Auteur : auroref Hits : 1282
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Under
Chapitre 1

La nuit était tombée, comme la précédente et la précédente avant elle et ainsi de suite. Cela faisait déjà quelques jours qu’Oscar n’était plus là, qu’elle l’avait laissé là, qu’elle l’avait abandonné comme un vulgaire chien. Et de plus en plus, il se sentait sombrer dans les ténèbres qu’était devenue sa vie. Sa seule consolation était de se perdre dans l’alcool. Ce n’était donc pas étonnant de retrouver André, une fois de plus, dans une taverne, dans un coin sombre, isolé de tous, enchainant les verres pour noyer son amertume. Que n’aurait-il pas donné pour revenir en arrière, avant. Avant de commettre cette faute qui était venue tout briser. Son œil valide dans le vague, André se remémorait les événements de ces derniers jours, de ce jour, sans cesse, encore et toujours, comme pour se punir d’un tel acte.

Comment en était-il arrivé là ? Lui, d’ordinaire si calme, si maître de lui, comment avait-il pu perdre le contrôle à ce point ? Qu’est-ce qui l’avait poussé sur ce chemin ? La faute aux événements, à ce cumule d’événements qui avaient fini par avoir raison de son être et de son cœur. Cela avait commencé quand il découvrit l’amour d’Oscar pour Fersen, pointe de jalousie qui montait et gangrénait son cœur. Déchirement supplémentaire quand le dit Suédois avait comprit les sentiments de la miliaire, il l’avait alors retrouvé seule, les yeux humides de larmes essuyées, dans le salon, ramassant les débris de verres cassés. Il avait lu cette détresse dans ces yeux bleus, il aurait voulu l’aider mais elle l’avait renvoyé. Pourquoi ne voyait-elle pas cet amour qu’il avait pour elle ? Pourquoi le chasser ainsi alors qu’il aurait voulu être là pour elle ? Alors il l’avait laissé seule, et comme pour en rajouter à la souffrance de son cœur, son œil droit, son œil valide, commençait à lui faire atrocement mal … Cela aurait pu se stopper là, mais le destin, quand il se mêlait des choses, il le faisait jusqu’au bout. Comme si cela ne suffisait pas, il fallait en plus qu’elle quitte la garde royale, qui était toute sa vie, qu’elle lui avoue ne plus vouloir être faible, être définitivement cet homme que son père avait forgé, qu’elle n’avait plus besoin de lui, qu’elle ne le voulait plus à ses côtés, qu’elle devait agir seule sans ombre dans ses pas. Cette confession fut comme un coup de poignard dans son cœur déjà meurtri. Il ne pu en supporter davantage, d’être traité comme un vulgaire laquait que l’on renvoi à son aise. Non, il souffrait trop de son amour pour elle, et elle ne le voyait pas, elle demeurait froide comme la glace, imperméable à sa douleur.

Une nouvelle bouteille se vida à sa table solitaire. Le patron lui en apporta une nouvelle à sa demande et le laissa sans demander son reste. Boire, boire jusqu’à l’oubli et recommencer quand cela revenait vous hanter. Il avait encore les idées à peu près claires, et quand un homme vint l’importuner, il n’hésita pas à lui répondre par les poings, l’envoyant valser loin de lui, il voulait qu’on le laisse en paix, seul avec sa douleur. Mais cela eut l’effet inverse et une bagarre générale éclata. André encaissait les coups et savait les rendre aussi, il ne sentait pas la morsure des poings qui s’abattait sur lui, non, rien ne pouvait l’atteindre plus que cette déchirure qu’il avait provoquée et qui le rongeait. La nuit était déjà bien avancée quand la bagarre prit fin et qu’il se retrouva à errer dans les rues sur son cheval, une bouteille en main. Courbé sur sa monture, il murmurait quelques propos incohérents, hurlant sa colère et sa douleur à la lune. Qu’adviendrait-il de lui si son œil venait à l’abandonner ? Il ne pourrait plus la voir, elle si belle. Cette idée lui fendait un peu plus le cœur et le remplissait d’effroi. Il n’y survivrait pas.

Tout aurait pu être différent, se disait-il, si elle ne l’avait pas rejeté. Il se souvenait, l’air du piano qui résonnait dans la demeure, le plateau qu’il était venu lui apporter dans sa chambre. Elle restait silencieuse, lui tournant le dos pour se rendre dans l’alcôve et c’était là que le coup de tonnerre frappa dans la pièce. Il avait écarquillé les yeux puis s’était fermé, le visage ferme de toutes expressions, l’avait suivit malgré elle, il avait osé, sans une once de gentillesse lui dire ce qu’il pensait. Il lui avait balancé qu’elle avait tord, qu’on ne changeait le cours du temps à son bon vouloir, par anaphore, il lui avait fait entendre que quoi elle fasse, elle serait toujours une femme, que rose ou blanche, une rose restait toujours une rose. Oscar n’avait pas apprécié et s’était vivement retournée, et il avait encaissé sa colère, sa gifle, son regard foudroyant sans osciller, sans le moindre remord, sans la moindre expression. Il avait perdu tout contrôle et bon sens à cet instant, sa raison l’avait abandonné, tout comme elle. André l’avait empoigné, le regard sombre à lui faire peur, il n’entendait plus se qu’elle disait, il ne voyait pas sa crainte et, de force, l’avait embrassé et poussé sur le lit, la surplombant de toute sa masse. Il la sentait se débattre sous lui, mais rien n’y faisait, il était devenu comme fou. Seul le bruit de la chemise déchirée le fit revenir à la réalité. Il s’était alors figé, se rendant compte de ce qu’il venait de commettre, du monstre qu’il était. Sans un mot, il avait laissé ce bout de tissu filer entre ses doigts, les yeux humides de larmes qui coulaient le long de ses joues. Il remonta la couverture sur elle, pour cacher cette vision. Il l’aimait comme un fou et cela venait de le pousser à la faute. « Si tu savais Oscar, si seulement tu savais tout ce que j’ai enduré toute ces années auprès de toi sans jamais entrevoir l’espoir, la lueur dans la nuit qui aurait pu me rapprocher de toi … de toi que j’aime depuis le premier jour … »

Il était partit, la laissant là, seule dans cette chambre. Il s’en voulait, il se haïssait d’avoir fait ça. En un instant il avait lui-même tout brisé. Leur amitié était déchirée comme cette chemise. C’était comme s’il avait fendu en deux, une toile de maître, séparant les personnages autrefois unis envers et contre tous. Mais il venait de briser ce lien qu’il y avait eu entre eux et plus rien ne serait comme avant, il le savait. Lui qui était son ami, son frère, son confident, son épaule, son ombre, celui sur lequel elle pouvait compter. Tout ceci, il ne l’était plus …

C’était ainsi tous les jours et toutes les nuits, il revivait sans cesse cette tragique scène qui avait tout fait basculer, qui avait fait chavirer sa vie dans un enfer où sa lumière n’était plus et qui ne voulait plus le revoir … Cette vie en valait-elle la peine ? Cela valait-il la peine de vivre sans elle ?


>>>>> A suivre
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