Auteur : Machan Hits : 1814
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Chapitre 1

André était allongé sur un lit, la chambre était plongée dans une totale obscurité bien que dehors, il fasse encore jour. Il dormait profondément, on pouvait distinguer une forme humaine auprès de lui.

Celle-ci était prise de convulsions, ses épaules tremblaient, elle étouffait des sanglots. La bataille contre le Masque Noir avait pris un œil à son ami d'enfance, Oscar s'en voulait terriblement. Elle avait décidé de rester à ses côtés jusqu'à ce qu'il aille mieux et soit complètement rétabli. Le diagnostic du docteur avait été formel : si André ne se reposait pas et restait éloigné des sources de lumière avec son bandage, les conséquences pouvaient être terribles.

Les images de la veille la submergèrent. Elle revoyait le visage d'André, tordu de douleur lorsqu'il porta la main à son œil ensanglanté. Il lui avait crié de poursuivre le Masque Noir mais jamais, elle n'aurait pu le laisser seul face à lui-même et blessé qui plus est.

"Tout ça est de ma faute" se dit-elle. Si je n'avais pas voulu à tout prix le capturer, André ne m'aurait jamais contrainte de le laisser endosser le rôle du Masque Noir. En plus il se doutait que j'avais des soupçons sur lui, il a voulu me convaincre du contraire, je n'aurais jamais dû douter de lui". Sur cette pensée, elle ne put retenir un long gémissement.

Elle se souvint de leur enfance. Depuis qu'il était arrivé ici, André avait su lui transmettre sa chaleur, son amitié, il avait toujours été là pour elle. Il l'avait soutenu, tout ce qu'elle avait entrepris, elle l'avait réussi grâce à lui.

Mais elle, que lui avait-elle apporté? Dès son entrée au château, avant même d'avoir appris à le connaître, elle s'était montrée hostile envers lui. A six ans, il avait failli trouver la mort pour la sauver de la noyade dans le lac. Puis sa charge de capitaine l'avait rendue plus froide, plus distante et malgré son silence, elle avait bien vu qu'elle le faisait souffrir, tout comme il était malheureux de la voir se détruire pour Fersen.

Elle avait bien perçu ses avertissements mais elle avait préféré faire la sourde oreille.
Elle écrasa un poing rageur sur le mur, ses larmes coulèrent doucement sur ses joues creusant un sillon sur celles-ci. Elle détestait le Masque Noir pour son geste mais la personne qu'elle haïssait le plus en cet instant c'était elle.

Elle entendit du bruit, croyant que c'était Grand-Mère, elle essuya ses larmes d'un revers de manche mais personne ne franchit la porte de la chambre. Elle se tourna vers André et vit que ses lèvres bougeaient, il murmurait quelque chose. Elle crut qu'il s'était réveillé mais il était toujours endormi. Elle se pencha sur lui pour entendre ce qu'il balbutiait. Ce qu'elle entendit lui serra le cœur.

"Mon Oscar,... comme je suis... heureux que ce soit moi,... et non toi ...qui soit blessé. Je serai toujours prêt... à donner... ma vie... pour toi".

A ces mots, le sang d'Oscar ne fit qu'un tour. André était trop bon, trop altruiste. Quand diable pensera-t-il d'abord à lui?!! S'il ne le faisait pas, elle le ferait à sa place. Il ne pouvait rester éternellement son ombre, il devrait vivre sa vie comme il le souhaitait. Un homme comme lui devrait être comblé, il le méritait. Elle le faisait souffrir et tant qu'il serait avec elle, il ne connaîtrait pas le bonheur.

Sa décision était prise, dès qu'il serait guéri, André se séparera d'elle. Elle lui donnerait de l'argent pour qu'il s'installe. Il pourra alors fonder une famille. Rien ne la fera changer d'avis, André devait partit et il partira.
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Une semaine était passée depuis l'incident.

André avait retrouvé complètement la vue, son œil auparavant blessé était à présent guéri. A son réveil, Oscar avait été très douce avec lui, elle avait pris ses mains dans les siennes, plongeant son regard océan dans ses yeux émeraude.

André avait senti son cœur, manquer un battement, tellement, elle lui avait semblé être un ange avec ses beaux cheveux blonds, et son regard si étincelant et brillant. Les premières semaines s'étaient bien passées jusqu'à cette soirée fatidique.

Oscar avait demandé à André de la rejoindre dans sa chambre après le dîner. Elle devait s'entretenir avec lui d'un sujet important. André s'était demandé de quoi elle voulait bien lui parler. "J'espère que ce n'est pas à propos de Fersen". Elle buvait tranquillement sa tasse de chocolat quand il entra. Elle lui demanda de s'asseoir. Il chercha à lire dans son regard mais celui-ci restait neutre.

Elle posa doucement sa tasse sur la table et le regarda intensément. André fut troublé par la détermination qu'il lisait dans ses yeux, cela signifiait qu'elle se préparait à un combat, mais lequel? Il connut la réponse très vite quand elle prit la parole.

-André, je voudrais que tu construises ta vie loin de moi!! Ainsi tu pourras fonder un foyer, je serai toujours là pour toi mais il est temps que tu penses un peu à toi aussi. Ta vie n'est pas scellée à la mienne!!

- Mais Oscar, qui te dit que cette vie ne me plaît pas? Pourquoi ne me demandes-tu pas mon avis? Dit André d'une voix coléreuse
-J'ai décidé de me retirer des Gardes Royales et je veux que tu puisses vivre ta vie, je ferai la mienne de mon côté.

André n'aurait pu dire quels changements s'opéraient en son esprit mais il sentait sa patience à bout. Cette décision lui faisait du mal, se séparer d'Oscar équivalait pour lui à mourir à petit feu. Il voulait qu'elle puisse ressentir cette douleur. Il lui dit alors:

-Est ce à cause de Monsieur de Fersen? Tu ne veux plus être aussi proche de la Reine car l'homme que tu aimes en est follement épris? Tu as l'impression de la trahir, n'est ce pas?

Oscar rentra dans une colère folle. Elle se leva si brusquement qu'elle renversa la tasse posée sur la table et elle se brisa. Elle ne s'en soucia pas et prit André violemment par le col.

-Ose répéter ce que tu viens de dire, ingrat!!! Je ne veux que ton bonheur et que fais-tu? Vociféra-t-elle
Tu cherches à me faire souffrir en me rendant plus coupable que je ne le suis.

Les yeux d'Oscar brillaient de colère. Les mots d'André lui avaient brisé le cœur. Le pire, c'est qu'il avait raison. Cette faculté qu'il avait de pouvoir lire en elle l'énervait et l'exaspérait.
André se dégagea et marcha à grands pas jusqu'à la porte. Avant de sortir de la chambre, il lança :

-Et bien soit, en passant cette porte, je sors de ta vie Oscar, j'espère que tu trouveras le bonheur. Le mien me fuit et s'échappe encore et encore. Sa voix tremblait à cause des larmes qu'il retenait.

Quand il sortit, Oscar sentit un pincement au cœur, elle murmura:
-C'est mieux ainsi, mon André.
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Avant son départ, André voulait voir une dernière fois Oscar seul à seule. Il lui donna rendez-vous la veille de son départ dans l'écurie. Il avait peur qu'elle ne vienne pas mais heureusement elle ne s'était pas défilée.
Puisqu'il allait s'en aller, André avait décidé de révéler à Oscar ses sentiments. Il voulait déverser tout ce qu'il avait sur le cœur. Elle le prendrait certainement mal mais tant pis!!

Ils s'étaient assis toux deux sur une botte de foin. Oscar attendait sagement ce qu'avait à lui confier André. Elle ne savait pas pourquoi mais un troublant paradoxe se formait dans son esprit.

Elle voulait le voir partir tout en souhaitant le garder auprès d'elle. André avait été un frère pour elle et peut-être bien plus, et il serait difficile de trouver quelqu'un qui était aussi proche d'elle et qui savait la comprendre. Mais elle avait fait un choix et celui-ci, elle se devait de le respecter.

Elle tourna la tête vers lui, et fut désarçonnée d'apercevoir les yeux de son ami embués de larmes. Elle n'avait jamais aperçu une telle tristesse dans son regard. Elle qui s'était toujours dit qu'un homme ne devait pas pleurer, fut touchée par la sincère tristesse de son ami d'enfance.

Pris d'un élan soudain, André prit Oscar dans ses bras et se mit à sangloter de plus belle. La quitter était un tel déchirement, il avait l'impression qu'on lui arrachait le cœur avec une lame aiguisée. Il n'avait pas tort, car le cœur d'Oscar était aussi tranchant que l'épée qu'on lui avait forcée à porter et c'était elle encore qui lui causait
ces souffrances mais il ne lui en voulait pas.

Oscar essayait de le consoler, elle lui tapotait le dos comme on le fait à un enfant. Elle n'avait pas l'habitude de consoler les autres et le comportement d'André l'intriguait. Pourquoi pleurait-il, se pouvait-il qu'elle se soit encore trompée?

Brusquement elle prit conscience de la proximité du corps d'André. Elle pouvait sentir la chaleur émanant de celui-ci. Elle ressentit comme un courant électrique passé le long de sa colonne vertébrale provoquant d'irrésistibles picotements dans celle-ci D'un geste violent, elle le repoussa.

Pour cacher sa gêne, elle le provoqua. .
-Mais que t'arrive-t-il André, tu es un homme, oui ou non?
Elle ne s'attendait pas à sa réponse dite d'une voix calme et posée.

-Ce n'est pas parce que je suis un homme, Oscar que je n'ai pas le droit d'avoir des sentiments et de les exprimer. Il serait temps que tu le comprennes. Etre un homme ne signifie pas avoir un cœur en pierre.

Oscar se rendit compte qu'elle se retrouvait sur un terrain plutôt glissant où elle n'avait pas envie de s'étendre. Si elle laissait continuer André, il ébranlerait l'image qu'elle s'était plu à donner d'elle depuis son enfance, tous les principes dans lesquels, elle avait vécu s'écrouleraient. Elle allait prendre un nouveau régiment, elle devait être forte.

-Et de quoi voulais-tu me parler? lui demanda-t-elle.

Il s'essuya les yeux, s'approcha d'elle et caressa sa joue tendrement.
-Je voulais seulement te dire que j'ai été plus qu'heureux de te connaître Oscar, je ne t'oublierais jamais. Tu resteras à jamais celle que j'aurais le plus chérie, toi que j'ai aimée et que j'aimerai toute ma vie. J'espère que tu connaîtras le bonheur.

Oscar était si abasourdie par cette révélation qu'elle ne s'esquiva pas, quand André effleura ses lèvres d'un chaste baiser.
Il sortit de l'écurie en la laissant debout avec les yeux dans le vide. Il lança un dernier regard vers elle, elle était restée dans la même position sans bouger.
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