Auteur : Lionne Hits : 928
Lady Oscar > Crossover > Très Cher L.O. >
Je ne sais pas encore s'il s'agit d'une vignette ou d'un chapitre... J'ai écrit "à main levée".

Suite à une idée d'Arlène, je vous propose ma vision d'une rencontre entre Oscar et Rei.

Bonne lecture !

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La Garde Royale était chargée de recherche la comtesse Jeanne de La Motte Valois, et Oscar ne ménageait pas sa peine. A la suite d’une dénonciation anonyme, elle se retrouva devant une bâtisse abandonnée, avec la troupe et André. Par égard pour Rosalie, le colonel voulut offrir à la comtesse rebelle une chance de se rendre, quoiqu’elle fut sceptique quant à l’issue de sa tentative. Aussi commanda-t-elle à ses hommes, ainsi qu’à André, de rester en retrait. Elle irait seule dans la gueule du loup, malgré l’appréhension qu’elle lisait dans les prunelles de son compagnon d’enfance.

Elle s’engagea dans un couloir. Elle frissonna malgré elle, entourée d’une brume étrange qui semblait lui coller à la peau. Elle se morigéna mentalement et continua sa progression.

- Comtesse Jeanne de La Motte ! appela-t-elle. Ici, le colonel de Jarjayes ! Je suis venu seul ! Je voudrais vous parler ! Comtesse ?!

Soudain, la brume sembla s’effilocher. Oscar aperçut une colonne. Une forme y était appuyée. Elle progressa lentement en direction de cette forme.

- Comtesse de La Motte ?

Aucune réponse. Méfiante et prête à faire face à tout danger, elle scruta attentivement autour d’elle en ralentissant encore sa progression. Tout à coup, la brume parut se déchirer d’un seul coup pour laisser place aux rayons d’un soleil printanier, meurtrissant son regard attentif. Tétanisée, Oscar enregistra machinalement les détails du paysage qui s’offrait à elle, du vert tendre de l’herbe aux fleurs roses accrochées aux branches des arbres, en passant par les couleurs chatoyantes d’un papillon. Elle était dans un parc. Ce qu’elle avait pris pour une colonne était en réalité un arbre. Quelqu’un y était bel et bien appuyé, mais ce n’était pas la comtesse Jeanne. La personne était étrangement vêtue… Refusant de céder un pouce de terrain à l’angoisse, le colonel s’avança courageusement vers cette ombre qui la regardait venir sans crainte apparente, malgré l’épée sortie du fourreau.

A vrai dire, la jeune fille avait pris des calmants peu de temps auparavant. Aussi crut-elle être en proie à une sorte d’hallucination. De cette manière, elle était en mesure d’appréhender la situation avec le calme nécessaire.

- Bonjour, dit-elle sobrement.

Oscar sursauta.

- Votre identité je vous prie, réclama-t-elle sans cérémonie.
- Rei…
- Rei ? Je suis Oscar-François de Jarjayes, colonel de la Garde Royale. Je vous somme de m’expliquer ce qui se passe !

Rei la regarda en souriant. Sous l’œil attentif d’Oscar, elle porta soudain un curieux petit bâton à ses lèvres, leva son briquet et l’alluma. Une fumée s’éleva.

« Je n’ai jamais vu de cigares si petits » songea Oscar qui fixait les volutes évanescentes.

- Veuillez me décliner votre identité, demanda-t-elle de nouveau pour se donner une contenance devant des événements auxquels elle ne comprenait pas grand chose.

Plissant les yeux, elle observa attentivement la silhouette. Tout à coup, elle sursauta, son cœur bondissant de surprise dans une poitrine devenue trop étroite pour le contenir. Ce qui eut pour effet immédiat de lui couper le souffle. Ses yeux s’écarquillèrent, sa bouche s’entrouvrit de stupeur.

- Mais, vous êtes une femme !!! s’écria-t-elle, éberluée.

Pas de doute possible : cette longue chevelure blonde et souple, ces yeux d’un bleu un peu éteint par les médicaments, à l’expression mélancolique, cette finesse des traits, cette douceur des manières… Si cette jeune fille était habillée comme un homme, elle ne cherchait nullement à cacher qu’elle était une femme. Comment cela était-il possible ?
Rei s’amusa franchement du regard étonné et choqué du colonel. Elle pencha la tête sur le côté, cédant à ce rêve éveillé.

- On me nomme Saint-Just.

A ce nom, Oscar fronça les sourcils. Saint-Just… Cela éveillait quelque chose en elle, mais quoi ? Elle n’arrivait pas à le définir. Pourtant, sa main se crispa sur son épée, dirigée vers la jeune fille. Cette dernière fit une moue provocante, en tirant une bouffée de sa cigarette.

- Apparemment, ce n’est pas un ami à vous, constata-t-elle avec un calme olympien. Eh bien, appelez-moi Rei…
- Rei… Pourquoi… Pourquoi êtes-vous vêtue en homme ? ne put s’empêcher de demander Oscar.
- Pourquoi pas ? répondit celle-ci en haussant les épaules. N’êtes-vous pas vous-même vêtue en homme ?
- Je…

Que pouvait-elle rétorquer ? Oscar se sentait démunie dans cet univers inconnu, face à cette jeune fille étrange. Inutile de dire qu’elle détestait cela ! Pour faire bonne mesure, elle fronça les sourcils et se redressa. Après une brève hésitation, elle rengaina son épée, tout en surveillant les faits et gestes de son insaisissable interlocutrice.

- Que faites-vous ici ? l’interrogea-t-elle.
- J’attends Mariko, répondit Rei alors qu’un sourire tendre étirait ses lèvres et que son regard s’adoucissait tout en restant trouble.

Oscar était fascinée par cette personnalité. Comment une femme pouvait-elle choisir de se travestir, sans pour autant rien cacher de sa véritable nature ? Et surtout, pourquoi ? « J’attends Mariko », c’est tout ce qu’elle avait obtenu. Comme s’il s’agissait d’une évidence qui, pourtant, lui échappait.

Tout à coup, Rei jeta sa cigarette à terre et l’écrasa du bout du pied. Toujours appuyée sur l’arbre, les mains dans les poches, dans une attitude terriblement masculine, elle dégageait un parfum de féminité et de sensualité indéniable. Son regard se fit plus aigu et son sourire plus amusé que jamais. Elle s’approcha d’Oscar en la détaillant des pieds à la tête.
Le colonel se sentit rougir sous cette inspection qu’elle jugeait humiliante, alors qu’elle-même ne s’était pas privée d’observer attentivement la jeune fille. Elle se crispa, prête à défendre son honneur à la moindre remarque. Lorsque Rei s’approcha, Oscar se détendit malgré elle en constatant que, sous ses allures d’homme, elle avait indubitablement une femme devant elle. Cette démarche souple, ce charme presque envoûtant… Avec surprise, elle sentit un frisson la parcourir, donnant la chair de poule à ses avant-bras. Une sensation indescriptible, troublante… Subitement, elle envia cette jeune fille !

- Dîtes-moi, n’êtes-vous pas un peu vieille pour être une élève ? demanda-t-elle, plus moqueuse que mufle.
- Je vous interdits de m’insulter ! gronda Oscar qui tremblait d’une rage contenue, prête à dégainer de nouveau son épée.

S’agissait-il seulement de rage ? Cette jeune fille, qui la frôlait presque, semblait l’envelopper de son charme. Le cœur du colonel battait la chamade, son corps était ballotté dans des sentiments contraires : la colère, l’attirance, le trouble, l’étonnement, l’envie, l’admiration…

- A moins que vous ne soyez notre nouveau professeur d’escrime, proposa-t-elle avec une moue incrédule.
- Non, je…
- Vous êtes belle, ajouta Rei avec un sourire qu’elle savait ambigu –celui qui faisait fondre Nanako- et qu’elle s’amusait à offrir à l’officier.

Oscar était totalement désarçonnée. Elle avait beau s’encourager à réagir, elle ne savait pas comment s’y prendre. Fallait-il traiter la jeune fille comme un homme, alors qu’elle affichait sa féminité sans honte ? Fallait-il la traiter comme une femme malgré ses habits masculins ? Un accès de colère vint titiller son orgueil. Comment faisait-elle pour rester si calme quand la situation était si rocambolesque ? Tout à coup, un voile sembla se déchirer dans l’esprit du colonel. Elle était dans l’univers de cette jeune fille ! Ainsi, cette dernière n’avait pas perdu ses repères et pouvait affronter le moment présent avec plus d’aplomb.
Rei sortit une petite boite de sa poche, l’ouvrit et la présenta à Oscar. Des petites pilules de couleur vive s’y trouvaient.

- Vous en voulez une, proposa la jeune fille. Ca vous aidera à vous détendre…

Oscar fronça les sourcils. Elle recula, comme si un danger se présentait soudain devant elle. Elle ne savait pas ce qu’étaient exactement ces cachets, mais elle n’avait pas l’intention d’y toucher.

- Vous avez raison, approuva Rei en refermant la boite avec un soupir.
- Oscar !!!

Le colonel se retourna d’un bloc en entendant la voix d’André. André ! Où était-il ? Elle avait beau fouiller du regard les arbustes, sonder l’ombre des allées, scruter les ramures, elle ne le voyait pas.

- Vous êtes attendue, vous aussi… C’est votre amant ?
- Mon… ?!!! Non !!!……. C’est mon frère, répondit précipitamment Oscar qui n’avait pas du tout envie de se lancer dans des explications sur sa vie privée, voire intime ( elle se rendit compte qu’André faisait partie de son intimité ).
- Oscar ! entendit-on encore d’une voix affolée.
- Oh, il a l’air inquiet…… Vous avez de la chance, soupira Rei d’une voix presque plaintive.

Etonnée par le ton, Oscar se retourna pour observer de nouveau la jeune fille. Des perles de regret brillaient dans son regard brillant d’émotions. Le cœur de l’officier se serra tant la souffrance était palpable.

« Mais quelle est cette sorcellerie ? »

- Oscaaaarrrr !
- André ! répondit-elle sans crier gare en se mettant à courir, littéralement absorbée par les appels de son ami d’enfance.

Soudain, elle ne vit plus rien. Désorientée par cette obscurité totale, elle chuta. Son cœur parut éclater sous le poids de l’oppression. Tout à coup, elle s’aperçut qu’elle était à terre, et Nicolas de La Motte était en train de l’étrangler.

- André, murmura-t-elle dans un appel à l’aide dérisoire.

C’est Jeanne qui était venue à son secours, celle-là même qu’elle devait arrêter, la sœur de Rosalie… Elle avait poignardé son époux et l’avait entraîné avec elle. André était arrivé sur ces entrefaites, pour l’aider.
Malgré elle, Oscar cherchait du regard une silhouette étrange, sortie d’un rêve. Celle d’une jeune fille habillée en homme, appuyée sur un tronc d’arbre.

Ils s’en étaient sortis de justesse, André et elle… Elle n’avait pas osé lui parler de cette aventure hors du commun, dont elle n’arrivait toujours pas à démêler le rêve de la réalité. C’était une expérience trop déstabilisante pour son esprit cartésien. Pourtant, dans le secret de ses nuits, il lui arrivait de songer à cette jeune fille, qu’elle enviait et plaignait en même temps, et qui l’avait incontestablement marquée.

« Rei… »
Review Très Cher L.O.


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