La Chambre de l’Officier
Par Little Rose
Je suis parti. Parti à la guerre. L’Amérique est à feu et à sang, mon cœur aussi est un champ de bataille. Là bas j’espère pouvoir oublier mon amour pour Toi. J’ai peur de revenir vivant en France, j’espère que la mort m’emportera.
Quatre années sont passées depuis. Ma pensée c’est mis à haïr le monde entier. Je me suis battu contre les Anglais, contre l’horreur et l’innommable. Je reviens sur le même bateau il me semble vers la France. Mais tu ne me reconnaîtras pas.
De ma cabine j’aperçois la mer. Elle glisse limpide dans un long tunnel étroit. La guerre m’a laissé la vie mais elle m’a pris mon visage. Je ressemble à un monstre. Un long tunnel à la place du nez, je peux toucher mes sinue avec ma langue, je n’ai plus de palais. Je ne peux plus parler. J’écris sur une ardoise avec une craie ce que ceux qui le veulent bien lissent. Je suis un monstre et pour mieux me faire voir ainsi je tire, parfois, la langue par le nez.
Il m’est souvent arrivé de penser à ma beauté à tout jamais envolée. Ma reine plus jamais vous ne m’aimerez. Marie Antoinette si belle et moi si laid. Une déesse ne peut aimer un vers de terre.
Ce que je craignais c’est produit. Aujourd’hui à Versailles les héros étaient fêtés, je dis les héros pas le défigurés. Tu ne m’as tout d’abord pas reconnu puis lorsque tu as compris que c’était moi tu t’es détournée. Moi l’amant de la reine que j’ai été, j’ai été rejeté. Mais je m’étais déjà fais une raison. Je ne puis t’en vouloir, la beauté aime la beauté. La beauté ne peut donc pas aimer ma laideur. Adieu ma Reine. Du fond de mon cœur je t’aurai aimée, vénérée. Belle rose autrichienne qui va bientôt se brûler les ailes au feu de la haine.
De ma chambre je regarde le soleil. Je vois encore très bien et j’entends parfaitement. Je me suis cependant résigné à la perte irrémédiable de l’odorat et du goût. Je me demande ce qu’est devenue Oscar. Je l’ai aperçue de loin à Versailles, elle est vraiment très belle. Et toi Oscar me fuyeras tu ? Auras tu, toi aussi, peur du monstre de la chambre de l’officier ?
Je ne veux pas le savoir après tout. Peu m’importe. Restes toi aussi sur le mont des beautés inaccessibles. Je crois que cette nuit je vais mourir. Mourir.
Un bruit sourd retentit dans la chambre de l’officier.
Fin
Octobre 2003 |