Auteur : krapagnou Hits : 1898
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1/ l'absence pour compagne

Sa journée de service prenait fin et Oscar traversait d'un pas rapide les couloirs de Versailles. D'une humeur massacrante sont visage était sévère. Cela faisait trois jours que son lieutenant n'était pas venu prendre son poste et n'avait pas donné signe de vie. Elle ne pouvait tolérer cette légèreté de conduite, car si lui, si prompt à donner l'exemple, se mettait à avoir une attitude dilettante, elle ne donnait pas chère de sa compagnie. Il fallait qu'elle le recadre au plus vite car ses bons et loyaux services ne devaient pas excuser ce manquement face à son devoir vis à vis de son supérieur. Cheveux ondulant comme une vague de lumière, une fureur non dissimulée dans le regard, elle poussa la porte des écuries d'un geste sec. André qui brossait calmement la robe blanche du fier étalon de la jeune femme fut surpris pas cette entrée brutale. Qu'allait-il lui tomber dessus ? Il n'aimait pas du tout quand elle affichait cet air colérique. Elle vint lui prendre sèchement les lanières de cuir des mains. Il n'osait rien dire attendant de recevoir une flopée d'injures et des remontrances injustifiées. Rien ! Cette colère n'était pas dirigée contre lui, il en fut soulagé mais il plaignit intérieurement sa prochaine victime.
Oscar : Ne m'attends pas ! Je dois régler des comptes...
Elle parti aussitôt au triple galop.

Le grand domaine était splendide. Le château de belle architecture avec un jardin à la française parfaitement entretenu suggérait une position sociale très enviable et une très coquette fortune. Sans prêter la moindre attention à cette beauté lisse, elle ne ralenti sa monture qu'en arrivant devant la belle demeure. Sitôt arrêtée, elle bondit sur le perron et monta les quelques marches en faisant tonner ses talons contre le marbre lustré. Le trajet ne l'avait que très peu adoucie et la main se fit dur en cognant la lourde porte de bois. La mâchoire serrée, elle attendit prête à recommencer à peine quelques secondes plus tard. Un domestique ouvrit et avec déférence la salua.
Oscar : Colonel Oscar François de Jarjayes ! Je voudrai voir mon lieutenant, le comte de Girodelle...
Domestique : Veuillez m'excusez, Monsieur le comte ne désire voir personne en ce moment. Puis-je prendre un message ?
Oscar : Non Merci ! Je préfère lui donner mon message en personne ! Conduisez moi à lui, je m'arrangerai avec ses humeurs !
Domestique : Cela est impossible, ses ordres ont été clair... Personne ne doit le déranger !

La colère envahit son sang. Elle poussa la porte sans autre forme de procès et entra.
Oscar : ça tombe bien, je ne suis pas « personne »... je suis son supérieur ! Conduisez-moi à lui c'est un ordre où il me le paiera cher !

Face à cette menace, le serviteur obtempéra et la conduisit à l'étage. La demeure était décorée avec goût, tableau de maître, objet précieux, luxe raffiné sans être pour autant ostentatoire. Le domestique frappa à la porte d'une chambre et elle réalisa alors qu'elle n'était jamais venu ailleurs que dans leur salon. En fait, en dix ans, elle n'était venu au domaine que très peu et elle découvrait même pour la première fois cette partie de l'habitation. N'ayant pas de réponse, il ouvrit timidement le battant pour appeler son maître. La voix se fit grondante, inquiétante par sa violence.
Girodelle : SORTEZ !

Elle ne l'avait jamais entendu avoir de tels éclats de voix, lui qui n'était que murmure et discrétion. Elle en fut troublée une seconde, mais celle d'après, elle se rappela l'objet de sa visite et entendait bien en avoir le cœur net sur le mystère de ce brusque changement de comportement. Le serviteur allait refermer la porte pour obéir à son maître, mais elle la bloqua en interposant son pied. Elle était déterminée et rouvrit la porte. Il se tenait droit comme un « i », la silhouette de contre jour se découpant dans cette lumière déclinante. Les yeux rivés vers le jardin, il ne sembla pas avoir remarqué sa présence. Elle demeura muette, sa colère mise en suspend. Il y avait eu quelque chose... de grave. L'ambiance pesante semblait ralentir le temps. Elle referma la porte et ce n'est qu'à ce moment là qu'il tourna son visage vers elle.
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