille, comme vous le craignez.
Il prit quelques minutes pour réfléchir. Finalement cette idée saugrenue ne lui déplaisait pas. Il savait ces dames inventives, son épouse ne connaîtrait plus l'ennui. Si l'idée de Sofia fonctionnait, Rosetta se mettrait à aimer les femmes, elle ne chercherait que leur compagnie et ne permettrait plus au docteur de la toucher. Quant à lui... Elle ne pourrait le repousser lors de ses rares visites car son rôle d'épouse lui faisait devoir d'obéir à son époux en toute chose. Il serait le seul homme à poser ses mains sur elle, quand bien même cela n'était guère fréquent.
L'idée de Sofia était remarquable !
- Comptez-vous instruire Rosetta ?
Sofia sourit. Naturellement, elle l'aurait voulue, mais elle voyait là le moyen de satisfaire une obligation qu'elle avait à Paris. Elle avait emprunté une forte somme d'argent à l'une de ses amies pour convrir ses dettes de jeu lors de son précédent séjour en France. Elle n'avait pas voulu demander la somme à son époux car il s'agissait de jeu illégal. Elle connaissait les goûts de son amie pour les avoir partagés deux ou trois nuits. Elle lui amménerait Rosetta.
- Vous comptez vous rendre à Paris, cela tombe à merveille. L'une de mes amies, Marguerite-Henriette d'Aumont de Villequier, Duchesse de Villeroy, est très réputée pour initier les jeunes filles qu'elle trouve à son goût. Elle loge rue de l'Université. Elle donne souvent des dîners de femmes en son hôtel lorsque son époux est absent.
Le Comte sourit.
- Réputée ? Réputée, dites-vous ! Parmi quelle sorte de personnes ? Ces dames qui se réunissent en sociétés secrètes pour y faire de curieuses bacchanales ?, ajouta-t-il en éclata de rire. Eh bien, soit ! Mais promettez-moi une chose, Sofia. Pas de dîner de femmes. Une leçon particulière pour Rosetta.
Sofia acquiesa.
- Y serez-vous ?, ajouta-t-il.
Elle sourit.
- Je pense que la petite sera plus tranquille si je suis là... |