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Les derniers jours d'un commandant


Savait-il ce jour là qu'il scellerait son destin ? Dans ce lieu, le palais des menus plaisirs, théâtre devenu austère et morne par le ciel bas et gris qui l'entourait. La pluie battante chantait déjà des notes aux accents de douleur et entrait dans les chairs, trempant jusqu'aux os les hommes qui comme des ombres avançaient guidés par leur devoir de soldat. Un ordre avait été donné et eux l'exécutaient. Telle était leur rôle et leur unique péché, celui d'obéir, obéir aveuglément à ceux à qui ils avaient juré allégeance.

Droit et fier sur leurs montures les soldats attendaient les ordres de leur commandant. Dernières mises en gardes, ultime tentative de résoudre ce conflit dans la paix, mais la voix inflexible du peuple avait parlé. L'inéluctable était là. L'unité se formait pour être un bouclier dérisoire. Hélas ! Qu'il en soit ainsi ! Agir maintenant ! Sans la moindre hésitation, le devoir devait s'accomplir. A contre-coeur même s'il le fallait... il le fallait !

Mais le destin joueur avait d'autre projet. Le destin en avait décidé autrement. Elle apparut au galop sur son cheval, le bras armé de son épée. Elle apparut défiant le régiment en entier, lui en particulier. Fallait-il que dieu lui même ait décidé de dévier le sort de l'histoire pour imposer à un homme de choisir entre son cœur et son devoir ! Fallait-il qu'il l'aime pour agir ainsi !

(texte tiré du manga)
Oscar : ALLEZ-Y TIREZ !... si vous voulez vous attaquer aux députés du tiers-état qui ne sont pas armés... vous devrez d'abord passer sur mon corps !!... et vous tâcher de mon sang !! … TIREZ !!

Il l'aimait, elle le savait. Plus qu'un simple aveu, il lui avait déjà concéder un soir de lui sacrifier son propre bonheur pour qu'elle soit heureuse. Il avait accepté de s'effacer car elle en aimait un autre. Dieu qu'il l'aimait... qu'il aurait voulu la rendre heureuse.

Et Elle ! Elle continuait invariablement à le défier. « Girodelle avez-vous le courage d'affronter mon épée !?» avait-elle dit. Non ce n'est pas une question de courage belle Oscar, mais d'amour ! Il avait abdiqué devant elle à leur première rencontre et ce jour là il avait choisi de renoncer... à tout ! Tout ce qu'il aurai pu être et avoir : carrière, gloire et famille... juste pour elle. Le regard décidé, indomptable guerrière, elle était prête à donner sa vie pour une cause qui ne la concernait pas. Son adorable guerrière, courageuse et entière... Depuis le premier jour, il avait choisi de renoncer à tout et aujourd'hui elle le poussait à renoncer... à sa vie ! Qu'il en soit ainsi !

Il rengaina son épée et ferma les yeux. Il déposait sa vie à ses pieds. La voix calme et mesurée, le visage serein et sans peur, et pourtant il savait.

Girodelle: Mademoiselle... rangez votre épée... comment pourrions-nous tirer sur vous ? Vous qui étiez notre général autrefois... comment pourrions-nous faire preuve de lâcheté sous vos yeux face à des hommes sans armes ?... Nous attendrons... jusqu'au jour où ils prendront eux aussi leurs armes...

Avait-il eu le choix ? Non ! Face à elle, il n'y avait qu'un seul choix possible. Celui de tout lui sacrifier. Digne, fidèle à ce qu'il a toujours été. Il grava dans son cœur les contours de ce visage qu'il ne reverrait sans doute plus. Ces grands yeux bleus, cette chevelure d'or, ces lèvres roses, et tout cet indéfinissable qui la rendait si spécial pour lui. Elle, sa fière colonelle ! Elle, son unique amour ! Imaginait-elle seulement l'étendue de ses sentiments ? Leurs sincérités... Leurs profondeurs. Il lui aurait donné tout et plus encore. Consumé par un amour puissant, il acceptait de souffler de lui même sur la flamme de sa vie pour Elle.
Girodelle : FAITES DEMI-TOUR !!

Le regard mélancolique, il s'éloignait de la scène. Indifférente, elle n'avait pas eu le moindre mouvement, pas la plus petite émotion. Fallait-il qu'elle ne l'aime pas pour rester ainsi insensible et pourtant... pourtant... Il lui donnerait encore et encore.
Girodelle (à lui-même) : Vous ne voulez rien savoir... Je ne veux pas voir votre précieux corps se tacher de sang... vous ne monterez pas sur l'échafaud comme une rebelle... ma sylphide...

Disparaissant sous le rideau de pluie, le pas des chevaux marquait les battements de cœur. Lugubre. Sinistre. Théâtre infâme ! C'est non de sang qu'il serait tâché mais d'une larme silencieuse d'un officier. Se mêlant à la pluie, la précieuse perle salée s'échappa, invisible. Elle roula sur la joue, suivit la ligne du menton racé, disparut aussi secrète que celui qui l'avait libéré... Ainsi était son adieu, un simple geste de main pour la saluer, un sourire triste aux lèvres.

Les contours des corps s'effacèrent dans ce ciel gris et froid comme un funeste présage. Étouffant. Irréel tableau. Paysage macabre peuplé d'étranges pleureuses, il évoluait lentement dans ce gouffre. Le soleil masqué par les vieilles aux jupons ternes et aux yeux larmoyant créait une atmosphère humide et sombre comme le désespoir. Témoins passifs, elles étaient spectatrices. O vieilles mégères complices ! Elles annonçaient son sort en précédent son pas. Elles le suivaient susurrant à son oreille un chant mortuaire. Oppressantes, elles l'entouraient, déversant sur lui l'eau bénie du dernier pardon. Englouti par les ténèbres, il se donnait en sacrifice pour détourner la mort de son chemin. Fasse que la grande faucheuse se repaisse de lui, le dévore et danse avec son squelette ! Fasse qu'elle lui donne ce baiser de nuit éternelle et oublie sa victime première ! Elle ! Elle pour seule raison de vivre... et de mourir...

Ses soldats le regardèrent descendre de sa monture, le visage serein, droit, ses gestes pleins de cette calme assurance. Quelle force habitait cet homme pour qu'il soit capable de sourire affablement et d'être égale humeur même quand la mort le guettait ? Encore à cet instant, il eu l'extrême courtoisie de les saluer, de leurs adresser ses remerciements pour leurs bons services. Encore, amabilité et bonne conduite se mêlaient pour un adieu à demi-prononcer. Coi devant cette forme de courage, faite d'abnégation et de devoir, ils ne purent que le suivre des yeux pendant qu'il s'engouffrait dans l'enceinte du palais. La tête haute, le visage impassible, la démarche déterminée mais sobre, il avançait dans ces couloirs qui lui étaient si familier. Croisant courtisans orgueilleux et avides, il passait silencieux au milieu de ces débauchés. Lieutenant discret, commandant le temps d'un souffle, homme d'honneur et de droiture, il détonnait par son comportement dans cette pourriture générale. Les vautours allaient se délecter de son cadavre. Sa chute ferait des gorges chaudes, car les charognards adoraient le scandale surtout quand il était inattendu. Lui ! Le poli ! Le courtois ! Le trop parfait petit officier ! Cet homme étrange qui refusait de se joindre aux vices de la cour. Cet autre, si différent, qui traînait derrière lui envie et mépris. La jalousie finirait de le détruire. Serait-elle son épitaphe ? De toute façon... A quoi bon tout cela ? Il inspira profondément en poussant les portes de la salle des conseils et avança solennellement jusqu'au roi.

Ses pas résonnaient sur le parquet ciré. Les yeux rivés sur lui, les généraux, les conseillers attendaient avec expectative son rapport. Les gueux s'étaient-ils pliés à la force du roi où avaient-ils criés comme des animaux que l'on égorge sous le feux des mousquets ? L'officier posa un genoux à terre avant de commencer son exposé. Calmement, il s'incrimina, endossa toutes les fautes et les responsabilités. Il ne se cacha derrière nulle excuse, ne quémanda aucune clémence. Insensible aux reproches que les généraux lui firent, flegmatique devant leurs verves hargneuses, jusqu'au bout de son plaidoyer sa voix demeura d'égale mesure, son attitude irréprochable. Le cavalier se sacrifiait pour sauver la Dame. A ces derniers mots, il pencha la tête avec déférence, acceptant son sort quel qu'il soit.
Girodelle : J'accepte le châtiment qui sera le mien !

De quel métal était fait cet homme pour se condamner et rester imperturbable ? D'autres auraient supplié, demandé grâce, cherché mille coupables... D'autres... Quel étrange personnage ! La main hésitante du monarque se tendit vers cette tête. Il eut envie devant tant de hardiesse de s'incliner à son tour, de pardonner à ce manquement car l'honneur est une qualité bien rare. La bouche s'ouvrit pour former les sons, mais prise de court, elle se tut.
De Broglie : Traître ! Votre conduite est inqualifiable ! Vous déshonorez votre nom... Vous déshonorez la garde royale par votre faiblesse !... La mort ! La mort sera le seul moyen de laver cet affront que vous avez fait au Roi !
Les conseillers & Généraux : La mort ! Oui la mort ! Honte à vous Girodelle !
Louis XVI : Eh bien... messieurs, je vous en prie un peu de calme... Euh... Je ne sais trop...
De Broglie : La mort ou bientôt vos troupes le prendront en exemple et désobéiront !
Louis XVI : Euh... Eh bien...
Conseiller : L'heure n'est pas à la mollesse ! Voyez votre pouvoir sapé par ces gueux ! Vous n'avez pas le choix ! Vous devez vous affirmer... Punissez ! c'est votre devoir !
De Broglie : La Mort !
Louis XVI (hésitant) : La... mort...

Il baissa les yeux vers l'officier penché devant lui. Un homme loyal pourtant, il regrettait déjà ses mots, mais il le devait.
Louis XVI : Vous êtes condamné à mort ! Vous serez tenu au secret et exécuté dans une semaine.
Louis XVI (à lui-même) : Excusez-moi Commandant de Girodelle !

Comme entendant ces non-dits, le condamné leva les yeux sur son Roi. Ce regard de félin le fixa perçant et savant comme s'il pouvait lire l'âme. Un sourire aux lèvres, il avait accompli sa mission, devin maudit, il voyait l'ombre se dessiner. Elle viendrait le prendre, lui et lui seulement. Vorace, il la sentait s'approcher.

Fier malgré le tollé et le brouhaha qui s'élevait déjà autour de lui, il décrocha ses insignes et grades pour les déposer aux pieds du monarque. Louis XVI eut un frisson comme sentant la mort glisser contre lui avant d'entourer sa victime. Ce regard comme un miroir froid et impassible semblait la contempler. Lucide et résigné, il l'acceptait. Dans ces yeux, il ne lu aucun reproche, aucune accusation. Et son sourire triste... que signifiait-il ? Il en fut troublé et voulu presque apostrophé cet homme pour connaître ses secrets, mais les sons restèrent étranglés au fond de sa gorge. Un froissement de tissus fut le seul bruit qui accompagna son mouvement pour se relever. Le vacarme s'était éteint quand il s'était redressé. Droit, noble... La médisance étouffée devant son aplomb. Un signe de tête et il se retourna vers son escorte. Les deux hommes penaud l'encadrèrent jusqu'à un bureau. Là, il ôta sa veste d'uniforme et se laissa enchaîner sans protester ou émettre la moindre forme de résistance. Pas un mot ne fut prononcé, les yeux des deux soldats demeuraient invariablement baissés comme si leur acte était répréhensible, honteux même. Puis, la lettre ! La lettre du secret de sa disparition. La lettre cachet qui l'envoyait au bagne... La Bastille !

Emmené discrètement, on le fit monter dans une voiture non marquée. Assis dans l'habitacle, il ferma les paupières pendant tout le trajet. Il semblait paisible et pourtant sur ses lèvres son amante funeste avait déjà déposé son baiser mortuaire. La cloche entama son chant sépulcral et les boutiques avoisinante fermèrent leur rideau. Rites nécessaire ou dernier hommage ? L'attelage pénétra dans l'enceinte de la forteresse imposante. Son destin scellé, le coup était joué, la tour avalait le cavalier.

Le commandant Delaunay accueillit le convoi et prit la lettre cachet écrite par le maréchal de Broglie. Un traître... condamné à mort... un traître à jeter au cachot... Celui-là avait du commettre quelque chose de grave pour mériter pareil traitement car cela faisait des années qu'il n'avait plus été question de ce type d'emprisonnement. Il jeta un coup d'oeil à l'homme qui se tenait en face de lui. Il respirait la pondération, la politesse, le raffinement. D'un signe, il demanda aux soldats de le suivre et il leurs fit prendre les escaliers qui menaient aux entrailles profondes de la forteresse. La tour de la liberté, la pire de toute. Depuis quelques années les cachots servaient d'entrepôt. Avec l'augmentation des pamphlétaires, la plupart étaient occupés par les amas de feuilles noircies. Mais pour lui on ouvrit l'une de ces cavernes obscures. On le fit entrer dans l'étroite cellule totalement insalubre. Au niveau des douves, une humidité pernicieuse s'infiltrait dans les parois, empestant l'air d'une odeur de moisissure permanente. Les mains attachées par des chaînes au solide mur de pierre, assit à même le sol, il n'eut droit à aucun confort comme aurait pu le mériter quelqu'un de son rang.

La porte se referma sur lui dans le grincement strident des gonds rouillés qui résonna à ses oreilles comme un rire macabre. Isolé dans ces ténèbres roides et lourds, il ne pouvait qu'attendre patiemment son sort. Adossé contre la paroi humide, la tête légèrement en arrière appuyé sur les pierres froides, il fermait les paupières pour se souvenir du visage de son ange. Pour elle, il avait embrassé son ultime maîtresse et il lui semblait déjà que sa promise avait endossé sa robe de voile noir pour leur union. Il avait l'impression de la voir danser autour de lui, squelette décharné dans une robe vaporeuse, la sentir le frôler de ses doigts osseux. L'ombre funeste était là autour de lui et le guettait, prête à se saisir de son corps. Impératrice des damnés, elle effleurait les lignes racés de ce visage trop lisse, laissait courir ses mains sur cette chair répandant sur la peau des frissons glacés. Elle se délecterai de cette vie trop tôt achevé, s’abreuverait du nectar de ses lèvres. Il la voyait l'Odieuse prêtresse, dans cette semi pénombre, il croyait deviner la forme tapis dans un coin embaumant l'air de son parfum de pourriture. Elle le fixait. Elle le désirait. Il le savait.

Dans le sein même du malheur, enfer-vivant, crève misère, dans ce cachot remplit d'un limon qui exalte l'odeur la plus infecte, il gisait là, à terre, dans l'humiliation et l'infortune. Mais comme si ce malheur n'était pas suffisant, pour compléter ce tableau barbare, ses geôliers, à la cruauté gratuite, crurent bons d'ajouter à sa peine leur propre justice. Ah cet homme de la belle noblesse, ils avaient des comptes à lui rendre même s'il n'était en rien responsable d'injures personnelles à leur encontre. Infâmes agents du despotisme, ils entrèrent en bourreau dans le trous obscurs. Cœur fier, il leva son visage vers ces émissaires du diable. Que lui voulait-on ? Le premier s'approcha pendant que le deuxième referma la double porte de métal. L'homme sourit en relevant le menton de sa victime.
Geôlier : Belle gueule ! Alors comme ça tu ne fais que passer parmi nous ?... hahaha !

Le rire sournois, insolent, irritant, martela tant sa tête comme une onde pendant que son corps recevait les premiers coups. Pieds et poings entravés, il ne pouvait répondre car le deuxième maintenait fermement les chaînes pour l'empêcher d'avoir tout mouvement de riposte et même de se protéger le visage. Souffrance. Douleur. Agonie de l'âme. Tel un corbeau, l'ombre funeste se penchait sur lui comme pour vérifier s'il respirait encore. Rire amer de ses bourreaux sadiques. L'affreuse scarifia la peau diaphane avec les épines d'une rose noire pendant qu'ils le battaient avec les lourdes chaînes de métal, pendant que le sang giclait sous ce fouet improvisé. Les dents serrées, il étouffait les cris qui se bousculaient dans sa gorge tout en la fixant. La botte s'écrasa durement sur la mâchoire lui faisant cracher un filet de sang. Ils le jetèrent à terre à demi-inconscient. Sans la moindre compassion, ils abandonnèrent le corps inanimé tel un cadavre.

Il resta un long moment le visage dans la poussière, les paupières closes. la Cruelle s'était étendue à côté de lui, le croassement des crapauds comme mélodie pour ces étranges fiançailles. Lézards, rats et araignées étaient les témoins de l'insolite cérémonie. Squelette sordide, elle caressait déjà la joue, le cou large et retira sa main décharnée en sentant le pouls. Il vivait encore. Elle goûta néanmoins le sang aux coins de ses lèvres... bientôt.... Il ouvrit ses yeux clairs et ancra ses prunelles dans les orifices sombres comme les ténèbres éternels. Gouffre affreux ! Vertige terrifiant ! Il essuya de sa main la dernière goutte de liquide rouge et lui sourit. Bientôt, mais pas encore ! Il se releva défiant l'avide maîtresse de la nuit.
Victor (à la mort) : Non je ne me loverais pas ce soir dans tes bras décrépis... j'ai encore une autre amante qui fait battre mon cœur et tant que celui-ci chantera, je ne t'appartiendrai pas.

Furieuse, la coquette funèbre lui tourna autour, agile et souple comme un serpent, elle fit voltiger les volants de sa mise découvrant tantôt sa gorge aux vertèbres saillantes, tantôt un genoux rocailleux poli par les âges. Folle vanité de vouloir ainsi un amant de chair, croire en une séduction dans ces appâts sec et rigide... Folie de se refuser aussi, car la maîtresse à tout son temps et emportera un jour ou l'autre le cadavre puant. Car avec elle, point d'oliban, point de myrrhe... oublieuse de ces parfums enivrants, autour d'elle ne gravite que l'odeur de charogne.

Bravant son courroux, il l'ignora. Il ne lui appartenait pas encore. Il tira de son cœur une lumière au milieu de ses ténèbres. Il effaça les murs sombres, oublia l'odeur infecte de sa cellule, se réfugia dans un coin de sa mémoire. Il s'y blotti comme un enfant imaginant la douceur d'une étreinte dans les bras blancs et délicats de sa sylphide. Déesse de ses rêves, il dessina dans sa tête chaque contour, le son de sa voix chaude qui gonflait son âme de joie, s'enivra du souvenir de son parfum de chèvrefeuille qui s'échappait de la longue chevelure blonde. Il revit ses lèvres roses et eu l'audace de pousser ses chimères jusqu'à les effleurer. Amer déception ! Son âme se déchira encore comme coupé en deux par sa réalité. Elle ne l'aimait pas ! Un autre avait eu son amour... un autre avait récolté ses pensées... un autre pouvait l'embrasser... Il tourna la tête et chercha l'ombre du regard. Il comprit qu'elle le guettait car elle savait qu'il était déjà mort.

Pendant que Paris vivait des heures tumultueuses, que la France écrivait son histoire, un homme oublié dans un caveau prématuré goûtait à l'avant poste de l'enfer. Martyr inconnu, il endurait son dernier calvaire. Dans son enclos sombre et humide, il expérimentait la douleur dans ses formes les plus poussées. Il sombrait, se laissant séduire par le néant sinistre, et venait à appeler sa sordide compagne de l'emporter dans leur voyage nuptial. Oublié ! Pendant que dans Paris, la foule faisait libérer d'autres soldats. Sacrifié ! Sans que personne ne se soucis de sort... personne et encore moins son unique Amour... Pas une pensée... Pas une larme !
Victor (à la mort) : O embrasse-moi spectre de la nuit ! Emmène-moi ! Je suis déjà mort !

Le 1 juillet 1789, ses prières furent exhaussées. Ses tortionnaires entrèrent dans sa cellule et l'extirpèrent à ses chaînes. Tiré brutalement dans la cour, il avança à tâtons jusqu'à la charrette qui allait le conduire sur les lieux de son exécution. Où était passé le fier commandant à la mise impeccable sur ce corps couvert ecchymose et tâché de sang ? Où était la noblesse arrogante dans ces mouvements hésitants ? Ses yeux était éblouis par la lumière du soleil qu'il revoyait pour la première fois depuis huit jours, petit à petit se détachait les formes, puis les contours dans cet océan de clarté. Ses geôliers le bousculaient jouissant de leur abus de pouvoir. Pourtant, il n'était pas vaincu. Jamais, il ne s'était avilit à les supplier d'arrêter. Jamais, il ne leur avait donner le plaisir d'entendre une plainte de sa bouche. Encore, une dernière fois, il les défiait du regard. De ses yeux verts allongés comme des amandes, perçant et farouches, il les toisa en montant de lui-même dans le misérable attelage. Il parti dans un grand éclat de rire, un rire qui les glaça d'effroi. De toute sa hauteur, insolent, il les dévisagea. Le visage lisse d'émotion... le regard déterminé... il était sans peur. Écrasant par sa grandeur d'âme, les vils persécuteurs se sentirent honteux, pitoyable devant leur bassesse et leur cruauté.

Le convoi s'ébranla et traversa Paris. Quelques badauds suivirent l'infortuné supplicié du regard. Sereinement il récitait un psaume qu'il aimait particulièrement. Il n'avait rien à regretter. Il revoyait sa vie et si c'était à refaire, il referait exactement pareil. Il avec vécut à l'ombre de la plus belle des roses, il l'avait aimé au premier regard et ça rien n'aurait pu le changer. S'il devait se donner encore, il le ferait encore. Fort de ses sentiments constants et sincères, il sorti de la charrette. Sur la place, uniquement des généraux de France, des soldats de tous corps, des troupes étrangères étaient regroupés pour assister au spectacle. Il gravit les quelques marches de l’échafaud et droit devant tous. Il demeura fidèle à ce qu'il fut tout au long de sa vie, un homme d'honneur. Malgré les bleus qui marquait son visage, sa force tranquille transcendait. Beauté étrange ! Il fascinait par son flegme. Le bourreau lui coupa les cheveux pour dégager la nuque et de lui-même, il avança jusqu'au billot. Il inspirait le respect par sa calme assurance même fasse à la mort. Dans des gestes lents, pleins de grâce, il s'agenouilla et se positionna pour recevoir le coup fatal. Il eut un sourire énigmatique.
Girodelle (à lui-même) : Adieu belle sylphide ! Dieu vous garde... Sous d'autres cieux... Dans d'autres temps... je vous aimerai encore !

Il n'y eut qu'un coup, bref, rapide. L'épée s'abattit tranchant le fil de cette vie. Sang rouge comme l'amour ! Sang sacrifié ! Le corps s'écroula dans la mare visqueuse. Soldats ! Hommes ! Frères d'armes restèrent tous muets devant ce spectacle. Même ses détracteurs reçurent en plein visage l'horrible vérité. Il n'était que le premier.

L’insatiable amante ivre de chair emporta son nouvel époux. Qu'il était beau, ce discret officier... Elle le serrait contre ses côtes limés par le temps... Elle l'aimerait dans le berceau de son tombeau. Elle l'embrasserait sous les milles bougies qui le veillerait. Et quand son âme tel un flambeau s'élèvera au ciel, elle lui ferait ses Adieux éternels.
Review Les derniers jours d'un commandant


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