Prologue
Simplement vêtu de sa nudité, André se faufila sous l'édredon de plume. Sa nuque trouva tout naturellement sa place sous ses bras repliés. Le regard pensif s'attarda un bref instant sur les tisons rougeoyants, puis s'évada vers la fenêtre. Sous le fin voile de tulle se dessinait la silhouette souple et agile du vent, flirtant la poudreuse hivernale. Un ballet imaginaire folâtrait sous la faible lueur d'un réverbère de laiton. De bons gros flocons de neige comme au temps de son enfance. Que de souvenirs heureux, il gardait de cette époque.
En rentrant de Versailles, il s'était attelé à une lourde tâche, balayer un sentier entre l'écurie et le château.
Serpentant entre un dédale d'arbres surplombant une voûte naturelle de branchages dénudées de son manteau printanier. Il sourit, pensant à l'inutilité de sa tâche, demain, tout serait à recommençer.
Le matelas s'affaissa à ses côtés, Oscar retroussa son petit bout de nez contre son épaule, se lova contre lui, mêla ses jambes aux siennes.
- Tu sent le tabac du général.
- Je sors de l'ântre du grand méchant loup, plaisanta t'il.
Elle se redressa, un peu inquiète.
- Que te voulait'il ?
- Me confier quelques messages à porter, il souhaite donner un souper pour ton anniversaire...
Et devine ce qui s'en suivra !
Oscar n'eût aucun mal à deviner, les sous entendus abondaient allègrement ces derniers temps.
- Encore, n'a t'il pas compris que je ne voulais pas me marier ?
Après un bref instant d'hésitation, Oscar reprit.
- Sauf, si il me choisissait le fiancé idéal. Un jeune homme aux cheveux brun, aimant les chevaux et doué, vraiment très doué pour les chocolats chauds.
Elle l'entendit rire.
- Je devrais peut être lui en préparer un, qu'en dit tu Oscar ?
- Que nenni, monsieur, ceci est mon privilège.
Elle frissonna en posant son visage sur sa poitrine nue de tout artifices.
- Tu a froid, demanda André en lui touchant l'épaule.
- Un peu.
Rabattant l'édredon, il marcha vivement vers la cheminée, attisa les braises du foyer et ajouta la plus grosse bûche qu'il pût trouvé dans la panière.
- Elle devrait suffire pour toute la nuit, dit'il en se couchant, il serra tendrement Oscar contre lui.
Elle ne se fit pas prier pour s'y réchauffer, sa peau était toujours si chaude et si douce.
Un brasier fait de chair et de sang.
- André... Crois tu qu'il ait deviné pour nous ?
- Nous sommes si prudent, que parfois moi même, j'ai encore du mal à le réaliser.
En effet, Oscar s'était déclarée peu après l'attaque du Faubourg Saint-Antoine, André avait refuser d'y croire, jusqu'à ce qu'elle vienne le rejoindre un soir dans sa chambre.
- Nous ne pourrons bientôt plus nous cacher, mes culottes commençent à me serrer.
André posa la main sur le ventre arrondi, caressant ce petit être fruit de leur amour.
- Le regrettes tu ?
- Je n'ai pas encore trouvé la réponse, mon André, le taquina t'elle.
- Digne fille de son père, marmonna t'il contre ses cheveux,
Toujours à tergiverser, à noyer le poisson.
Se dressant sur un coude, Oscar croisa ses prunelles pétillantes de malice.
- Moi aussi, je t'aime, lui dit'elle en l'embrassant sur le nez.
Bonne nuit monsieur, j'ai réponse à tout.
- Bonne nuit mademoiselle, je ne sais jamais quoi dire.
A suivre... |