Depuis quelques jours, André regardait Oscar avec une certaine insistance, qui commençait à mettre la fillette mal à l’aise. Jusqu’à présent, André lui avait toujours parlé avec franchise. Dans le cas présent, elle avait l’impression qu’il voulait lui demander quelque chose mais n’osait pas.
« Ne pas oser… Pfff… Voilà qui est nouveau ! Mais qu’est-ce qui lui prend ?!!! » s’énerva-t-elle après un entrainement intensif, alors qu’il se trouvait devant elle, à dandiner d’une jambe sur l’autre sans dire un mot.
- Qu’est-ce que tu veux ?!!! éclata-t-elle finalement, à bout de nerfs.
- Oscar…, commença-t-il en paraissant soudain chercher ses mots.
- Oh, tu m’énerves ! lui asséna-t-elle en le plantant dans le hall, l’accablant par dessus le marché d’un regard courroucé.
Le jeune garçon avait baissé la tête, peu fier de sa prestation. C’est…qu’il cherchait les bons mots. A 10 ans, il avait besoin d’un modèle masculin. Etant orphelin, habitant à Jarjayes avec sa grand-mère, le seul homme qu’il trouva digne d’apparaître comme un modèle était le général de Jarjayes. Un peu rude, il est vrai. Un peu hautain, comme tous les nobles. Mais un modèle quand même !
André avait essayé d’oublier, mais rien n’y faisait. La fête des pères approchait, et il avait envie de faire un cadeau au général. Pour l’enfant, c’était une marque de respect plus que de l’affection pure. Rien à voir avec la tendresse filiale qu’il avait éprouvé pour son propre père. Néanmoins, cette idée s’était imposée à lui, et ne le quittait plus.
Pour ne pas commettre d’impair, il voulait solliciter l’aide d’Oscar. Cette petite fille, belle comme un cœur, que son père avait lié à lui par la force d’un destin hors du commun. Elle seule pouvait l’aider… Mais elle semblait très énervée ces derniers temps, aussi n’osait-il pas la déranger.
« Tu m’énerves ! » Ces quelques mots avaient fait bien mal au cœur tendre du jeune garçon. Ainsi, c’était lui qui insupportait la petite fille, au caractère bien trempé il est vrai. Il avait sans doute commis une erreur, ou fait une bêtise. Laquelle ? Il cherchait, mais ne trouvait rien de concret. Peut-être tout simplement, se montrait-il trop familier avec elle ! Grand-mère lui répétait tant de fois qu’il n’était qu’un domestique, qu’il devait rester à sa place, qu’il n’était pas l’ami d’Oscar mais son serviteur…
« Oui c’est sans doute cela, songea-t-il amèrement. Je suis là pour servir Oscar… Si elle n’a pas envie de me parler, c’est à moi de m’effacer. Il doit en être ainsi. Comme je regrette mes anciens amis parfois !…Au moins, il n’y avait pas de différence de condition entre nous. »
Pourtant, il l’aimait ce petit maître noble, d’un an son cadet.
Tout à coup, son visage s’éclaira. Bien sûr ! Pourquoi n’y avait-il pas songé plus tôt ? Grand-mère pourrait sans doute l’aider ! Elle était au service du général depuis si longtemps, depuis qu’il était un petit garçon en fait.
Il courut jusqu’à la cuisine principale, où il était sûr de trouver son aïeule, en train de houspiller cuisiniers et personnel de maison pour la préparation du souper.
- Grand-mère ! appela André, un grand sourire aux lèvres.
- Plus tard mon petit… Armand ! Faites donc attention au potage !
- J’aurai à te parler…
- Je n’ai pas le temps André ! le sermonna-t-elle.
- Plus tard ?
- Oui oui, c’est cela. Mathilde ! Je vous ai dit d’aller chercher la nappe rose dans le grand buffet. Oh, mais ils font n’importe quoi aujourd’hui, gémit-elle. Et puis tu n’as rien à faire dans les cuisines alors que nous sommes en plein travail, s’énerva-t-elle contre son petit-fils, levant sa louche pour bien lui faire comprendre que sa place n’était pas ici.
Le jeune garçon ne demanda pas son reste. Il savait que c’était inutile lorsque sa grand-mère était aussi occupée. Il déguerpit à toute jambe, se dirigeant vers sa chambre. Alors qu’il passait dans le hall, il entendit les notes d’une musique enlevée et se sentit très triste. Oscar semblait « attaquer » chaque note, preuve supplémentaire de son énervement. Il baissa la tête, se sentant fautif.
Il aimait tellement lorsqu’elle jouait de douces mélodies, ou qu’elle s’abandonnait à des rythmes endiablés d’une main légère. C’était réconfortant !
Tout à coup, il entendit un grand bruit, des notes discordantes. Comme si elle avait appuyé sur les notes au hasard. Il comprit alors qu’elle avait dû poser ses mains sur le clavier.
« Heureusement qu’elle ne jouait pas du violon, elle aurait utilisé son archer comme une scie… »
Il entendit la porte de sa chambre s’ouvrir à la volée, des pas dans le couloir. Il reconnut le bruit de ses talons claquant sur le tapis de sol. Il leva la tête, attendant de la voir apparaître sur le palier.
- Ah, André ! appela-t-elle. Rejoins-moi !
- Bien Oscar, acquiesça docilement le jeune garçon, bien qu’il n’en menât pas large.
Il la suivit jusqu’à ses appartements. Il entra, se posta près de la cheminée et attendit. Oscar commença par arpenter la pièce en lui lançant de temps en temps un regard quelque peu orageux. Puis elle se planta devant lui et plongea ses prunelles marines dans les siennes.
- Vas-tu enfin me dire ce qui t’arrive ?!
- … Rien, ne t’inquiète pas Oscar. Je ne veux pas te déranger.
La fillette ferma les yeux, mais il eut le temps d’en percevoir des éclairs presque menaçants. Il était tétanisé.
- André, reprit-elle le plus calmement qu’elle put.
- Oui Oscar.
- Tu es mon ami ?
- Oui, si tu le veux Oscar.
Elle ouvrit les yeux, étonnée. En plus d’être énervée, elle devenait inquiète. Habituellement, il ne mettait pas de réserve à son amitié.
- Je suis ton ami, se reprit-il avec un sourire.
- Alors dis-moi ce qui se passe, insista-t-elle. Je veux savoir !
- Très bien… C’est, comment dire ?…ton père.
- Mon père ???
- Je voudrais lui faire un cadeau, mais je ne sais pas ce qui lui ferait plaisir.
La fillette cilla, pencha légèrement la tête sur le côté sous le coup de la surprise, dans un mouvement qu’il trouva adorable et qui fit fondre son cœur d’enfant sensible.
- Lui faire un cadeau ? Mais, pourquoi ?
- Dans une semaine, c’est la fête des Pères…
La gorge nouée par l’émotion, face à l’afflux de souvenirs d’une époque révolue, André ne put continuer. Des larmes brouillèrent ses yeux, aussi ne vit-il pas tout de suite la fillette devenir très pâle. Il s’essuya les yeux dans ses manches, et s’inquiéta aussitôt.
- Oscar, qu’est-ce que tu as ?
- C’est la fête des pères, répéta-t-elle d’une voix blanche.
- Oui, tu avais oublié ?
- Tu veux faire un cadeau à mon père ?
- Oui, mais ce n’est pas…
Il n’eut malheureusement pas le temps d’achever sa phrase, pour la rassurer. C’était un cadeau pour le remercier de l’attention que lui accordait le général lorsqu’il était avec Oscar. Il rectifiait ses positions lors des entraînements, il avait mis un cheval à sa disposition. Pour André, c’était quelque chose d’incroyable. Il apprenait tant de choses grâce et avec cet homme, comme il en avait appris tellement avec son père !
A quelle occasion le remercier ? Le général n’aimait pas les fêtes. Il détestait les anniversaires. Noël était une circonstance beaucoup trop solennel… La fête des pères lui avait paru la plus appropriée. Une des rares fêtes appréciées par le général, car elle lui permettait d’affirmer à la face du monde qu’il avait un fils. Ses filles, quant à elles, s’occupaient de la fête des mères…
- Tu veux me voler mon père !!!
- Quoi ??? Oscar, non !
- Tu veux lui faire un cadeau !
- Oui mais…
- Pour la fête des pères !!
- Oscar ! Je…
- Si tu veux faire un cadeau pour la fête des pères, porte donc des fleurs sur la tombe de ton propre père au lieu de me voler le mien !
Estomaqué, le jeune garçon ne sut que répondre. Des larmes dévalèrent sur ses joues, nombreuses, brûlantes, acides. Une douleur fulgurante irradia son être, écorchant son cœur et son âme. Ses forces l’abandonnèrent. Il se détourna et se mit à courir, courir à perdre haleine. Il sortit de la propriété et s’enfonça dans les bois environnant. La dernière tirade d’Oscar martelait son esprit jusqu’à l’évanouissement bienfaiteur car dispensateur d’oubli passager.
Les poings serrés, blême, la petite fille l’avait regardé partir sans chercher le moins du monde à le retenir. Elle n’avait pas conscience des larmes qu’elle versait, elle aussi. Elle ne se rendait même pas compte de sa cruauté. Une cruauté naturelle, candide, involontaire, dont seuls les enfants sont capables…
Elle s’était sentie tellement blessée par la demande d’André. Pire encore : trahie ! Ne savait-il pas qu’elle n’avait que son père au monde ? On avait minimisé les contacts avec ses sœurs et sa mère, afin de réduire la présence féminine à ses côtés, évitant toute influence pernicieuse sur sa nature profonde. On évitait également le contact avec les autres garçons de son âge, pour préserver son secret. Elle était seule ! Seule avec son père…
Et puis, il y avait eu André. Elle avait cru trouver en lui un ami, un complice, un frère. Un frère oui, jusqu’à vouloir lui voler son père ! A cette pensée, la rage roulait de nouveau en elle, décuplant ses griefs.
« Qu’il parte ! Je ne veux plus le voir ! »
Elle retourna dans sa chambre, lança un regard flambant de colère au piano, faillit briser son violon, marcha de long en large comme un lion en cage. Dieu qu’elle était malheureuse !
Lorsque grand-mère vint lui annoncer que le souper allait être servi, elle faillit l’envoyer au diable. La vieille nourrice ne se laissa pas démonter pour autant. Elle en avait vu d’autres ! Dame, elle avait eu des sœurs, un enfant, un petit-enfant… et s’était occupée des polissonnes de Jarjayes !
- Oscar, que vous arrive-t-il ? demanda-t-elle en refermant la porte derrière elle.
- Rien, gronda celle-ci en lui décochant un regard d’une froideur polaire.
- Pas de ça avec moi ma petite ! se permit grand-mère. Vos sœurs ont essayé bien avant vous. Je ne vous laisserai pas tranquille tant que vous ne m’aurez pas dit ce qui vous met dans cet état. Dussiez-vous manquer le souper !
- Mon père ne le permettra pas ! rétorqua la gamine avec un sourire mauvais.
Ce fut ce sourire qui surprit le plus grand-mère. Il avait dû se passer quelque chose de grave. Oscar n’était pas méchante ! Qu’est-ce qui pouvait l’avoir mis dans cet état ?… Ou qui ?
- Très bien, alors parlez-moi d’André, jeta tout à trac la gouvernante en se fiant à son intuition.
Oscar serra les mâchoires. Ses prunelles lancèrent des éclairs. Tout son être exhalait la fureur…
- Il a voulu me voler mon père !!! s’écria-t-elle enfin.
Stupéfaite, grand-mère remonta ses lunettes sur son nez et fixa la fillette, qui oscillait soudain entre rage et désespoir.
- Que veux-tu dire ? demanda doucement la gouvernante.
- Il… Il veut faire un cadeau à MON père…pour la fête des pères…
A travers l’accentuation inconsciente du possessif, grand-mère comprit qu’Oscar s’était sentie dépossédée de ce père qui était le fondement même de son identité particulière. Elle soupira.
- André n’a pas pensé à mal…
- Mais c’est mon père ! protesta encore la petite fille, dont la force se brisa soudain sous l’assaut de sanglots déchirants.
Elle s’effondra en pleurs dans les bras de son ancienne nourrice, qui l’avait toujours entourée d’un sentiment de tendresse réconfortant.
- Pauvres enfants… Je suis désolée Oscar, je crains d’être en partie fautive.
- Comment cela ?
- Je n’ai pas accordé assez d’attention à André. J’ai tendance à le laisser se débrouiller tout seul. Tout à l’heure, il a bien essayé de me parler, une fois de plus, mais…je surveillais les préparatifs pour le souper.
- Mais, pourquoi veut-il faire un cadeau à mon père pour la fête des pères ? gémit la petite fille en reniflant.
- Croyez-moi ma chérie, quand je vous dis qu’André n’a jamais eu l’intention de vous voler votre père… Il aimait beaucoup trop le sien pour songer seulement à le remplacer. Cependant, André grandit, il va bientôt devenir un homme. Il cherche un modèle. Je pense que votre père représente cela, un modèle pour passer de l’enfance au monde des adultes.
- Tu crois ?
- André a toujours été un petit garçon sensible… et le général est assez impressionnant il faut l’avouer.
Oscar baissa la tête. Oui, elle le reconnaissait d’autant plus volontiers que son père l’impressionnait également, avec son assurance toute militaire, ce caractère en acier trempé, ce regard sévère et droit.
- Il a sans doute cherché une occasion pour offrir au général un cadeau lui exprimant sa reconnaissance, sans craindre de le déranger. Je suis certaine qu’il n’a pas voulu gêner ton père, et encore moins te faire de la peine.
- Oh grand-mère, tu le crois vraiment ? demanda la petite fille en levant un visage barbouillé de pleurs et illuminé d’espoir.
- Ecoutez votre cœur. Vous connaissez André, alors que vous dit-il ?
- … Que tu as raison, avoua Oscar à la fois heureuse et honteuse.
Lorsque la petite fille l’avait rejeté, les prunelles du jeune garçon n’avaient-elles pas les couleurs de l’amitié blessée ? Non, jamais André n’aurait voulu lui faire du mal ! Lui qui était la gentillesse même, derrière l’enrobage d’espièglerie. Elle avait piétiné sa tendresse sans égard pour son malheur passé, uniquement parce que le général était considéré comme un exemple par un jeune garçon de 10 ans…
« Il va encore te dire que tu as été trop impulsive ! » pensa la petite fille en souriant.
Soudain, ses prunelles s’agrandirent sous l’assaut d’un souvenir horrible. Bouche entrouverte sur un souffle soudain précipité, Oscar fixa grand-mère, qui s’inquiéta grandement.
- Ma petite Oscar, que vous arrive-t-il ?!!!
- Grand….. Grand-mère, balbutia l’enfant.
- Oui !
- J’ai été méchante, murmura-t-elle alors que les larmes traçaient des sillons brillants sur les joues lunaires.
- Méchante ? Allons, ne vous inquiétez pas. André s’en remettra.
- Non, grand-mère. J’ai vraiment été méchante…
- Comment cela ? s’enquit la vieille nourrice en fronçant les sourcils, pressentant un malheur derrière la réaction de la petite fille.
- Je… Je lui ai dit d’aller mettre des fleurs sur la tombe de son père… comme cadeau de fête des pères… Grand-mère, j’étais en colère ! Je ne voulais pas ! Je ne voulais pas lui faire du mal…
- Oh mon enfant…, gémit grand-mère dont le cœur de mère était soudain broyé par l’évocation si crue de son malheur familial.
Elle avait tant aimé son fils. Elle avait tant apprécié sa belle-fille. Quelle famille unie aurait pu être la leur ! Elle se redressa, en proie à une panique qui l’amena à réagir.
- Il faut trouver André, coûte que coûte ! comprit-elle.
- Grand-mère, je peux le chercher aussi, dis ? implora Oscar.
- Bien sûr. Comme cela, on le retrouvera plus facilement… Je vais chercher dans la maison, et vous dans l’écurie.
- Entendu ! s’écria Oscar en volant plus qu’elle ne courût vers l’écurie.
C’était une bonne idée ! André y trouvait fréquemment refuge quand il était triste ou que quelque chose n’allait pas. Elle ouvrit la porte en grand. Alors qu’elle s’apprêtait à l’appeler à plein poumon, elle avisa la présence de quelques équipés, qui semblaient surpris de son attitude. Elle se gourmanda intérieurement. Il ne manquerait plus qu’elle effraye les chevaux. André la tancerait probablement pour cette faute élémentaire. Elle sourit malgré elle en songeant à l’amour de son compagnon de jeux pour la plus noble conquête de l’homme. Elle appela doucement, et n’obtint pas de réponse. Avec une moue chagrine et pincée à la fois, elle lui demanda pardon. Et n’obtint pas plus de réponse. Elle arpenta l’écurie, puis la deuxième ( avec les chevaux de trait ), puis les autres bâtiments. Jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’André n’était pas là !
Elle eut peur.
Peut-être grand-mère avait-elle eu plus de chance. Cependant, au premier coup d’œil, la gouvernante et la petite fille comprirent qu’elles avaient fait chou blanc toutes les deux.
- Oh mon dieu ! Protégez mon petit, je vous en prie, supplia l’aïeule qui dut s’asseoir pour ne pas tomber.
- Grand-mère ?! Que se passe-t-il ? demanda le général qui sortait de la bibliothèque à ce moment précis.
- Ce n’est rien monsieur, murmura grand-mère qui ne voulait pas inquiéter son maître, et qui ne savait pas comment l’informer de la situation.
N’en croyant pas un mot, le général tourna les yeux vers Oscar, qui se tenait aux côtés de la gouvernante, une main sur la main ridée, les yeux rougis. Il fronça les sourcils et attendit. Il n’avait pas l’intention de répéter la question, mais exigeait une réponse.
- J’ai été méchant avec André, et…on ne le trouve nul part à Jarjayes.
- Méchant ? s’étonna le général.
Pouvait-on être « méchant » envers un domestique ? Il les traitait bien. Aucun n’avait jamais eu à se plaindre, comme dans d’autres familles.
- Je me suis mis en colère. J’ai dit à André que… qu’il n’avait qu’à porter des fleurs sur la tombe de son père…
Le général ouvrit de grands yeux. Certes, son fils était colérique, mais jusqu’à présent il n’avait jamais été cynique ou cruel. Et André était un gentil garçon. Ce n’est pas pour rien qu’il l’avait attaché aux pas d’Oscar.
- Ce sont des chamailleries d’enfants, plaida grand-mère. Il n’y a pas à revenir là-dessus ! Mais il faut retrouver André, s’angoissa-t-elle de nouveau.
- Je m’en occupe, décida le général.
- Est-ce que je peux… ?
- Non Oscar ! Vous restez ici et vous méditez sur les bienfaits du sang-froid, asséna-t-il durement tandis que la petite fille baissait la tête, honteuse.
Puisqu’il était question de la tombe des parents, le général avait une petite idée de l’endroit où il pourrait retrouver André. Du moins, il espérait ne pas se tromper. Il n’avait guère l’habitude des états d’âme enfantins, et s’étonna même de l’empressement qu’il mit à rechercher le jeune garçon. Il est vrai que ce dernier avait su faire sa place à Jarjayes, tant par ses rires que par sa serviabilité. |