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Avoir une fille


Note de l'auteur : La scène se passe dans le petit salon d'un hôtel particulier parisien. Lady Rose de Little s'entretient avec celui qui fut jadis son amant : le général François-Augustin de Jarjayes.


Lady Rose regarda l'homme qu'elle chérissait par dessus tout éclater. Non il n'avait rien perdu de son charme, la même violence, la même passion brûlent au fond de son regard.

_"Je ne la comprends pas ! Je lui ai choisi le meilleur parti possible ! Cet homme est fait pour elle !"

Il s'arrêta sachant ce qu'elle allait répondre. Il ne le savais que trop bien…Derrière ses yeux bleus dansait une petite flamme…Oscar avait hérité de cette expression…Mais elle n'était pas…elle n'était pas…pourquoi elle n'avait pu être…

_"Cher ami…Vous ne pouvez pas saisir l'eau, vous ne pourrez donc pas la posséder Elle. On ne peux enfermer un oiseau épris de liberté dans une cage…ou alors vous le ferez périr…Vous la risquez de la tuer.
_Rose…Vous savez qu'il faut que je la protège de la souillure du monde.
_Mais François, Oscar connais déjà ce dont vous voulez la protéger. Vous êtes toujours le même François, toujours…Un peu naïf…Vous êtes toujours ce jeune homme aimant les livres, la musique, aimant la vie. Le même, le même…"

Rose étouffa un sanglot. Non la blessure était toujours là. La même…Plaie béante que la vie n'avait su soigner.

Bien sûr elle avait eu un mariage qui avait été presque heureux. Son époux avait bien compris qu'elle ne serait jamais à lui. Elle avait eu des enfants. Mais cela faisait longtemps qu'ils étaient tous partis.
Ombres dansantes du passé couvertes de sang et des larmes séchées…

François regarda cette femme. Toujours belle, non le temps n'avait pas d'emprise sur elle, beauté froide venue de sa lointaine Russie. Oui il l'avait aimée, oui il l'aimait encore…

Leurs regards se croisèrent. Il s'approcha d'elle prenant ses petites mains dans les siennes. Des mains de violoniste, fines mais forte à la fois. Ses mains qui l'avaient giflé, griffé…

Ils se regardèrent à nouveau…Rien n'avait changé au fond. Il était toujours le jeune lieutenant et elle toujours la jolie poupée russe venue en France pour fuir les rigueurs climatiques de son pays natal.

Il avait suffit d'un regard pour que leurs cœurs s'enflamment. Mais un amour sincère peut il seulement exister à la cour ? Amour sincère ne rime t'il pas avec malheur ?

Ils se rappelèrent ses nuits passées à s'aimer. Nuits à trembler de peur d'être découvert. Amour interdit, caché, destructeur.
Ils avaient été découvert et Rose mariée sur le champ à un lord anglais de passage en France. François sous la pression de son entourage avait épousé une jeune femme. Belle certes mais n'ayant pas l'appoint de Rose. La violence avait fait place à la docilité. La violence de Rose contre la docilité de Louise.

Le mariage de Rose n'avait pas été heureux bien qu'il ne fur pas si malheureux que pour d'autres. Il avait été empreint d'un malaise, long suicide de Rose à travers ses nuits blanches. A travers un rideau de larmes contempler la vie, la voir passer et ne jamais la saisir. Se dérober, se voiler, s'enfermer, ne jamais lutter, abdiquer face au temps…Elle était devenu Lady in Tears…

Le mariage de François avait été empli d'ennui. Seul la naissance d'Oscar avait apporté de la lumière dans son existence couleur d'ébène. Noire vie de douleur, vie sans saveur…Le Général aux yeux emplis de larmes…

Et un jour elle était apparue devant lui…Le même visage blanc, la même tristesse au fond des yeux. Elle n'avait pas changé. Lady Rose était de retour. Le général reprenait après toutes ces années le même air enfantin devant cette simple évidence. Rose était revenue.

Ils se voyaient souvent. Le plus possible pour combler le fossé créer par toutes ces années de deuil de l'un de l'autre. Ils n'étaient plus amants par respect pour Louise. Ils se voyaient et ce simple fait les rendaient heureux.

Leurs regards se séparèrent. Lady Rose serra doucement la main de l'homme qu'elle aimait et lui murmura doucement à l'oreille :

_" Avoir une fille c'est faire une femme, une petite virtuose avant ses gammes. Avoir une fille un cœur de sable. Cadeau de Dieu. Cadeau du diable. Avoir une fille, c'est faire un crime où le coupable est la victime. Avoir une fille"

Elle lui sourit.

Dix huit heures sonnèrent à la pendule. Il était temps pour François de regagner sa demeure.

Il se le va sans un mot, pris son manteau posé négligemment sur le dossier d'une chaise et se dirigea vers la porte.

_"Rose, merci…Pour tout…"

Il sorti…Il avait rendez vous avec un ange…Son ange.

Fin

Février 2004
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