La vie est une routine rouillée, elle nous force à subir un éternel recommencement des choses, des conditions de la société dans une hiérarchie imposée. Pourtant ce n'est pas ce qui semble déranger une certaine personne à Versailles, cour représenté par l'éblouissante Marie-Antoinette, reine de France.
Il semblerait par une matinée assez fraîche du mois d'octobre qu'un officier à l'uniforme rouge vivifiant soit intéréssé par autre chose que les exercices militaires dont sa fonction de colonel de la Garde Royale oblige à exécuter des directives.
Lui qui aimait participer aux entrainements des gardes, restait ou du moins semblait un spectateur inactif de toute cette joyeuse animation. En effet le colonel de la Garde Royale, le comte Oscar François de Jarjayes s'était forgé la plus surprenante des réputations, épétiste émérité et confirmé,il est de marbre face au monde luxuriant de Versailles, héritier d'une famille prestigieuse, servant la couronne depuis plusieurs générations. Fils de Général et d'une comtesse, dame de compagnie de la Reine en personne , Oscar de Jarjayes est considéré par sa position à la cour comme un noble bien né. Pourtant ce n'est juste qu'un paradoxe à sa véritable nature qu'il doit ou plutôt ELLE doit s'efforcer de masquer, le trop beau colonel est en réalité une magnifique femme derrière son uniforme et ses devoirs. Certains nommerait ceci comme une infamie, une calomnie mais pour elle, il a toujours été question d'une immense gratitude envers son père d'avoir décidé de modifier son destin, pour préserver son nom, sa descendance car tout noble qui se respecte se doit de faire perdurer son titre, ses biens et son nom.
Quartozans plus tard, à la suite d'un duel face au comte de Girodelle, l'autre personne pressenti au poste de capitaine de la Garde,c'est la jeune adolescente qui remporte le privilège d'obtenir le poste, avec son rival comme subalterne,l'un des seuls au courant de son secret. Depuis bien des choses ont changé mais pas l'expression froide du colonel, un masque qui la protège des autres, porté par un voile de mystère et de questions dont la principale reste: Qu'est qui se cache derrière cet étrange personnage?
Courtisanes se languisaient de son incroyable beauté, de son raffinement, de son légendaire courage et sa force, toutes se plaisaient à dire que son charme racé émanait de ses yeux.Des yeux bleus ouragan à vous couper le souffle, un lagon limpide et transparent que personne n'avait à envier puisqu'ils sont uniques .Tous ces commérages, ces louanges ne lui firent que le même effet du vent, c'est à dire caresser ses oreilles sans véritablement les toucher, au meilleur des cas, un petit rire narquois se peignait sur ce faciès juvénile et elles s'en vexaient. Cependant pour les courtisans il en était autrement, le colonel est le parfait gentilhomme qui attire les regards, beaucoup le jalousaient,le haissaient mais peu agissèrent car l'épisode avec le duc de Germain restait ancré dans toutes les mémoires aristocratiques.
Pourtant tout ce que possède Oscar n'est rien. A quoi sert tous ses sacrifices si elle devait toujours se cacher et s'exposer en homme, car malgré tout , à un certain âge, se manifestent des troubles.
Et le responsable fut le comte de Fersen,ami de cœur de la Reine et amant bien des années après. Si il était désespérément amoureux de la Reine et que son amour fut partagé, il n'empêchait pas de faire saigner le cœur de Oscar, qui s'est découverte un penchant pour cet élégant et charismatique comte suédois rencontré le 30 janvier 1774 lors d'un bal masqué à l'Opéra. Il est certainement le noble qui a fait le plus chavirer les cœurs des demoiselles fortunées et de bonne famille de France. Mais il ignorait ce que Oscar endurait à recevoir ses confidences sur . Déjà troublée par cette découverte, son cœur se martela lorsqu'elle apprit son départ pour la guerre d'Indépendance aux Amériques ,pour préserver l'honneur de son éternel amour.
Et le piédestal sur lequel se trouvait Oscar se brisa le jour où son ombre de toujours, son inséparable compagnon, son ami commit l'irréparable:
Ce fut la phrase de trop, tout s'enchaîna, la gifle, le désir violent et expressif de André sur Oscar, une manche de chemise arrachée, l'expression de la féminité evidente d'Oscar, un torrent de larmes pour chacun et l'aveu explicite de son désespoir amoureux .
-Oscar ma rose, tu resteras celle que j'ai chéri le plus, personne ne pourra t'aimer infiniment plus que moi, vingt ans à espérer pouvoir un jour me dévoiler et je l'ai fait dans la violence, pardonne-moi mais je n'avais pas d'autre choix. ... Adieu ma rose fougeuse, j'emporte un peu de toi avec moi, je te quitte . Tu ne me reverras plus jamais.>>
Et il tint sa promesse.
Huit mois qu'elle ne l'avait plus revu, aucune trace de son départ, pas la moindre lettre laissé à sa vieille Grand-Mère qui se mourrait chaque jour un peu plus.
Et aujourd'hui le poids de la solitude la ronge. Car il ne suffit pas d'être noble pour être heureux. Certes elle avait de nombreuses connaissances mais pas d'amis car qui semblait être sincère à la Cour de Versailles? Personne ou du moins peu l'étaient.
Alors elles les fuyaient, elle s'enlissait dans un chagrin profond, la rendant plus glaciale de jour en jour, anéantissant le superbe éclat azur de ses deux perles.
Et lui malgrè tout l'amour dans son cœur, n'arrivait pas à l'approcher malgrè un sentiment de vouloir la serrer de toutes ses forces et qu'elle accepte de ployer un peu de son chagrin entre ses mains. Lui, Victor-Clément de Girodelle, voulait être celui qui réanimerait le phénix ,enfermé des neiges glaciales.
''Oh Oscar, votre douleur je ne peux que la comprendre, comme vous je suis seul, nous nous connaissons et pourtant nous agissons comme des étrangers, si seulement vous consentiez l'espace d'un instant un de vos regards ,je le jure sur mon nom, je vous remettrai ma vie entre vos mains,je vous aime et je ne peux vous laisser vous détruire. Mon attachement est sans limite, je vous suis dévoué corps et âme.''
Il se rapproche d'elle et prend ses fonctions, mais sans le savoir, des évènements se bousculeront pour les deux officiers dans les prochains jours. |