Auteur : Catherine Hits : 12875
Lady Oscar > André for Ever > Une nuit... >
Une mission



La nuit du nouvel an, les anciens avaient prédit qu'une tempête exceptionnelle allait s'abattre, recouvrant tout sur son passage.
Dès les premiers flocons, ce n'étaient plus des pauvres, ni des riches, mais de simples gens, se précipitant dans leur logis.
Fermant les volets, barricadant les portes, nourrissant les cheminées.

Dans cette nuit hivernale, deux cavaliers, tentaient péniblement de se frayaient un chemin parmi
les monticules de neige.
Oscar tremblait de tout ses membres...
Où était le Colonel de Jarjayes, celui dont la réputation d'indifférence soulevait les interrogations.
Il ne restait qu'une femme qui sous la forçe du vent, courbait l'échine.
Elle avait cette impression que ses os se brisaient à chaque mouvement rendant son périple, encore plus diffiçile.

Enfoncés jusqu'aux genoux, André ouvrait la marche, déblayant autant que possible un passage pour Oscar. Elle s'efforçait de suivre, mais la neige abondante couvrait vite les efforts.



Ce prince étranger.... Oscar serra les poings de colère.
Ne pouvait'il attendre le printemps, pour venir goûter au plaisir de la France ?
Marie Antoinette avait confié la sécurité de ce lointain cousin, à son Colonel de la Garde Royale.
- N'êtes vous point le meilleur ?... Je ne puis confier cette mission qu'à vous seul...
Une fois de plus, Oscar avait acquiesçait... Que faire d'autre ?
Obéir, encore et toujours...

Suivie de son fidèle ami, ils avaient parcouru Paris de long en large, écumant les endroits les plus insolites...
Les salles de jeu clandestines, les gargottes, où la gnôle coulait à flots.

Et ce faubourg... où pour quelques sous, on choisissait sa compagne d'un instant.


Des hommes de tous âges, de fortunes différentes venaient faire bruisser la cloche.
André s'était amusé à les énumérer.
Pour un coup, une simple servante...
Pour deux, un valet vêtue d'une livrée blanche, aux armoiries de la maison....
Aux trois coups, la matrone des lieux se déplaçait, dans une robe noire, rehaussée de dentelles rouges, elle avançait d'un pas mesuré, escorté par deux hommes à la carrure imposante.

Dans l'attente des longues heures passés devant cette maison, André était une bouffée d'air frais, narrant les derniers potins de la cour, mimant les gestes accompagnant les confidences.

A sa sortie, le prince était si éméché, qu'il ne vit pas que la nuit avait remplacé le jour.
Titubant sous les excés d'alcool, il se laissa choir sur Oscar, André glissa un bras sous une épaule... siffla le carrosse.

- Cozo...nel... zavez... zous déza monté... au troizzième...
Ze... zois... que... zous... zêtes... en... cozère... Ce... sont... des... diablezzes.

"Quelle pêché avait'elle commise pour mériter ce châtiment ?"

- Mon maître... Nous risquons la prison... Le sang royal coule dans les veines de ce prince..., interrompit André.
- Zavez... raison... Zachez moi.
- Mon seigneur... Notre devoir est d'exaucer tous vos souhaits...
Si un Colonel de petite noblesse était aperçu... Ne serait qu'à effleurer votre personne...
Vous seriez mis au ban des proscrits. André... Eloignons nous.

"Quel imbécile, aller jusqu'à croire la moindre fadaise !"

Le prince se redressa, lui qui était de taille moyenne, n'en était que plus ridicule.
André le dépassait de deux bonnes têtes.
Pour un prince, il n'en portait que le nom, des yeux globuleux, un nez retroussé, et une bouche quelconque.
Oscar remerçia silençieusement son père, elle avait échappé à un mariage de convenance.
Elle n'enviait pas ses soeurs...
Certes leurs époux étaient d'excellentes lignés, pourtant le plus jeune d'entre eux avait vingt ans de plus qu'elle.

Une vague imaginaire guidait le prince, jusqu'à ce qu'un pas plus lourd qu'un autre l'entraîne dans une mare boueuse... où il s'étala de tout son long.
Un filet de bave nauséabondante s'écoula de sa bouche.

Oscar, André se mordaient la lèvre de retenu.

Frappant du poing dans la mare, le prince s'écria.

- Zaidez moi.... Zaidez moi...
- Nous sommes à vos ordres... Cocher, nous rentrons à Versailles.
- NON... Ze veux zaller au cheval d'or... Zai faim...
- Mon seigneur, les cuisines de Versailles sont à votre disposition...
- NON... Ze veux pas zoir ma couzine...
- Vous devez vous changer... Vous risquez une pneumonie...
- Une pneumonie... Zite à Versailles.

- Pour un dégrisement, c'en est un, s'étonna André.
La crainte de la maladie est plus forte que l'appel de son estomac, murmura t'il.
- C'était un conseil de son valet..
- Conseil avisé... Oscar, dépêchons nous, Grand mère nous attend.

Sans aucun ménagement, André le poussa dans le carrosse, Oscar en profita pour honorer le postérieur royal.
Au château, le fidèle valet, voyant son maître au plus mal se précipita, le gratifiant.
- Ho, mon prince... Que vous est'il arrivé ?
Il apostropha le Colonel.
- Incapable ! Vous méritez le fouet...
- Lui manque t'il un orteil, un doigt... Oscar leva un sourcil interrogateur.
Le valet se rembrunit devant tant de prestence, ce colonel l'impressionnait par sa froideur.
- Veuillez me pardonner si je vous ais offensé, murmura t'il.

Oscar claqua des talons, salua graçieusement.
"Humilité", pensa t'il. Si seulement, son prince en possédait la moitié...

Oscar entraîna André à la suivre discrètement, longeant les réduits, les couloirs esquivant tout ce qui portait jupon ou pantalon.
Après un détour digne d'un périple chevaleresque, ils rejoignirent les écuries.
Essouflés, mais heureux d'échapper à une nouvelle corvée, chacun enfourcha son cheval et partit au galop.

Ils riaient sous la neige, André ouvrit la bouche se délectant de son goût, Oscar aimait cette sensation de fraîcheur, elle laissa son visage dériver... retrouvant cette enfance perdue...
Review Une nuit...


Disclaimer .:: géré par Storyline v1.8.0 © IO Designs 2002 ::. Design adapté par korr