NdA : à chaque centaine, arrive une nouvelle fic. mais cette fois-ci, j'arrête. ce sera la dernière de ce type.
j'ai voulu écrire qqchose de sombre mais sans l'être trop.
J'ai longtemps hésité sur la fin. ce qui explique que j'ai mis autant de tps à la publier... (Et je ne sais pas si j'ai raison.)
vous reconnaîtrez facilement la scène d'ouverture. le reste, je ne pense pas...
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Clair obscur
-« Lâche-moi sinon je crie !
-Je t’aime ! Je t’aime ! Je t’aime !
-Ah… Non André laisse-moi.
-Je t’aime. Oscar, je… »
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J’ai cessé de me débattre. Sa main venait d’arracher un pan de ma chemise et j’ai cessé la lutte. Jamais personne ne m’avait autant atteinte dans mon corps et dans mon âme que lui à cette seconde. Mes larmes se sont mises à couler.
J’ai fermé les yeux, résignée. J’ai attendu qu’il achève ce qu’il avait commencé. J’ai attendu mais rien ne s’est passé. J’ai donc fini par les rouvrir. Mes larmes coulaient toujours.
« -Et maintenant… que comptes-tu faire André ? »
J’ai à peine soufflé cette phrase. Je n’étais pas certaine qu’il m’ait entendu mais je n’en avais rien à faire qu’il m’ait ou non entendu. Plus rien n’avait d’importance.
J’ai refermé les yeux. Mes larmes coulaient toujours.
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André s’était figé le visage livide. Il ne comprenait plus ce qui se passait ou plutôt il ne voulait pas comprendre. Mais c’étaient bien ses doigts qui enserraient le morceau d’étoffe arrachée de la chemise d’Oscar. C’était bien ses mains qui avaient meurtri le corps d’Oscar. C’était bien ses lèvres qui s’étaient brusquement pressées sur les lèvres d’Oscar. C’était bien lui qui venait de la violenter. C’était lui…
Les larmes commencèrent à lui piquer les yeux.
« -Et maintenant… que comptes-tu faire André ? »
Elle avait à peine murmuré ses mots. Il osa jeter un œil vers elle mais ne put supporter la vision de la jeune femme étendue sur son lit comme une poupée brisée. Elle avait accepté son sort. Le sort qu’il avait failli commettre. Ce sort.
Ses mains se mirent à trembler et il tomba à genoux, secoué par des sanglots de plus en plus fort. Il venait de commettre un acte irréparable, impardonnable. Il venait de souiller non seulement son corps mais aussi son âme. Celle qu’il chérissait, celle qu’il aimait plus que sa vie… Ses sanglots redoublèrent.
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Je l’ai entendu pleurer.
Au tout début, j’ai cru que c’était mes propres pleurs que j’entendais mais je pleurais en silence. Je n’avais même plus la force d’émettre le moindre son.
Il pleurait. Je n’aurais jamais pensé qu’il pleurerait.
Je me suis assise pour le regarder. Il était aussi pitoyable que moi, à genoux sur le sol son visage entre les mains, secoué par ses pleurs. Il pleurait si fort qu’il en hoquetait.
Pendant une seconde, j’ai eu envie d’aller auprès de lui et de le prendre dans mes bras pour le consoler. Et pendant la seconde suivante, j’ai souhaité qu’il s’étouffe dans ses larmes tant je lui en voulais de cette souffrance qui m’étreignait le cœur.
J’ai fini par me laisser lourdement retomber sur le lit et je suis restée, là, les yeux fixés en l’air à me demander ce qui venait de se passer.
C’était comique ! D’une certaine façon, ça l’était, non ? À cause d’un moment de faiblesse, on se retrouvait tous les deux en train de pleurer… complètement anéantis par notre propre faiblesse.
Étrange…
Je n’ai pas eu la force de l’arrêter.
Il n’a pas eu la force de résister.
Et maintenant, que faisions nous ? Nous pleurions.
Je me suis alors mise à rire. De plus en plus fort… Et je pleurais toujours aussi. Un rire incontrôlable... Je riais comme une démente…
Au moins cette réaction bizarre a eu le mérite de le faire taire. Je n’entends plus ses pleurs… à moins que je rie tellement fort que je n’entends plus rien d’autre.
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André avait l’impression d’être submergé. Etait-ce la culpabilité ? L’épuisement ? Ses larmes incontrôlables ne faisaient qu’accentuer la douleur. Il aurait voulu que la terre s’ouvre et l’engloutisse. Disparaître…
Il entendit un rire. D’abord léger, lointain… celui-ci devenait plus fort, tonitruant, s’imposant à tous les autres sons. Il releva les yeux et vit Oscar allongée, la silhouette secouée par ce rire dément entrecoupé de pleurs.
Il la fixa longtemps. Ses larmes s’écoulaient toujours mais sans bruit. Ses yeux étaient grand ouverts. Oscar… Cette image d’Oscar complètement perdue… Sa faute…
Il baissa les yeux vers ses mains. Elles étaient mouillées de ses larmes. La honte… Le pêché… Le crime…
Oscar riait toujours de ce rire étrange qui vous faisait croire que la personne était désaxée, partie, lointaine…
Tout était de sa faute ! Son regard vert embué de larmes accrocha un éclat dans la pénombre de la pièce.
Les mots lui martelaient la tête.
Faiblesse. Trahison. Infamie.
Déshonneur. Souillure. Barbarie.
Il était coupable. Il devait recevoir un châtiment. Mais aucun châtiment ne pourrait effacer ce geste. Aucun
Lentement il se leva, les yeux rivés vers ce qu’il voyait comme son expiation. Il n’hésita pas une seconde et se saisit du pistolet.
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J’ai cru que je devenais folle. J’ai cru que j’étais folle.
André s’est mis à bouger. Il s’est levé.
Mon rire que je croyais intarissable finit par s’étrangler dans ma gorge. J’ai fini par me rasseoir. Il devait avoir fui. Mais je fus surprise de le voir si proche. Il se trouvait debout au pied de mon lit.
Je me suis raidie aussitôt les sens en alerte. Cette fois-ci, j’avais enfin cessé de pleurer.
Je l’ai regardé. Il était de profil mais son visage était tourné vers la gauche. Je ne me demandais ce qu’il faisait.
Je n’ai pas eu longtemps à réfléchir. Il tenait dans sa main mon pistolet et s’éloigna vers la sortie. Je l’ai d’abord regardé partir sans rien dire me contentant de m’avancer vers le bord mon lit pour mieux le voir. Il allait sortir et j’ai enfin eu une réaction.
-« André ! » appelai-je avec angoisse.
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Une fois l’arme en main, André sut ce qu’il lui restait à faire. Il l’observa quelques secondes. Il était plongé dans ses pensées et ne réalisa pas un instant qu’Oscar avait fini par se calmer. La pièce était redevenue silencieuse et il ne remarqua pas le regard intrigué de la jeune femme.
Il marcha en dehors de la chambre serrant contre son cœur l’arme à feu. Il allait presque atteindre la porte quand il entendit la voix d’Oscar.
-« André ! »
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J’ai eu soudain la nausée. Je voulais bouger, crier faire quelque chose mais j’étais paralysée. Mon pistolet. Cette arme ! André !
J’ai porté les deux mains contre ma bouche réprimant le haut-le-cœur qui me submergeait. André s’était arrêté.
Je sentis à nouveau les larmes me piquer les yeux. Ma respiration commença à devenir pénible et mon cœur s’emballa de nouveau. Je ressentais la peur.
André a fini par se tourner vers moi. Tour à tour il me regarda et regarda le pistolet. Mes mains avaient lentement glissé de ma bouche vers ma poitrine. Seul le bruit de ma respiration haletante pouvait s’entendre.
André me fixa de nouveau et esquissa un sourire désolé puis il leva le bras… lentement.
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André ayant entendu Oscar l’appeler, il se décida à se tourner vers elle. Elle était complètement paniquée. Il ne manqua pas d’observer ses yeux rougis par les larmes, ses mains contre ses lèvres, ses épaules se soulevant à chaque inspiration.
Il baissa ensuite les yeux vers le pistolet.
Brute sembla lui souffler une voix lointaine.
Il reporta son attention vers Oscar.
Bête… Barbare… Monstre !
Il contempla l’arme à feu. La voix lui soufflait des atrocités qu’il jugeait trop douces pour son crime. La voix avait raison. Sa punition ! Maintenant il lui fallait assumer les conséquences.
Répugnance…
Il fixa à nouveau Oscar puis l’arme et poursuivit son manège quelques instants.
Horreur…
Il n’avait plus à hésiter. Il étira ses lèvres en un léger sourire signifiant ses regrets. Son bras se leva lentement... Mort !
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Je ne sais pas ce qui se passait.
Oh si je savais ! Mais tout était différent !
Comme si ce n’était plus moi qui me trouvais face à André… Comme si j’étais là mais qu’une autre y était aussi. Est-ce que j’assistais à cela maintenant ou étais-je en train de revivre la scène ? J’étais incapable de me détacher de cette vision d’horreur. André et mon pistolet… Sa douleur… Ma douleur…
Il allait tirer. Je le savais mais…
Tout se déroulait étrangement au ralenti. Lent… Si lent…
Son bras qui pivotait. Sa tête qui se baissait. Ses yeux qui se fermaient.
Si lent.
Et ses doigts agrippant l’arme… L’index pressé contre la détente…
Si lent ! Si lent !
Même mes battements de cœur me paraissaient être lent.
Et je continuais à regarder immobile, fascinée par ses mouvements… de la grâce…
Est-ce la fin ?
J’ai tendu spontanément une main vers lui.
Et soudain mes sens se sont déréglés. La pièce avait disparu. Les meubles, les murs… le lit… Tout s’était évaporé comme par magie. Et une lumière éclatante comme une journée en pleine été. Je ne voyais plus que son visage si serein. Plus rien d’autre… Juste lui et le silence…
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Grand-mère terminait de ranger la cuisine en compagnie de deux domestiques.
Le Général relisait une dernière fois le rapport qu’il venait de rédiger pour le conseil du lendemain.
Madame De Jarjayes se trouvait dans le salon de musique en train d’achever une broderie.
Toutes ces personnes profitaient de la quiétude de la soirée.
Cette tranquillité fut soudain anéantie par une détonation cinglante qui fit sursauter tout ce monde de terreur et de stupeur.
Le Général fut le premier à se précipiter vers les escaliers car il n’y avait aucun doute le bruit provenait du premier.
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J’ai mis du temps à m’en apercevoir. La douleur je ne l’ai pas senti tout de suite. Comment ? Pourquoi ? Je ne sais pas ?
Il s’était peut-être passé tout juste une seconde ou bien une éternité ? Je n’aurais su le dire. Tout était devenu si obscur à présent. Mais finalement, j’ai senti comme une piqûre…
J’ai réalisé que ma main s’était fermement saisie d’un objet. Un objet tranchant. Mon épée...
Je l’avais agrippé par la lame à l’instant même où il avait tiré. Avec force ! Avec violence ! Avec détresse… Inconsciemment ! J’avais enserré la lame si vigoureusement que je m’étais entaillée profondément la main
J’ai regardé ma main blessée avec insistance.
J’ai regardé André, l’arme toujours dans sa paume.
Et à nouveau, j’ai fixé ma main ensanglantée…
Du sang…
C’était insupportable !
Rouge ! Radiant ! Chaud !
J’avais mal.
Instinctivement j’ai levé les yeux droit devant moi. Ma plaie n’avait plus d’importance.
Je n’ai pu m’empêcher de sourire.
Parfaitement clair...
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Le Général resta un instant au bas des marches fixant avec inquiétude l’étage de la maison. Son épouse apparut au bout du couloir et l’interrogea du regard.
-« Ne bougez pas je vais… »
Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase car une seconde déflagration se fit entendre. Grand-mère qui les avait rejoint entre temps poussa un petit cri de terreur et de surprise.
Tous trois levèrent la tête en direction des coups de feu et la même angoisse se lisait sur leur visage.
Aucun doute, les tirs provenaient des appartements d’Oscar.
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Un bref instant de clarté… Presque parfait.
Je ne sais pas ce que je cherchais. Mais au moment de tirer tout semblait si évident.
Maintenant c’est tout le contraire. Sombre...
J’ai rouvert les yeux doucement rencontrant les siens.
Il y avait tant de douleur… Une douleur qui ravivait la mienne.
Et puis soudains elle a souri.
Et tout redevint inondé de lumière.
J’étais tellement comblé par ce sourire que j’ai oublié qu’une arme à feu se trouvait à mes côtés. J’avais oublié… comme un imbécile
Quand je me suis relevé pour la rejoindre, j’ai trébuché sur le pistolet et je ne saurais comment, le coup de feu est parti aussitôt.
Et nous nous sommes mis à rire de concert comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. |