"Ecoute-moi..."
Une tension palpable envahissait la pièce, dont le centre était cette belle jeune femme blonde.
"Regarde-moi je t'en prie !"
Fébrille, le regard chargé d'une anxiété croissante, la jeune femme tournait sur elle-même. Elle cherchait quelque chose dans le reflet mille fois répété des miroirs. Soudain, elle se figea.
"Ne fais pas cela ! L'avenir est devant toi ! Ne regarde pas ta douleur... Ne prends pas pour toi le malheur de ta mère. Regarde les autres... C'est la vie ! Il te suffit de tendre la main !... Regarde-moi..."
La jeune femme alla ramasser un objet, fit sauter prestement le bouchon, versa des comprimés dans sa main. Elle renversa la tête en arrière pour mieux les avaler, les yeux clos, ses longs cheveux blonds tombant souplement dans son dos. Elle soupira d'aise.
"Pourquoi refuses-tu notre aide ? Nous qui t'aimons tant... Moi qui t'aime tant !... Même les larmes ne Nanako n'atteignent plus ton coeur. Elles ne font que glisser sur lui pour lui apporter un apaisement éphémère, comme ces cachets apportent un apaisement éphémère à ton âme... Tu as droit au bonheur !"
La belle jeune femme se dirigea vers un miroir, les prunelles perdues vers un autrefois dont elle seule avait la clef. Un sourire très doux étira ses lèvres.
"Rei, tu aurais tant d'amour à donner si tu le voulais... Elle t'aime aussi, tu sais. Même si elle ne le sait pas elle-même. Même si elle s'y refuse... "
Toujours souriante, gracieuse, presqu’irréelle, Rei se mit à danser, tournoyant sur elle-même jusqu’à tomber au sol. La tête penchée en avant, le corps ondulant à cause du tournis…
"Je te regarde t'enfoncer dans cet amour destructeur. Pourquoi te faire si mal ? Tu ne le mérites pas. Vous méritez de vous retrouver, et pour cela il faut vivre !… "
Tout à coup, Rei éclata de rire en rejetant sa tête en arrière, emmêlant ses cheveux dans un mouvement fluide. Un rire aux accents métalliques, durs, qui sonnait faux. Elle s’arrêta brusquement devant la vision de son reflet. Son regard ne mentait plus, si doux, si triste…
"Pourquoi refuses-tu les larmes bienfaitrices ? Si je pouvais, je pleurerais... Mais je ne sais pas. Je ne sais pas ! Je ne suis que ta poupée..." |