Auteur : Keraline Hits : 803
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Prologue

Nouvelle-Orléans – 28 juin


Katherine connaissait bien ce sentiment : la haine. C'était une douce compagne la seule amie qu'elle n'avait jamais trahie, et qui ne l'avait jamais trahie. En cet instant précis, la haine l'enveloppait comme un châle rassurant, le dernier moteur fiable de son corps devenu faible.
Elle aimait la haine, parce que la haine lui permettait toujours de tenir sur ses jambes après que l'amour l'eût mise à genoux.

– Tu sais que tu m'as causé un nombre incalculable d'ennuis, dit la voix calme et glaciale de Klaus.
Katherine leva les yeux vers son agresseur, retenant une réplique cinglante : avec Klaus, ce n'était pas la stratégie à adopter.

– Réjouis-toi, tu vas pouvoir reconstituer ton armée d'hybrides grâce à mon sang.
– Si j'étais toi, je ne me montrerais pas insolente. Je te rappelle que tu es mortelle.
Elle eut un sourire aigre.

– Mais morte, je ne te serais d'aucune utilité. Alors on peut considérer que je suis plus sûrement immortelle que lorsque j'étais vampire.
Klaus eut un rire mélodieux.

– Sage discours que celui-ci. Johanna, voudrais-tu… ?
La jeune fille hypnotisée se hâta d'obéir à l'ordre tacite de son maître. Elle se saisit d'une énorme seringue, désinfecta l'avant-bras de Katherine et planta l'aiguille.

Alors qu'une tiède apathie s'emparait d'elle, elle s'accrocha à sa si chère haine. Haine contre Klaus, contre cette garce d'Elena qui l'avait livrée à Klaus aussitôt le remède avalé, contre cette pute de vie, contre… Elijah. Parce que pour une fois en plus de cinq cents ans, elle avait voulu faire les choses bien, elle avait été sincère.

Sincère.

La sonorité même de ce mot dégoûtant lui donnait la nausée. Ce qui était certain, c'était qu'on ne l'y reprendrait pas. Vidée de son énergie et de son sang, elle sombra dans l'inconscience.

Mystic Falls – 29 juin

Rebekah vérifia ses affaires pour la dernière fois et sortit de sa maison, valise à la main. Elle retrouva Matt avec joie.
– Prépare-toi à voir des merveilles, lui dit-elle. Car l'Europe recèle des trésors dont tu n'as pas idée.
– J'espère bien, dit Matt, riant, avec ce que va me coûter ce voyage. Non, non, je te vois d'ici. Tu ne paieras pas pour moi. Et tu te souviens de ta promesse ?
Elle soupira, pareille à une enfant qu'on réprimandait de trop.

– Oui, je me souviens : pas d'hypnose, pas de violence, pas de sang. J'ai bien retenu la leçon. On peut y aller ?
Il hocha la tête. Ils entreprirent de se mettre en route, quand une voix honnie déchira le doux silence de leur marche :

– Alors on s'en va voyager ?
– Alexander… ? s'écria Rebekah. Mais tu es mort !
– Il faut croire que non… railla le jeune homme d'une voix guillerette.
Instinctivement, Rebekah vint se placer entre Matt et Alexander.
Ce dernier rit, d'un rire brisé et sans joie, qui rappelait les crises de fou rire qu'avait parfois Klaus, dans un accès de démence.
– Comme c'est ironique. Tu veux donc protéger ce gringalet de moi, alors que tu es son prédateur le plus menaçant ?

– Je suis ce que je fais de moi-même, répliqua Rebekah, relevant fièrement le menton.
– C'est-à-dire une écœurante suceuse de sang.
Rebekah fronça les sourcils.

– Je me fiche de ce que tu peux penser. Moi, au moins, pour espérer tuer quelqu'un, je ne suis pas obligée de coucher avec. Tu sais comment on appelle ça, Alexander ? Faire la pute !

Rebekah eut un petit cri lorsqu'elle sentit la douleur fulgurante d'un pieu qui se plantait dans son bras. Elle remercia ses réflexes d'originelle, car le pieu visait le cœur, et bien qu'elle fût immortelle, elle préférait ne pas avoir à passer par la demi-mort qu'occasionnait un pieu dans le cœur.

Le premier instant de stupeur passé, la rage envahit Rebekah, coulant une lave incandescente dans ses veines. Dans ces moments-là, elle ne se contrôlait plus. Elle arracha le pieu de son bras, et le jeta en direction d'Alexander, qui le reçut dans le cou. Il suffoqua, crachant du sang, puis s'effondra sur le sol, inerte.


Elle le regarda heurter le sol avec fracas, les yeux hallucinés. Elle fixa ensuite ses mains choquée.
Elle venait de tuer. Encore. Elle venait de tuer Alexander.
Elle venait de tuer un chasseur.


Elle regarda longuement ses mains, la bouche entr'ouverte et les yeux agrandis par la stupeur. Lorsqu'elle reprit ses esprits, Matt avait disparu.


Mystic Falls – 29 juin


Caroline attendait d'apercevoir la tête brune ébouriffée de Tyler, le cœur en fête. C'était comme si d'un coup, tout se mettait à aller bien sans crier gare. Jeremy était de nouveau en vie, Silas était au fond de l'eau, le voile de l'Autre Côté était retombé. Tout allait bien.

Enfin, le pauvre Stefan devait souffrir, et Elena faisait n'importe quoi avec Damon, mais ce genre de choses paraissait si secondaire, quand des gens mouraient tout autour. Et puis, ce n'était pas irréversible : Elena finirait probablement par se réveiller et retourner avec le véritable amour de sa vie.

Non, indéniablement, il y avait un parfum de mieux qui flottait dans l'air.
« Peu importe la rudesse de l'hiver, le printemps vient toujours », disait son père, se souvint Caroline. Et il avait raison. Comme souvent. Ses pensées allèrent vers Klaus, à qui elle devait une partie immense de son bonheur. Elle sourit sans s'en rendre compte, pensant au beau geste de l'originel. Presque machinalement, elle prit son téléphone et rédigea un message : « Merci. Merci, merci, merci ».


Peu de temps après, un petit bip résonna.
« Assure-toi simplement qu'il n'encoure plus jamais ma colère. Je n'ai été que trop clément. Ça n'arrivera plus ».

Elle réprima un frisson. Malgré l'embryon d'amitié qu'elle partageait peut-être avec Klaus, elle ne s'habituait pas à la menace latente qu'il représentait. Elle allait ranger son téléphone, quand il sonna.

– Caroline Forbes, j'écoute.
– Bonjour, Caroline, c'est le Dr Fell.
Caroline fronça les sourcils.
– Que se passe-t-il ?
– C'est à propos de ta mère… ce que j'ai à te dire n'est pas…
– Dites-le, et c'est tout.
– Elle est décédée. Je suis vraiment désolée.
– QUOI ?! hurla Caroline. Comment ça, décédée ?! Je vous ai donné deux litres entiers de mon sang pour éviter que cela n'arrive.

– Nous en arrivons à notre autre problème : votre sang ne l'a pas guérie. J'ignore comment cela a pu se produire.
– Comment ça, vous l'ignorez ?
– A la lueur de mes premières observations, je pense que la Veine de Vénus y est pour quelque chose.
– C'est n'importe quoi. Plein de gens sont soignés grâce à du sang de vampire et pour autant, ils carburent à la Veine de Vénus.


– Pour l'instant, je pense que la Veine de Vénus a consommé le sang. Peut-être que ta mère en prenait en quantité trop importante. Peut-être également que c'est une question de malformation génétique. Je dois faire des recherches plus poussées.
– Bien. Au revoir.
Caroline entra dans la chambre de sa mère comme une folle, les yeux humides. Elle la vit allongée sur son lit, l'air calme. Apaisé.


Cette vision lui arracha un filet de larmes, qui coulèrent lentement de ses yeux à la commissure de ses lèvres, traçant des sillons de cristal sur ses joues.
Tremblante, elle se pencha pour embrasser le front de sa
mère.

C'était si froid.

Un nouveau sanglot secoua la gorge de Caroline. Elle se laissa aller à ses larmes, presqu'allongée sur sa mère. Elle demeura ainsi, à pleurer l'amour d'une mère qu'elle ne verrait jamais plus, un nombre d'heures qu'elle ne put évaluer. Tout ce qu'elle savait, c'était que cela avait duré au moins quelques heures, puisque le ciel était noir comme son humeur, lorsqu'elle se redressa.

– Il faut que le corps soit emmené à la morgue, dit alors Meredith Fell, qui revenait, une poche de sang à la main. Et il faut vous nourrir.
Caroline dédaigna la poche de sang des yeux, absorbée par ses pensées.

– Vous savez que je lui disais tout le temps des horreurs ? Qui sait si elle savait à quel point je l'aime…
Meredith était coutumière de ce genre de regrets. Elle les croisait souvent chez les familles des patients que l'on perdait. Mais on ne prenait jamais l'habitude de voir des yeux ravagés par le chagrin et dévorés par le regret. Qui pouvait se vanter d'avoir à ses dits proches assez de « je t'aime » pour s'en tirer sans regrets dans ces moments-là ?


– Je pense qu'elle savait combien vous l'aimiez. Les mères savent ce genre de choses.
Caroline sourit amèrement. Elle embrassa une dernière fois sa mère, l'étreignit puis se résolut à la quitter pour toujours, le cœur en miettes.
– Adieu, Maman. Je t'aime, Maman. Je t'aime, je t'aime, je
t'aime.

Nouvelle Orléans – 30 juin

Katherine s'éveilla à nouveau, en sursaut.
–Que de précautions pour séquestrer une pauvre humaine… commenta Katherine en voyant Klaus.
– Même humaine, tu es la créature la plus perfide que je connaisse, répondit posément Klaus. Quand bien même tu serais morte, je ne te laisserais pas sans surveillance.
Elle haussa les épaules, arborant un sourire sardonique.
– Flattée.


Un homme à la peau noire fit alors son entrée.
– Marcel, je te présente Katherine. C'est elle, ma poche de sang vivante.
– A qui ai-je l'honneur ? demanda Katherine, d'un air exagérément courtois.
– Personne ne t'a demandé ton avis, dit Klaus.
Katherine se tut, observant l'éclat de désir qui brillait dans les yeux du vampire qui accompagnait Klaus.
Elle le tenait, sa clef vers la liberté.
Sois tranquille, ma Haine, car bientôt tu dormiras repue du sang que j'aurai versé pour toi...
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