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Quatre !

Quatre tentatives de meurtres envers la famille royale en quatre semaines ! Et ils n'avaient toujours pas le plus petit début d'indice !

Oscar était furieuse. Faisant les cent pas dans son bureau, elle repassait le fil des dernières semaines dans sa tête, espérant trouver un indice, un détail qui lui aurait échappé.

Depuis le début du mois, les membres de la famille royale étaient la cible de meurtriers acharnés qui faisaient tout pour les éliminer.
La première cible avait été le comte d'Artois, frère de sa Majesté Louis XVI. Un coup de feu lors d'une partie de chasse l'avait manqué et la balle avait été retrouvée fichée dans un tronc d'arbre, dans la direction opposée de celle où se trouvait la bête à abattre. Si dans un premier temps on avait pu croire à une maladresse d'un des chasseurs, à la lumière des nouveaux événements, il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait d'un assassinat manqué.
Ensuite Madame Élisabeth, sœur du roi, qui faillit d'être écrasée sous l'un des lustres de ses appartements. La corde avait été sciée de telle façon qu'aucun doute sur l'intention criminelle de cet acte n'avait pu être émis.
Marie-Joséphine de Savoie, épouse du comte de Provence, fût la troisième personne visée. Lors d'un bal organisé la semaine précédente, un chandelier tomba sur sa robe qui prit alors feu. La Providence voulue que la bougie tombe sur la traîne de la robe que la malheureuse put décrocher à temps avant d'être immolée.
Enfin, se fut Marie-Thérèse, la fille du couple royal, qui subit les attaques des mécréants. Jouant dans le petit théâtre de Versailles, l'une des lourdes statues du décor vola en éclat à quelques centimètres de la princesse, manquant de la tuer.

Oscar tapa des deux poings sur la table.
-Cela ne peut plus durer Messieurs !! Nous avons eu de la chance jusqu'à présent qu'aucune victime ne soit à déclarer, mais nous ne pouvons compter sur elle pour assurer la sécurité de la famille royale ! Nous sommes la risée de la France !! Je veux que l'on retrouve ces misérables qui s'en prennent ainsi aux souverains !!
-Colonel, nous faisons ce que nous pouvons mais pour l'instant nous ne disposons d'aucun indice solide.
-Il suffit Girodelle !! Je veux que l'on renforce au maximum la sécurité dans le château !! Et pas seulement de leurs Majestés ! Nous avons vu que toute la famille royale était visée !
-Bien colonel ! À vos ordres !

Les soldats quittèrent le bureau du colonel. Oscar s'installa à son bureau pour tenter de retrouver son calme. Elle prenait cette série d'attaques très au sérieux et de façon personnelle. On la défiait ! On bravait la sécurité qu'elle mettait en place autour de la famille royale en toute impunité ! Son honneur de militaire était bafoué et elle ne le tolérait pas !

-T'énerver ainsi ne t'aidera pas à résoudre ces affaires.
-Tais-toi André !
Le jeune homme obéit. Quand elle était dans cet état, la seule chose qui pouvait calmer Oscar était elle-même. Ou découvrir les agresseurs. Mais dans les cas présents...
-Excuse-moi, je suis sur les nerfs. Depuis la tentative de meurtre sur Madame Élisabeth, la sécurité n'a jamais été aussi forte dans le château et pourtant ces scélérats arrivent à passer entre les mailles du filet.
André s'approcha et vint s'asseoir auprès de son amie.
-Reprend tout depuis le début Oscar. Il n'y a pas le moindre indice qui pourrait t'indiquer un début de piste ?
-Rien. Absolument rien. Les modes opératoires sont différents, les personnes visées aussi. Toutes ces tentatives auraient pu aboutir si la Providence n'était pas intervenue.
-Je ne crois pas en la Providence Oscar, et tu ne penses pas que justement, cela peut constituer un indice ?
-De quoi donc ? La Providence ? Allons André soit sérieux. Soupira Oscar.
-Mais non voyons ! Vois ça sous un autre angle : la famille royale a pour l'instant de la chance de s'en être sortie, ce qui veut à l'inverse dire que les meurtriers ont de la malchance.
-Et alors ? S'enquit Oscar, curieuse malgré tout du raisonnement de son ami.
-Et alors je ne sais pas. Si tu voulais tuer quelqu'un, déjà il te faudrait un mobile.
-Exterminer toute la famille royale, ça je sais !
-Ensuite, une façon d'agir.
-André, tu ne fais que tourner le problème dans tous les sens sans apporter quoique se soit de neuf ! S'énerva la jeune femme.
-Réfléchis Oscar, si tu voulais vraiment tuer quelqu'un, tu ne t'y reprendrais pas à quatre fois non ?

Oscar resta pensive sur les paroles de son ami. C'est vrai qu'en y repensant, toute cette série d'attaques manquait de précision.
-C'est vrai que cela fait amateur...
-Amateur ?
-Oui. Le comte d'Artois manque de se prendre une balle lors d'une partie de chasse. L'arme n'avait même pas besoin d'être dissimulée vu que les courtisans présents étaient pour la plupart équipés pour aller tuer le renard.
-Tu veux dire que se serait un acte impulsif ?
-Non je ne pense pas, sinon il n'y aurait pas eu de série. Mais les chasseurs qui étaient présents sont capables de tuer un renard à 20 mètres. Or le tueur a loupé le comte qui est bien plus gros qu'une proie.
-Se serait un mauvais tireur ?
-Étrange... Oscar se leva et se dirigea vers la fenêtre. Tous les amis du comte ayant participés à la chasse sont d'excellents tireurs. Cela voudrait alors dire que c'était une personne extérieure aux chasseurs...
-Un tireur parmi les convives plutôt que parmi les chasseurs ?
-Peut-être...

Oscar soupira en se retournant vers son compagnon. André l'avait toujours aidée à réfléchir. Peut-être était-ce dû à son attitude constamment calme, ou au fait qu'il la connaissait tellement qu'il la poussait toujours à donner le meilleur d'elle-même. En tout cas, il l'obligeait à réfléchir et à retourner le problème sous d'autres angles, la forçant à se poser de nouvelles questions jusqu'à trouver la bonne voie.

-Imaginons, reprit le jeune homme, que se soit l'un des convives qui ait tiré, dans ce cas il lui aurait fallu dissimuler une arme et s'absenter le temps de tenter de tuer le comte
-Oui... Je dois savoir qui était présent lors de la partie de chasse ! Nous ne nous sommes intéressés qu'aux chasseurs, je veux la liste des invités !

André sourit. Il aimait tout autant voir Oscar reprendre du poil de la bête que de l'entendre prononcer ce « nous ». Il griffonna les directives et les raisonnements d'Oscar sur un papier, chose qu'il faisait souvent afin de ne pas distraire la jeune femme dans ses déductions. Initiative que la colonel appréciait tout particulièrement car elle pouvait ainsi reprendre et analyser les faits à posteriori plus calmement.

-Bien. Madame Élisabeth ensuite. Annonça André en suspendant sa plume.
-De l'amateurisme pur et dur ! Le couteau utilisé pour tailler la corde à même été retrouvé derrière un rideau.
-D'où provenait-il ?
-C'est l'un des poignards de décoration.
-Il n'était donc pas aiguisé...

Oscar s'arrêta, pensive. Les armes d'ornementation étaient en effet peu tranchantes pour éviter à une quelconque personne de se blesser ou de blesser quelqu'un. Un comble !
-L'assassin est donc resté longtemps dans la pièce pour couper la corde... À moins qu'il ne s'y soit pris en plusieurs fois... Non cela se serait vu... André, je veux la liste de toutes les personnes ayant accès aux appartements de Madame Élisabeth : les domestiques, les servantes, les courtisans... Tous !
-La moitié de Versailles donc... L'avisa le jeune homme en notant.

Oscar claqua sa langue. Il avait raison mais elle ne voulait pas qu'il la déconcentre maintenant.
-Pour la comtesse de Provence ?
-Fait moi la liste de toutes les personnes présentent à ce bal !
-Tout Versailles donc... Soupira André.
-Non ! Il faut que se soit quelqu'un qui ait été au contact de la comtesse. Une personne n'ayant pas été trop loin pour renverser le chandelier sur elle.
-Tu penses que c'est un proche de la comtesse ?
-Oui. Et à y réfléchir, je pense que nous avons à faire à une seule et même personne. Cela fait trop amateur pour que se soit une coïncidence.
-Un tueur débutant ?
-Sûrement... Et comme il n'arrive pas à atteindre sa cible, il en changerait.
-Cela se tient.
-J'ai aussi besoin de la liste de tout ceux qui étaient présents au théâtre lors de ...
-COLONEL !! COLONEL !!

Girodelle entra brusquement dans le bureau d'Oscar, complètement essoufflé.
-Colonel vite !! Au Petit Trianon !! La Reine !!
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