Auteur : Lenie Hits : 575
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Avant-propos : J'ai écrit cette fic pour le concours de Noël 2018 organisé sur le forum de Nicole. Son titre original est "La petite licorne, le petit garçon et la demoiselle escargot", mais il ne passait pas sur ce site.
Comme elle comporte trois chapitres assez courts, je vous les poste ensemble. J'espère que cette histoire vous plaira.
Bonne lecture !


Chapitre 1

Il était une fois une petite licorne qui, quelques jours avant Noël, contemplait le cœur d'un petit garçon aux cheveux de jais et aux yeux émeraude. Elle le regardait intensément, de toute son âme, pour le sonder.

Ignorant qu’il faisait l’objet d’une telle attention, le garçonnet, qui s’appelait André, rêvait tout éveillé, le nez plongé dans un vieux livre déniché dans une malle oubliée dans le grenier du manoir des Jarjayes. Perdu dans sa lecture, il ne savait pas non plus qu’il était en train de faire connaissance avec un personnage imaginaire et merveilleux qui allait veiller sur lui sa vie durant. La petite licorne–disait le conte- apporte à ceux qui croient en elle, le plus merveilleux des cadeaux : l’amour et l’espoir. Si le petit garçon tendait bien l’oreille, il lui semblait que, depuis le pays des songes, la petite licorne du conte lui chuchotait une jolie fable. Bien qu’incapable de distinguer clairement les mots, il n’entendait que la mélodie qui berçait son cœur. Il en était certain, la petite licorne gardait rien que pour lui une histoire spéciale. Une histoire d’amour. Une histoire à laquelle il mourrait d’envie de croire de toutes ses forces. Et ce, pour une raison bien simple : son cœur appartenait pour toujours à une merveilleuse petite fille, un ange blond qui prenait des allures de charmant démon quand il se plaisait à défier le garçonnet à l’épée alors que ce dernier ne savait pas encore bien manier les armes. Mais peu importait au petit garçon les fleurets, les pistolets, ou les mousquets, il avait des considérations bien plus importantes en tête : il aimait Oscar. Rien d’autre ne comptait à ses yeux.

- Oscar ? interrogea la petite licorne
- Oscar répondit simplement le petit garçon

Puis, pour aider sa nouvelle amie imaginaire à comprendre, il tenta de lui expliquer qu’Oscar était une fille. Mais, la petite licorne eut toutes les peines du monde à saisir cette étrange histoire d’humains, celle qu’un comte issue de la vieille noblesse de France avait imaginée un soir de Noël, le soir de la naissance de la fillette qu’il avait prénommée ‘’Oscar’’ et présentée à tous comme son fils, afin de préserver son nom. Voyant que la petite licorne était perdue dans le dédale de l’orgueil des humains, le petit garçon n’insista pas. Car, peu lui importait d’expliquer à sa nouvelle amie venue du monde des rêves la raison du travestissement de la petite fille. Il avait bien mieux à lui raconter : Oscar elle-même. L’éclat de son rire qui lui ébréchait le cœur de ravissement, ses cheveux d’or qui fleuraient bon le miel et les roses sauvages, son habileté à l’ép…

-Tut, tut, jeune homme l’interrompit la petite licorne, les roses sauvages n’ont pas d’odeur
- Avec elle, elles en ont une, l’odeur du bonheur rétorqua le petit garçon

Il n’en fallut pas plus à la petite licorne pour comprendre l’essentiel de l’histoire : l’homme que deviendrait le petit garçon serait toute sa vie éperdument amoureux de la femme que deviendrait la petite fille dont il lui parlait avec tant de tendresse et d’enthousiasme. Et, la petite licorne se promit de l’aider, car tel était son rôle. Et depuis qu’elle existait, c’est-à-dire depuis seulement deux siècles –c’était une jeune licorne…-, elle prenait son rôle très au sérieux. Elle savait que les prochaines décennies de son existence seraient dédiées à sa mission. Eh oui, tout ce temps, et en exclusivité… Tant d’éléments de l’histoire échappaient encore à sa compréhension qu’il lui faudrait consacrer toute son énergie et tout le pouvoir du merveilleux à réunir ces deux cœurs qu’une étrange malédiction semblait vouloir tenir éloignés l’un de l’autre. Enfin non, pas éloignés, pas exactement, éloignés en amour mais inséparables en amitié.

‘’Ah ces humains qui s’ingénient toujours à compliquer les choses du cœur pourtant si simples… soupira par devers elle la petite licorne’’

Elle s’apprêtait à soupirer à nouveau lorsque la lumière se fit en elle. Un conte de fées ! Mais bien sûr ! L’histoire que lui racontait le petit André fonctionnait comme un conte de fées : une belle princesse prisonnière d’une malédiction lancée par son père… heu non … qu’avait expliqué le garçonnet déjà ? Ah oui, le nom des Jarjayes à préserver parce que l’aristocratie… une malédiction lancée par une méchante aristocratie donc… Heu, ça ressemble à quoi une vilaine aristocratie au juste ? se demanda la petite licorne Oh, à une créature maléfique, à n’en pas douter, pour lancer un pareil sort sur le berceau d’une petite fille… conclut la petite licorne. Et donc il lui fallait briser le sort jeté contre cette jeune enfant pour permettre au petit garçon, lorsqu’il deviendrait adulte, de vivre une belle histoire d’amour avec l’élue de son cœur.

Pour se donner du courage face à l'ampleur de la tâche qui l'attendait, la petite licorne imagina une chaude nuit de juillet où elle ferait pleuvoir sur eux des flocons d'amour scintillants comme des lucioles. À peine eut-elle commencé à partager son rêve avec le petit garçon qu'elle s'interrompit. Il n'avait que huit ans que diable ! Et le règlement des licornes étaient très strict en matière de bienséance, certaines images n'étaient pas destinées aux enfants. Si bien que le petit garçon eut à peine le temps de contempler en imagination une pluie de lucioles dont il avait l'intuition qu'elles béniraient l'amour qu'il portait à Oscar, sans savoir quand ni comment.

Qu’il ne sache ni quand ni comment cet amour triompherait, notre petite licorne en était bien aise. Parce qu’elle ne voulait se faire taper sur les doigts, ou plus exactement sur la corne, par la reine des licornes, pour avoir failli montrer des images interdites à un garçonnet. Et aussi pour une raison bien plus prosaïque : elle ne savait pas encore comment elle allait réécrire le conte de fées.

Pendant que la petite licorne se perdait en considérations hiérarchiques au pays du merveilleux et en trame narrative à réinventer, le petit garçon tendit l'oreille pour écouter le chuchotis des flocons froissant légèrement le silence de leur ballet tourbillonnant. Ce son long, mat, profond sonnait comme un joyeux bruissement au creux de l'âme.

‘’Un joyeux bruissement au creux de l’âme’’ ?

La petite licorne écarquilla légèrement les yeux et tendit à son tour l’oreille pour mieux discerner les songes de l’enfant. Serait-il poète par hasard ? Bien vite, elle sourit avec indulgence. Loin de disserter sur les paysages qui murmurent à l’âme toute leur beauté, le petit garçon songeait que ce bruit si particulier annonçait les festivités de Noël. Et de là, il se demandait quel cadeau il allait glisser sous le sapin pour sa chère Oscar. Le premier cadeau de leur premier Noël ensemble...

Tout à sa joie, d'un bond, il se leva, abandonnant au sol le livre qui racontait l'histoire de la petite licorne. Cette dernière fronça légèrement le nez. Ah ces humains, décidément... Toujours à courir mille rêves à la fois… Mais, le cœur du petit garçon était pur, on ferait donc quelque chose de lui, elle en aurait mis sa corne à couper. Ne restait plus qu'à découvrir la petite fille affublée d'un bien étrange prénom. Pour la rencontrer, elle n'avait qu'à suivre le garçonnet. D'après ce qu'elle avait compris, ils étaient aussi inséparables que deux frères jumeaux. ‘’Des frères... Décidément, ces humains !!’’ pesta la petite licorne tout en imaginant comment elle allait s'arranger pour demeurer aux côtés d'Oscar et d'André leur vie durant.

Elle plissa le front, l’heure était grave. C’était la première étape de sa mission, l’étape la plus difficile, parce qu’il fallait s’infiltrer incognito dans le monde des humains. Sa réflexion dura une semaine en temps des licornes, cinq minutes en temps des humains. Oui, c’était cela, il fallait… Ah oui, bien sûr… Ne restait plus qu’à souffler à Grand-Mère d’emmener Oscar et Andr… Ah non, ce n’était pas la peine, la vieille gouvernante venait d’avoir l’idée elle-même.

‘’Oscar ! André ! Mettez vos manteaux, nous sortons. Nous allons au marché de Noël !’’ lança-t-elle aux deux enfants qui ne se firent pas prier.

La petite licorne sourit et nota qu’elle venait de trouver la marraine bienveillante qui sied à tout conte de fées, même si en fait de baguette magique, elle brandissait une louche vengeresse.

‘’Une louche comme baguette magique… Ah ces humains’’ pensa avec indulgence la petite licorne. Tss… Vite, le moment n’était plus à ces réflexions mais à l’action !

Pendant ce temps, nos deux héros chaperonnés par Grand-Mère se promenaient parmi les étals, allant de surprises en émerveillements. Des santons ici, des marrons glacés là, des étoiles de Noël encore ici, des guirlandes encore là. Oh, ces bougies là-bas en forme d’étoile, qu’elles étaient belles ! Et ces petites sphères de verre transparentes ! Miam ces petits bonshommes en pain d’épice décorés de sucre glace ! De quoi donner faim même le ventre bien rempli ! Ce qu’André ne manqua pas de faire remarquer, ce à quoi Oscar répondit que s’il prenait ce chemin, il serait sous peu aussi ventru que le Père Noël. Ne se laissant pas impressionner, le petit garçon poursuivit son idée et acheta des pralines et trois pommes d’amour. Une pour Grand-Mère, une pour Oscar, et une pour lui. Lorsqu’il tendit la friandise à la petite fille guère habituée à ce qu’on la gave de sucreries, elle le regarda avec des yeux surpris et laissa échapper un ‘’pour moi ?’’. Il lui rétorqua un brin moqueur : ‘’Bien sûr que non, Oscar, c’est pour que tu la tiennes, le temps que je finisse la première.
- Ah oui ?! fit-elle en croquant dans la pomme à pleines dents Et maintenant ?
- Eh bien, maintenant, tu la termine, puisqu’elle était pour toi’’.

Ils éclatèrent de rire en chœur comme les deux polissons qu’ils étaient. Grand-Mère les couvait d’un œil amusé, sans avoir le cœur de les exhorter à davantage de retenue. Ils étaient si mignons et avaient tant besoin l’un de l’autre. Et puis, c’était Noël…

Ciel Noël ! Justement !! Vite, il lui fallait penser au repas de réveillon ! En un tournemain, elle s’affaira ici et là, devisant oie farcie et accompagnements avec les différents marchands. Les deux chenapans en profitèrent pour aller contempler de plus près toutes les merveilleuses autres friandises qui leur faisaient de l’œil. Désireux d’en ramener le plus possible, ils optèrent pour une stratégie militaire bien connue : diviser les troupes pour mieux régner sur les sucreries. Oscar partit donc à droite, André à gauche.

Chacun de leur côté, ils virent beaucoup de jolies choses fort appétissantes, mais rien de plus attirant que ce qu’ils découvrirent parmi les marchandises hétéroclites d’un bien étrange personnage. Au milieu de boîtes à musique en bois de rose marqueté, d’encriers de verre travaillé et d’étranges grimoires, se trouvait une friandise destinée non pas à la bouche mais au cœur : une petite licorne de quartz rose. Là, toute en bienveillance et en modestie, attendant tranquillement qu’à tour de rôle les enfants la remarquent. Elle leur sembla si pleine d’amour et de tendresse qu’ils eurent exactement la même réaction, à des moments différents de l’après-midi. Ils la regardèrent dans les yeux, avant de lui sourire. C’est alors que le marchand entra en action.

« Tu peux lui faire un câlin, si tu veux proposa-t-il à chacun des deux enfants »

Ils répondirent tous deux la même chose : ils n’osaient pas la toucher de crainte de lui faire mal.

- Les licornes sentent les cœurs purs et ne se laissent approcher que d’eux. Si elle accepte que tu la caresses, tu deviendras son ami(e) pour la vie expliqua-t-il avant d’ajouter exclusivement à l’intention d’Oscar Même toi, demoiselle escargot.
- Demoisell… !!! s’insurgea la fillette Je suis ….
- Une petite fille extrêmement courageuse qui deviendra un militaire respecté de tous l’interrompit-il
- … la fillette en manqua une respiration
- Cela t’étonne que je sois au courant de ton secret et de tes projets n’est-ce pas ?
- Oui admit-elle après avoir recouvré son empire sur elle-même (un Jarjayes n’allait tout de même pas se laisser décontenancer par un marchand ambulant, que diable !!) Mais pourquoi parler d’escargot ?
- Ah ça, ma petite, tu le sauras dans bien des années… Je ne peux rien te dire répondit-il avec un sourire doux et mystérieux En revanche, je peux te faire un joli paquet pour le cadeau que tu veux offrir à ton ami. C’est bien à un ami que tu le destines, n’est-ce pas ?
- Oui, à mon ami le plus cher, mon presque frère se laissa-t-elle aller à confier
- Et tu as raison, car le quartz rose symbolise la douceur des sentiments partagés.
- Ah oui, la douceur de l’amitié partagée murmura-t-elle, un sourire effleurant ses lèvres

Le marchand ne releva pas, la fillette n’avait pas compris qu’il ne parlait pas d’amitié, mais bien d’amour, un amour qui finirait par réunir l’homme et la femme que deviendraient ce petit garçon et cette petite fille qui avaient attiré l’attention des deux petites licornes sur son étal. Elles s’y trouvaient d’ailleurs par un bien curieux concours de circonstances, un rêve lui avait dit de les fabriquer pour veiller sur deux cœurs qui mettraient bien des années avant de se trouver. Lorsqu’il avait vu chacun des deux enfants, il avait compris son étrange songe qui parlait d’une petite licorne, d’un petit garçon et d’une petite fille que son rêve appelait la ‘’demoiselle escargot’’. Lorsqu’il regarda s’éloigner chacun des deux bambins, il sourit, les deux fois. Lui aussi croyait parfois au conte de fées. La preuve qu’ils existaient : les deux enfants, après avoir cajolé leur petite figurine de quartz rose, eurent exactement la même idée, l’offrir à l’autre en gage de son éternelle affection, et lui, le hâbleur, le baratineur intraitable en affaires, tout ému, ne leur avait pas demandé le moindre sou en échange des petites licornes. Il s’était contenté de leur dire que le partage et l’amour qui font la magie de Noël ne se monnayent pas. Les deux enfants l’avaient chaleureusement remercié et s’en étaient allés, la joie au cœur, songeant que le marchand avait raison, faire plaisir à un ami, ça n’a pas de prix ! Puis, très vite, ils imaginèrent le visage rayonnant dudit ami. Et, tandis qu’ils avaient cette image en tête, l’odeur du froid qui piquait leurs narines, le goût de chaque flocon qu’ils tentaient d’attraper de la langue devenaient l’odeur et le goût du bonheur.
Lorsqu’ils se retrouvèrent au point de ralliement convenu, chacun souriait à en éblouir la neige. Pendant ce temps, sur son plan d’action, la petite licorne cochait « étape 1 validée, infiltration en cours », une larme d’émotion au coin de la paupière. Qu’ils étaient beaux tout de même ces deux enfants qui s’aimaient tant !

À Suivre…
Review La petite licorne


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