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Polarise

Texte à caractère yaoi


‘’Regard fugace aux empreintes de marbre…
Aussi pénétrant que l’aura scintillante des grelots d’étoiles.
Je t’aperçois dans ce mirage analogue…
Où ne peuvent voler les amours d’automne…
Pourtant je suis touché par ton diabolique baiser d’hiver…
Garde-moi auprès de cet utopisme glacial autant qu’hivernal qui me fait dangereusement vivre.’’


Il est de situations où les violons savent se prononcer à un rythme de concert.

Ils sont si fiers de fredonner des mélodies et d’en découdre en déconvenues avec leurs ennemies favorites, ces pyramides prônant des allégories rigoureuses de morale. Eux suivent le chant intérieur qui résonne fort comme le cri des lions sauvages en plein combat , les tambours de la déflagration qui se dispute corps et âme avec la justice , le sang entaché de ses compagnons de fortune pour décider du sort de chaque petit bout de chair , déjà ancré sur le fil liturgique d’un aller à coup sûr sans retour.
Il y a les guerres pour les nations . Mais les guerres où convergent les sentiments et les contradictions sont sans doute les plus vilaines , sournoises dans leurs blessures et les plus surprenantes. Elles sont aussi viles , comparables aux victimes des toiles des arachnides , dîtes plus couramment les araignées.


Et pourtant lorsque la lumière est faite , elles peuvent se révéler étonnantes et compréhensibles . Amour , attirance , ambiguïté. Tout cela sont des mots , rangés , classés dans un répertoire avec des distinctions . Et pourtant parfois les mots ne peuvent pas se contenir sous la loi , la retenue car si le rouge intense de la tentation est de surcroît , les bons sens perdent leur brillance d’impassibilité pour vriller vers la déraison vorace d’un papillon aux couleurs édéniques.



Eux-mêmes sont confrontés à un chassé-croisé entre la belle conduite de gentilhomme qui ne peut se permettre de se complaire au sein de son sexe. Oh ! Qu’il est loin le temps antique où la civilisation grecque se targuait de développer un véritable attrait sur la virilité de l’Homme à travers un intérêt à fréquenter des compagnons de l’Adam et à s’afficher sans outre-conduire quelque réputation déshonorable . Voyez-vous Néron qui n’a aucune pudeur à faire de Sporus un émasculé et à le faire sortir dans des atouts féminins . Le respect des mœurs des temps précédents est primordial pour ne pas inciter les ignominies et les anachronismes inutiles de faire une piètre apparition dans un théâtre de sibyllines messes pour se prétendre bon moraliste.


Elle était belle la vie de comte !

Pourquoi sinon se plaindre de ce vent de réminiscence à la sensation encore trop printanière pour ces iris divinement masculines , brûlantes et séductrices dans l’avidité de leur teinte métallique. Ce profil gorgé d’un soupçon de vie après être trop longtemps resté dans le froid pertinemment indomptable de cette Sylphide immaculée. Le calme olympien de ce Colonel aux boucles cendrés d’une beauté forestière tirant vers les teintes ambrées se confondait dans la lisière des ombres chinoises à peine en émoi grâce au glas particulier du crépuscule infini et ses couleurs rafraîchissantes se voulant en adéquation avec la saison de l’automne de ce physique toujours à couper le souffle. Dans ce lieu qui tenait d’alcôve qui abrita aux tréfonds d’une sensuelle aube un semblant d’amour.

Anesthésié par ce magnétique sourire et cette force dont font preuve les trésors étoilés d’un gris-bleu de jais à la carnation presque mutine.

Car dans le jeu de la comédie , ce qui est nommé faux-semblants peut prendre forme dans la situation actuelle. Aucun ne veut être dans ce rapport dominant-capitulant. Ce malaise ambigu avec une tension judicieusement érotique. Eux qui se sont confrontés à se perdre dans nombreuses chevelures de péronnelles pour éteindre des passions impossibles , l’un chez une gracieuse Reine devenue le diamant de raison entre deux patries qui s’habituent trop à devenir belligérantes dans leurs histoires respectives. D’une splendeur évanescente, presque indécente tant cette personnalité danse avec les limites de la bienséance pour masquer le trouble évident de son cœur , de son âme à devoir tenir séance régulièrement en parfaite figure de majesté. Et cette semblable sous plusieurs coutures qui lui dédie depuis cette intervention un soutien indéfectible , une épaule constante à faire japper moult ragots et langues de vipère sur la nature de la dévotion du Colonel de Jarjayes à Marie-Antoinette. Balivernes évidentes avec lesquelles répondaient les yeux frondeurs de ce masque lisse et impénétrable chargé par la lame de la sincérité , irritée par les incessantes tentatives de corruption et de fausses amitiés envers l’oiseau céruléen. Mais les plus grandes forteresses ne peuvent sauvegarder en leur siège une perle de cristal qui finit par se briser par le chant du rossignol diaboliquement doux.


Revenons à l’état d’urgence dont fait preuve l’un des deux protagonistes. Avec soin il avait évité , calculant méthodiquement les habitudes de passage de son… peut-il se permettre de dériver encore plus dans une abîme qui ne le satisfait pas la zone confortable de la pleine possessivité de ses facultés mentales. Tudieu! Quel maléfice et quel mécréant pouvaient rendre des situations au souffle orageux , suspendant les mots dans une rage à ne laisser aucun son , aucune vibration dans les lèvres du transi . Comme si lui continuait désespérément à croire à des chimères de la dimension onirique…

La réalité voudrait qu’entre ces deux comtes , des apollons célèbres de la membrane versaillaise que bon nombre nomment Comte de Girodelle et Comte de Fersen grâce à un point important , leur connaissance commune d’Oscar de Jarjayes puissent entretenir une cordialité factice à laquelle le comte aux prunelles d’albâtre seulement semble inconditionnellement comme un point indispensable de ravitaillement. Faire preuve d’indifférence devait lui servir à repousser Fersen mais peut-on jouer à fuir lorsque l’on se retrouve irrémédiablement à suivre son -ennemi – chéri d’Hans-Axel. Il y a de la furie dans les mots qui ne franchissent pas le songe pour joindre le réel. A croire que ce déclin automnal joint la plaisanterie comme un prétexte aucunement enclin à démontrer un manque avec une intensité cruelle.


Girodelle façonnait dans un temps révolu un faciès doux , mais dans ce temps présent chargé par les différentes rancœurs et blessures secrètes ,celui-ci s’occultait pour préférer l’esquisse de sourcils nerveusement remplis par la tension , une bouche fermement plissée , le souffle légèrement plus court que d’habitude. Faut-il comprendre qu’il ne réussirait pas à se jouer des apparences. Piètre comédien au malaise perceptible face à l’habile masque polaire qui manie n’importe quel art avec dextérité.


- Je ne comprends pas cet entêtement à vouloir suivre chaque passage laissé par mes traces.

Soupira Victor depuis l’autre bout d’une pièce interminable à l’exiguïté sommaire. Ce n’était qu’un banal bureau pourtant dans lequel la plus importante bataille se déroulait. L’autre n’avait aucunement bougé , quelle grâce dans son stoïcisme . Peu sont capables d’une telle maîtrise de soi avec maestria. Pour citer Victor et son long parcours à ne se laisser impressionner par quiconque , il faut remonter à une enfance marquée par les lourdes pertes de deux frères aînés par maladie incurable et les ravages des canons du combat. Une blessure difficile et analogue chez un père rongé par une envie égoïste et inexpressive de reconnaissance envers ce jeune esprit brillant de curiosité ,d’espièglerie , d’intérêt pour les arts reconnaissables à être un parfait parti mais aussi de qualités qui s’apparentent aux vertus cardinales . Tempérance il avait eu pour ce paternel intransigeant pour lequel il n’a jamais voulu entretenir de querelle, entretenant pourtant un lien de sincérité et l’équilibre dans l’usage des biens qui lui revenaient dans sa qualité d’héritier. Force d’âme qui se mêle bien à un courage pour surmonter les obstacles et résister aux tentations inutiles sauf si elles peuvent apporter des réussites relationnelles. La justice dans l’exercice constant de sa charge d’officier même si il perdit un duel d’une importance considérable , le reléguant au rang de subalterne face à une adolescence qui s’amuse à la tromperie des genres. Or en évoquant ce détail le ton est difficilement ironique car subsiste les traces d’un amour véritable et non avoué envers ce destin d’exception dont il sait révolu à ne pas se sensibiliser à la connaissance de ce caractère pourtant généreux et inestimable. Pour terminer à une analyse qui vient d’une idéologie théologique. La prudence dont l’adage lui paraissait indiscutable sur l’action à mener et y forger de justes moyens n’est plus donc de mise face à ce qui se dévoile de plus en plus à cause de ce maudit Fersen.



-Qu’est-que tu es venu chercher exactement dans ces vieux murs , Axel ?

Lâche son interlocuteur en passant une main tremblante dans sa chevelure. Presque apeuré d’en avoir eu l’impression de perdre cette masse de boucles si caractéristique au Lieutenant à l’uniforme bleu ciel. Quant à Axel ,il ne peut s’empêcher de le trouver enivrant , le visage tumultueux , noble dans l’expression et vierge de leur histoire follement torturée. Pourtant le comte suédois tend vers le fil du regret dans cette colère envahissante , sans la moindre parcelle de tendresse qui conduit vers un gravier infâme qui consume à petit feu les réunions possibles des tentations divines et délicieuses. Victor continue cependant , ses dents coupant comme des lames les sons qui résonnent dans la pièce silencieuse.


-Pauvre fou ! Tu t’attendais à quoi donc , du sexe ? De la compassion ? Du pardon ? Je n’ai plus aucun ressenti pour toi. C’était inattendu , tout beau , tout rose. C’était folie que ces promesses qui sont bonnes pour le domaine de l’enfance. Tu me désespères à me manquer de respect , à piétiner ce que tu as consenti de ton propre chef à m’accorder. Je ne suis pas de ces humeurs à accepter les refrains qui sont dénudés de compréhension. Tu n’es qu’un couard , qu’un hypocrite à vouloir me rire au nez et jouer à la provocation.


A qui la faute dans ce désordre qui se tient entre eux . Entre la fâcheuse horripilation de Girodelle dans un temps où il jalousait que ce même comte dont il gravait de forts souvenirs intimes avait la main sur le cœur de sa Oscar et qu’il l’avait vu dans cette apparition unique , ressemblant fortement à une jumelle de l’astre lunaire tant cette robe d’odalisque sublimait merveilleusement les courbes féminines de sa véritable condition et cette coiffure d’amazone conférait un véritable attrait à faire craquer moult regard vers ce cou préservé d’un grossier bijou d’apparat. Entre la frondeuse jalousie à vouloir régler des comptes avec ce faquin personnage qui lui avait rappelé sans ménagement qu’elle était sa seule et unique amie sur cette terre de France , la laissant avec une peine irréfutable et pleine de larmes d’effondrement tant l’affligeante souffrance est béante , honteuse, humiliante pour une telle trempe comme la belle créature à la chevelure de Chine. Peut-être était-ce dû au raffinement dont était emprunt le jeune aristocrate dans son uniforme de la Royale Suédoise ? Cette élégance naturelle dans l’art de converser à l’épée tant sur le propos de la discussion . A moins qu’il fut juste que ce soit son regard coruscant à lui pardonner ses actes , compréhensible face à ses tourments , cette mélancolique lueur qui prenait forme de temps à autre , logé par-dessus d’un nez aquilin et des lèvres au délicat ourlet mi-figue , mi-raisin. C’est évident que ce soit les similitudes de leurs conditions qui les aient réunis sur un plan inattendu.


Quand Fersen se plaçait en paravent pour défendre le zénith de sa reine de coeur , Girodelle bravait tous les risques pour préserver l’éclat de l’astre sensationnel de son Colonel adoré. L’un face à l’autre se trouvèrent dans des situations où l’intérêt devenait grandissant , la complicité évidente , l’attirance brûlante . Ahuris furent leurs visages après cette révélation dont la nomination reste encore aléatoire , multiple. Mais l’étreinte et le délicieux moment à se comprendre furent leurs plus grandes réussites avec ce lien qui continue pourtant dans cette pièce à gronder.


- Ce que je sais de cette pièce m’appartient , mais ton trouble est palpable car ton esprit n’est pas insensible à notre passé qui continue à nous mener face à face. A-t-il une honte pour toi d’éprouver ce genre de penchant même si nous sommes tous les deux très amoureux de deux femmes qui nous sont inaccessibles . A aucun moment je n’ai voulu t’éloigner de moi mais tu sais que notre siècle ne peut décemment accepter ce genre de rapport . Les femmes qui entretiennent des amitiés amoureuses sont tolérées car elles ne sont pas forcément repérables à moins d’en connaître les rudiments mais sais-tu que les répercussions personnelles sont graves et peuvent pencher en notre défaveur.


- Cela ne m’étonne guère de toi , tu es obsédé par le bon sens et le paraître.

Rétorqua fugacement Girodelle , les lèvres pleines de malveillance pour ces sempiternels simagrées.


- Miséricorde ! Pourquoi faut-il que tu sois encore plus désirable lorsque tu m’assènes des morales salvatrices. Tu aimes tenter le diable mon petit comte . Soudain je te sens comme Icare qui succombe au délicieux appel et ce danger que connaît ta perspicace intelligence qui trahit tes convictions d’antan.


Le regard arqué vers le comte français , Fersen distribuait avec ingéniosité le produit d’une rhétorique difficilement déstabilisante. Pire , elle agaçait formellement le piqué avec ce discours sur les tentations et cette connaissance studieuse des mythes qui constituaient l’un des grands étonnements chez ce Suédois décidément très caméléon tant aucun autre trait de caractère ou de personnalité correspondait à le faire entrer dans une catégorie .

‘’Grand bien lui fasse de se croire intouchable mais il me semble que ton orgueil en joute semble aussi important que d’être des parfaits machines à l’archaïque tradition du noble héritier chez nos paternels mon cher. Flatter son adversaire pour mieux l’abattre telle est ma loi. Je serai Valère face à l’avare Harpagon du fascinant Molière . ‘’


Que le combat commence. Girodelle ne se laisserait plus animer entre ce diptyque que représente la rage et la raison .

-Vous êtes vraiment surprenant … murmura Victor de Girodelle en le dévisageant une nouvelle fois , une bouffée virulente s’emparant de chaque parcelle de leurs corps. Coquin à souhait , présentement…


Son comparse sourit de plus belle , déviant sa tête légèrement sur le côté ,mais gardant son regard rivé sur son adversaire.


-Et entre autre , Monseigneur , vous brûlez donc d’aveux pour moi. Cessez donc de faire l’innocent.


- Qui sait…


- Cela crève aux yeux ! Et vous mourrez d’interrogations , de doutes au fond de votre frêle masque . Il se lézarde à force d’évoquer de ridicules moulins de mots qui veulent conforter votre piètre ascendant .
‘’ Comment ne pas tomber en adoration devant cet audace à vouloir me surprendre et ne pas se laisser impressionner face à mon cynisme. Victor tu es un fou et tu me le payeras , tu regretteras amèrement de me laisser t’enlever ton uniforme et de montrer qui sait s’y prendre pour avoir le dernier mot. Je ne supporte cette distance qui laisse place aux vieilles animosités et aux lourdes querelles. Nous nous ressemblons tellement , l’attirance est là , très très forte , diabolique mais aussi difficile à gérer… tout comme d’être sous le joug pesant de parcourir un chemin tracé depuis ma naissance . Complaire pour rendre fier un père qui n’a jamais su manifester la moindre affection pour mes entreprises. Même mes sœurs semblent moins le rendre indifférent , pourtant ce n’est pas faute de leur caractère autoritaire mais peut-être me considère-t-il comme un incapable ? Tant de mystères sont encore à soulever et celui devant moi redoute de défenses certes mais elles ne sont pas invincibles. ‘’


Dévastatrice est la décharge qu’inflige Hans à Victor , il surenchérit de plus belle.


-Vous tombez vite à l’abandon Girodelle.


L’affirmation posée , l’effet est immédiat . L’interpellé exprima un soubresaut, comme plaqué par une bouche délicieuse qui eut déjà l’approbation de la goûter.

-Calembours…


- Quand la danse cessera , trop tard . Tout prendra un goût de cendres . Si seulement chemin faisant … L’amour surgit du néant . N’avoir d’autres vœux que l’autre , même un instant. Pourquoi sembles-tu si interdit face à cela ? J’ai mes torts dans notre mésentente perpétuelle je le reconnais , alors quelle est la raison qui donne lieu à autant de folie dans tes incessants tourments ? Moi aussi je ne te suis plus , ta distance me refroidit considérablement . Je ne peux absolument te comprendre si tu t’enfermes dans un silence de muraille.


- C’est si facile de jeter la pierre sur moi lorsque monsieur est habitué de faire le joyau de galerie. Ah qu’il est beau ton attachement envers moi ! Ce n’est pas toi que l’on injuriera sans jugement car je représente un pan important de responsabilités à la Cour, ce n’est pas toi qui est seul constamment car le Colonel que j’ai aimé a décidé de quitter la Garde Royale à cause de monsieur au baratin enjoliveur et de ses beaux yeux de biche prude! La liste est longue mais si je déballe tout je risque de rater mon réveil pour vaquer à mes fonctions. Tu sais ce que je ne supporte pas , c’est que tu me traites comme un manant , je ne suis pas qu’un bon à rien. Je ne suis pas André face à Oscar. Je suis d’un autre tempérament , tu connais le Victor calme mais je peux aussi te montrer la bombe à retardement dont tu niais l’existence.


-Oh que tu es divertissant Girodelle mais tu sembles oublier que ton quotidien n’est pas malaisé , je ne suis qu’un noble de parade moi ! Je n’ai pas de véritable patrie , je suis trop français pour mon roi et trop suédois pour Louis et puis pour d’autres raisons que tu sais…


- Ah tiens donc !Tu t’encanailles avec la Reine de France en même temps , tu croyais qu’à ton retour après quatre ans à faire l’ermite l’accueil te serait servi sur une belle coupe d’or … Par Saint-Christophe ! J’en perds mes mots de découdre avec toi.

- Cela me fait plaisir de te perturber petit bouclé ! Tu as repris de ton aplomb et je me permets l’offense de te rappeler que l’encanaillement est sensible aussi dans tes veines.

-Fersen bougre de dieu ! Tu es un vulgaire fantoche. Tu es irritable et je n’aurai du …

- Tu n’aurais jamais dû te lancer dans un tel discours ,de cela nous sommes d’accord. Mais Victor , la Reine n’est pas libre mais je ne peux me résoudre à la laisser se faire prendre en traître. Je l’ai aimé et il perdure toujours un sentiment fort de défendre son intégrité mais tu n’as pas à savoir une quelconque ligne d’amour physique avec Marie-Antoinette. Cela n’a rien de judicieux et n’est surtout pas lié aux véritables raisons de ta fureur . Je ne sais que trop bien ce qui te donne cet air de harpie enflammée . Tu déraisonnes et tu espères te retrancher derrière ton uniforme , mais il suffit de faire sauter le premier pan et fatalement, je retrouve cette nature magnanime. Ne veux-tu que je m’occupe de ce torse saillant de tes entraînements intensifs qui lui confère une magnifique aliénation satanique…

- Je ne te permets pas !
S’écria le gentilhomme outré , bondissant sur le comte de Fersen et prêt à en découdre avec le col de sa chemise entre ses doigts. Pourtant c’est méconnaître cet aristocrate apatride , très habile dans les corps à corps pour les avoir aussi exercé de longues heures durant son pèlerinage de repenti aux Amériques naissantes. Lui aussi savourait l’emprise fugace dans laquelle Victor le conduisait mais délibérément il l’a rompit en saisissant son bras, le corrigeant avec une pragmatique clé de bras , le repoussant jusqu’à une zone où il deviendrait plus docile. Fersen avec rudesse plaqua Victor contre le mur , le retenant aussitôt sous un carcan vigoureux. L’acte surprit un Girodelle perdu à savourer cette odeur scandinave qui filtrait peu à peu l’air pour transformer le tout en un piège démesurément charnel , liquéfiant les dernières subsidences de retenue.

-Enfin il est là ! J’ai cru un instant m’adresser à un fantôme nostalgique qui cherche sans la trouver sa rédemption… Petit malin ! Tu fais le piégé pour capituler et fondre sur moi.

-Libère-moi Fersen, je n’ai cure de ton numéro de juvénile poulet. Je vais te le répéter pour que cela rentre une bonne fois dans ta cervelle de grenouille. Vous êtes détestable , irritable et je ne voudrais …

- Vous voulez me faire outrepasser Colonel, soit.Mais comte de Girodelle ! Pourquoi votre regard dévie sur une fixation constante de mes lèvres. Oubliez les convenances, les morales , la bonne conduite. Oublions de nouveau Elles , leur porté est de rester sur un chemin lumineux et nous , bons réfractaires de l’oubli nous nous plaisons à jouer la comédie d’humilité et de nous distinguer dans nos sommaires tâches d’officier et d’héritiers malheureux.

-Je vous somme d’arrêter cette lucidité BON SANG ! Je sais tout cela , je le sais que trop amèrement… Je n’en peux plus ! Je…
La voix ne devient que fascinante muance à la résignation.Les yeux polaires suivent ce tracé kaléidoscopique d’un air sérieux et considérable tant le spectacle mène à l’éveil de larmes trop longtemps prisonnières. Il ne se moquait plus , adoptait une mesure stoïque envers cette nouvelle forme de Girodelle. Il devinait l’exergue incroyable de ce silence des tréfonds de son âme. Lui qui devait se torturer au mutisme contant. Fersen se sentit redevable de le lâcher de sa geôle de muscles.

‘’Je me le suis inscrit des centaines de fois, et j’ai badiné à la boutonnière de nombre de femmes au périple d’obscures ténèbres , en goûtant des délices illusoires , pour me clore la réalité évidente, alors que je ne fus qu’un piètre émissaire de mes propres volontés . L’intérêt de préserver cette descendance plane chez l’ombre de mon père. Mais pas moi. Je ne suis pas lui , ni un ersatz calamiteux. L’ambition a toujours joué dans mon sang à ne vouloir aucun asservissement sur mes actes. J’apprécie la compagnie des belles roses mais je préfère l’esprit de mes semblables . Et j’ajouterai de surcroît que mes convictions se sont tournés vers toi versatile Suédois de malheur. ‘’

Le chagrin déchirait l’harmonieuse voix de Girodelle , ses deux mains à nouveau apposées sur le col du comte de Fersen , le regard bouleversé.

‘’Hé bien ? Déclara-t-il ,brillant. Vous n’avez plus aucune raillerie à me présenter ? Vos joutes sont déjà finies? Je croyais que vous vouliez me réduire le visage en mille morceaux ?

-Cela n’a plus rien à voir avec les prédications précédentes, j’avais cru à une chose mais elle est toute autre…

- Laquelle ? Victor plaça des yeux fixes tandis que Fersen posait ses mains sur les siennes. Se penchant vers lui , il ébranla gracieusement les plis embués des larmes sur ses joues. Puis , sans s’arrêter , les visages réduisent la distance trop polarisante qui s’est imposée depuis des mois. Fersen délivra la solitude et le froid pesant sur les lèvres de Victor en venant poser machinalement un baiser irradiant de chaleur. La tension belligérante s’évanouit dans les limbes pour ne plus que faire un avec la délectation de ce trésor de nacre qui lui semblait devenu infranchissable. Bien sûr la surprise se lit aussi sur ses traits lorsqu’il sent quitter cette sensation trop bien connue.

-Hans … ne te joue pas de mmmhhhh !!!

Un baiser se déroula de nouveau et encore plus agréable , intense pour le bonheur d’un comte français. Il se résolut à profiter de ce moment de partage qui pouvait sembler furtif tant la découverte , le danger de les surprendre . L’interdit qui est excitant et redoutable. Cet homme qui ne le ménageait pas l’embrassait de nouveau après un interminable moment à jouer avec l’indifférence , la haine évidente , l’envie licencieuse, les doutes , les interrogations. Ce qui les relie n’est pas qu’une franche camaraderie. Attirance inexorable , irrépressible est certaine , jusqu’à l’envie de partir à l’assaut extatique. Amarrés face à l’autre , la langueur intense qui se dessine de plus en plus au creux de leur colonne vertébrale , animant la fougue de leur bassin et la preuve indélébile d’une tension charnelle.

Le comte français partit à la conquête de l’étoffe de la chemise ,d’un geste impeccable , il s’insinua sous celle-ci , prenant le temps d’attiser les premières gouttes de la déraison . Ses doigts jouèrent avec brio sur les courbes bouillantes dans lesquelles un cœur hurlait à l’implosion.

-Victor je te préviens, je te laisse les hostilités mais je ne veux pas te voir détaché et passif. Je ne veux pas te perdre pour des histoires de bonne conduite où de volonté paternelle.Elles sont insignifiantes , même avec ce pêché que nous commettons .Jamais de ma vie personne ne m’avait autant attiré. J’adore ta sauvagerie lorsque tu m’embrasses et que tu ne parcoures de tes doigts ingénieux. Je me lasserai aucunement de me débattre avec toi lorsque nous ne sommes pas d’accord. Tu es le seul qui me comprend mieux que quiconque. Si tu veux t’éveiller , je connais un art où les masques n’ont pas de place car tu vas crier d’émotions. Oh oui mon Colonel montre-moi avec quelles armes tu te défends.

- Tu l’auras voulu mon ami …J’accepte tout défi tant que je lis avec sûreté la considération que tu éprouves pour moi.

-Si tu savais…

Victor le touchait , l’émouvait , le faisait craquer littéralement. Bien au-delà d’une simple aventure . Peut-être une passion ? Mais pourquoi la peur de le perdre, la faiblesse d’avouer ses propres défaillances. Il ne pouvait lui dire qu’il le considérait comme l’être qu’il ait pu chérir de toute son âme. Le romantisme est passé depuis qu’il sait lire avec maturité les aléas de la vie.
Qu’a-t-il de plus à dire , mis à part de ne pas regarder en arrière , les yeux d’Axel parcourent de sensations aussi invisibles que délicieuses la nuque qui s’offre à lui. Il offre une nouvelle partie de lui-même pour entretenir de nouveau la brûlure dans laquelle le bureau de Victor se retrouve , dans cette alcôve qui renaît de ses cendres. L’espoir et détermination se lisent sur leurs iris contradictoires seulement dans leur chromatique mais brillantes dans une singularité commune.

Un jugement de valeur est infondé lorsque la connaissance d’un vécu personnel n’est pas faite, ni même l’expérience. Aucune loi , volonté ne pourra se montrer tumultueuse face à la frissonnante diapason à laquelle ils se livrent dans leurs retrouvailles .

Victor de Girodelle et Hans-Axel de Fersen vivaient dans ces instants incommensurables leçons de vie. Eux qui se refusèrent longtemps l’évidence.

Qu’un et l’autre se polarisait mutuellement dans leurs revendications personnelles .



Fin
Review Polarise


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