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Lady Oscar > André for Ever > Rouge ou blanche, une rose reste une rose... >
-Ma fille, j’ai décidé d’accepter en votre nom la demande en mariage de monsieur le Comte de Girodelle.

-Comment ?! Père, vous n’y pensez pas ! Je ne peux me marier !

-Ah bon ? Et pourquoi cela ? questionna le général de Jarjayes en se retournant.

-J’ai une unité de soldats à commander, sous ordre de Sa Majesté, ne l’oubliez pas ! De plus…

-Cessez donc de me prendre pour un imbécile. Vous conserverez votre nom et votre charge, le mariage se fera en toute intimité –votre mère, votre futur mari, André qui sera votre témoin, un témoin de monsieur de Girodelle, et moi-même.

La jeune femme resta interloquée.

-Je vois que vous avez déjà tout prévu, nota-t-elle d’une voir aigre.

-C’est exact. La cérémonie aura lieu le vingt-deux avril.

-Dans trois jours ?! Père, vous n’y pensez pas !

-Vous vous répétez, ma fille. Ma décision est prise, elle est irrévocable !

Oscar ouvrit la bouche pour répliquer, mais le général plaça une dernière tirade, tuant dans l’œuf les intentions de sa fille :

-De plus, un congé d’une semaine vous a été accordé. Vous profiterez de ce temps de repos pour apprendre à vous vêtir et à vous comporter en femme. Vous pouvez disposer.

Comprenant qu’il était inutile de lutter avec son père, la jeune femme sortit de la pièce et claqua la porte avec une violence qui fit sourire le général. Elle finirait bien par entendre raison !

André sortit précipitamment de sa chambre, alerté par le bruit.

-Que se passe-t-il Oscar ?

-Rien. Viens avec moi, j’ai besoin d’un cheval.

Elle partit d’un pas vif, et se dirigea vers les écuries, où André, qui l’avait suivie, sella pour elle une magnifique monture d’un blanc parfait. Montant en selle, Oscar prit au galop la direction de Versailles, où elle savait pouvoir trouver Girodelle.

-Colonel Oscar François de Jarjayes, annonça le majordome à l’entrée du palais royal.

Ladite Oscar traversa la moitié du palais d’un pas rapide, ne faisant même pas attention aux commentaires que les courtisanes lançaient sur son passage. Elle arriva rapidement aux quartiers des Gardes Royaux, et entra dans le bureau de Girodelle, où il bavardait avec deux de ses amis.

-Colonel ! Je suis ravi de vous voir ici, quel bon vent vous amène ?

-Girodelle, je veux m’entretenir avec vous. Seule à seul. Maintenant.

-Eh bien, je crois que nous allons vous laisser alors ! s’exclama l’un des soldats, en entraînant son compagnon vers la sortie. Mon Colonel, salua-t-il.

Dès que la porte se fut refermée, Oscar prit la parole d’une voir pleine de colère :

-Je peux savoir quel diable vous a pris ?! Demander ma main à mon père, non mais vous êtes fou ! Et maintenant, voilà qu’il m’oblige à vous épouser, et organise la cérémonie pour dans trois jours. Comment avez-vous pu avoir une aussi haute opinion de vous-même que vous croyiez que j’accepterai ?! J’ai un rang, monsieur, et une charge à tenir. Il est hors de question que je m’enchaîne à vous par un mariage qui ne soulèverait que des commérages de courtisans.

-Oscar, je vous en prie, calmez-vous ! Je…

-Comment ! Comment osez-vous me dire de me calmer ?!

-Je ne pensais pas que le général vous obligerait à accepter. J’en suis même surpris, au vu de la réserve qu’il a manifestée lorsque je lui ai fait part de ma proposition. Oscar, je ne souhaite en aucun cas vous enchaîner, comme vous dites. Je voulais simplement vous montrer que je vous aimais, et que la vie ne vous obligeait à garder cet uniforme contraire à votre nature jusqu’à la mort. Je ne veux que votre bonheur.

-Alors laissez-moi ! Laissez-moi mener ma vie comme je l’entends. Partez sur-le-champ résilier votre demande auprès de mon père.

-Non Oscar. Je vous épouserai. Fersen lui ne le fera jamais… et il vous sera moins dur de vivre avec un homme qui vous aime et qui veut votre bonheur.

-Pourquoi me parlez-vous de Fersen ?! Au nom de quoi vous permettez-vous de porter un jugement sur moi ?

Sentant qu’elle n’allait pas tarder à laisser le désespoir qui l’envahissait se transformer en larmes, la jeune femme ouvrit la porte d’un mouvement brusque et se rua à l’extérieur, manquant de bousculer un groupe de courtisanes qui s’étaient approchées, attirées par les éclats de voix.

Oscar retraversa le palais, et alla elle-même chercher son cheval, qu’elle lança au galop en direction du château de Jarjayes.

Une dizaine de minutes plus tard, elle confiait sa monture à André pour qu’il la panse, et fila s’enfermer dans sa chambre.

Où elle éclata en sanglots.

-Pourquoi ? Pourquoi me faire ça à moi ? Vous avez décidé de mon existence, je ne suis à vos yeux qu’un pantin tout juste bon à perpétuer le nom des Jarjayes. Et maintenant, vous souhaitez encore imposer votre décision à ma vie ! Non, non, plus jamais !

-Oscar ? Que se passe-t-il ?

La jeune femme se tourna vers André, qui venait d’entrer. Le jeune homme la regardait d’un air inquiet, debout dans l’ouverture de la porte, la main sur la poignée.

-Je… rien, oublie cela, répondit Oscar en détournant le regard.

-Très bien. Souhaites-tu que je t’apporte ton thé ? Grand-mère l’a gardé au chaud en attendant ton retour.

-Oui, s’il te plaît.

André revint quelques minutes plus tard avec un plateau d’argent sur lequel étaient disposées une tasse et une théière de porcelaine fine. Il posa son chargement sur la table qui se trouvait au centre de la pièce et porta son regard sur Oscar, qui se tenait de dos, le front appuyé contre la fenêtre qui donnait sur la cour.

-Oscar ? Tu es sûre que tout va bien ?

-Mais oui André, c’est bon je te dis…

-Très bien, dans ce cas je n’insiste pas. Mais si tu as besoin, tu sais où me trouver !

La jeune femme se retourna brusquement. André se figea, surpris.

-Quoi ? Qu’est ce que j’ai dit ? Oscar ?

-André… Emmène-moi. Emmène-moi loin d’ici.

-Oscar ? Tu as reçu un coup sur la tête ou quoi ?

-Non, je vais parfaitement bien, sauf que mon père veut me marier de force à Girodelle ! André, selle les chevaux et prépare quelques affaires ainsi qu’un manteau de voyage, nous partons pour Arras. Maintenant.

-Bien Oscar, je vais de ce pas préparer les chevaux.

Il quitta la pièce sans ajouter un mot de plus, laissant la jeune femme seule. Oscar s’empara d’un sac en toile et y fourra deux chemises, un haut-de-chausse et une cape de pluie. Puis elle enleva son uniforme des Gardes Françaises et se vêtit d’un habit classique, chemise serrée, haut-de-chausse blanc, bottes noires et justaucorps gris-vert, par dessus lequel elle enfila un manteau de voyage en laine gris perle.

Le plus discrètement possible, elle descendit aux écuries, où elle trouva André qui achevait de seller son cheval, un beau frison à la robe ébène.

-Oscar, ton cheval est prêt, j’ai mis les bâts de voyages derrière la selle.

-Merci André. Quand seras-tu prêt à partir ?

-Tout de suite mon colonel !

-Alors nous y allons. En selle !

Le jeune homme s’exécuta aux ordres de son amie. Il avait remarqué son trouble lorsqu’elle lui avait demandé de l’emmener loin de Versailles, mais il ne fit pas de commentaire, et se borna à la suivre.

Oscar sursauta lorsque son cheval sortit dans la cours pavée. Il faisait un bruit d’enfer ! Les grilles étaient fort heureusement ouvertes, ainsi ils n’eurent pas à descendre de cheval pour les ouvrir. Dès qu’ils les eurent passées, Oscar lança son cheval au galop et André fit de même.

Un quart d’heure plus tard, ils avaient dépassé Versailles et prenaient de la vitesse en direction de l’ouest.

Ils s’arrêtèrent cinq heures plus tard, au terme d’une chevauchée silencieuse, dans un petit village perdu au creux d’un vallon. André demanda l’auberge, et ils furent accueillis par un homme jovial, qui leur loua l’une de ses deux chambres.

Oscar le remercia et monta se reposer, suivie d’André qui avait commandé un repas pour deux personnes.

Sur le seuil, la jeune femme se figea.

Il n’y avait qu’un seul lit dans la pièce ! Elle fut sur le point de faire demi-tour et de demander une seconde chambre lorsqu’André arriva derrière elle. D’un regard, il saisit l’ensemble du problème, et rassura son amie :

-Ne t’inquiète pas, je dormirai par terre. Mon manteau sera une couche confortable.

-André…

-Je te dis de ne pas t’en faire ! Pousse-toi, j’entends quelqu’un qui monte.


Oscar entra dans la chambre et jeta son manteau sur le lit, geste imité par André. Elle s’installa à la table pendant que le brun se dirigeait vers la fenêtre.

La femme de l’aubergiste, une petite dame rondelette et souriante, déposa sur la table un plateau chargé d’un poulet rôti, de pommes de terres sautées, d’un pichet de vin et de deux assiettes, puis se retira. Les deux voyageurs mangèrent avec délices ce repas, leur premier repas de fugitifs, même si Oscar se refusait à y penser.

Une fois le dîner terminé, la jeune femme retira veste et bottes, et se glissa toute habillée dans le lit. André n’ôta lui que ses bottes, et s’enroula dans son manteau de voyage à même le sol.
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