NdA : C’est une vignette de chez vignette ! Donc y pas vraiment de début. Et y a vraiment de fin. Mouahaha… Y aura pas de suite d’ailleurs. Je vous laisse imaginer le reste.
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André frappa pour la dixième fois à la porte des appartements d’Oscar.
-« Oscar ! Nous allons finir par être en retard.
-Pas grave. J’irai pas ! lui parvint la réponse de son amie.
-Oscar ! Ne fais pas des caprices !
-C’est pas un caprice ! Je veux pas y aller ! Hors de question. J’irai pas ! Vas-y sans moi !
-Tu plaisantes j’espère. Tu n’as pas oublié que tu étais Colonel de la Garde Royale…
-Justement ! Je ne suis pas un pantin dont on peut disposer. Je vais être ridicule…
-Permets-moi d’en douter Oscar. À mon humble avis, tu risques même d’être la seule personne de la soirée à ne pas être ridicule.
-Tu dis ça simplement pour que je sorte…
-Crois-moi Oscar… J’ai bien plus de raisons que toi de rester enfermer dans ma chambre.
-Alors qu’est-ce que tu fabriques devant ma porte ?
-On ne m’a pas vraiment laissé le choix tu sais. D’ailleurs toi aussi !
-On a toujours le choix… C’est des excuses tout ça !
-Oscar ! Tu ne disais pas cela la semaine dernière…
-C’est parce que je ne m’étais pas encore vu comme ça… Tu ne peux pas comprendre !
-Hmm… Alors là j’en doute… grommela-t-il. Eh Oscar tu oublies ma situation ? Je suis un homme ! cria-t-il.
-Et moi aussi ! Et Colonel en plus ! Alors va-t-en ! Laisse-moi ! Pars !
-Oscar, si tu ne sors pas tout de suite je vais défoncer la porte. la menaça-t-il.
-C’est ça… Fais ce que tu veux… Si tu crois que ça m’impressionne !
-Allez Oscar ! Sors ! Je t’en prie…
-Non ! claqua la réponse.
-Oscar…
-Non !
Osc…
-Non ! Non ! Et non !
-Ok tu ne veux pas sortir mais ouvre-moi la porte au moins ! Je n’ai pas très envie de rester toute la soirée dehors… dans le couloir… dans cette tenue. » supplia André.
Il entendit des bruits de pas, un clic dans la serrure et de nouveau des bruits de pas. Le jeune homme tourna la poignée et entrouvrit la porte tout doucement.
-« Oscar ? » appela-t-il passant la tête à travers l’ouverture.
La pièce était dans la pénombre et aucunes traces d’Oscar à proximité. Il ouvrit alors franchement la porte, entra et la referma rapidement non sans avoir lâcher quelques grognements d’exaspération.
-« Bon sang. Comment font-elles pour supporter tout ça ? » pesta-t-il.
Il s’avança jusqu’au fond la pièce et pénétra dans la chambre de la jeune femme. Cette dernière était assise au bord de son lit de l’autre côté. Il fit quelques pas et s’appuya contre la commode et fixa un moment son profil.
-« Tu vas bouder encore longtemps ?
-Je boude pas ! s’écria Oscar en croisant les bras. Qu’est-ce que tu veux ?
-Il y a beaucoup de choses… » dit pensivement André.
Il se racla la gorge et reprit avec plus de sérieux.
-« Oscar ! Je crois que ça a suffisamment duré. Maintenant, tu prends ton courage à deux mains et tu viens avec moi. Le carrosse nous attend.
-« Pfff… On voit que c’est pas toi qui vas devoir parader dans cette tenue. » grommela Oscar.
André leva un sourcil tout en détaillant les vêtements de son amie. Il ne voyait vraiment pas en quoi elle pouvait se sentir gênée. Bon la connaissant, il pouvait comprendre pourquoi elle n’était pas ravie. Mais quand même… Il baissa les yeux sur ses propres vêtements… Oscar était bien plus chanceuse que lui. Certes, il n’allait pas vraiment devoir parader lui mais il allait lui en coûter de se montrer attifer de la sorte même s’il n’était pas le seul dans ce cas.
-« Oscar ! Si tu refuses de descendre, je t’emmène jusqu’en bas en te portant sur mon épaule comme un sac de farine.
-Tu n’oserais pas ! s’indigna-t-elle. Tu oserais ? Mon père te tuera pour te permettre de telles familiarités. ajouta-t-elle avec dédain.
-Peu importe les risques, tu iras ! Je te rappelle que ‘Sa’ Majesté l’a expressément exigé. La raison d’état, tout ça. C’est ton devoir.
-Devoir ! Devoir ! Devoir ! Franchement André ! Sois sérieux ! Un colonel ne peut pas faire une chose pareille même pour La Reine de France.
-Oui mais là Notre chère Reine de France ne s’embarrasse pas de nos petites réserves… Il faut que l’on y aille.
-Non ! Toi vas-y ! Seul ! Comme un grand !
-Je ne partirai pas sans toi. Il est hors de question que je subisse les affres de cette soirée, seul.
-Parce que tu crois que moi je ne vais rien subir ! » s’emporta violemment Oscar en tournant la tête vers lui.
Se faisant, elle vit pour la première fois les habits que portait André. Bien malgré elle, un sourire se dessina sur son visage. Sa brusque colère s’envola aussitôt. Elle détourna la tête pour réprimer un gloussement. Peine perdue, très vite elle fut prise d’un fou rire incontrôlable.
-« Bon ça va Oscar ! maugréa André. Tu ne m’aides pas là…
-T’ai… T’aider… à… quoi ? parvint-elle à articuler avec peine.
-Je sais pas moi… déclara son ami avec emphase. M’aider à me sentir mieux ! Plus confiant ! Ne pas avoir cette sensation d’être grotesque. Rester digne ! Comment te résumer l’idée ? Ha oui ! Homme ! C’est le mot que je cherchais. »
Oscar ponctua son petit discours par un fou rire encore plus fort. Elle riait tellement qu’elle était pliée en deux et qu’elle se tenait l’estomac.
Elle est au bord de l’asphyxie pensa André. Il soupira et attendit patiemment qu’elle se calme. Lentement, Oscar reprit son souffle et s’essuya le coin des yeux. Elle inspira de grandes bouffées d’air pour retrouver la maîtrise d’elle-même. Elle se leva et s’approcha de lui en souriant jusqu’aux oreilles. Elle posa une main sur son épaule dénudée.
-« André, même dans cette magnifique robe de bal, tu restes un homme pour moi. lui assura-t-elle sur un ton qui se voulait solennel mais où perçait une nette pointe de moquerie.
-« C’est bizarre mais j’ai du mal à être convaincu… répliqua-t-il en levant les yeux au plafond.
-Pardon André. ajouta Oscar avec sérieux cette fois. Mais tu es si… Mon dieu ! ajouta-t-elle en faisant de grands gestes avec les mains. La robe ! Les bijoux ! Et… Tes cheveux ! Mon dieu ! Grand-mère a fait des merveilles sur toi. Tu es devenue une superbe…
-Ne le dis pas Oscar ! la coupa vivement André. S’il te plait ne le dis pas. Je préfère ne pas y penser… Alors si tu ne le dis pas ce sera bien plus facile.
-D’accord ! D’accord ! Ton déguisement est fort réussi. J’ai le droit de le dire ? rétorqua-t-elle joyeusement
-Oui, ça, tu as le droit. C’est tout à fait cela. Un déguisement. Je suis déguisée en courtisane. Le parfait déguisement pour se rendre à ce parfait bal costumé de Versailles sur le thème de l’inversion des genres ou comment je me suis me retrouvé habillé de soie. Euh… C’est de la soie ?
-Alors là j’en ai pas la moindre idée ! Mais ta robe te va bien André. Je sais que tu ne vas pas aimer ce que je vais te dire mais elle avantage ta silhouette. C’est…
-Oscar ! rugit le jeune homme. Tu vas arrêter. Ça ne me fait pas rire.
-Moi si ! rétorqua-t-elle en pouffant.
-Pitié ! » gémit-il.
Il croisa les bras faisant mine d’être offusqué mais bien vite il rejoint son amie dans ses éclats de rire.
-« Bon allez ! C’est l’heure mademoiselle. Le bal nous attend.
-Ah j’avais presque oublié le bal. se morfondit soudain Oscar. Grand-mère ne m’a rien épargné pour ma toilette. Je suis une vraie meringue ! »
André ne put s’empêcher de lâcher un soupir d’exaspération. Prenant Oscar par le bras il l’entraîna jusqu’au miroir. Il la fit pivoter de manière à la placer devant lui. Il déposa les mains sur ses épaules et ils restèrent quelques secondes à se contempler dans la glace.
-« Ce que je vois Oscar dans ce reflet… commença André. C’est une magnifique jeune femme gracieuse et resplendissante. »
Oscar secoua la tête et voulut s’éloigner. Mais André était le plus fort.
-« Je vois une jeune femme qui porte une robe superbe qui rend hommage à sa beauté naturelle. Et en plus cette couleur rehausse le bleu de ses yeux, ce qui ne gâche rien. »
Oscar ne put réprimer un sourire car le jeune homme avait laissé le ton grave de sa voix pour en prendre un beaucoup plus perché. En outre, il faisait des mimiques : froncements de sourcils, plissement des yeux…
-« Je vois une jeune femme avec un port de reine qui a le plus merveilleux sourire que je connaisse. Poursuivit-il avec cette voix de fausset. Une jeune femme qui risque fort d’être le soleil de la soirée. »
Il continuait ses petites grimaces. Elle pouffa légèrement.
-« Tu n’es pas ridicule Oscar. Tu es belle ! Tu es la plus belle. Reprit André avec sa voix normal et sérieux. Tu es ma déesse aux cheveux d’or. »
Lentement ses mains descendirent le long des bras nus d’Oscar. Il l’encercla sa taille et appuya la joue contre sa chevelure blonde. Ils se fixèrent en souriant à travers le miroir. Oscar vint placer les mains contre les siennes.
-« Et juste derrière cette divine apparition… lança André sur un ton plaisantin, on aperçoit une espèce de grande travestie brune avec des yeux… Seigneur ! s’écria-t-il avec affolement. Qu’est-ce que Grand-mère a fait à mes yeux ? »
André relâcha Oscar et s’approcha du miroir, tâta du bout des doigts, avec appréhension, le bord de ses paupières. Oscar sourit gentiment puis se rapprocha de lui. Elle attrapa délicatement ses mains entre les siennes. Il baissa les yeux vers elle.
-« C’est juste un peu de maquillage André. Du mascara je crois.
-Ah oui ! Suis-je bête ? Je m’y attendais pas… Heu… Ça partira ?
-Bien sûr. Regarde, j’en ai moi aussi. Et ça partira. »
André cligna plusieurs des paupières tout en regardant sous les angles son reflet.
-« Vraiment les femmes doivent supporter des choses bizarres… C’est une chance que je ne doive pas me faire passer pour une femme tous les jours. Remarque on ferait une belle paire. Moi l’homme qui s’habille en femme et toi la femme qui s’habille en homme. »
Il éclata de rire mais se reprit bien vite.
-« Désolé Oscar… je dis n’importe quoi…
-Oui mais j’ai l’habitude avec toi. répondit-elle avec un sourire espiègle.
-Hé ! Ne dis pas ça ! s’indigna-t-il. Je ne dis pas toujours n’importe quoi. ajouta-t-il en grommelant.
-Tu boudes ? demanda Oscar en faisant la moue.
-Non. Je boude pas, je m’apitoie sur mon triste sort. »
La jeune femme éclata de rire penchant la tête en arrière. André la contempla en souriant. Sentant son regard, elle reprit son sérieux et le fixa à son tour.
-Tu sais André je trouve que ça ne te vas pas si mal le maquillage autour des yeux. »
Tout en parlant, elle suivait d’une main les lignes de son visage, plongée dans la contemplation de ses prunelles émeraudes.
-« Vraiment ?
-Oui. Tes yeux sont encore plus éclatants. »
Marquant une pause, elle se pencha vers lui, le près possible de son visage.
-« C’est attirant. reprit-elle dans un souffle.
-Attirant à quel point ? rétorqua André sur un ton taquin.
-Et bien… lui répondit-elle sur le même ton. Au point d’avoir certaines envies irrésistibles.
-Et tu vas pouvoir résister ? demanda-t-il avec espièglerie.
-Hum… Je ne pense pas pouvoir résister bien longtemps… »
Leurs deux visages se rapprochèrent un peu plus, leurs lèvres prêtes à se toucher.
-« Oscar ! André ! Vous allez être en retard ! Qu’est-ce que vous fabriquez ! » cria Grand-mère depuis le couloir.
Avec un sursaut, le couple se sépara bien vite. Ils quittèrent précipitamment la chambre. Oscar s’installa dans un des fauteuils et André s’appuya contre la cheminée. Tous deux prirent un air parfaitement innocent lorsque Grand-mère apparut dans l’embrasure de la porte.
-« Et bien qu’est-ce que vous faisiez depuis tout ce temps ? Et pourquoi il fait noir dans cette pièce ? André tu aurais pu allumer les chandelles !
-C’est pas grave Grand-mère. s’écria Oscar. De toute manière, on doit partir. Le bal nous attend. Tu viens André ?
-Tout de suite Oscar.
-Bonsoir Grand-mère ! » lancèrent les deux amis en s’en allant.
Grand-mère les mains sur les hanches contempla la pièce vide quelques instants.
-« Mon intuition me dit que ces deux-là me cachent quelque chose… Foi de Marron-Glacé je saurai le fin mot de cette histoire. » |