Une entrevue à Trianon
Printemps 1787.
Axel de Fersen rendit visite à la reine comme à son habitude à Trianon.
Assis sur un canapé confortable de couleur rouge, il regardait Marie-Antoinette et sa fille jouer ensemble. La reine avait un livre sur les genoux.
-« Allons Marie-Thérèse je voudrais que vous jouiez avec votre frère maintenant. Il s’est réveillé. »
La petite fille ne quitta pas les genoux de sa mère.
-« Encore une histoire maman. »
Un petit garçon aux mêmes cheveux blonds-roux que sa mère et aux yeux bleus surgit dans la pièce où se tenaient sa sœur et les 2 adultes.
-« Maman. »
-« Oh Louis Charles. Avez vous bien dormi ? »
Il s’approcha de sa mère et entreprit de lui grimper sur les genoux.
-« Vous voyez Monsieur, mes enfants ne peuvent pas se passer de moi une minute ! »
-« Mais c’est tout naturel votre Majesté » dit Axel de Fersen attendri. Il porta la tasse de thé à ses lèvres.
-« Maman dit-il gaiement en s’accrochant à son cou. »
« Louis Charles vous m’étouffez faites attention. » Le petit garçon venait d’apercevoir Axel de Fersen. Il descendit des genoux de sa mère et s’approcha du jeune homme.
-« T’es mon papa ? » Fersen posa tranquillement la tasse de thé sur la soucoupe. Il pencha le torse vers le petit garçon.
-« Non votre majesté je ne suis pas votre père mais je le connais très bien. Je suis ami de votre mère. » dit-il d’une voix douce.
-« Tu joue avec moi ? »
-« Volontiers votre majesté. »
-« Je crois que cela suffit Louis Charles, vous importunez Monsieur de Fersen. Marie-Thérèse et vous aller jouer dans le jardin avec votre gouvernante. » Elle les prit par la main et les confia à la gouvernante. Celle-ci les habilla de vêtements légers et sortirent dans le jardin.
-« Ah mes enfants ils sont si turbulents et je les aime. »
Axel de Fersen ne dit rien il resta silencieux et songeur.
-« Votre majesté, je suis venu pour vous mettre en garde. Je sais que vous êtes très liée avec la comtesse de Polignac mais vous devriez ne plus la voir, c’est une nécessité Majesté elle se sert de vous. »
Marie-Antoinette fut silencieuse, elle ne répondit pas immédiatement.
-« Je ne sais Monsieur, elle est mon amie de cœur sans elle je me sens très seule sauf quand vous venez me voir, sinon je n’ai personne à qui parler et sa Majesté est si occupée. »
Axel de Fersen reprit la parole.
-« Majesté, il est aussi important que vous reveniez à Versailles, vous vous devez d’écouter les doléances de vos sujets même si cette tâche vous semble pesante. »
-« Vous me faites penser au lieutenant Oscar François de Jarjayes quand vous me parlez ainsi Fersen. Je pensais revenir à Versailles mais ici je suis bien, alors que là-bas tout est si superficiel, ici j’existe vous comprenez ? »
-« Oui votre Majesté, mais sachez que je ne suis pas venu vous importuner avec mes recommandations, les paroles du lieutenant Oscar François de Jarjayes sont sages et vont dans le sens de mon jugement. Majesté, ceux qui vous font des doléances sont vos sujets. Ecoutez leurs demandes, revenez à Versailles Majesté. »
-« Très bien dit la reine résignée, d’ici quelques jours je préviendrais le roi de mon retour ».
-« Je vous remercie votre Majesté. »
MAMMMAAAANNNNNN
-« Je crois que je vais devoir vous quitter Fersen, voyez vous je suis très sollicitée par mon fils. »
-« Je comprend votre Majesté, je vais me retirer à présent. »
-« Au revoir Monsieur. »
Marie-Antoinette se dirigea vers le jardin tandis que Fersen enfourcha son cheval et partit dans la direction opposée.
Il repensa à cette entrevue. Marie-Antoinette souriante, radieuse avec ses enfants auprès d’elle, elle était encore plus belle avec eux, ils semblaient lui apporter une certaine sérénité.
Connaîtrait-il lui aussi un jour la joie de pouvoir jouer avec ses propres enfants ? Ou de laisser ses enfants jouer avec lui ? Il lui arrivait d’y penser fréquemment ces temps ci.
Ecrit le 15 mai 2004.
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