Auteur : Pandora Hits : 951
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Une nouvelle fic ^^

J'avertis toutes les personnes sensibles que je ne compte pas faire dans la dentelle, et même si cela ne comportera pas de scène très choquantes, la violence des troubles décrits peut choquer...

Pour celles et ceux qui ont des nerfs solides, bonne lecture !



Chère Kaede,
Je suis ravi que tu aies accepté de me rendre cet immense service, et sache que cela sera récompensé en conséquence. Tu trouveras ci-joint une copie de certains éléments du dossier scolaire du garçon, soit dit en passant.

Comme tu t'en doutes, c'est un garçon extrêmement difficile. À sa sauvagerie innée s'ajoute une furieuse intelligence, il se met toujours dans la position du prédateur face à la proie.
Si j'avais d'autre recours, je n'aurais pas été jusqu'à toi, crois-le bien, mais je t'assure que tu es sa dernière chance, Kaede. Notre dernière chance à tous.

Pour ce qui est de la langue, il n'a aucun problème, cet idiome si compliqué que le nôtre, lui est revenu bien vite, et en moins d'un an, il reparle déjà couramment, comme s'il n'avait jamais quitté le pays.
À ce sujet, il ne faut pas s'y tromper : il déteste le Japon, et donnerait père et mère pour retourner dans son si cher Brésil.

Voilà, tu sais tout, ma chère, ô combien chère Kaede.
Bien à toi,

Norihino Teshigawara




Natsu arriva devant l'établissement indiqué sur sa feuille. « Body and Soul ». Natsu trouva le nom ridicule, mais il n'en avait cure, en réalité. Ce ne serait qu'une maison de redressement comme les autres. On avait eu beau lui dire que c'était une nouvelle technique pour s'occuper des jeunes en difficulté (autrement dit, des jeunes déchets), il savait parfaitement que c'était partout pareil : des endroits glauques pleins de débiles, de perdus, et d'adultes qui en étaient apeurés, voire dégoûtés.

Et il savait qu'il en sortirait rapidement. Cette fois, il prendrait simplement à ne pas se faire attraper par les chiens de garde qui le rattrapaient toujours. Il faudrait être inventif.
Voilà tout.

Il sonna, et n'obtint aucune réponse. Plusieurs tentatives plus tard, il entra de son propre chef, agacé. Une fois la cour traversée d'un pas rageur et pressé, il entra dans la bâtisse, qui était très grande, surtout pour une maison Japonaise, il arriva dans un salon plutôt spacieux, qui le fait inévitablement penser aux salles des maisons de retraite qu'on voyait sur les chaînes américaines, avec télé, canapé et tout.

Il parcourut la pièce du regard, et aperçut un détail qu'il n'avait pas vu jusque-là. La plus belle créature qu'il eût jamais vue, plus précisément.
Il en resta d'abord pantois. Elle se tenait debout dans un des coins de la pièce, un livre à la main.

Son visage, doté de traits angéliques et absolument charmants, était ce que Natsu aurait volontiers appelé une œuvre d'art. Ses yeux d'argent, immenses et ourlés de longs cils noirs et épais, étaient pour l'instant baissés sur son livre.

Sa silhouette, entourée d'un halo de cheveux noirs et brillants, qui lui tombaient gracieusement jusqu'aux cuisses, était un mélange de délicatesse et de plénitude. Fine et longue, elle avait en outre des formes à ravir, allant de ses cuisses galbées à sa poitrine généreuse.

Ce qu'il faut là où il le faut, pensa Natsu.
Vraiment, une magnifique créature, à tel point qu'elle semblait irréelle. Certes, les cheveux longs comme les siens ne couraient plus tellement les rues, et il était rare de voir une Japonaise dotée d'yeux gris.

L'instant de surprise admirative passé, Nastu se sentit profondément agacé par la jeune fille, qui suscita en lui – sans qu'il sût pourquoi – un vif sentiment d'exaspération.
– T'es sourde ?! aboya-t-il en la fusillant du regard. Une porte, ça s'ouvre !

La jeune fille, entendant ce bruit parasite, leva les yeux de son ouvrage, et lança un regard plein d'une surprise condescendante. Puis, une fois qu'elle eût bien vérifié que c'était bien cet inconnu agressif qui l'avait apostrophée, elle les rebaissa sur son livre, l'air de se foutre royalement de tout le reste.

Nastu se serait probablement énervé plus avant si une vieille femme ne se précipita vers lui.
– Oh, tu es certainement Nastu Teshigawara !
Nastu opina du chef à contrecœur.

– Oh, je suis ravie ! Enchantée de te connaître, dit la femme en s'inclinant légèrement. Appelle-mo simplement Kaede, et moi je t'appellerai Natsu.
Natsu, durant l'année qu'il avait passée dans ce pays qu'il n'aimait pas du tout, avait appris que les coutumes locales voulaient que les personnes s'appelassent différemment selon leur proximité.

D'abord par leur nom de famille, avec un suffixe respectueux (totalement ridicule, jugeait Natsu), puis par leur prénom ainsi qu'un suffixe, et enfin, lorsque l'intimité avait atteint son degré le plus haut, par leur prénom.

Aussi fût-il surpris que cette petite femme toute conventionnelle avec son kimono, son chignon et son air affable, décidât de briser cette règle.
– Je te souhaite la bienvenue.
Natsu ne répondit pas. Il se fichait éperdument de la bienvenue qu'on lui souhaitait, et ne comptait pas. Il hocha simplement la tête.
– Avant de t'installer, reprit aimablement la vieille femme, je vais t'expliquer les quelques règles de fonctionnement de l'établissement. Elles sont peu nombreuses, mais très importantes.

– Je vous écoute.
La voix chaude et grave du jeune homme ayant enfin raisonné, la femme sourit. Il venait de parler !

– Il y a deux autres pensionnaires ici, expliqua la femme. Il va de soi qu'il est absolument interdit de d'agresser verbalement ou physiquement l'un des pensionnaires. Les relations amoureuses sont aussi interdites. Pour ce qui est du matériel à disposition : ordinateur, télévision, etc, il est votre disposition, il faudra tâcher de vous attendre pour ce qui est de l'utilisation. Je n'aimerais pas avoir à vous traiter comme des enfants, mais si cela créé des conflits, je serais obligée d'organiser des tours, et ce serait ridicule.

Natsu soupira, « peu nombreuses », avait dit la femme...
– Pour ce qui est des sorties, les heures de permission sont décrites avec précision sur un tableau affiché dans l'entrée. Maintenant, je vais te montrer ta chambre.
Kaede emmena Natsu jusqu'à sa chambre, qui semblait plutôt confortable, puis lui dit :

– Lorsque tu auras déposé tes affaires, tu pourras descendre à la salle de bain, je t'y fais couler un bain.




Une fois dans l'eau chaude du bain, Natsu se détendit un peu. Il y avait au moins une bonne chose au Japon : ils vous préparaient toujours des bains.
Sur la surface de l'eau, il voyait son reflet. Un visage aux traits encore délicats pour son age, mais marqués par une dureté peu commune. Sa peau couleur caramel, issue d'un mélange improbable entre une Brésilienne et un Japonais, ses cheveux noirs très raides qui retombaient légèrement sur son visage, ses yeux noisette, sa bouche au dessin précis, tout semblait rappeler encore l'enfance, et pourtant, Natsu la sentait tellement loin.

Il sourit, se rappelant des souvenirs agréables : les parties de football endiablées, l'eau de la mer lui chatouillant la peau, le soleil...
– Bonjour...
Natsu releva la tête et aperçut un garçon d'environ une dizaine d'années, joufflu et uniquement vêtu d'une serviette nouée en pagne autour de ses jambes dodues.

Natsu, pour avoir connu de nombreux Japonais, n'ignorait pas que les bains en collectif étaient courants ici, et il ne s'en offusquait pas.

Le garçon approcha et entra dans le bassin, très grand. Natsu n'avait aucunement envie de parler, et pas plus avec ce petit qu'avec quiconque d'autre, aussi garda-t-il le silence, mais au bout de quelques minutes, le petit dit :

– C'est toi, Teshigawara ?
Natsu hocha la tête.
– Je m'appelle Hinata Toma, dit le petit.
– T'as fait quoi pour te retrouver ici ?

Toma haussa un sourcil.
– Rien, mes parents travaillent, alors on me garde ici, c'est tout.
– C'est pas une maison de correction, ici ?
– Non, c'est un pension pour jeunes en difficulté.
– Donc, une maison pour détraqués, conclut Natsu. Pfft, l'autre pensionnaire, ça doit être la fille de l'entrée, l'espèce de brunette là ?

Toma fusilla Natsu du regard.
– Elle s'appelle Nana ! Nana Takigawa.
– Je m'en fous, dit Natsu. Tout ce que je sais, c'est qu'elle est louche.
– Elle est pas louche !!! C'est juste qu'elle parle pas !
Natsu haussa un sourcil.
– Elle est muette ?
– Elle parle pas, dit Toma, furieux, avant de sortir de l'eau.

Quelques secondes plus tard, il était parti. Natsu, perplexe, haussa les épaules, et replongea la tête sous l'eau.




Après le dîner, Nastu, épuisé, alla directement se coucher. Allongé dans son lit, il se mit à repenser à son cher Brésil. Dans une semaine, il l'aurait quitté depuis un an. C'était long, plus long que le temps d'acclimatation nécessaire, surtout pour un garçon aussi plein de ressources que Natsu, mais le jeune homme ne parvenait pas à s'endormir sans repenser à ce qu'il avait laissé derrière lui. Bien involontairement !

Oh, la situation n'était pas si terrible. Même s'il n'aimait pas du tout le Japon Natsu s'était fait une raison (provisoire bien sûr). Il ne craignait pas l'exclusion sociale (il la désirait et s'y complaisait même), et les brimades ne l'effrayaient pas non plus... Simplement, il se languissait de sa terre, il souffrait de son exil.

C'était aussi simple que cela.
Il soupira, se promettant de s'enfuir aussitôt qu'il aurait l'argent de son billet pour le Brésil, et cette fois sans se faire rattraper bêtement.

Mais pour l'heure, il avait un petit creux. Il élança ses longues jambes hors du lit, et une fois dans les escaliers, il entendit quelques notes de piano. Qui jouait à cette heure-ci ?
Il eut la réponse en descendant : c'était l'autiste.
Assise au piano, elle y laissait courir ses longs doigts avec une grâce qui ne laissa pas Natsu insensible.

Il la trouva vraiment sublime, avec ce charme éthéré propre aux individus perdus dans leur monde. Elle avait l'air d'être déconnectée, hors de portée, perchée. Nul doute qu'elle l'était, songea-t-il avec indifférence avant de se diriger vers la cuisine.

Il y grignota quelques victuailles glanées dans les placards ou le réfrigérateur, sans s'apercevoir que le son apaisant du piano avait cessé. Quand il repassa par le salon pour retourner dans sa chambre, il trouva la jeune fille endormie sur le piano.
Il secoua la tête, soupira et finit par sourire. Puis il la souleva et la porta jusqu'au canapé, où il la couvrit avant de retourner se coucher.
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