Oscar était assise dans la voiture, elle rentrait de ce satané bal. Mais pourquoi avait-elle agit de la sorte? Elle se sentait comme la pire des courtisanes se pavanant dans ce vêtement encore inconnu le matin même. Elle avait envie d'enlever ce déguisement et partir loin de Versailles et de ses obligations. Tôt ou tard elle devrait le revoir et il allait s'apercevoir de la supercherie. Cet homme qui n'avait d'yeux que pour sa reine, elle avait oublié son destin et son statut, pour lui , juste pour une danse. Elle se méprisait. La lune reflétât son visage dans la vitre, un visage inconnu pale et fantomatique, une chimère, la personnification de sa ridicule obsession pour ce suédois de malheur; elle eu un haut le cœur, le carrosse s'arrêta à temps. Là dans le fossé elle laissa son corps déverser sa honte et sa tristesse. Elle était à genoux dans l'herbe humide et dans la boue, se sentant observer, elle ordonna au voiturier de rentrer seul, elle était après tout un colonel qui savait se défendre.
Elle se releva et commença sa marche, une seule danse un malheureux menuet qui avait pris fin au bord de la fontaine. Cette danse elle se l'était imaginé comme le plus merveilleux moment de sa vie, comme dans un rêve il l'aurait reconnu et l'aurait enlever à cette condition. Mais ce qui c'était passer était totalement différent : gênée, elle n'avait pu sourire et le regarder dans ses yeux gris qui n'exprimait alors qu'un mélange d'admiration et de désir confondu, il la trouvait certes magnifique mais son cœur attachée à Marie Antoinette, ne la voyait pas avec les yeux de la dévotion et de l'amour. A cette pensée une image s'imposa à son esprit, celle de deux prunelles d'un vert flamboyant qu'elle avait croisé le soir un peu avant la folie qui l'avait conduite à marcher sur un chemin escarpé avec des chaussures qu'elle ne maitrisait que partiellement. Les larmes avaient commencé à couler le long de ses joues, sa coiffure devait être défaite et sa robe s'était déchiré et taché de toute la boue qui se trouvait sur la route. Elle se maudissait pour avoir eu l'audace de se vêtir de la sorte et de danser avec un homme qui l'avait certes couvé d'une attention particulière, mais qui ne lui avait fait sentir le bouleversement qu'elle aurait voulue.
Elle se sentait mal de s'être menti à elle-même, L'amour qu'elle ressentait s'était défait d'elle quand elle avait croisé son regard, rien ne s'était passé, elle s'était rendue compte de la situation dans laquelle elle se trouvait. Se faire passer pour quelqu'un d'autre pour tenter de séduire un homme qui ne lui était pas destiné, elle le savait, et pourtant elle s'était obstinée à y croire peut-être pour échapper à quelque chose de plus intense qui menaçait de lui ravager le cœur, cette passion qu'elle refoulait, elle le sentait au fond d'elle-même, quelqu'un l'attendait, qui, elle ne le savait pas encore, mais en fermant les yeux elle voyait deux émeraudes brillantes comme des étoiles.
Le froid commençait à s'engouffrer jusque dans sa chair, elle avait laissé sa capeline dans la voiture et à l'heure qu'il était, Grand-mère et André devait être sûrement entrain de l'attendre, inquiets. Si elle ne se dépêchait pas, Grand-mère enverrait son petit fils la chercher. Ces derniers temps elle ne le ménageait pas, avec ses humeurs et toutes les tâches qu'on lui confiait, mais jamais il ne se plaignait, jamais elle n'avait vu son visage se contracter de colère ou ses yeux se ternir d'épuisement. En repensant à son ami d'enfance, elle se remémora son étonnement et son admiration quand elle lui était apparue métamorphosée grâce aux soins de Grand-mère. Elle s'était sentie rougir et l'éventail de sa mère lui avait permis de cacher se sourire qui avait dessiné ses lèvres bien malgré elle. Elle ne savait pas se qui l'avait gêné le plus son regard qui n'avait rien de fraternel ou la façon dont son corps avait répondu à se visage béat d'admiration?
Les grilles de la demeure se dressait devant elle, sa robe était trempée, ses joues et son nez devaient être rougis à cause du froid et des larmes qui n'avaient cessé de couler. Elle ne voulait voir personne, la honte trop présente, elle se sentait marqué au fer rouge. Que leur dire? Ils allaient voir que ça ne s'était pas bien passer et ils voudraient la rassurer ou la réconforter et elle ne le méritait pas. Elle avait agi par pure égoïsme et immaturité.
Heureusement pour elle peu de pièces étaient allumées : une chambre, un couloir, l'entrée et le salon attenant. Elle pénétra en essayait de faire le moins de bruit possible, mais quelqu'un l'attendait. Dans la lueur qui se dégageait de la cheminée la silhouette du jeune homme prenait des contours fantomatiques. Le visage tourné vers les flammes il ne l'avait entendu. Elle le découvrit sous un autre jour, cet homme semblait être un étranger, il semblait accablé par des années de souffrances refoulées, ses épaules affaissées et sa tête rentrée il ressemblait à ces miséreux sur les bords des chemins se protégeant du vent et du malheur comme ils le pouvaient. Elle ne savait pourquoi mais un sentiment de culpabilité l'envahit, son cœur se serra et elle signala sa présence en claquant la porte du salon. Il se retourna, en deux pas il était près d'elle l'emmenant devant l’âtre sans un mot, son visage n'exprimant aucune émotion. Mais Oscar n'était pas femme qui se laissait faire, elle voulait partir se cacher dans ses appartements, d'un geste il l'a retint et lui fit comprendre qu'elle ne pourrait fuir. Ne pouvant pls battre en retraitre elle décida d'attaquer et demander des explications à ce jeune homme qu'elle ne reconnaissait plus. Elle resta devant l'âtre les yeux rivés sur ce visage fermé. Il ne voulait rien dire. Des deux jeunes on ne pouvait dire lequel était le plus borné. L'échange dura quelques instants, plus rien ne comptait autour d'eux, chacun essayait de lire dans le regard de l'autre une trace un signe de ce qu'ils ressentaient. Oscar Fut la première à briser le contact, elle ne voulait pas qu'il voit se qu'elle cachait, il n'y avait dans son coeur que de la confusion et de la peur. Que faire après avoir perdue le dernier barrage qu'elle s'était monté de toutes pièces pour se protéger du torrent qui était sur le point de tout emporter.
André, qui ne supportait pas de la voir si boulversée, lui prit tendrement la main et l'invita au milieu de la pièce, avec pour seul bruit leur pas sur le marbre et le crépitement du feu, ils commençèrent à danser maladoitrement au début puis de plus en plus proche ils se laissèrent bercer par leur rytme, leur musique, leur monde, que personne n'avait jamais pu détruire ni même pénétrer. Le temps s'était arrété, une fois encore ils s'étaient retrouvés et leur univers les entouraient pour les protéger.
Après se qui leur semblait des heures, les deux amis se regardèrent un fin sourire vint fleurir sur leur lèvres. Peu importait ce qui allait leur arriver, même si les épreuves se succedaient, ils seraient assez forts à deux, ils l'avaient toujours été. Ensemble, ils pourraient tout supporter.Oscar et André, André et Oscar, leur noms ne pouvaient être séparés.
Ils prirent le chemin des escaliers, André aidant son amie à monter les marches comme il l'avait toujours fait avec les épreuves qu'elle avait dû franchir. Cette nuit là, ils gagnèrent ensemble, les appartements de la jeune femme. Ils prirent la même direction et resteraient ensemble sur ce même chemin. Plus rien, même la mort ne pourrait les séparer. Leurs coeurs n'avaient plus besoin de mots ni de remparts, ils se reconnaissaient trop pour ressentir ce que l'autre vivaient.
Alors, avec le serment muet de ne plus se mentir, ni à l'autre, ni à soi-même, ils s'endormirent ensemble, sérrés l'un à l'autre comme aux temps de leur enfance. Le lendemain ils devraient reprendre leur vies comme avant, mais au moins le temps d'une nuit ils avaient pû déjouer la course de la vie. |